Les stations météo volantes.
Sur les avisos escorteurs, il y avait donc une station météo importante, on y faisait des sondages de vent-radar deux ou quatre fois par jour, parfois plus en phase Charlie, et un ou deux radiosondages selon les besoins.
Bien entendu, le bâtiment n’était point du tout conçu pour cela et les météo se casaient dans le local SMSR, sur ceux que j’ai fait au moins, et les bouteilles pour fabriquer l’hydrogène était amarrées sur le pont.
Personnellement j’ai fait le Charner et le Rivière et pendant les tirs de 1968, une partie se déroulant pendant les évènements révolutionnaires de mai, nous avons été stationnés, je ne sais plus sur lequel j’étais, à peu près au lieu où Jules Verne situe une petite île pour les besoins de son roman « les enfants du capitaine Grant » et où Mary et Robert Grant retrouvent leur père.
A bord, l’hydrogène était fabriqué par les canonniers et les manœuvriers, il y avait dans chaque tiers, du personnel qui avait appris à faire ce boulot-là. Pour cela, ils s’étaient rendu en stage à météo Faaa, de l’autre côté de la piste.
Cela soulageait les météo embarqués qui n’étaient que deux ou parfois trois et qui avaient déjà pas mal de boulot avec les radiosondages et les sondages vents (les observations en surface étaient réalisées par les timoniers du bord qui avaient fait un petit stage eux aussi).
Enfin tout marchait très bien.
Pour le gonflement et le lâcher du ballon et de son attelage de sonde ou de mire radar, il fallait que le bâtiment s’orientât de façon à créer un vent nul sur le pont.
C’était souvent plus facile à dire qu’à faire.
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Les cram-crams.
- Ah ! c’était bien une calamité
- Quoi ?
- Ben les cram-crams pardi !
Au tout début du CEP, il semble bien qu’il n’y en avait pas encore et il semble bien aussi que c’est une plante saharienne qui a été apportée dans les bagages des expérimentateurs venant de Reganne ou d’autres lieux de là-bas.
Qu’en savez-vous, le personnel de la météo ?
Les cram-crams furent la peste pour nos ballons. Jusqu’en 1967, nous n’employions que des Delacoste, ces gros ballons blancs en vrai caoutchouc assez épais et bien solides ; les cram-crams qui commençaient tout juste à devenir envahissants, bien que nous les mettions à terre sur un carton d’emballage avant de les gonfler, ne leur nuisaient pas.
Le problème commença à se poser lorsque l’on commença à employer les ballons américains Kaysam, en néoprène, je crois, et très fragile.
Il fallait pour leur préparation apporter beaucoup de soins, les poser sur un support et les larguer avec un filet
Alors, comme ce filet à chaque lancer, tombant à terre, ramassait tous les cram-crams de la création, il fallait l’inspecter, avant le gonflement.
Il restait toujours des crampons de cram-crams pour blesser et déchirer le ballon ; c’était la hantise du relâcher !
Qui peut préciser que le cram-cram dont le nom scientifique : cenchrus echinatus, est bien d’origine saharienne ?
Si oui, le CEP en a contaminé toute une région du monde : la Polynésie française.
Les crochets de cette petite saloperie s’insérait sous la peau et provoquait un petit mal inguérissable, une sorte de petit furoncle, c’est arrivé à tous.
Radiosondage complet de la mi-journée à Tureia, 1970 ou 1971.
Les lanceurs de ballon, dans l'ordre :
Crépy météo, Vaginay GMD/2, Bajard météo.
Une fois le ballon dégagé, Crépy va se précipiter afin de recueillir le filet dans ses bras, pour qu'il ne touche pas le sol ; la hantise de ramasser des cram-crams.
André Pilon