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    Message par balisson Mar 21 Mar 2006 - 17:46

    LE POSTE REQUIN

    Le saviez-vous, en quittant Nemours pour poser nos pieds sur ce piton aride, chauffé à blanc par un soleil sans pitié, que nous allions construire un poste de nos propres mains, en pleine montagne avec une tour de guet, un mur d’enceinte, des créneaux.
    Bien loin d’égaler, certes, nos grands architectes à l’origine du gothique flamboyant où même la robustesse des fortifications Vauban ou des casemates de la ligne Maginot, il faut reconnaître qu’il avait de la gueule.
    Nous en étions fiers, sûrement par chauvinisme, mais aussi par la sueur versée.

    Rassemblement avant un départ en opération.

    LES HISTOIRES A BALISSON Requin1

    La pacification implique une présence continuelle et un soutien à la population qui se traduit par une aide sociale, morale, alimentaire, médicale et également une protection de cette population avec la notion d’autodéfense.
    C’est la raison pour laquelle, armés de marteaux piqueurs et d’explosifs, nous avions pour mission d’araser ce piton et de construire une base dans cette région qui n’avait pas vu de présence Française depuis une dizaine d’années.

    Vue partielle du poste Requin, au fond : les cuisines, la tente des officiers, les douches, et au premier plan, la tente de la première section.

    LES HISTOIRES A BALISSON Requin2

    La légion étrangère entretenait jusqu’à présent une légende de bâtisseurs, Jaubert s’attaqua avec enthousiasme à la démystifier.
    À tour de rôle, par sections, nous allions transformer ce piton en gruyère.
    En 1956 le commando Jaubert, d'un coup de gueule << Huonesque >> a réinventé l'âge de la pierre, en effet le pain de T.N.T dans son enveloppe originelle ne se prête pas à ce genre d’exercice et il fallait donc le rendre pulvérulent avec un instrument contondant, une pierre ou un morceau de roc.
    Trois exigences
    • Une grande souplesse du poignet, car il s'agit d’explosif puissant.
    • Le port du << chaddor >> pour éviter de respirer cette poussière à base de nitroglycérine.
    • Boire du lait qui paraît - il est un antipoison notoire.

    Vue sur le Tadjéra d’une tour du poste Requin.

    LES HISTOIRES A BALISSON Requin3

    Le doute subsiste encore, car à l’époque un ministre avait imaginé écouler la surproduction laitière en obligeant le bidasse à ingurgiter du lait.
    Heureusement, sous la IV ème république, les gouvernements étaient éphémères et le bon lait de nos bonnes vaches qui n’étaient point folles à l’époque fut transformé en beurre.
    La poudre dans le gruyère, un détonateur, un bout de mèche lente, une explosion sourde, d’énormes blocs de rochers à casser; bien pourvus en masses, pelles, truelles, le poste est né et occupe une surface comparable à celle d’un terrain de foot.
    Et puis c’est l’heure du baptême:
    Nous sommes avant tout des marins, donc il fallait faire référence à la mer.
    Des rigolos ont dû proposer:
    Morue, Maquereau, peut-être la nostalgie de Chicago aux abords du quai « Cronstadt >> ou de la rue Tubano et pour les anciens, de Cholon.
    Ces deux noms de poissons n’ont pas été retenus, le pacha a dû trancher : Imaginez fort morue, cela manque véritablement de sérieux.
    Le terrible prédateur des mers du sud, le mangeur d’hommes qui d’après Furetière : les marins lui ont donné ce nom parce que son voisinage ne laisse aucune espèce de salut et équivaut pour le nageur un véritable << REQUIEM >>.
    Le poste fut donc baptisé : REQUIN.
    Ohé les muchachos, j’apporte le courrier, un tub des année 50 de Dario Moréno.
    Qui se souvient de cet air entonné par Jaubert lorsque le Morane pointait son nez à l’horizon ?
    Au premier passage par temps clair, la grosse libellule nous larguait le sac de courrier.
    Et puis l’attente angoissante, l’appel de son nom, le soulagement ou la déception.
    Des nouvelles du pays, d’un proche, d’une petite copine connue à la dernière perm; une lettre, plusieurs, il y avait des Don Juan admirés et jalousés.
    Il y a ceux qui lisent et relisent religieusement, qui s’isolent loin des manifestations bruyantes, des propos osés ou grivois, de certains qui font partager leur joie ou leurs exploits.
    Quelques photos circulent, les dernières conquêtes, puis sont rangées soigneusement, amoureusement dans le portefeuille, sur le coeur.
    Quelques instants d’indicible joie, d’immense bonheur mais aussi de mélancolie au poste Requin, à quelques encablures de la mer et dominé par la masse imposante du Tadjéra.
    La prochaine rotation dans huit jours, en souhaitant du beau temps, il n’y a rien de plus démoralisant que de savoir le coucou tourner au-dessus du piton noyé dans les nuages et malgré les fusées éclairantes, l’entendre s’éloigner, le bruit du moteur décroître et s’éteindre.
    Il n’y aura pas de courrier aujourd’hui.

    Les nuages montent à l’assaut, mais nous sommes bien protégés, un canon de 75 sans recul veille.

    LES HISTOIRES A BALISSON Requin4

    La vie un instant suspendue aux ailes de l’aéropostale, version 1956, reprend son cours habituel, l’activité essentielle étant les patrouilles, les opérations et les embuscades.
    Cet intense effort physique provoquait bien évidemment chez des hommes jeunes, un appétit féroce.
    La logistique assurée par Nemours nous arrivait par LCVP via Honaïne puis par convoi jusqu’à Requin.
    La viande fraîche au départ prenait une couleur bistre et nous parvenait escortée par une myriade de mouches.
    Qu’à cela ne tienne, il faut manger pour vivre et non vivre pour manger.
    L’armée sert, accompagnant la viande, un légume de choix :
    Pourquoi ? Pour des raisons de surproduction nationale, de conservation, de coût ?
    Toujours est-il que le fayot au sens propre (et même au sens figuré) est omniprésent.
    Il faut savoir que le pauvre bidasse tout au long de sa vie de soldat est agressé par le fayot qui provoque des effets dévastateurs sur son estomac, ses intestins et stimule désagréablement le sens olfactif des copains.
    Mes amis, je sais que vous ne sentez pas encore le vent venir mais vous pressentez, car vous êtes très inspirés et intuitifs, par où il va venir.
    Pour que cette histoire soit cohérente, il lui faut un fil conducteur et un détonateur, qui placé dans une charge de plastic fit sauter en pleine nuit le point d’eau situé à une centaine de mètres du poste alimentant conjointement ce dernier et un douar à proximité dont les habitants étaient soignés et les enfants scolarisés par nos soins.
    Grande fut la colère du pacha qui, convaincu d’avoir pacifié la région, n’a pas accepté d’être nargué à domicile.
    Des représailles s’ensuivirent, ponctuées par une série d’embuscades dans les environs immédiats du poste.
    Les premières se passèrent le plus normalement du monde, quatre à six heures de veille sans la moindre trace de rebelles, la routine habituelle, quoi.
    Mais, au simple soldat, il lui arrive de penser, penser que leur forfait accompli, les rebelles devaient être déjà loin et ne reviendraient pas de sitôt.
    Tant et si bien que ce soir-là ce fut la dernière embuscade montée si près du poste Requin.
    La goutte d’eau ou de bière, le ras-le-bol...
    Nous étions tous tapis, qui derrière un rocher, qui derrière un fourré depuis quelques heures lorsque le phénomène fayot se manifesta.
    C’est à ce moment précisément où les yeux du guetteur rougis par la fatigue, gonflés par le sommeil, n’arrivent plus à fixer la zone à surveiller et que des formes indistinctes se mettent à danser, où les membres engourdis par le froid et tétanisés par une position très inconfortable et définitivement acquise dès la mise en place de l’embuscade, que le coup de tonnerre éclata sous la forme d’un pet rageur produit par la lente décomposition organique et la mutation du fayot en gaz.
    Il est certain que l’intention au départ n’était pas provocatrice et que le malheureux en pratiquant une poussée verticale ne pensait pas que le volume déplacé, en se référant au fameux principe d’Archimède, (non je ne le dirai pas, la contrepèterie est trop aisée), ferait autant de bruit.
    Il faut savoir que, dans une embuscade, le silence est d’or et qu’il faut savoir écraser ces manifestations malodorantes.
    Le moment de stupeur passé, si d’aucuns n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles, il est certain que l’odeur traduisait irrésistiblement l’acte.
    Ce qui caractérise les Commandos Marine, c’est une très grande complicité et cette nuit-là une solidarité unanime non concertée qui se traduisit par une facilité déconcertante à émettre des bruits incongrus à la demande.
    À cette heure matinale ce fut donc une aubade, un concert de flatulences orchestré par le maître pétomane, Thomas dit TOTO et chacun en fonction de son anatomie et de ses capacités, joua son air.
    Je n’oserai pas établir de parallèle entre le langage des fleurs et celui que nous évoquons, « nez en moins » et, nonobstant l’odeur, on peut discerner certains traits de caractères flagrants. Pour les érudits, je propose plutôt : les caractères de La Bruyère.
    En résumé et pour compléter cette étude bien loin d’être exhaustive il y a l’art et la manière de flatuler.
    En un mot comme en cent, les artistes côtoient les culs-terreux si je puis m’exprimer ainsi.
    La diversité du pet est fonction de la région où le fayot a poussé, de la terre qui l’a nourri, de la qualité de l’espèce, des aromates qui l’accompagnent mais aussi et surtout de la puissance musculaire et de la virtuosité de l’émetteur.
    On distingue donc :
    Le noble sans bavure, le bref et sec, le mou, le long avec modulation de fréquence, celui en cascade, en rafale, le musical avec des dièses, le laborieux, le foireux, le mesquin, le furtif, l’élégant, le discret, le viril, le malade, le plaintif, le canaille, le bourru, le prout ma chère (pour mémoire).
    Quelques rires fusent, timides tout d’abord, puis vient la délivrance, impossible de se retenir, le crescendo majeur, le fou rire à gorge déployée, la tempête de rire et ce rire tellement communicatif que même Huon dit La Hure a eu un sourire... jaune.
    Et ne dites pas que vous ne vous souvenez plus, que la mémoire vous fait défaut, que vous êtes devenus amnésiques, séniles, vieux avant l’âge, déconnectés, moribonds...
    Allons les amis chantons encore une fois en choeur :
    La FRANCE est notre mère
    C’est elle qui nous nourrit
    Avec des pommes de terre
    Et des fayots pourris.

    Le Mans le 15:11:96

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    Message par René03 Jeu 23 Mar 2006 - 10:12

    Superbe cette histoire , et en plus tes dons de narrateur sont formidables

    Voilà qui explique que dans nos régions, les vents du sud sont souvent accompagnés de senteurs plus ou moins suaves.

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    Message par Patrick GOUDARD Jeu 23 Mar 2006 - 12:16

    Chapeau Balisson !
    Que ne fais-tu pas un bouquin avec une telle aptitude à nous raconter de telles histoires !

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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 11:54

    LE TRAFALGAR DE PORT – FOUAD

    Si l’on admet que les anglais sont d’excellents soldats, têtus, obstinés, pugnaces, ils sont et resteront toujours très fair play, sans méfiance et un tantinet crédules.
    Ferdinand avait élaboré ce canal pour que nous nous y rencontrions, chacun de son côté comme il se doit car le mélange aurait été explosif, les uns à Port Saïd, les autres, Jaubert à Port Fouad la rive opposée.
    Une saine curiosité nous a amené à explorer, tels des Robinson Creusoë , chacun son tour, les quelques îlots à une demie-encablure au milieu du canal.
    Pendant que les tommies bataillaient ferme dans la ville assiégée, ce qui leur empêchait d’étendre leur hégémonie dans cette partie du canal, Jaubert s’emparait des îles sans coup férir et sans un coup de feu.
    Nous pensions y trouver quelques denrées rares qui nous faisaient défaut à Port Fouad, du pain peut-être pas mais des cigarettes certainement.
    Ces îlots étaient aménagés en entrepôts pour y recevoir tout le transit international. Imaginez la caverne d’Ali Baba, la corne d’abondance, le réservoir inépuisable, la source providentielle, Byzance, quoi.
    Toute médaille a son revers : tout sauf du pain et des cigarettes.
    Dans un élan magistral qui les honore, les anglais prirent rapidement le dessus sur Nasser et toujours mus par ce même élan qui les oblige à consolider et agrandir le commonwealth, faire flotter l’union Jack un peu partout dans le monde, ils vinrent nuitamment visiter nos îles.
    Mal leur en prit, quelques rafales trouèrent la nuit étoilée et il n’y eu pas d’autres revendications ni incursions intempestives.
    Comment surent-ils que le château neuf du pape et le whisky coulaient à flot et que nous manquions de cigarettes ?
    L’histoire est un éternel recommencement et le troc revint à la mode.
    Le crépuscule venu, les anglais nous apportaient des cigarettes et la monnaie d’échange; le whisky.
    C’est ainsi que pendant deux mois un « pont maritime » entre Port Saïd et Port Fouad s’instaura au rythme d’une caisse de whisky contre un paquet de cigarettes sans que le stock de savoureux breuvage n’en soit amputé dangereusement car il y avait de quoi étancher la soif inextinguible de plusieurs régiments écossais.
    De bons rapports s’établirent entre nous et comme l’occasion fait le larron, en toute amitié et sans aucun esprit de revanche, nous avions décidé d’inviter une « patrouille », le troc ayant un but militaire.
    On étale le drapeau égyptien, on met les petits plats dans les grands, service chinois s’il vous plaît, asperges en passant par le crabe, les crevettes, le coeur de palmier, la viande qu’on avait réussi à préserver dans les frigorifiques de Port Fouad incendiés par la légion et des apéritifs, des vins, des alcools du monde entier.
    Combien d’heures durèrent nos libations ?
    Toujours est-il que nos invités ayant trop abusés ou n’étant pas suffisamment entraînés à ingurgiter du Nuits-Saint-Georges et du Moët et Chandon sombrèrent dans un coma éthylique qui dura plusieurs heures que nous mîmes à profit.
    Tout militaire est attiré par les armes surtout celles qu’il ne connaît pas.
    Leurs fusils, était-ce des Enfield , la curiosité aidant il fallait les comparer aux nôtres.
    Qu’est ce qui ressemble le plus à un fusil qu’un autre fusil me direz-vous ?
    Il suffit d’appuyer sur la queue de détente et... bang.
    Oui mais le fonctionnement, pour le connaître il faut le démonter et pour démonter une arme il y a toujours un truc et qui trouvera le premier l’astuce ?
    Entre des mains expertes, le suspense n’a pas duré très longtemps, les fusils anglais ont vite fait de livrer leurs secrets, il s’ensuivit une séance de tir sur la statue du général anglais, Baden Powell, le célèbre fondateur des boys scouts.
    On se demande d’ailleurs comment on pouvait faire mouche quand on considère que l’acuité visuelle est inversement proportionnelle à la quantité d’alcool ingurgité, tout autre soldat que les commandos marine aurait été atteint de cécité en fonction de la dose absorbée.
    Bons fusils, certes mais excellents tireurs et ce n’est pas l’anglais qui me démentira.
    Nous n’avons plus rien à découvrir et notre admiration pour cette arme qui nous a livré sans trop de réticence ses secrets, telle une femme impudique, se dissipe plus rapidement que l’alcool qui a remplacé le sang dans nos veines.
    Un regard dédaigneux sur les soldats endormis de sa très gracieuse majesté, si leur reine les voyait, et nous nous interrogeons sur le passé, l’avenir, on s’en fout bien que les G I nous attendent à l’autre bout du canal et pas forcément avec des fleurs et que les russes n’ont pas du tout l’intention de nous rendre visite avec de la vodka et du caviar, l’ordre nous étant donné de creuser des trous individuels sous les L V T pour nous protéger des M I G.
    Revenons au passé, comment ces succédanés de soldats ont-ils pu nous coller la pâtée à Trafalgar et à Mers el Kébir ?
    EUREKA !!! parce que nous étions plus ivres qu’eux à ces moments cruciaux où le ratafia coulait à flot sur nos navires.
    La vengeance est un plat qui se mange froid, les culasses des fusils plongèrent dans le canal et nous plantâmes là «l’armée anglaise ».
    On peut considérer avec du recul que la manière employée n’était pas très élégante mais il faut admettre qu’ils sont à ce point insupportables de :
    1) Parler une autre langue que la nôtre
    2) Ne pas avoir adopté le système métrique
    3) Rouler à gauche
    4) Mais là où ils sont le plus impardonnables car la tolérance a ses limites, du temps de la marine à voile, quand le scorbut anéantit des équipages entiers, ils avaient trouvé le remède miraculeux pour combattre efficacement cette maladie : du jus de citron vert mélangé à du rhum.
    Ces mécréants que dis-je ces assassins ont gardé le secret 50 ans.
    Imaginez, nous avons cinquante années de retard sur le : Ti Punch

    Port-Fouad, avec les commandos anglais, Thomas, Saurel, Billiard, Rossello, Pétrault, Balisson.

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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 11:57

    LA GRANDE ILLUSION

    Dans la marine tout comme dans les autres armes, il est difficile de passer au travers de certaines corvées.
    Dans la marine comme nulle part ailleurs, nous aimons le travail bien fait, surtout lorsque la devise est pensée et dictée par les gradés :
    « Un bon commandeur vaut sept faiseurs ».
    Il est normal que les tâches les plus rebutantes soient effectuées par le matelot, aidé en cela par le quartier - maître qui, lui, doit donner l’exemple, aussi dans certaines circonstances adoptent - ils le principe suivant :
    « Mouillé c’est lavé, sec c’est propre ».
    1956 - ALGERIE
    Une grande propriété au coeur d’un charmant petit village de bord de mer à la frontière marocaine accueille les 90 baroudeurs du commando Jaubert, tous vétérans de l'Indo, plus le matricule 8137 T 54 tout frais émoulu du stage commando.
    Une arrivée feutrée : un commando ne doit pas se faire remarquer, doit être invisible mais présent.
    L’heure matinale nous oblige également à respecter le sommeil de toute une population encore endormie et blottie dans les bras de Morphée.
    Seuls quelques chiens faméliques au poil jaunâtre, sûrement croisés avec des chacals, aboient furieusement en reculant.
    7 heures, Rassemblement :
    Défilé à 11 heures
    Tenue n° 1
    Rompez les rangs, sauf le deuxième groupe de la 2e section
    ( Mon coeur bondit).
    A la mine abattue de mes compagnons, je m’indigne presque, qu’arrive t'il à ces héros, à ces surhommes, à ces dignes héritiers du n° 4 commando qui s’est illustré à Ouistreham, rechigneraient, ils à partir en embuscade, à casser du « fell », pourquoi le « bidel « s’adresse t'il à tous ces veules qui ne sont guère enthousiastes pour accomplir une mission, certes dangereuse mais ô combien exaltante, le rêve même du commando.
    Le matricule 8137 T 54 a envie de sortir des rangs et de crier :
    Je suis volontaire, je serai le groupe à moi tout seul...
    Et le bidel de conclure : les propriétaires nous ont fait l’insigne honneur de nous héberger et la délicatesse de nous autoriser à utiliser leurs W.C.
    Si l’on admet que dans la marine la nourriture est plus abondante que dans la biffe, il faut donc prévoir grand et après inspection des lieux, la seule chose qui s’avère nécessaire et dans les plus brefs délais : vider la fosse.
    Celle - ci, creusée juste après la victoire du duc d’Aumale sur la smalah d Abd El Kadder en 1800 et quelques, est archi pleine.
    Maintenant je suis tout à fait sceptique.
    Le valeureux matricule 8137 T 54 va, comme il le souhaite, participer à sa première opération en territoire ennemi et suprême honneur, désigné par le bidel comme éclaireur de pointe.
    Ici on n’est plus à l’école, le bleu va en chi...
    Mission très périlleuse car en équilibre instable sur une poutre placée en travers de la fosse, muni d’un seau récalcitrant qu’il faut aider en plongeant le bras jusqu’au coude d’abord puis jusqu’à l’épaule ensuite, la matière fécale devenant plus épaisse et consistante vers le fond, le seau allant de main en main, son contenu déversé dans la remorque d’une jeep.
    Il n’y a que le chant pour remonter le moral du soldat pendant l’exercice, au repas c’est la « MOQUE » de rouge, au repos c’est une femme.
    • Un chant guerrier : la marche des commandos... dans la M.....
    • Une chanson paillarde : la digue du c.. en marchant dans la M......

    Qui a eu l’idée, l’audace, le courage d’entonner les fameuses chansons de Boris Vian : « le tango des bouchers de la Villette et « le déserteur » que tous les intellos de gauche braillent à Montmartre le soir, chansons interdites dans toutes les armées de France et de Navarre.
    Il suffit d’ailleurs qu’elles soient défendues pour que tous en connaissent l’air et les paroles.
    Nous n’avons nullement envie de déserter, seulement de nous défouler.
    On nous fait de grands signes de loin, le bidel s’agite, gesticule, trépigne, mais personne n’ose s’approcher.
    C’est au terme du premier voyage que notre « peau d’lapin » commando qui lui non plus n’a pas inventé le fil à couper le beurre va nous faire découvrir les effets pratiques de la force centrifuge.
    Premier voyage donc, traversée du village « langsam » afin d’éviter les projections : un kilomètre d’asphalte, un peu de déperdition, un bout de chemin caillouteux, tortueux et malaisé avant d’arriver sur la rive d’un oued qui n’a jamais connu de crue, toujours depuis la reddition du grand chef arabe.
    Il est inutile de s’arrêter, un simple coup d’oeil suffit pour nous rendre compte que la remorque est vide.
    Et c’est ainsi que dans le cerveau étroit de notre trublion toujours à la recherche de la moindre connerie et très étonné de ne pas être encore passé au grade supérieur jaillit l’idée géniale, celle qui allait transformer un désastre en victoire, transcender, transfigurer les hommes, nous relevons la tête en arborant un large sourire.
    Le fusilier marin n’est pas le seul soldat à avoir des idées et plus spécialement des idées loufoques, mais il est certainement un des seuls à les exécuter.
    Le fusilier marin a hérité de ses lointains ancêtres (les forbans, corsaires, pirates, flibustiers, boucaniers) du courage, de la fierté, du désintéressement, le mépris de la mort et surtout des cons.
    La corvée est terminée en un temps record, normalement nous sommes exemptés de défilé, mais au grand ahurissement du bidel nous insistons pour y participer.
    C’est ainsi qu’en ce jour mémorable à plus d’un titre, le 14 juillet 1956, le commando Jaubert défile devant des spectateurs très clairsemés se pinçant le nez et sous les seuls applaudissements sincères d’un ancien tirailleur algérien qui a dû perdre l’odorat en gravissant les pentes du mont Cassin.
    La rue à cet endroit du village est droite et pourtant le commando louvoie comme la belle poule sortant du goulet de Brest par gros temps sans l’aide du moteur auxiliaire.
    Explication : si tant est que le lecteur n’a pas encore compris :
    Ce n’est que la concrétisation de l’idée géniale qui s’est traduite sur le parcours urbain par un slalom effréné ponctué de coups de freins brutaux et de démarrages foudroyants, la remorque ainsi chahutée laissa répandre son contenu tout le long du trajet du défilé.

    37 années après, qui se souvient de cette fameuse corvée ????
    J’ai envie de crier : debout les morts et riez avec nous.



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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 12:01

    LE NIVELLE DU DJEBEL ZACHRI.

    1956 Nemours.
    Branle-bas de combat, pas plus de 10 minutes pour s’équiper, apparemment ça urge.
    On grimpe dans les camions, la routine, direction le terrain d’aviation de Nemours et embarquement dans les hélicos - Sikorski - une première, c’est surprenant, valorisant et inquiétant tout à la fois.
    Il doit y avoir du grabuge quelque part avec une concentration importante de HLL.
    Le djebel défile sous les hélicos bruyants et poussifs, ils ne sont pas de la première jeunesse, un groupe pas plus avec armes sans bagages.
    Une heure de vol, c’est long, un dernier coup d’oeil sur nos armes, pas de supputations bien que ne sachant rien sur la mission qui nous est confiée, nous gardons le silence, portes ouvertes, le bruit assourdissant du moteur et des pales couvrirait nos voix.
    Dans ces moments d’attente forcée, il est faux de dire qu’il n’y a pas une montée en charge d’adrénaline canalisée par un esprit de groupe, par le désir de faire au mieux, d’être à la hauteur, non pas un héros mais un soldat et un commando.
    L’hélico ne se pose pas, le terrain est trop accidenté, nous sautons, pas de casse, les chevilles sont rodées.
    Tout est calme alentours, néanmoins l’art du camouflage étant omniprésent, le moindre rocher, le plus petit buisson sont occupés à bon escient.
    La première section est désignée pour reconnaître le terrain, toujours la première section, un brin de jalousie règne à Jaubert, la première est chouchoutée...
    Quelque 300 mètres de progression et c’est l’accrochage, une katiba bien planquée sur un mamelon rocheux prend à partie la section commandée par l’adjudant Darras. Ce valeureux guerrier haranguant sa troupe au mépris du danger est touché au ventre, il mourra quelques jours plus tard à l’hôpital.
    La section est clouée au sol par le tir intense et précis des HLL .
    Des tirs d’artillerie pilonnent les Fells et la chasse mitraille le nid de résistance.
    Des renforts arrivent, la DBFM ( demi-brigade de fusiliers marins), nous sommes dans leur secteur, puis la légion étrangère qui vient fraterniser avec les autres sections de Jaubert à l’écart de la fusillade.
    Bien entendu, Cdos marine et légionnaires attendent la fin du pilonnage pour monter à l’assaut et il nous paraît évident que ce seront les commandos marine qui ouvriront le bal.
    C’était un bien mauvais calcul.
    Il faut savoir pour les non-initiés que la DBFM était composée de marins appelés, encadrés par des engagés issus des Cdos marine et fusiliers marins engagés et que le pacha de la DBFM commandant le secteur fait sa guerre et veut sa victoire avec des médailles et de l’avancement.
    On l’appellera X pour ne pas salir la mémoire de l’homme valeureux qu’il fut en Indochine, mais en cet instant précis il a trahi la devise :
    HONNEUR, PATRIE, VALEUR, DISCIPLINE.
    Après plusieurs heures de matraquage intense et ininterrompu, quel beau tableau de chasse que tous ces Fells hors d’état de nuire, toutes ces armes récupérées, une belle photo en vérité.
    Il se fait tard, la nuit ne va pas tarder à tomber, vite il faut en finir, une compagnie de la DBFM se déploie et monte à l’assaut du piton pentu.
    La fusillade se déchaîne, les rebelles bien abrités derrière d’énormes blocs de rochers n’ont guère souffert des obus des artilleurs et des roquettes des aviateurs.
    Sous un feu d’enfer, les fusiliers marins tombent comme des mouches et se débandent, un deuxième assaut avorte, la résistance est bien trop forte et ces jeunes soldats arrachés à leur foyer après quelques mois de classe vont mourir sur les pentes noyées de soleil du djebel Zachri.
    Jaubert a assisté au massacre, nous pleurons de honte et de colère, les officiers de la légion sont écoeurés, le légionnaire reste calme, résigné mais méprisant.
    La nuit tombe, il est hors de question d’envisager une autre attaque, il nous faut resserre le bouclage pour tenter d’intercepter la bande de HLL qui à la faveur d’une nuit noire passera au travers des mailles du filet.
    • Bilan de l’opération : 19 morts chez les fusiliers marins
    • Morts pour la France
    • Morts sur la terre d’Algérie
    • Morts pour rien
    • Morts par bêtise criminelle
    Cet officier supérieur est devenu amiral, je présume, convaincu d’avoir fait son devoir de soldat, il dort certainement paisiblement.
    J’allais oublier, autre bilan de cette opération :
    • Trois belles dindes venues de je ne sais où, se pavanent à proximité d’une section de la légion.
    On entend le halètement des hélicos au loin, les légionnaires dans un mouvement tournant bien orchestré encerclent les dindes, mais ordre leur est donné de ne pas inquiéter ces charmants volatiles, et c’est avec assurance et sans vergogne que nous nous emparons du trio glougloutant de gallinacés.
    Nous embarquons dans les hélicos sous les yeux stupéfaits et médusés de la légion.
    Contre mauvaise fortune, bon coeur, ils nous souhaitent bon appétit en plusieurs langues, on leur revaudra ça.
    Quelques jours plus tard, le pacha me fait appeler et me passe un savon, il a reçu un courrier de mes parents qui s’inquiètent, leur fils n’a pas donné de ses nouvelles depuis deux mois et la presse a fait état du triste bilan de cette malheureuse opération, en occultant bien évidemment la vérité.
    Chers parents, c’est grâce à l’immense mansuétude du commandant X que je lui dois d’être encore de ce monde et pour avoir épargné si généreusement la vie des commandos marine et des légionnaires, nous lui décernons, à titre exceptionnel la croix du déshonneur.
    Fermez le ban.



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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 12:08

    DESTINATION SUEZ.

    Il était une fois le 6 novembre 1956

    Mes amis, il a de cela quarante ans
    Pour certains, ils en avaient tout juste dix-huit
    Notre vie, c’était la douleur, la sueur et le sang
    À cette époque, nous n’avions rien de jésuites.

    En pleine nuit c’est le grand départ
    La destination nous est encore inconnue
    Nous embarquons sur le Jean Bart
    D’après les préparatifs, c’est sûrement un coup tordu.

    Le grand navire fend les flots rageusement
    Et pendant la traversée au son du clairon
    On sent que nous allons vivre dangereusement
    Car nous sommes de corvée de munitions.

    Au large de Chypre se profile la grande armada
    Nous quittons fiévreusement je J.B. avec notre barda
    Et toujours cette lancinante question qui nous tracasse
    Où serons-nous, où allons-nous sur ces barquasses.

    Couché à même le pont du L S D Foudre
    Au petit matin l’air marin sent déjà la poudre
    La mer est couverte de milliers de bateaux
    Le ciel est constellé de drôles d’oiseaux

    Au loin on distingue la côte égyptienne
    Une immense colonne de fumée noire monte au firmament
    Point n’est besoin d’être cartomancienne
    Pour deviner la nature de l’événement.

    Serrés comme des sardines dans le char amphibie
    La mer houleuse nous asperge d’embruns
    Nous ne voyons rien de la rive ennemie
    Heureusement nous avons le pied marin

    Le débarquement s’effectue sans dommage
    Les paras sont venus rôder dans les parages
    Nous nous sentons atteints dans notre orgueil
    Mais il est faux de dire que nous avons la larme à l’oeil.

    D’autant que l’ennemi apparaît
    Sous la forme d’un canot, il rame comme plusieurs
    Certainement un déserteur qui fuit les Anglais
    Pour se faire couler par nos fusils-mitrailleurs.

    Si notre participation fut somme toute modeste
    Et bien loin de combler nos ambitions
    Le seul résultat concret, c’est la vignette
    Tradition oblige, on n’a pas failli d’être con.

    Avec bonne humeur, tous les ans à la même date
    Sur mon pare-brise, je colle une étiquette
    Et il m’arrive souvent de rire à m’en tordre la rate
    D’imaginer que sans nous, les vieux seraient dans la disette.

    Sécurisé par une puissante force navale
    Je me promène, serein le long du canal
    Heureux d’avoir mis une déculottée à Nasser
    Mais à la réflexion était-ce bien nécessaire?

    Que nous reste -t - il de cette campagne peu glorieuse
    Au pays des grands rois pharaons
    Quelques souvenirs de nature douteuse
    Sous l’uniforme des centurions.

    S’il vous arrive, en rêve, de revivre cette aventure
    Point n’est besoin de brandir le morceau d’étamine
    Ayez une pensée pour le bidel, Huron dit la Hure
    Figure incontournable des commandos marine.

    Toi qui évoquais récemment les celtibères
    Guerriers qui ont conquit la France entière
    Tu fais partie de ces soldats valeureux
    Qui, comme Conan, ne furent pas nombreux

    Je sais, il faut se tourner vers l’avenir
    Mais la mémoire résiste au temps
    Et sans elle, point de souvenirs
    A transmettre à nos petits enfants.

    Dédié à Debrowski dit << Popof >>



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    Message par smmorse Lun 27 Mar 2006 - 15:48

    LES HISTOIRES A BALISSON Sthum143wh Merci Balisson.

    Ce ne serait pas dans ce coin avec la 2/DBFM ?

    LES HISTOIRES A BALISSON N0377rw

    Cordialement. LES HISTOIRES A BALISSON Old7rh



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    Message par jaques 26 Lun 27 Mar 2006 - 16:43

    La statue de = Ferdinant DE LESSEPS - 20 jours avant la guerre de Suez -
    Elle a été jetée a la mer au début du débarquement, ( je rappelle que elle était a l'entrée du canal ).

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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 16:43

    Bonjour, pas du tout, car il n'y avait que la montagne et des Fells.
    A +
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    Message par Claude JORGE Lun 27 Mar 2006 - 16:51

    Balisson.
    Bien tourné le récit de cette campagne de Suez, félicitations.



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    Message par Claude JORGE Lun 27 Mar 2006 - 17:12

    Je trouve remarquable ta façon de narrer les histoires qui prennent une autre ( j'allais dire odeur ), ampleur.



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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 17:36

    "Claude JORGE".
    Bonsoir.
    Merci, merci, et il faut savoir que c'est du vrai, du réel, mais qu'à l'époque je ne l'ai pas vécu de cette manière.
    Les mots ont le pouvoir de faire rire ou de faire pleurer, moi j'ai choisi le rire, la moquerie, voire la dérision, 50 ans après, je m'amuse... la suite prochainement...

    JCB



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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 18:14

    UNE CARRIÈRE MILITAIRE BIEN REMPLIE.

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    Présentation du fanion du Commando Jaubert au poste Requin : Balisson, Montjaux, Mahé, Billiard, Meurville.
    Un grand principe : dans certaines circonstances et dans certains pays, éviter de boire de l’eau.
    Le corollaire : le matricule 8137 T 54 a raté sa carrière parce qu’au poste Requin, un seul parmi nous ne buvait que de l’eau, l’armée du salut ça existe, ça
    Je ne lui en veux surtout pas le pauvre d’avoir chopé la polio, je ne me souviens même plus de son nom, mais quel dommage quand même de ne pas avoir profité de la vie à 20 ans.
    Outre sa qualification de commando, il avait pour mission de servir les officiers.
    À son départ, le pacha a jeté son dévolu sur le plus jeune, en l’occurrence moi, l’usage dans la marine lors d’un naufrage et en cas de survie étant de choisir le mousse, c’est le plus tendre donc le plus facile à dévorer.
    Statuant sur le fait que le stage de commando n’a aucune équivalence avec celui de commis aux vivres, je me suis donc interdit d’obtempérer malgré l’insistance paternelle du pacha.
    Rien n’y fit malgré la promesse de rejoindre le stage de plongeur démineur prochainement.
    Refus d’obéissance = 30 jours fermes.
    Rigidité, manque évident de souplesse, pourquoi ne pas avoir accepté et se faire virer pour incompétence notoire en renversant un plat plein de sauce sur la tenue blanche du commandant, que diable il y a toujours mille façons de se sortir d’une impasse avec un peu d’imagination et d’intelligence, Balisson prend exemple sur nos hommes politiques.
    Accompagné de mon ami Pétrault James, « menottes aux poignets, le canon du pistolet sur la tempe, » direction la maritime via Port - Vendres avec un arrêt à Chicago City.
    La maritime n’a pas voulu m’héberger, ouf, j’ai donc purgé ma peine au dépôt.

    LES HISTOIRES A BALISSON Sanstitre1257ah

    Dégagement à « Chicago », Montjaux, Chaudron,Balisson, Paulette(dite Popo) la marraine des commandos, Leresteux, la bella bruna, Castel et Schlutt.
    S’amuser, rire, boire… Profiter au maxi…
    Il n’y aura pas de prochaine fois pour tous…
    Pas pour le S/M Montjaux.

    Retour à Jaubert, par avion, SVP, via Alger puis Oran.
    Quelques mois plus tard je suis débarqué définitivement, la prison laisse des traces et il est possible que mon attitude ait pu surprendre désagréablement certains gradés.
    Nouvelle affectation :
    Amirauté d’Alger où après avoir présenté la hallebarde à un amiral en tournée d’inspection et effectué le même jour devant toute une colonie d’officiers supérieurs parmi lesquels trônait le fameux amiral, une épreuve sportive dont le 100 mètres en deux minutes avec une bière dans la main gauche et un casse - croûte dans la droite, je me suis retrouvé non pas en prison mais au cachot.
    C’est ce qu’il ne faut pas faire même si on n’est pas doué pour le sprint et éviter de pique-niquer pendant l’épreuve.
    J’avais pourtant bien commencé ma reconversion, maître Lican, un commando m’avait à la bonne, on allait, la nuit, poser des mines factices sur les vedettes rapides de la marine nationale, opération couronnée de succès au grand dam des pachas qui se sont fait tancer par l’amiral en question.
    J’avais été également sélectionné au concours de tir inter - armes, je me mesurais avec les meilleurs de la légion et des bérets rouges et pour des raisons que j’aie toujours ignorées, le concours a été annulé quelques jours avant la visite de l’amiral.
    Vous concevez ma douleur et ma colère qui, elle, s’est manifestée justement dans ces 100 mètres, j’en avais les jambes coupées mais pas l’appétit.
    Jaubert devait effectuer à cette époque une grande lessive, car vint me rejoindre pour mon plus grand malheur, le cosaque des Pyrénées occidentales, Canjouan qui n’avait pas pour habitude de se laisser marcher sur le bout des orteils, tant et si bien qu’une soirée dansante a mal tourné et que la P.M a dû faire venir deux camions remplis de nègres coiffés du béret rouge pour venir à bout de deux énergumènes qui n’avaient d’autres envies que de flirter gentiment...
    C’était sans compter sur la pruderie des algéroises que les grosses mains de l’ours mal léché commençaient par importuner.
    RE. CACHOT... ET RE MUTATION...

    Toujours l’amirauté d’Alger mais sur les hauteurs, le fort Dupérré, une station radio, responsable en second de la compagnie de garde, que d’honneurs pour un « malfrat », le second maître loge en ville et me délègue souvent ses responsabilités.
    Mes pérégrinations à Alger avec Canjouan sont très coûteuses, ruineuses même, épuisantes et dangereuses, il suffit de rencontrer la légion et de croiser les bérets rouges et l’émeute éclate.
    Et puis j’ai fait l’acquisition d’un Scooter Manurhin, je l’ai gardé un mois car je ne pouvais plus supporter les colères de mon ami obligé de descendre à la moindre grimpette pour pousser l’engin, un demi-cheval vapeur ne pouvait pas hisser un quintal de muscles jusqu’au Télémli.
    À tour de rôle les appelés de la compagnie de garde vont se libérer de leur angoisse dans la grande ville blanche, un taxi les prend devant une petite épicerie à 300 mètres du poste.
    17 heures, Lombard un marseillais et un Breton en tenue n° 1, après avoir passé, l’inspection deux fois, la cravate avait été remplacée par une chaussette, je dois vous dire que ce n’est pas cette partie de vêtement qui m’a obligé à être intransigeant mais l’odeur qui s’en dégagea .
    Ils, sont déclarés permissionnaires.
    Ils franchissent donc la lourde porte du fort avec les recommandations d’usage : retour à l’heure pour éviter de faire le mur, la chienne du QM1 radio a déjà bouffé les trois moutons qu’un capitaine de frégate était venu mettre en pâture chez nous, arrêtons l’hécatombe...
    Quelques minutes plus tard, plusieurs rafales de mitraillette...
    Torse nu, pieds nus, en short, je bondis sur un ceinturon où pendouille un MAC50 et pique un 300 mètres en 30 secondes, belle performance mais l’amiral n’est pas présent, adieu la médaille.
    Le spectacle n’est pas des plus réjouissant, quatre corps gisent baignant dans leur sang. L’homme et la femme de la petite mercerie sont morts, le breton a une balle dans la poitrine et une autre dans l’épaule, quant au marseillais, c’est plus grave, 5 balles dans le ventre, mais ils vivent.
    Un véhicule est en stationnement pas très loin, je demande au conducteur d’embarquer mes deux blessés, il refuse, je dégaine et lui met le canon de l’arme sur la tempe, il obtempère.
    Nous franchissons la porte de l’hôpital, le matelot Lombard agonise dans mes bras, je descends à moitié nu, toujours le pistolet à la main.
    ET RE.. RE.. CACHOT...
    Motif : tenue non règlementaire, et avoir menacé un CRS (le conducteur en civil était un CRS qui, s’il n’avait pas été menacé n’aurait pas prêté assistance à personne en danger (de mort).
    Le matelot Lombard est décédé quelques heures plus tard.
    ET RE.. RE.. MUTATION...
    Encore amirauté d’Alger, direction Boufarik, encore une station radio, j’ai raté ma vocation mais également la vacation, vous allez comprendre : Alger - Boufarik : 30 kilomètres, la chaleur est insupportable, il faut boire pour ne pas se déshydrater et c’est ma période Martini - Gin, une vingtaine, ça ne désaltère guère, un peu d’anisette et de bière, je prends le volant de la jeep et arrivée en fanfare je me retourne avec le véhicule devant le bidel.
    Il y a toujours un bidel, là où il ne faut pas.
    ET RE.. RE.. RE.. CACHOT ET RE. RE. RE MUTATION.

    En opération à la DOP de La Calle : JCB avec le 24/29, l’adjudant para, un sergent biffin, un jeune commando marine, 2 appelés, 3 supplétifs, et le commissaire Quillichini, lieutenant pour la circonstance et ancien du commando de Montfort en Indochine (avec une mitraillette Thomson), et à droite le lorrain : Martin.

    LES HISTOIRES A BALISSON Sanstitre1317us

    Cette fois - ci la coupe est pleine, la marine va se débarrasser de moi définitivement.
    11 ème CHOC - CCI - DOP de la Calle, il ne me reste plus qu’un an à faire.
    Année fertile en évènements et je peux affirmer que sans notre participation, les succès remportés sur le terrain n’auraient jamais été aussi déterminants et spectaculaires.
    Pour mémoire, j’ai également fréquenté pendant 8 jours la prison de Bône pour avoir fait manger du chat à un adjudant - chef para, grand défenseur de la nature et des animaux mais également grand pourfendeur d’arabes.
    1960, fin de mon lien, direction Bône, Constantine, Alger et Oran où je suis démobilisé.
    À ce moment, dernière frayeur, le bidel voit arriver un être humain, enfin si l’on veut, ça marche sur deux jambes, ça salue et ça parle mais c’est peut-être aussi un martien, non il n’est pas vert et n’a pas d’antennes, il est habillé, mais non il est déguisé, pourtant on n’est pas Mardi gras.
    Il a un pantalon et une vareuse bleu marine, pas de col bleu, un béret noir, pas de cravate, des pataugas et un grand sac kaki.
    D’un revers de main mal assuré, le bidel s’essuie les yeux bouffis par l’alcool, se mouche un grand coup, se gratte la panse, articule quelques mots inaudibles que j’ai l’outrecuidance de lui faire répéter, sa voix s’assure un peu et je comprends qu’il veut savoir de quel régiment je suis et ce que je viens foutre ici, chez les marins bien vêtus, bien propres, bien rasés, bien nourris.
    Je lui présente ma feuille de route et décline mon matricule et mon identité, son visage s’empourpre, vire à l’écarlate, son souffle devient court, ses poumons se bloquent, il a un haut le corps et ce qui lui sauve la vie, c’est un hurlement qu’il réussit à extirper de sa cage thoracique, qu’il éructe, qu’il vomit...

    J’ai troqué le béret vert contre un noir

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    AU TROU.

    Il ne comprend pas que l’on puisse se travestir ainsi, déshonorer la marine, le déshonorer lui, 25 années de carrière à passer son temps à inspecter les permissionnaires, s’attacher à ce que le pli du pantalon fende la bise et que la cravate ne dépasse que de deux doigts, l’Arthus du Fantasque et du Jules Verne au sommet de la gloire et de la puissance.
    Je me souviens avoir vécu cette même colère aveugle et imbécile au Dourdy après quelques semaines d’école où le second - maître bosco me demande ce qu’il tient dans sa main ?
    J’ai répondu : une ficelle.
    J’avais tout juste 15 ans et je venais de commettre la première faute impardonnable de ma carrière de marin.
    J’ai fréquenté à ce qu’on disait l’école du vice, elle était certainement commandée par des vicieux.
    Le bidel n’a pas réussi son coup, je reste calme et un tantinet ironique, ne serait - ce que par le regard, sa colère redouble et il m’expédie manu - militari dans le bureau du capitaine.
    Il jubile tel le pêcheur qui a ferré le gros, genre requin blanc, je suis même sûr que de jouissance il en a sali son pantalon.
    Le capitaine est un homme intelligent, et peut-être ne veut'il pas s’empoisonner la vie avec un farfelu ravi de l’ire du bidel mais aussi un peu inquiet de la tournure que prennent les évènements.
    1) Il écoute mes explications.
    2) Il comprend que je suis un « enfant abandonné » par la marine et quand je lui dis avoir passé un an dans une DOP, il a une moue significative à la fois réprobatrice et condescendante.
    3) Il admet qu’il n’est pas souhaitable que je regagne la France dans cet accoutrement.
    4 ) Enfin il m’autorise à revêtir la tenue civile qui gît au beau milieu de la place d’armes depuis que le bidel m’a fait vider entièrement mon sac.
    Encore heureux que je n’avais pas emporté la « maschine pistole » récupérée sur un « Fell » le mois précédent.
    Quelques heures plus tard, les formalités accomplies, la mention : conduite passable, écrite au crayon papier par le capitaine, il ne pouvait décemment faire plus, gommée par le scribouillard de service et remplacée par : très bonne conduite, je franchis l’aubette en civil, arborant un large sourire sous le regard médusé et rageur du bidel.
    Je ne regrette rien, si ce n’est avoir quitté Jaubert trop tôt.
    Je m’attendais à trouver beaucoup plus de personnes intelligentes dans le civil, que nenni, la banque est un repaire de faux jetons, d’arrivistes, de carriéristes, de spéculateurs et de menteurs.
    Cette deuxième partie de ma vie, la vie civile, a été également très mouvementée, mis à part la prison, et encore une fois je ne regrette rien, une petite montée d’adrénaline de temps à autre fortifie le coeur et brise la monotonie.
    La troisième partie va commencer, exactement dans 15 jours, le 13 novembre 1997 à 12 heures...
    Ce sera la retraite, du calme Balisson, langsam...


    Dernière édition par le Jeu 30 Mar 2006 - 18:31, édité 1 fois



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    Message par † LE CALVEZ Lun 27 Mar 2006 - 18:18

    Chapeau, çà c'est une histoire.
    Non en fait ce n'est que de l'ordinaire.
    Par contre, tu as une façon de relater ce non-évènement pour la foule (sauf pour les spectateurs du défilé bien sur...), absolument géniale.
    Brrrrrrravo :cheers: ☀

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    Message par balisson Lun 27 Mar 2006 - 18:29

    SYSTEME D
    1959, La Calle, Algérie, frontière tunisienne.
    « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger ».
    Je l’ai déjà dit, dans la marine nous sommes privilégiés quant à la nourriture.
    À la DOP de La Calle, nous dépendons des chasseurs alpins et leurs grandes gapettes n’ont jamais été conçues, malheureusement pour recevoir du rab, les portions étant plus que congrues et des plus médiocres.
    Nous formons une troupe très hétérogène d’une quinzaine d’hommes avec à sa tête un commissaire de police, ancien du commando Montfort en Indo, trois marins, deux paras, deux civils pieds-noirs, trois harkis et quelques appelés : un lorrain, un parisien, un basque......
    Bien que divisés militairement parlant, le groupe était très soudé, très discret et très efficace et pour être efficace on ne peut pas se contenter de la « boustifaille » des chasseurs.
    Tous les matins, les pêcheurs au lamparo, grande barque plate à l’arrière évasé sur laquelle une énorme lanterne appelée « lamparo » attirant les poissons comme un aimant, débarquent leur pêche encore toute frétillante. En pleine nuit noire, les lamparos se balancent mollement à l’horizon, au gré des vagues et ressemblent à des lucioles ou à un théâtre de marionnettes, une lumière disparaît une autre naît, c’est un spectacle magique.
    Ce bon poisson frais que nous convoitons depuis plusieurs semaines donnerait le change à une morue trop salée et souvent éventée et pour accompagner des rougets grillés sur sarments de vigne, une dorade aux herbes de là - bas dit, ou des calamars à l’huile d’olive, on ne boit pas de l’eau mais du bon vin rosé frais du pays. Tout cela n’est pas donné et il nous faut de l’argent.
    Argent = caisse noire.
    Le no man’s land entre La Calle et la frontière tunisienne est giboyeux à souhait, depuis les événements , la chasse est interdite.
    L’idée est trouvée et acquise, nous allons chasser le sanglier et le canard et ainsi compléter les plats de lentilles aux cailloux et les pâtes trop cuites avec du filet et du magret, vendre le surplus et enrichir notre caisse noire.
    Sitôt dit, sitôt fait: deux fusils-mitrailleurs en batterie sur la dune surplombant la route côtière, de l’autre côté c’est la forêt.
    22 heures, nous nous postons, vers minuit les gorets sortent de la forêt, méfiants ils attendent, ils se regroupent et en un seul bond franchissent la route et se regroupent au pied de la dune, les petits chênes leur offrent leur nourriture préférée: le gland.
    Le vent souffle de l’intérieur vers les dunes là où nous sommes embusqués, le gibier ne sent pas notre présence et s’avance tranquillement vers les gueules noires des deux F M.
    Les rafales de traçantes crépitent, ils sont pris dans un faisceau croisé de petits points lumineux mortels qui ne leur laissent aucune chance. Il ne faut pas en tuer trop à la fois, 5 suffiront pour cette nuit, nous les chargeons dans le 4/4 et direction La Calle.
    Dépeçage, récupération des filets et des abats, le reste est vendu chez le boucher du village, la caisse noire se remplit, ainsi nous pouvons varier nos menus en achetant du poisson et en dévalisant le caviste du coin.
    LE COUP DU ROI :
    La chasse au canard est tout à fait différente car réservée aux huiles sur invitations.
    Il était totalement impensable que dans une unité normalement constituée (biffins ou chasseurs alpins) on prenne l’initiative de chasser autre chose que ce qui nous était militairement dévolu, depuis 5 années déjà. Imaginez le kilo de paperasses pour obtenir un blanc - seing de la part des autorités civiles et militaires. Il aurait fallu pour cela que la guerre s’éternisât encore une dizaine d’années, il y aurait eu plus de cochons que d’arabes.
    La DOP ayant une entière liberté de mouvements de par ses « statuts » très spéciaux, lorsque la caisse noire résonnait comme un tam - tam, il suffisait de lancer les invitations: le colon, lui ne venait jamais car il avait la trouille du gégène, le commandant; le capitaine, le toubib.....
    Quelques gus de chez nous pour assurer la couverture, le coin est mal fréquenté.
    Vous allez assister à la chasse à la « passée » :
    Toujours dans le no man’s land, un lac bordé d’une forêt, un paradis pour le gibier, il s’agit d’arriver avant le crépuscule, aujourd’hui en plus de ma mitraillette, Quillichini, le commissaire me confie un fusil de chasse, peut - être me suis - je un jour vanté d’être un fin tireur ? Avant que la nuit ne tombe les canards survolent le lac très haut et à grande vitesse. C’est la première fois que j’ai un fusil à deux coups entre les mains, je piaffe d’impatience, je ronge mon frein et à la force de le ronger il casse laissant libre cours à mes instincts sanguinaires.
    Droit comme un I , à la verticale (le coup du roi), je vise, je tire et le canard tombe à mes pieds.
    Stupeur, stupéfaction, un tout petit, pas même un sous - officier, un presque sans grade, un roturier a réussi ce qu’il y a de plus difficile. J’avoue être le premier étonné, mais ne le fais pas voir, j’évite de me congratuler, de me serrer la main, de me taper dans le dos, de m’embrasser, de me décorer car aux dires de ces messieurs les officiers, c’est un pur hasard, il ne pourrait en être autrement.
    Quillichini ne pipe pas, lui n’est sûr de rien, le pot? le hasard? .
    Ma fierté est durement éprouvée et je fais fi des sourires sarcastiques des invités attribuant à ce coup royal une flopée de bémols, je me dois donc de rééditer ce coup.
    Je vise, je tire et un second canard tombe à mes pieds. À ce moment, on n’en croit pas ses yeux, silence gêné, on va même vérifier si ce pauvre volatile n’a pas succombé à une crise cardiaque, du sang a maculé son beau plumage verdâtre (c’est un col-vert), aucun doute possible c’est encore le coup du roi.
    Quillichini arbore un sourire discret. À partir de là plus rien ne m’arrête, j’ai envie de leur faire voir que même les yeux bandés les centaines de canards qui évoluent tout là - haut dans le ciel seront tout - à - l’heure à mes pieds.
    Pauvre imbécile, deux bons canards valent mieux que trois tu l’auras. Troisième essai, le canard est blessé et s’en va choir à une vingtaine de mètres, mon auréole est tombée avec le troisième canard, dans la vase. Ce demi-échec va mettre un terme à ma démonstration qui aura eu comme principal effet d’importuner les officiers qui n’ont pas eu le courage, l’audace, la sportivité de relever le défi de peur de se ridiculiser. La nuit tombe, je prends ma place en protection du groupe, c’est le moment précis où le canard va rejoindre l’élément liquide pour étancher sa soif et se garnir le gésier.
    En décrivant de larges cercles, il descend lentement vers le lac et à quelques mètres de la surface, suspend son vol une fraction de seconde et s’abat lourdement dans l’eau. C’est cette fraction de seconde qui est mise à profit pour le tirer à bout portant.
    Plusieurs sacs seront remplis, c’est tout bon pour la caisse noire.
    Je contemple cette parodie de chasse d’un oeil méprisant, jamais en tant qu’officier, je n’aurais participé à un tel massacre sans avoir relevé le défi d’un quartier-maître simple. D’ailleurs mes deux canards n’ont pas rejoint le charnier, je les ai gardés jalousement, ils sont morts parce que j’étais un fin tireur et non point attirés dans un guet - apens à l’aide d’un appeau.
    Quillichini a eu le grand mérite de me signifier, avec un sourire complice, qu’en de telles occasions, je n’aurais plus le droit de m’exprimer ainsi, pour des raisons de convenances.
    Quelques mois après mon retour en métropole, comme quoi le ridicule tue, j’ai appris que le toubib avait été blessé et que l’adjudant para, lui, était mort. Ils attendaient les canards, les rebelles attendaient un plus gros gibier...............



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    Message par ecofousec Jeu 30 Mar 2006 - 16:49

    Euuuhhhh! que dire....Qui n'a pas été déjà Dit ?
    C'est vrai que tu n'as pas franchement eut le profil de carrière type des pupilles ou des mousses....Loin de là même!
    Néanmoins des loulous comme toi, on n'en croise pas tous les jours (les secrétaires auraient trop de boulot et pas assez d'encre rouge....)
    En souhaitant que tu trouves enfin la sérénité dans ta trés future 3eme vie...
    Que le vent te pousse...

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    Message par ecofousec Jeu 30 Mar 2006 - 16:52

    Suis pourtant à jeun...
    ELLE est bien entamée ta 3eme vie (1997...).
    Je voulais juste te dire qu'il est dommage que l'on ne puisse pas ouvrir les deux photos du milieu...

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    Message par edenfusion Jeu 30 Mar 2006 - 17:58

    "ecofousec"
    Et voilà !
    J'ai réédité le post en corrigeant pour les photos afin que chacun puisse en profiter !



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    Message par ecofousec Jeu 30 Mar 2006 - 18:36

    Merci BIDOU !!!

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    Message par balisson Jeu 30 Mar 2006 - 19:10

    "ecofousec"
    Bonjour l'ami,
    Ça y est, tu les as les photos du milieu, celle de "Chicago" doit te rappeler quelques souvenirs;
    la vie n'est qu'une éternelle bagarre, je ne connaîtrai jamais le repos, je l'espère, je le souhaite, en attendant le repos éternel...
    1ère vie, tu la connais
    2ème vie- le civil- 19 années de procès ( 3 prudhommes, cour d'appels 5, cour de cassation 3, beaucoup d'adrénaline et en plus la gagne.
    3 ème vie- 2 séjours en Guyane dont le dernier en 2000, 250 Kms en canoé à la pagaie en pleine forêt amazonienne, et j'y retourne en fin d'année.
    Se battre contre les cons, lourde tâche mon ami, je sais, c'est peine perdue, il y en a trop, mais aussi contre soi-même, et ce n'est pas le plus aisé, crois-moi, ça vaut le coup...
    JCB



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    Message par ecofousec Jeu 30 Mar 2006 - 19:26

    Tu prêches un con...vaincu de seulement 42 ans. Tu es de la classe de mon père Mat 284TS54 Arpette.
    Nous sommes souvent notre pire ennemi...

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    Message par Invité Jeu 30 Mar 2006 - 19:43

    Balisson.
    Je viens de lire ton récit.
    Quoi dire de plus qui n'a été écrit par les membres de cet équipage.
    Ce que j'ai retenu entre autre de cette histoire, c'est que tu as eu souvent maille à partie avec certains Bidels.
    Tu as pu t'en rendre compte, suis le Bidel de ce fier vaisseau, et je suis "gentil ", enfin du moins, c'est ce que dit l'équipage, sauf les Choufs à Vie (oui on est un peu en froid en ce moment), mais c'est pas à toi que je vais raconter n'importe quoi, un bidel ça sert toujours, et comme tu l'as bien écrit, il y en a toujours un qui traîne quant il ne faut pas.
    Après ce laïus, je te fais ma révérence, chapeau bas, ça mérite le respect.
    Pour la petite histoire, je naissais alors que tu entrais à l'école des Pupilles.
    En tout état de cause, j'ai eu beaucoup de plaisir à te lire, ta prose est sans reproche...
    Si nos enfants pouvaient écrire de cette façon !!! :idea: (ça c'est une autre histoire).
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    Message par tabletop83 Ven 31 Mar 2006 - 12:54

    BALISSON MERCI !!

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    Message par balisson Ven 31 Mar 2006 - 13:48

    Bonjour "tabletop83".
    Sans oublier "Morpionibus"...



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