L'Erythrée, ce n'est pas LA cause mais mais une des causes de mon séjour très mouvementé en Ethiopie fin 1976.
L'Erythrée a été annexé par l'Ethiopie en 1962. Depuis cette date et jusqu'à leur indépendance, les Erythréens ont toujours combattu contre le gouvernement éthiopien, quel qu'il soit.
En septembre 1974, des militaires d'obédience marxiste ont renversé la plus vieille monarchie du monde et destitué l'empereur Haïlé Sélassié qui est mort quelque temps plus tard dans des conditions plus que suspectes. Un peu comme les opposants à Poutine aujourd'hui.
Dans tout le pays, cette dictature militaire a été contestée par une bonne partie de la population.
En particulier, les deux années qui vont de fin 1976 à fin 1978 ont été deux années terribles, surnommées "la terreur rouge" par les Ethiopiens eux-mêmes.
C'est donc dans ce contexte très particulier que je suis arrivé au Harrar fin octobre 1976 avec mes douze jeunes matelots du Commandant Bourdais.
Photo Max Péron
Harrar (Ethiopie) fin octobre 1976
Un des matelots du Commandant Bourdais dans les montagnes qui entourent Harrar.
Il porte un t-shirt "révolutionnaire"
Le calendrier éthiopien n'a rien à voir avec notre calendrier : environ huit ans d'écart, nouvel an en septembre et treize mois au lieu de douze.
De même, cette écriture est spécifique à l'Ethiopie, rien à voir avec l'arabe.
Je pense que ce "1966" éthiopien correspond en fait au renversement de la monarchie en 1974 et à la destitution de l'empereur par les militaires putschistes.
J'ai acheté le même.
Photo Max Péron
Ballade à cheval dans les montagnes du Harrar en Ethiopie fin octobre 1976
Un jour, au Harrar, au détour d'une rue, nous sommes tombés nez à nez avec quelques centaines de lycéens et étudiants qui manifestaient pacifiquement contre la dictature militaire. Un pick-up dont le plateau arrière était équipé d'une mitrailleuse est arrivé et leur a tiré dessus à balles réelles. Il y a eu des morts. Leur seul tort était d'avoir manifesté et distribué des tracts anti-gouvernementaux.
Ces tracts, il y en avait plein par terre. Tous ceux qui étaient pris avec un de ces tracts entre les mains étaient systématiquement arrêtés et jetés en prison. Par curiosité et en tant que témoignage, je mourrais d'envie d'en prendre un. C'était trop risqué. Non seulement, je n'en ai pris aucun mais, avec tous ceux qui m'accompagnaient, nous sommes rentrés à toutes jambes au camp français. Ouf !
PS. dès mon retour à Djibouti (qui ne s'est pas passé comme prévu), j'ai été convoqué pour un débriefing. Résultat : après nous, plus aucun militaire français n'est parti au Harrar.