Deux messages, en particulier, ont attiré mon attention.
- Spoiler:
- Tout d'abord le numéro18 (tiens c'est curieux pour un pompier).
Nous y voyons le dernier des hangars qui existaient à l'époque, l'espace où les aéronefs étaient stationnés et, enfin, la tour de contrôle.
Quelques souvenirs me reviennent en mémoire.
Le premier intéresse mes passages dans ces hangars qui, en fait, servaient d'école.
J'y venais souvent, officiellement, pour contrôler les extincteurs.
Mais curieux, je m'intéressais au démontage puis remontage, de mémoire par moitié, des appareils qui, à ce moment là, étaient des mirages 2, pour les avions, et des Sikorski pour les hélicoptères.
Je passais, à chaque fois un petit moment à regarder ces belles mécaniques.
Le second concerne un orage assez violent survenu un dimanche après-midi.
A la suite de celui-ci, l'espace de stationnement des avions et certaines installations avaient été inondées.
Nous avons passé une partie de l'après-midi à aspirer cette eau.
Comme nous partagions nos installations avec la BA 721, plusieurs de leurs appareils étaient présents ; notamment un Transals.
A un moment, un pilote est venu faire tourner cet appareil.
Jeune matelot, j'avais été impressionné par cet avion.
Enfin, un soir du mois de décembre 75, nous étions avec notre Premier Secours en Surveillance de piste.
Il s'agit de l'engin de couleur rouge ; l'autre étant celui de l'Armée de l'Air.
Il était environ 17h00.
L'un des équipiers dit : " Tiens, la nuit tombe de bonne heure aujourd'hui".
Effectivement le ciel était bien noir.
J'ouvre ma portière.
Je regarde dehors pour m'apercevoir qu'un incendie existait sur la base.
Nous avons averti la tour de contrôle que nous nous engagions sur ce feu.
La surveillance de piste n'étant plus assurée, l'hélicoptère que nous attendions, un super frelon, a été détourné sur une autre base.
Il s'agissait d'un bâtiment de la BA 721 à simple rez de chaussée et doté d'une toiture en terrasse.
Placé pas très loin de l'Aubette "Marine", il est situable sur ce plan avec la partie zonée en rouge.
Les points rouges représentent les points d'eau, (bouches ou poteaux d'incendie), dédiés à l'alimentation des engins pompes.
Cette construction faisait l'objet de travaux d'isolation thermique par multicouches.
A cet effet, 3 gros chaudrons de goudron, en fusion, avaient été positionnés sur le toit.
Ils étaient installés sur des bruleurs à gaz et des cales de bois.
Sous l'effet de la chaleur, l'une d'entre elle s'est consumée ; entrainant le renversement du chaudron concerné et l'inflammation du goudron.
Pour alimenter les bruleurs, une quarantaine de bouteille de gaz de chantier, il s'agissait de propylène, y avaient été stockées.
Deux d'entre elles étaient à moitié pleines et une troisième vide.
Ce gaz est réfrigéré à -180°.
Ainsi, les bouteilles entamées ou vides résistent moins à la chaleur que les pleines.
Au moment de l'attaque, la bouteille vide et les deux entamées ont explosé.
Les pleines, plus lourdes, sont retombées dans le feu.
Quant à la vide j'en reparlerai un peu plus loin.
Ce que j'ai vu était fantasmagorique.
C'était à la fois joli, de par toutes les couleurs présentes dues à la combustion du gaz en grande quantité, mais aussi terrible et dangereux à cause les déflagrations, comparables à un bombardement, dues aux explosions.
De mémoire, notre point d'attaque a été défini à droite du bâtiment de telle manière qu'il me semble avoir utilisé, pour alimenter la pompe du PS, l'hydrant situé à coté du logement des officiers mariniers.
Les autres ont été pris par les sapeurs-pompiers civils appelés en renfort et ceux de l'Armée de l'Air, arrivés les premiers sur les lieux.
Il est entendu que cette affaire a duré plusieurs heures. Après avoir alimenté ma pompe, j'ai assuré la fonction de porte lance.
Dans le courant de la nuit, j'ai été relevé.
Je suis revenu à l'arrière de l'engin pompe.
Je vois une masse métallique difforme, tranchante et assez longue, à quelques mètres du véhicule.
Je demande au conducteur, le QM PRIJAC, ce que c'est.
Il m'a répondu : " C'est la bouteille de gaz qui, à la suite des explosions, est retombée entre toi et moi".
En fait il s'agissait de la vide.
Plus légère que les autres, elle n'est pas retombée dans le feu comme les autres, mais sur la route au moment ou je déroulais mes tuyaux destinés à alimenter la pompe.
Ce soir là, mon copain et moi-même avons vu la mort de près.
Mais ce n'était pas notre heure.
Il existe chez les pompiers, comme chez les marins, des liens qui se créent dans la difficulté.
A la suite de ce feu, j'ai bénéficié d'une permission exceptionnelle que je suis allé passer chez moi, à Deauville, au moment de Noël.
Ce moment est resté encré dans ma mémoire.
Je n'ai pas de photos.
Vous comprendrez bien que lors de situations comme celle-ci nous les intervenants ne pouvons pas en prendre.
Peut-être que des membres du forum étaient présents au CEAN au moment de cet incendie.
Je les invite à commenter ce que je viens d'écrire et, pourquoi pas, à poster des photos s'ils en disposent.
2 mois plus tard, un soir de février, je rentrais à ma chambre.
En passant à coté d'un des bâtiments de l'Armée de l'Air, je vois une quantité anormale de vapeur d'eau sortir d'un "trop plein" de chauffage central.
Je me rends au poste de garde des pompiers de l'Air.
Afin d'identifier rapidement le lieu de l'intervention, l'un pompiers me demande de monter avec lui dans une Jeep.
Nous démarrons en trombe.
D'une main je tiens mon bachis pour éviter qu'il s'envole et de l'autre je m'agrippe à un montant de la voiture.
Nous avons pris un virage sur 2 roues.
Ce soir là, les émotions ont encore été de circonstance.
Amitiés à tous.