J'ai fait mes «premières armes» de travailleur manuel avant de rejoindre la Marine. Paradoxalement, c'était dans une école de formation professionnelle destinée à l'armement terrestre. Pour être plus précis, l'entreprise d'état était l'atelier de construction d'Issy-les-Moulineaux, plus connue par ses initiales AMX, qui construit toujours des blindés. En fait il s'agissait de l'ancien département «Blindés» de RENAULT nationalisé après la seconde guerre mondiale.
La première année d'école consistait en une formation de base d'ajusteur, avec des stages sur machines outils. Un stage était aussi dédié à l'électricité, mais plus particulièrement à l'établissement de circuits tels ceux qui équipent les maisons. Bien entendu il y avait les matières de culture générale, mais aussi la technologie et le dessin industriel. A la fin de la première année, selon les notes obtenues et les résultats d'un test psychotechnique, nous choisissions notre spécialité : pour moi ce fut motoriste.
En seconde et en troisième années, notamment pour les motoristes, nous nous consacrions principalement à notre métier auquel s'ajoutait la technologie automobile, mais entrecoupé de stages divers (machines outils, mais également forge, soudure et un peu de tôlerie). Durant ces années, ni la culture générale, ni la technologie, ni le dessin industriel n'étaient abandonnés. Le diplôme de sortie était spécifique aux industries d'armement avec une équivalence BEI. Pour ceux qui continuaient, une quatrième année d'école technique nous préparait à ce qui équivalait au BTS actuel.
La suite ce fut Maistrance «Machine» où la formation ne fut plus que théorique. Que nous soyons issus du civil ou anciens arpètes, la formation manuelle étant déjà faite, nous ne fréquentions plus les ateliers. Par contre, entre le hall «moteurs» et les compartiments «machines» et «chaufferie» des navires désarmés ancrés devant l'école, nous démontions, prenions des mesures, des schémas et remontions avant de rédiger des compte-rendu illustrés de nos dessins et schémas qui bien entendu étaient notés.
Cette formation m'a été très utile par la suite. En quittant la Marine je fus embauché par une entreprise en Algérie dont une des multiples activités était le curage et l'agrandissement de retenues d'eau (lacs de barrages) qui s'étaient colmatées par l'apport d'alluvions des oueds qui les alimentaient depuis des décennies. J'exerçais la fonction de responsable de l'équipe de dépannage des engins de dragage (drague flottante, relai de pompage flottant, etc.) comprenant des moteurs diesel de petite, moyenne et grande puissance.
L'Algérie devenue indépendante, je ralliais en France le service après vente d'une filiale d'entreprise américaine construisant de gros engins de génie civil : c'était l'époque des grands chantiers d'autoroutes. Pour cela je devais me déplacer beaucoup en voiture dans toute la France.
Enfin, en 1963 j'entrais au Commissariat à l'Energie Atomique au sein duquel je travaillais dans le domaine de la recherche fondamentale en physique et plus précisément en physique des particules élémentaires (infiniment petit). De technicien supérieur à technicien principal pour terminer ingénieur, mon parcours dans cet organisme de recherche dura trente trois ans. Même dans ce domaine particulier, le dessin industriel et la mécanique ont un rôle important dans lequel ma formation de base m'a été d'une très grande utilité. C'est la raison pour laquelle je souhaiterais voir beaucoup de jeunes gens s'orienter vers la technique en commençant par une solide formation manuelle telle celle que nous avons reçue.
La formation de base laisse des traces dont voici un exemple de réalisation (étude et construction avec l'aide de mon père pour la carrosserie en aluminium réalisée à la main) :
Dans cette construction il y a du calcul, du dessin industriel, du tour, de la fraiseuse, de l'hydraulique, de la chaudronnerie, de la soudure,de l'électricité et de l'électronique.
par 
. Te souviens-tu de leur nom? 
