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    SECOND MAITRE 1ère CLASSE
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    Age : 88
    Création des commandos-marine... MECAN NON

    Création des commandos-marine... Empty Création des commandos-marine...

    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Mai 2007 - 17:07

    En utilisant, une fois de plus, des textes extraits de l'ouvrage "COMMANDOS-MARINE AU COMBAT" de mon ami René BAIL, je vais vous raconter ce qui a conduit Philippe KIEFFER, s'inspirant de ce qu'avaient mis sur pied les Britanniques, à faire le forcing pour créer des unités commandos au sein des FNFL :

    Origine des Commandos

    • Dunkerque : 4 juin 1940…03h40……
    - Midship, ordonna le commandant, two boards ahead full speed ! (1)
    - Midship, annonça l'homme de barre puis, après deux bruits de sonnerie, il répéta Two boards ahead full speed !

    Le vieux destroyer britannique Shikari s'éloignait “machines sur le pont” (2) dans cette nuit d'enfer déchirée par les explosions. Submergé de troupes qu'il avait embarquées à la hâte, il fonçait vers l'Angleterre tandis que derrière lui le port et l'agglomération dunkerquoise étaient dévorés par les flammes.

    Les manœuvres d'appareillage étaient faites à la lueur des incendies, particulièrement ceux des raffineries de Petite-Synthe que l'on apercevait à plusieurs dizaines de kilomètres. Malgré de multiples difficultés, le bâtiment réussissait à gagner les passes. Il était temps, les Allemands venaient d'enfoncer le périmètre défensif du côté des plages et ne se trouvaient plus qu'à 4 kilomètres du môle est.

    Avec le Shikari, dernier navire à quitter Dunkerque, s'achevait “Dynamo”, opération dont le thème avait été l'évacuation maximum d'hommes dans le minimum de temps. Elle avait démarré le 24 mai à l'aide d'environ un millier de bateaux de catégories diverses. Bâtiments de guerre d'abord, mais aussi des ferry-boats, des péniches automotrices, des caboteurs, des chalutiers armés, des yachts et combien d'autres encore, venus là pour participer. Si 243 d'entre eux furent coulés, l'opération “Dynamo” permit néanmoins de rapatrier 215.585 Britanniques et 123.097 Français.

    Ainsi grâce au sacrifice du groupe d'armées françaises du nord et à la témérité des courageux équipages de cette flotte extraordinaire, l'Angleterre avait réussi à évacuer la plus grosse partie de son corps expéditionnaire. Malgré les pertes considérables de matériel, “Dynamo” pouvait être considérée comme un “Miracle de la délivrance”, selon l'expression de Winston Churchill qui déclarait le jour même de la fin de l'opération dans un discours fracassant à la Chambre des Communes, que l'Angleterre tout en étant consciente de la faiblesse de ses moyens, était décidée à se battre farouchement partout où il le faudrait et Churchill songeait particulièrement à l'invasion allemande qui se préparait.

    Dès le 18 juin, Churchill réunit ses conseillers pour une séance extraordinaire. Décision est prise de passer à une stratégie offensive en constituant une force d'assaut d'au moins 20.000 hommes.

    Ceux-ci, recrutés dans des unités existantes, devaient être prêts “à sauter à la gorge de petits contingents d'invasion ennemis…”

    Toutefois, l'idée originale revenait au lieutenant-colonel Dudley Clarke, assistant du Chef d'Etat-Major Impérial, qui s'était plongé dans divers ouvrages d'histoire et de stratégie. En outre, grâce aux connaissances particulières retirées d'une affectation en Palestine en 1936, Clarke était à même d'établir une synthèse qui devait se révéler efficace dans les circonstances présentes.

    La conclusion démontrait, en bref, que des unités légères, très mobiles et dotées d'une grande puissance de destruction, pouvaient se livrer à des opérations éclair contre l'ennemi, même derrière ses lignes, obtenant des résultats sans commune mesure avec les faibles effectifs engagés.

    Sûr de son fait, Clarke se rend auprès du général Sir John Dill qui, à la faveur des explications, adopte l'idée et en fait immédiatement part au Premier Ministre.

    Ce dernier, tout en étant favorable au projet, puisqu'il ordonnera quelques jours plus tard la formation de ces unités, tint toutefois à préciser qu'elles ne pourraient pas recevoir tout l'armement désiré. Celui-ci étant indispensable aux troupes désignées pour la défense du territoire. Cette carence devrait être atténuée par la qualité de ces nouveaux soldats qui, tout en étant volontaires, seront de plus triés sur le volet.

    A partir de ce moment là, toutes les méthodes d'instruction, qui dataient de la première guerre mondiale, furent balayées. Tout, ou presque, était à réinventer.

    Les nouvelles unités reçurent, sur l'insistance particulière de Dudley Clarke, le nom de “Commandos”. Ce mot, généralement inconnu dans l'armée britannique, ne l'était pas de ceux qui avaient combattu au Transvaal (1899-1902) où des unités de type Boers, d'origine néerlandaise, s'appelaient ainsi. Après la chute de Prétoria, les actions de ces commandos allaient sensiblement augmenter et compliquer la tâche des Britanniques. C'est d'ailleurs au cours de l'une d'elles que Churchill sera fait prisonnier.

    Les nouvelles unités furent constituées de façon peu commune, si l'on envisage les principes très stricts en vigueur à l'époque dans l'armée anglaise. Les officiers furent désignés parmi les plus jeunes et ceux-ci purent, à leur tour, choisir les hommes qui leur convenaient.

    La base de sélection exigeait qu'ils soient volontaires pour des missions spéciales, d'une nature indéfinie mais de toutes manières périlleuses. Bien entraînés, ils devaient être évidemment aptes physiquement, savoir nager et ne pas être sujets au mal de mer. Sans énumérer le large éventail des conditions exigées, les volontaires devaient, en outre, s'habituer aux longues veilles, apprendre à utiliser le terrain de jour comme de nuit et savoir subvenir à leurs propres besoins pendant de longues périodes.

    Les premiers Commanding officers désignés seront les lieutenants-colonels Bob Laycock, du Royal Horse Guards, John Durnford-Slater, du Royal Artillery et Ronnie Tod, des Argyll and Sutherland Highlanders. Ils passeront aussitôt dans les unités pour choisir leurs officiers qui eux, à leur tour, devront sélectionner leurs hommes en quatre jours…

    Les camps de regroupement virent arriver des Territoriaux, des gens de la Brigade des Gardes, des anciens de Dunkerque, des Indes ou de la Palestine. Quelquefois le choix se portera sur des champions de boxe ou des sportifs d'autres disciplines.

    Les origines diverses de corps d'armées, de régions et tout ce qui pouvait créer des rivalités au sein des unités classiques devaient s'effacer dès l'admission au commando.

    L'instruction se fit d'abord à Plymouth et, avec des hommes qui comptaient, pour la plupart, plusieurs années de service, cette nouvelle discipline ne sembla guère poser de problèmes. Pour les officier, malgré une certaine réticence des officiers de carrière à se porter volontaires, le 3-Commando de Durnford-Slater ne compta pas moins de 10 officiers d'active.

    Les soldats des commandos bénéficiaient de certains avantages, comme le “Billet”, c'est-à-dire le logement chez l'habitant. Ce privilège était automatiquement supprimé lorsque le commando était RTU (Return to Unit : renvoyé à son unité d'origine). Ceci arrivait en général, à la suite d'inaptitude ou par mesure disciplinaire et représentait la pire des craintes pour un commando.

    Quinze jours après la constitution des premières unités, le Premier Ministre exige que Dudley Clarke organise immédiatement un raid de l'autre côté de la Manche. Cela semblait pourtant prématuré sur le plan de l'entraînement et de l'équipement en matériel. Les qualificatifs manquent pour décrire la véritable situation. Pour le transport par mer, l'Etat-major arrêta son choix sur des vedettes “Air Rescue” de la Royal Air Force (RAF). Ces petites unités n'étaient pas blindées, hautes sur l'eau mais rapides et “étalaient” bien à la mer.

    Churchill voulait absolument démontrer qu'il existait toujours une armée britannique avec laquelle il allait falloir compter. De ce raid on parla peu. Il fut lancé dans la nuit du 23 au 24 juin 1940, au moyen de quatre vedettes transportant 120 hommes de la 11ème Cie indépendante, commandée par le major Ronnie Tod. Les bâtiments partis de Douvres, Folkestone et Newhaven prirent la direction de Boulogne et Merlimont. Un incident, qui prouve que le secret était bien gardé, se produisit au milieu du Channel, lorsqu'une patrouille de Spitfire apercevant ces vedettes et les prenant pour des unités de la marine allemandes, faillit les mitrailler. Le raid ne fut en fait qu'une simple escarmouche dans les dunes. Toutefois, Clarke, qui avait accompagné le détachement comme observateur, eut un morceau d'oreille arraché par une balle.

    Un second raid eut lieu les 14 et 15 juillet contre la garnison allemande de Guernesey. Y participèrent la troop “H” du 3-Commando et la 11ème Cie indépendante qui furent transportées par les deux vieux destroyers Saladin et Scimitar, plus sept vedettes. Ce fut un échec. La troop “H” débarqua bien au point prévu mais n'eut aucun contact. Elle laissa quatre hommes sur le terrain, qui n'avaient pas réussi à rallier les embarcations. Les Allemands les feront prisonniers quelques jours plus tard. Quant à la 11ème Cie indépendante, deux vedettes restèrent en panne en pleine mer, une troisième en approche, heurta des récifs et la quatrième, suite à une erreur de navigation, se retrouva tout simplement… sur l'île de Sark.

    Le mois de juillet vit l'Amiral de la Flotte, Sir Roger Keyes prendre la direction de l'Etat-Major des Opérations Combinées. Déterminé, il voulait engager tout de suite les 4.000 volontaires déjà sous ses ordres dans des raids plus efficaces et de plus grande envergure que les précédents.

    Mais il fallait encore compter avec la logistique ; tous ces services rayonnant d'importance au ministère de la Guerre se sentaient frustrés de ne pas bénéficier des mêmes avantages accordés aux “nouveaux”. Cela se traduisait par une certaine réticence à honorer les desiderata de l'amiral. Heureusement, la Royal Navy faisait son possible avec des moyens limités en fournissant des instructeurs de manœuvre et de navigation et en embarquant des commandos pour les amariner.

    L'amiral, déçu de l'attitude de certains responsables, décida de mettre ses hommes en stand by un certain temps, pensant que l'idée de cette réserve appréciable de troupes laissée à l'écart finirait par agacer les autorités compétentes, qui accepteraient finalement de les envoyer en opération ou de lancer des raids. Personne ne broncha et l'amiral, dans l'attente de jours meilleurs, se pencha sur des projets de raids. D'abord sur les Açores vite abandonnés en faveur d'une autre, l'île italienne de Pantelleria proche de Malte.

    Le répit permit aux commandos de rallier la base des Opérations Combinées à Inverary (Ecosse occidentale) pour suivre l'entraînement sur les premières chaloupes de débarquement récemment livrées. L'entraînement se mua vite en compétition. Les troops rivalisaient au timing pour vider rapidement l'engin et prendre position à une vingtaine de mètres. Le tir, les marches rapides (quick march) avec sac et armement, chronométrées, la lutte, l'entraînement sans relâche, se succédaient depuis le petit jour jusqu'au crépuscule, ce qui n'excluait nullement une sortie de nuit. Un tel rythme dans les exercices eut pour effet un certain nombre de RTU. Les partants étaient immédiatement remplacés par d'autres volontaires. Avec l'expérience acquise par certains des nouveaux arrivants, d'autres disciplines d'entraînement débutaient ; tels ces alpinistes qui devinrent moniteurs d'escalade. Les nouvelles spécialités devaient se révéler très utiles lors de raids ultérieurs.

    Pendant ce temps, l'amiral vit son raid sur Pantelleria remis, puis supprimé. Les gens des ministères avaient la tête dure et les éternels “piliers d'état-major” se demandaient ce que des commandos pourraient bien faire de mieux que leurs propres troupes.

    Peu à peu, les commandos, déçus par l'inaction, semblaient perdre le moral et l'entraînement, malgré la meilleure volonté, devenait lassant. Les hommes laissaient percer leur désarroi. Certains retournèrent d'eux mêmes dans leurs unités d'origine, d'autres allèrent jusqu'à commettre des actes d'indiscipline. Il était temps de reprendre rapidement la situation en main, sinon l'avenir des commandos était en jeu.

    C'est à ce moment crucial qu'intervint le général Haydon, qui devait commander plus tard le Special Service Battalion. Homme sévère mais juste, Haydon était aussi un très bon instructeur et, avec l'aide de ses officiers, il mit au point un nouveau programme d'entraînement, efficace tant sur le plan technique, que par l'emploi maximum des hommes et du matériel.

    Trois faits aideront à relancer les commandos :

    • D'abord le départ, en février 1941, de la “Lay-Force” pour le Moyen-Orient. Commandée par le lieutenant-colonel Laycock, elle comprend les 7, 8 et 11-Commandos.

    • Ensuite, la réorganisation de chaque commando qui désormais ne compte plus qu'un groupe état-major, 6 troops de 3 officiers et 62 hommes auxquels va s'ajouter une section d'armes lourdes composée d'une quarantaine d'hommes. Le nombre des officiers passe ainsi de 30 à 18, ce qui va permettre une sélection rigoureuse. Evidemment, puisque ces unités se révèlent plus légères que les compagnies classiques d'infanterie, il en résultera un meilleur emploi tactique.

    • Enfin… pour mettre à l'épreuve les bénéfices escomptés de toute cette reconversion, est programmé ce que plus personne n'osait espérer… un raid ! Et quel raid !…

    Il eut pour théâtre les îles Lofoten, situées au large des côtes nord-ouest de la Norvège. La force militaire, commandée par le général Haydon, comprenait 2 commandos de 250 hommes auxquels s'ajoutaient des détachements de génie composés de 52 hommes, prévus pour le sabotage et, naturellement, des guides et des interprètes norvégiens.

    Partis de Gourock, le 21 février 1941, sur les navires Queen Emma et Princess Beatrix, des anciennes malles de la Manche, ils vont arriver à destination le 4 mars, sous la protection d'une force navale comprenant les bâtiments de ligne H.M.S. Nelson, H.M.S. King Georges V, les croiseurs Dido et Nigeria, plus cinq destroyers et un sous-marin, H.M.S. Sunfish .

    Seul un chalutier armé allemand, le Krebs, tente de s'opposer au débarquement. Il sera rapidement mis hors de combat par le destroyer Somali et son équipage fait prisonnier.

    Les sabotages sont couronnés de succès. La quantité globale d'hydrocarbures brûlés s'élèvera à 3.600.000 litres (pétrole et essence), 18 fabriques seront détruites, 11 bateaux coulés et un chalutier, à bord duquel ont été embarqués 216 prisonniers, 60 “collabos” et 314 volontaires norvégiens pour les Forces Norvégiennes Libres, sera ramené en Angleterre.

    La presse britannique donnera toute la publicité possible à l'opération. La propagande va se montrer une arme efficace au cours de cette guerre. De telles actions auront l'avantage de faire courir nombre de légendes sur les commandos, tant du côté allié que chez l'ennemi.



    (1) - “Zéro à la barre… les deux bords en avant toute !”
    (2) - Expression maritime : Puissance maximum des machines.



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    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Mai 2007 - 17:13

    Et pourquoi pas des Français ?

    L'effet du raid des Lofoten et l'enthousiasme des Anglais frappèrent ceux qui, repliés en Angleterre, venaient des pays occupés par les Allemands. Particulièrement les Norvégiens, directement concernés par ce raid, mais aussi les Belges, les Hollandais, les Luxembourgeois et les Français, qui attendaient “l'événement” leur permettant de retourner dans leur pays, ne serait-ce que quelques instants.

    Depuis le rembarquement de Dunkerque, qui datait déjà de neuf mois, il y avait eu l'armistice qui avait entraîné l'occupation de plus de la moitié de la France, ensuite l'appel à la résistance adressé depuis Londres par le général de Gaulle, à tous les Français désireux d'effacer le désastre de 1940.

    L'Angleterre vit alors arriver des pêcheurs bretons, des jeunes gens et des moins jeunes provenant de tous les coins de France, des marins marchands, des Français de l'étranger ou des Etats d'Outre-Mer.

    Pourtant le ralliement à la France Libre rencontra maintes difficultés d'autant plus après les différents incidents provoqués par l'opération “Catapult”(1). A la suite d'accords passés entre l'Amirauté française, l'Angleterre et la Commission d'Armistice allemande, les marins internés par les Anglais et refusant de s'engager dans les Force Navales Françaises Libres (F.N.F.L.) pouvaient être rapatriés en France. Un premier départ fut prévu le 22 juillet sur le paquebot Meknès, de la Cie Paquet, pour le transport de 1.100 marins dont des blessés et des malades. Il était convenu, afin d'éviter un incident, que les Anglais avertiraient l'Amirauté française qui, à son tour, en ferait part aux Allemands. Le Meknès appareilla donc comme prévu… Un Schnell-Boot de la Kriegsmarine le torpilla. Bilan : 400 morts ou disparus, 200 blessés, 500 rescapés. Les Anglais avaient tout simplement omis de prévenir l'Amirauté française qui, de ce fait, n'avait pu signaler l'appareillage du bâtiment aux Allemands. Malgré la propagande et les efforts des Forces Françaises Libres, il n'y eut que peu de volontaires parmi les rescapés !

    Néanmoins, les F.F.L. s'organisaient au fur et à mesure des possibilités tout en dépendant largement des Anglais. L'armée de Terre, la Marine et l'armée de l'Air participaient à nouveau au combat.

    Un officier des F.N.F.L., le lieutenant Kieffer, officier Interprète et du Chiffre sur le vieux cuirassé Courbet à Portsmouth, était à Londres pour une courte permission, lors du retour du raid sur les îles Lofoten. Comme chacun, il avait été frappé par la nouvelle technique de combat et par les résultats obtenus.

    Kieffer se mit à penser à la possibilité de raids effectués par des Français et, pourquoi pas ce qui avait été possible pour la Norvège pouvait l'être également pour la France nettement plus proche. Il demanda audience à l'amiral Muselier, pour lui présenter un projet de formation de commandos français. L'amiral ne se montra guère optimiste, compte tenu du manque d'effectifs et surtout faute de matériel.

    Quant à envisager la formation dans les camps d'entraînement britanniques, l'obstacle vint d'abord de ces derniers peu enclins à ouvrir leurs portes à des étrangers, fussent-ils des alliés, puis de l'état-major français qui, soucieux de former en premier lieu des unités purement françaises, n'acceptait pas de laisser des Français sous commandement britannique.

    Kieffer l'obstiné devait finalement emporter la décision. L'amiral Muselier l'autorisa à contacter les autorités britanniques.

    Le premier pas était franchi et le résultat encourageant. Maintenant il fallait attendre la convocation de l'Etat-Major des Opérations Combinées.

    Les jours passaient, mettant Kieffer dans un intense état de nervosité.

    Fin mars, convoqué enfin à Whitehall, siège de l'état-major, il se retrouva à “plancher” devant un groupe d'officiers dont le général Haydon. Il s'évertua à présenter au mieux son projet. Maîtrisant bien la langue anglaise, il émit des suggestions tandis que l'auditoire, ne laissant rien transparaître de son opinion, restait flegmatique jusqu'à la fin de l'exposé. Kieffer quitta la réunion un peu déçu ; il aurait tant voulu connaître la décision ! Cependant, rien n'était perdu car, au moins, il n'avait pas essuyé de refus.

    Il apprendra plus tard, qu'un seul argument avait retenu l'attention des Britanniques ; la prévision d'incorporer des marins connaissant bien en général les côtes de France et, élément non négligeable, la pratique naturelle de la langue qui se révélerait utile lors des raids de sondage.

    De toutes façons, il ne fallait pas en rester là et sans attendre plus longtemps, Kieffer confirma le projet en réunissant un groupe. Celui-ci comprenait un chef de section, le premier-maître François Vourch(2) et 16 hommes, dont “Pépé” Dumanoir, Simon, Tanniou, de Vandelaar, un ex-légionnaire, César, qui venait du Brésil, Laverini, le quartier-maître Taverne, Corbet, Le Guen, Errard, dit “crâne d'obus”, qui passera plus tard aux S.A.S. et enfin cinq autres, disciplinaires mais volontaires pour les commandos.

    Ces derniers, malgré cette “tare” de départ, deviendront de très bons éléments. Evidemment, le groupe ne représentait qu'un embryon d'unité mais, après ce démarrage difficile, tous les espoirs étaient permis.

    Le but de Kieffer était d'entraîner intensivement cette équipe, de manière à faire connaître l'existence du groupe, ce qui normalement devait attirer d'autres volontaires et permettre une sélection. Lorsqu'il serait en mesure de constater que ses hommes composaient une formation homogène “présentable”, il inviterait un officier des commandos britanniques à constater ce dont étaient capables les Français.

    Evidemment, la manœuvre tenait du “forcing”, mais dans de tels cas, la fin justifiait les moyens.

    L'entraînement débuta à Camberley. Ce n'était pas encore du “pur commando”, mais les hommes eurent déjà un avant-goût sérieux de ce qui les attendait. La sueur se répartissait entre les parcours en terrains variés, la culture physique et divers exercices préparatoires au combat.

    C'est au cours de cet entraînement que le groupe put bénéficier d'un apport important avec l'affectation de Jean Pinelli.

    Au mess des officiers de Camberley, Kieffer avait rencontré un officier du 54ème Bataillon de Mitrailleuses Motorisées, le capitaine Haas. Leurs discussions avaient porté d'abord sur les choses vécues ; le capitaine était un rescapé des campagnes de France et de Belgique. Puis Kieffer avait fait part de ses difficultés à trouver des instructeurs qualifiés :
    - Voyez-vous lieutenant, répondit Haas, j'ai peut être chez moi un homme qui pourrait vous être utile.
    - Comment cela ? demanda Kieffer, vous m'intriguez. Et que sait-il faire cet oiseau rare ? - Oiseau des îles, il est Néo-Calédonien. Il s'appelle Jean Pinelli, 26 ans et parle anglais. Sa formation militaire ? Celle des régiments de Forteresse et en campagne de septembre 39 au 28 mai 1940, date à laquelle il fut blessé en Belgique. Un athlète ; d'ailleurs il était moniteur d'éducation physique… Il se peut aussi qu'il montre une certaine réticence. Cela fait plusieurs mois qu'il espère rallier Nouméa pour être affecté au Bataillon du Pacifique…
    - Qu'importe !… Il est militaire et devra bien comprendre que dans la situation actuelle, il ne peut y avoir d'affectation au choix…

    C'est ainsi que Pinelli vit arriver un grand officier qui l'aborda directement. Ce fut une longue discussion avec des échanges de points de vue. Pinelli rétorquait qu'il ne voulait pas rester en Angleterre, il préférait être “Marsouin”(3) plutôt que “je ne sais trop quoi” chez les Anglais.

    Mais l'entêtement et les préférences de Pinelli durent s'effacer devant l'affectation, trois jours plus tard, au groupe Kieffer. Il rendit une dernière visite au capitaine Haas pour lui exprimer avec un accent plus que néo-calédonien sa façon de penser.

    Néanmoins, Pinelli “entama le sujet” en s'intéressant tout d'abord au recrutement. Au camp de Camberley, il y avait des Français, naturellement, mais également beaucoup d'étrangers. Par exemple des Mexicains, dont certains ne parlaient pas le français et combien d'autres cas étranges !

    Après un séjour au Royal Marines à Hayling Island (Portsmouth), Pinelli pu s'attaquer sérieusement à l'entraînement de ses “garçons”, donnant la pleine mesure de ses capacités de moniteur. Kieffer eut ainsi l'opportunité de se rendre compte de l'importance de son “acquisition” et de s'en déclarer satisfait.

    Entre temps, certains candidats testés avaient été retenus ; le premier-maître Chapuzot, le second-maître Moutailler et le radio Briand. L'arrivée des nouveaux permettait de remplacer ceux qui avaient été éliminés pour incapacité, ou d'autres qui avaient préféré démissionner à cause des rigueurs de l'entraînement.

    Puis ce fut le départ pour le dépôt de la marine britannique, H.M.S. Royal Arthur, à Skegness. Le stage fut surtout axé sur l'instruction des armes nouvelles, la pratique répétée du tir dans les nombreux stands et le perfectionnement de la langue anglaise, le tout dans une discipline de même nationalité.

    Quand le groupe français qui, entre temps, avait été baptisé “1ère Compagnie de Fusiliers-Marins”, quitta Skegness pour rallier le camp des Royal Marines d'Eastney, les hommes avaient nettement changé d'allure. Maintenant ils semblaient façonnés, sculptés pour ce nouvel art de la guerre que représentaient les opérations commandos.

    Le séjour à Eastney permit aux Français de s'équiper à neuf, de s'armer et de surtout se perfectionner au tir. Les nombreuses séances de tir avec des armes de qualité et des munitions à volonté firent qu'à la fin du stage, en janvier 1942, la plupart des hommes se révélèrent tireurs d'élite.

    L'ensemble des notes de sortie de stage, que l'on pouvait qualifier de satisfaisantes pour des Anglais, leur ouvrait les portes de la célèbre école des commandos : Achnacarry !…



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    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Mai 2007 - 17:17

    Ils partirent donc vers le nord de l'Ecosse, dans la région d'Inverness. Là, dans un décor naturel splendide où s'alliaient en harmonie sauvage les bois, les montagnes et les lacs, se trouvait Achnacarry. Mais la célébrité de l'école était plutôt due à la dureté de l'entraînement et à l'intransigeance de ses instructeurs qu'à la beauté de son site.

    Lorsque, après 36 heures de train, les Français descendirent à Spean Bridge, gare la plus proche située à… 25 kilomètres d'Achnacarry, ils “crochèrent” leurs sacs et s'avancèrent vers des camions militaires qui attendaient. Kieffer ayant aperçu un officier britannique qui observait à l'écart, s'approcha et se présenta en saluant:
    - Lieutenant Kieffer…
    - Lieutenant Gilchrist… Je tiens à vous prévenir, lieutenant, que nous manquons de moyens de transport. Nous pouvons emporter vos sacs. Quant aux hommes, je sais que les français sont de bons marcheurs, ainsi il ne vous semblera guère difficile de rallier le camp à pied. Je vais vous indiquer l'itinéraire. Il est 17 heures, le repas, au camp, est servi à 20 heures 30 !…

    Kieffer regarda partir Gilchrist en voiture, suivi des camions chargés des sacs. Evidemment, ils étaient volontaires et les premiers étrangers à être admis dans cette fameuse école de commandos, mais après un tel voyage et avec le ventre creux…

    - Rassemblement, commanda Kieffer, vous avez sans doute compris ce qu'on attend de nous. Ceci fait partie des épreuves. Alors il faut montrer à ces Anglais qu'on ne se dégonfle pas. Je compte fermement sur vous. Maintenant, ajustez bien vos équipements afin de ne pas être gênés en route. Parés ?… A mon commandement, en avant, marche !…”
    La compagnie s'ébranla, Kieffer en tête. Il fallait, dès le début, tenir une certaine moyenne. Les brodequins claquaient sur la route et, malgré le temps frais, la sueur commençait à perler. Le rythme toujours bien mené faisait haleter les hommes. Cela promettait d'être dur.

    Au fur et à mesure qu'ils “avalaient” les kilomètres, le bruit des pas devenait plus sourd et la troupe avait une tendance dangereuse à s'étirer. Pas question !… Kieffer veillait à faire serrer les rangs. Les plus résistants soutenaient les plus éprouvés ; il fallait tenir à tout prix.

    A un mile du camp, surprise !… Une clique de Pipers les attendait. Elle était venue là, comme elle le faisait à chaque stage, pour remettre la troupe “dans le rythme”. Et c'est au son des cornemuses que les Français passèrent la porte du camp. L'un d'eux, perdant connaissance, fut rattrapé de justesse. Il était 20 heures 15. C'était gagné !

    Ayant fait stopper sa compagnie, Kieffer aperçut un groupe d'officiers. S'avançant vers eux, il salua. Répondant au salut, l'imposant colonel Vaughan, commandant aussi célèbre que son école, ajouta :
    - Pas mal… oui, mais vous aurez encore à travailler !…

    Le colonel Charles Vaughan, ancien adjudant des Buffs(4), avait également servi vingt-huit ans dans les Coldstream Guards. D'après une réputation loin d'être surfaite, il représentait le genre “plus belle peau de vache de sa Gracieuse Majesté”. Il faisait l'objet de plusieurs surnoms : “Lord Fort William“, “Loup de Badenock”, “Rommel du Nord”, mais aussi “le Châtelain d'Achnacarry”… Ancien champion de boxe, il avait une carrure imposante et apparemment, l'amabilité d'un bull-dog.

    A Achnacarry, autour d'un vieux château qui, avec le domaine, appartenait à Sir Donald Walter Cameron of Lochiel, étaient disposés en demi-cercle plusieurs dizaines de baraques et quelques bâtiments en dur pour les services administratifs.

    Les baraques étaient du modèle le plus simple. Quant au mobilier, il comprenait des lits, ou plutôt des sommiers, composés de trois planches souples, dont il fallait se méfier en s'asseyant ou en se levant afin d'éviter de se faire pincer les fesses entre elles. De toutes façons, les hommes n'étaient pas là pour dormir et les instructeurs se chargèrent bien de le leur rappeler.

    Les instructeurs ? … Purs produits des meilleurs commandos, ceux-ci avaient participé à de nombreux raids où ils avaient fait la preuve de leurs capacités. Certains étaient d'anciens officiers, parfois “cassés” pour des motifs connus d'eux seuls et de l'armée. Les instructeurs de close-combat étaient souvent d'anciens policiers des bas-quartiers de Soho, ou même de Shanghaï, endroits réputés pour la pratique courante des coups en “vache”.

    Les exercices étaient par eux-mêmes dangereux. Les Français s'en rendirent compte très vite en suivant les parcours tracés en terrains variés, parsemés d'obstacles, sous le feu d'armes qui tiraient à balles réelles. Le tout étant chronométré.

    De tels exercices ne se déroulaient pas sans “casse”. Juste à l'entrée du camp s'alignaient des rangées de tombes fictives, avec des pancartes indiquant la faute commise par le défunt et comment il aurait pu éviter d'y laisser la vie. La vision permanente de ces tumulus avait le don de rafraîchir la mémoire et d'inciter à la vigilance. Pourtant, malgré cela, sur l'ensemble des stages, une quarantaine d'hommes furent tués. Sur le plan purement statistique, le pourcentage des pertes sera faible puisqu'il se chiffrera à deux sur mille !

    Parmi les Français, on dénombra un blessé grave et trois blessés légers, après dix semaines d'enfer à subir un entraînement inhumain. Exercices de close-combat, marches d'endurance, entièrement équipés et armés, avec des distances croissantes. Pour débuter, 11 km à couvrir en moins d'une heure, avec présentation de la section à l'arrivée puis disposition aux emplacements de combat. Plus tard, 19 km en 2 heures 30, puis 32 km en 5 heures avec les mêmes consignes à l'arrivée. Les parcours du risque chronométrés, parsemés d'obstacles et de pièges divers, où il fallait franchir des précipices, escalader des murs ou des falaises, traverser des rivières à la nage avec l'armement et l'équipement qui, mouillé, était encore plus lourd, le tout ponctué d'explosions multiples.

    A la fin des cours, le colonel Vaughan exigeait que les stagiaires, boxeurs ou non, s'affrontent en un combat d'une dizaine de minutes, qu'en fin connaisseur il se chargeait d'arbitrer.

    Ces exercices n'étaient interrompus que par le démontage, l'entretien et le tir avec les toutes dernières armes, dans les diverses positions et conditions “possibles et imaginables”, complétés par la pratique de l'arme blanche ; activités effectuées de jour ou de nuit et parfois les deux sur une période de 24 heures. Ils ne leur restait qu'une demi-journée libre par semaine, destinée à l'entretien du linge ou à d'autres occupations diverses dont le courrier, voire au sommeil, afin de récupérer.

    Parfois des projections de films pris au cours des raids, ou des conférences commentées par des officiers ou des sous-officiers ayant participé à ces raids, venaient couper le rythme brutal de l'entraînement physique. Cette forme d'instruction participait au conditionnement de l'état d'esprit des stagiaires. Souvent, en fin de réunion, les hommes évoquaient avec impatience, le temps espéré mais encore trop lointain, où ils auraient enfin l'opportunité de passer à l'action pour mettre en pratique leurs acquis et semer la déroute chez l'ennemi.

    Les Français purent ainsi prendre connaissance des résultats de certaines actions telles le raid de Vaagso (opérations “Archery”) du 2 décembre 1941 et de l'opération “Chariot” des 27-28 mars 1942 à Saint-Nazaire. Ce dernier raid permit de mettre hors d'usage jusqu'à la fin de la guerre, la plus grande cale sèche de la zone occupée Atlantique, en causant à l'ennemi des pertes importantes.

    Quelques anecdotes vinrent pimenter cette opération. Quelques temps auparavant, Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, avait proclamé dans une allocution radiodiffusée, que seul le soldat allemand savait mourir glorieusement et faire honneur à son uniforme. Bien que ces propos les aient profondément irrités, les Anglais accusèrent le coup. Lors du regroupement des commandos dans les camps sud de l'Angleterre pour l'opération “Chariot”, les membres de l'état-major exigèrent que les hommes revêtent leur tenue de sortie. Rien d'anormal si on replace le fait dans le contexte de l'époque. La plupart des camps d'entraînement des commandos se situaient en Ecosse et les Ecossais d'un même clan cherchaient à se retrouver, si possible, dans le même commando. Lors du regroupement, tous les Ecossais se retrouvèrent ainsi en tenue de sortie, portant le kilt aux couleurs de leur clan (Klaan). Fussent les résurgences du passé, le souvenir de la sanglante bataille de Pass of Glencoe, en 1691, lors de laquelle les Campbeles écrasèrent les Mac Donald, qui réveilla les antagonismes ? Toutefois, peu s'en fallut que leurs descendants, à nouveau opposés, après l'absorption de nombreuses bières, n'en fissent autant. Afin d'éviter tout affrontement, l'état-major des Opérations Combinées menaça d'exclure tout fauteur ou responsable d'incident. Tout rentra dans l'ordre et s'estompa dans les brumes de l'histoire, une fois la bière digérée…



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    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Mai 2007 - 17:19

    Pour ce raid sur Saint-Nazaire, les Anglais engagèrent un détachement du 1-Commando, le 2-Commando au complet, la plus grosse partie du 3, enfin quelques hommes des 4, 5, 9 et 12-Cdos. Malgré de nombreuses pertes, la plupart des objectifs furent atteints, grâce à la panique qui régna parmi la garnison allemande.

    Lorsque le stage s'acheva, un seul Français fut refusé. Les autres, après avoir acquis des notes suffisamment brillantes, purent coiffer le béret vert, sur lequel était épinglé, à gauche, l'insigne en textile des Forces Françaises Libres(5).

    Entre temps, Pinelli suivait des stages d'instructeur britannique. D'abord à Ringwaw, près de Manchester, pour être breveté parachutiste, puis d'autres sur les armes, camouflages et explosifs.

    En quittant Achnacarry, les commandos français tournaient une page, mais il en restait encore beaucoup d'autres. Dirigés sur la côte ouest, à Ayr, ils s'entraînèrent encore avec du nouveau matériel, apprirent à manœuvrer les barges de débarquement, sautèrent en parachute et escaladèrent les falaises, puis bien d'autres “ficelles du métier” de commando ! C'était aussi la première fois qu'ils se trouvaient au sein d'un commando. Il leur fallut connaître l'organisation d'une Troop, petite unité autonome possédant ses propres moyens logistiques et ses transmissions, son armurier et ses unités de feu. L'initiation aussi à l'état d'esprit particulier, chauvin même, qui anime les troupes d'élite, s'imprégnant d'une nouvelle discipline personnelle dont l'éventail s'étend de l'efficacité des réflexes à la propreté permanente des armes, un souci constant de la tenue, l'exactitude presque maniaque et le respect des traditions.

    Trois mois passèrent ainsi et la 1ère Cie de Fusiliers-Marins Commandos (nouvelle appellation) quitta Ayr pour Cricceth, au nord du Pays de Galles, où était stationné le 10-Cdo (I.A.). Cette unité comprenait, avant l'arrivée des Français, une compagnie anglaise, puis plus tard, une norvégienne, une hollandaise, une belge et enfin une polonaise. L'affectation de ces compagnies étrangères avait été décidée en prévision d'actions dans leurs pays d'origine.

    Habitués à subir un entraînement intensif, les Français ne furent pas surpris par ce qui les attendait à Cricceth. Peu de repos, des exercices de jour et de nuit, par tous les temps, des épreuves de longues durées, une dizaine de jours en moyenne, “agrémentées” par une endurance au jeûne. Les rares moments de repos, passés dans la gentille station balnéaire de Cricceth, ne parvenaient que difficilement à remettre les gars des rigueurs de l'entraînement.

    Les Français passèrent ainsi six mois. Tous logeaient en “Billet” à leurs frais chez l'habitant. Les Gallois, accueillants de nature, faisaient tout leur possible pour rendre agréable le séjour de leurs locataires. D'ailleurs, l'effectif des commandos français n'était pas suffisant pour répondre aux offres de ces braves gens.

    La période devait servir également à compléter les effectifs avec les volontaires arrivant du dépôt de Londres. Ceux-ci devaient toutefois satisfaire à tous les examens préliminaires et répondre aux aptitudes obligatoires acquises à l'école d'Achnacarry. Dans le cas contraire, ils étaient renvoyés dans leur unité d'origine. Certains trouvant trop long le temps consacré au stage, partirent pour d'autres affectations. Ce fut notamment le cas de Mendès-Caldas, qui passa d'abord au B.C.R.A. puis aux S.A.S.(6) !

    Le 18 août 1942, 15 hommes de la 1ère Cie de F.M. Cdos allaient participer en groupe à une opération de grande envergure baptisée “Jubilee”, un grand raid sur Dieppe. Ainsi, ils étaient les premiers Français à combattre directement l'ennemi sur le sol de France dans le cadre d'une unité régulière. Ils furent répartis en trois groupes (7) ; au nord, avec le 3-Cdo, au centre, à Dieppe, avec les Canadiens, enfin au sud, à Varangeville, avec le 4-Cdo. Premiers combats, premières pertes aussi, malheureusement. Deux Français manqueront à l'appel au retour en Angleterre : le second-maître Montaillet(8) et César, l'ex-légionnaire.

    César avait été fait prisonnier avec un groupe de Canadiens. Embarqué ensuite dans un wagon à bestiaux intégré dans un convoi à destination de l'Allemagne, il eut dès le départ l'intention de na pas aller jusqu'au terminus. Une lucarne était en mauvais état ; il entreprit d'en enlever la vitre et, aidé par les Canadiens à desceller les barreaux. Puis ceux-ci le passèrent pieds devant par l'ouverture. Aggripé aux montants, il attendit un ralentissement dans un virage pour sauter. Une rafale d'arme automatique salua sa chute mais le convoi continua sa route.

    César se trouvait en plein pays minier, entre Douai et Arras. Il se hasarda prudemment dans une ferme, où on l'accueillit chaleureusement et où on lui procura des vêtements civils. La suite de son cheminement fut difficile mais classique ; traversée de la France, puis de l'Espagne du nord au sud avant Gibraltar. Embarquement pour l'Angleterre et retour dans les rangs pour repartir au combat !

    En ce qui concerne le raid, sur le plan général, il ne pouvait être considéré comme un succès, si l'on prenait en compte les pertes importantes en hommes et en matériel, mais les Alliés en tirèrent des conclusions riches en enseignements tactiques. D'abord, pour toute action similaire, à l'avenir il faudrait éviter tout assaut direct contre un port, car il génère une concentration de troupes, donc une cible facilement repérable par l'ennemi. D'autre part, les moyens d'assaut ou même de défense de l'adversaire pourraient rendre inutilisables les installations portuaires, les rendant inaccessibles à toute arrivée de renforts, ainsi qu'au rembarquement des troupes lors de la phase de repli. Il serait donc préférable de choisir plusieurs points de débarquement sur les côtes avoisinant l'objectif, puis d'attaquer ce dernier à revers.

    Forts de ces enseignements, les Anglais entreprirent la construction des deux fameux ports artificiels qui, remorqués et mouillés devant les côtes normandes, contribueront largement à la réussite du débarquement de juin 1944 jusqu'à la libération du port de Cherbourg.

    Les Allemands eux-mêmes décidèrent, à la suite du raid, de changer de méthode en ce qui concernait le traitement des prisonniers. Un ordre du Führer (18 octobre 1942) ordonna d'abattre sans pitié les membres identifiés des commandos.



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    BONNERUE Daniel
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    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Mai 2007 - 17:21

    Entre temps, le général de Gaulle s'était inquiété de la situation de nos commandos, particulièrement devant l'éventualité de raids sur le territoire français. Dans une lettre, datée du 25 avril 1942(9), adressée à l'amiral Lord Louis Mountbatten, le général déclarait qu'il ne tenait pas du tout à ce qu'une action quelconque sur le territoire français soit entreprise avec la seule participation d'un petit groupe de soldats français “absorbé purement et simplement dans un commando britannique”. De Gaulle voulait que soit constitué un commando français de 400 hommes en mettant immédiatement sur pied l'élément de 60 hommes demandé par Lord Louis Mountbatten, en y ajoutant un complément possible avec des unités françaises excellentes et déterminées stationnées au Moyen-Orient.

    Lord Louis Mountbatten répondit aimablement, le 30 avril, à la note plus que sèche du général, en suggérant des arrangements. D'abord, l'accord pour la création d'un “Commando Français Libre”, mais à condition qu'il soit détaché auprès de la Brigade des Services Spéciaux, sous les ordres du célèbre “Brigadier” Laycock ou d'un autre officier désigné. Entente aussi, en cas de raid accompli par les seuls commandos français, d'un plan concerté en commun par des officiers de F.F.L. et des Opérations Combinées. Lors de raids dans lesquels le Commando Français Libre ne constituerait qu'une des unités engagées, celui-ci devrait agir de la même façon que les commandos britanniques, l'Etat-Major des F.F.L. ayant toutefois été prévenu de cette action. Cette lettre indiquait que cette unité française comprenant : 1 capitaine, 2 lieutenants et 62 sous-officiers et hommes de troupe, allait être constituée immédiatement pour former une partie du 10-Cdo(10). Elle servirait sous les ordres du brigadier Laycock, comme les troops hollandaises, norvégiennes et britanniques.

    Le 4 mai, le général de Gaulle donnait son accord et confirmait toutes les dispositions prises par Lord Louis Mountbatten.

    C'est à cette époque qu'arriva Charles Trepel. Son destin, sa vie furent une longue aventure.

    Né en 1908 à Odessa d'une famille d'origine tchèque, la révolution bolchevique le fait s'expatrier en Allemagne d'où il repartira en 1933, lors de l'avènement du nazisme, pour rejoindre Paris. En 1939, mobilisé dans l'artillerie, il est promu lieutenant en juin 1940, lors de l'Armistice. Démobilisé, il passe en Espagne en juillet 1941. Arrêté, comme beaucoup d'autres, par la police espagnole, il se retrouve à la prison de Barbastro. Il s'en évade au bout d'un mois, rallie Barcelone et s'embarque sur un cargo neutre comme chauffeur. Il parvient enfin à Gibraltar en septembre 1941. Envoyé en Angleterre, Trepel se retrouve instructeur d'artillerie au camp F.F.L. d'Old Dean (novembre 1941) puis passe dans l'escadron mixte qui est en formation. Dès janvier 1942, il suit un entraînement spécial et participe à des raids avec les commandos britanniques. Détaché aux F.N.F.L., en mars 1942, il réussit à rallier le commando français en formation. Ceux qui l'ont connu ne peuvent oublier ni sa personnalité, ni sa discrétion. Efficace dans tout ce qu'il entreprend, Trepel déploie une incroyable puissance de travail. Il n'aura de cesse avant d'avoir étudié à fond tous les procédés tactiques et opérationnel des Anglais. C'est vers lui que Kieffer va se tourner pour former et commander la Troop 8.

    (1) - Voir Opération “Catapult” en annexe
    (2) - Le commandant Kieffer, dans son livre “Béret Vert”, désigne François Vourch comme premier-maître. Ayant contacté l'intéressé, celui-ci assura qu'il était déjà officier des équipage électricien avant de rallier l'Angleterre. S'étant porté volontaire pour les commandos, il y fut affecté, toujours d'après ses dires, d'abord avec le grade d'enseigne de vaisseau, puis avec celui d'officier des équipages de 2ème classe.
    (3) - Marsouin : Soldat de l'infanterie coloniale.
    (4) - Royal East Kent Regiment, dont le badge représentait un dragon argenté qui rappelait les campagnes de Chine, surmontant un bandeau marqué “The Buffs”.
    (5) - Quelques semaines après le raid de Dieppe, les calots d'arme d'origine (béret marron pour les Français) seront remplacés par le béret vert. L'insigne des opérations combinées, surmonté d'une bande uniforme pour tous les commandos, sera cousue sur les deux manches avec le numéro du commando.
    (6) - Bureau Central de Renseignement et d'Action (Cdt Dewavrin, “Passy”) - Special Airborne Service : Parachutistes.
    Mendès-Caldas, avide d'action passera au S.A.S. en 1943. Il sera tué dans la région de Saint-Marcel (Morbihan), à la ferme de Keruel, le 12 juillet 1944, en défendant avec le lieutenant Marienne les blessés intransportables. Un autre, Errard, dit “crâne d'obus”, vétéran du premier groupe, passera également aux S.A.S. Blessé dans la région de Saint-Marcel, il aura plus de chance que ses camarades. Soigné à la clinique de Malestroit (Morbihan) avec 17 autres parachutistes, il en réchappera grâce aux soins et aux subterfuges du Docteur Queinnec et des sœurs Augustines.
    (7) - Avec le 3-Cdo : César Maurice, de Wandelaar Raymond, Errard Jean, Montaillet et le sergent Ropert Jean.
    - Avec les Canadiens : Borantini Antoine, Dumanoir René, Jean Georges, Loverini Gabriel, Simon Jean, Tanniou Pierre et Vourch Francis (ceux-ci ne débarqueront pas).
    - Avec le 4-Cdo : Rabouhans Raymond, Taverne René, Balloche Francis. Ce dernier, second-maître, fut décoré de la première Military Medal, décernée à un commando français, pour l'attaque directe d'une batterie allemande, dont il élimina les servants à l'aide… d'un rasoir-couteau.
    (8) - Montaillet, débarqué avec le 3-Cdo au Petit-Berneval, n'avait pu rembarquer. Blessé alors qu'il se battait au milieu d'un groupe d'Anglais, il fut pris avec eux. Tous furent abattus auprès d'une petite chapelle du 11ème siècle. Les habitants enterrèrent 8 Anglais, dont ils portèrent le nom sur une stèle, et un commando français non-identifié, pour lequel on grava : “Commando-France” (libellé de la bande d'épaule). En 1949, les corps furent transférés au cimetière des Vertus à Dieppe. Mais, sans doute mal repéré, le corps de Montaillet ne fut pas identifié.
    (9) - Mémoires de guerre. “L'Appel”, 1940-1942. PLON, P: 666-667-668-669. Avec l'arrivée du général Giraud en A.F.N., De Gaulle oubliera les commandos.
    (10) - Les commandos français porteront sur les deux manches la bande “France”, au dessus de la bande 10 (I.A.). Les bandes “Free French Commando” prévues et imprimées par les Anglais ne seront jamais portées, à la suite de la création du 10 Inter Allied Commando.



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