L'entre-deux-guerresLes années folles ont vu la pratique sportive féminine se développer, principalement pour les classes aisées.
Chacun garde certainement en mémoire ces images de femmes très distinguées, pratiquant le tennis ou le badminton.
Quant au Tennis de table, ou Ping-pong, Jacques Abernot (1) précise que si cette activité sportive est pratiquée depuis 1860 dans le monde Anglo-Saxon, la France n’y est pas réceptive.
Il faudra attendre 1921 pour que les premiers championnats de Ping-pong se déroulent sur le sol Français, emmenés et maîtrisés par les Anglais.
Cependant, il faut croire qu’un certain charme opère…
La Fédération Française de Tennis de table est crée à Paris en 1927, par conséquent des clubs se forment.
Si 1931 marque l’avènement des clubs de Ping-pong, l’engouement des Brestois et surtout des Brestoises se fait sentir en 1932, par la formation du club des Évettes qui présente la particularité d’être 100 % féminin.
Particularité brestoiseEn 1933, se distingue à Brest, deux grandes catégories de pongistes.
Là encore la cité du Ponant cultive sa différence : les civils et les militaires.
Chaque catégorie abrite ses propres clubs et ses propres lieux de pratique.
Les Évettes, quant à elles, ont élu domicile au « Conti » (l’hôtel Continental).
Fin 1933, elles ne sont que 5 membres, alors que le Yannick-Club (inutile de préciser de quel quartier proviennent les membres) compte 10 membres, tandis qu’à Pontaniou, au café « Chez Michel », ils sont déjà 14.
Cependant, elles peuvent garder la tête haute, à la Légion Saint-Pierre ils ne sont que 3.
Extrait de la thèse de Jacques Abernot ; Émergence et popularisation du "ping-pong" dans le nord Finistère de 1932 à 1939, 2003
Il semble que le club se soit inspiré de la revue féminine Eve pour se choisir un nom de baptême (2), se considérant ainsi, filles spirituelles du magazine ?
Si Eve est le supplément féminin de
La Dépêche de Brest, à l’échelon National il s'agit d'un supplément de nombreuses revues qui organise des concours des
Reine des Évettes, dont l'écho a raisonné en France et à Brest.
Il apparaît également que leurs activités ne se limitent pas au Ping-pong.
Au mois d’octobre 1932 (3), par voie de presse, le club fait savoir à la gent féminine que des « distractions d’hiver agréables » les attendent dans le hall de
La Dépêche de Brest en matinée, probablement de façon ponctuelle, telles que Sauteries, Bridge, Yoyo.
NB : sous le terme de "sauterie", il faut comprendre ici une réunion dansante d'un caractère simple et intime selon François-René de Chateaubriand,
Mémoires d'Outre-Tombes, p.101, 1848.
La formation brestoise n’hésite pas à se produire pour la bonne cause.
Ainsi, le 22 mai 1932 (4), le club féminin réalise, à l’occasion de l'inauguration de son association, un thé dansant au profit des Petits lits blancs (Sanatorium de Roscoff).
L’année suivante, le 15 mai 1933 (5), Mlle Gouret, présidente des Évettes, a l’honneur de verser au bureau de bienfaisance les 150 francs récoltés lors de la sauterie du 30 avril précédent à l’hôtel Continental.
Pourquoi ne se souvient-on pas des Évettes ?
Probablement parce qu’elles n’ont existé sous ce nom que deux années.
Formées en 1932, en 1933, le club des Évettes fusionne avec le club des Joueurs de l’Épée pour former le Ping-pong Club Brestois.
-------------------------------------------------------------------------------------
Sources :
(1) Jacques Abernot,
Émergence et popularisation du "Ping-pong" dans le nord Finistère de 1932 à 1939, UBO-2003
(2)
La Dépêche de Brest, 8 octobre 1932
(3)
La Dépêche de Brest, 8 octobre 1932
(4)
La dépêche de Brest, 19 mai 1932
(5)
La dépêche de Brest, 16 mai 1933