Mémoires d'un de mes oncles, François, dit Fanch, matelot mécanicien à bord de la Jeanne :
La première escale fut Casablanca au Maroc du 7 au 10 octobre.
Durant cette escale, une délégation du bâtiment, dont Fanch eut la chance de faire partie, fut invitée à rendre visite à un détachement de la Légion Étrangère qui était basé en plein désert marocain, dans un campement situé non loin de Fez, grande ville marocaine, où Fanch et ses camarades purent admirer l'immense place des Teinturiers ... / ...
Les marins de la Jeanne reçurent de la part des Légionnaires un accueil très chaleureux.
Plusieurs d'entre eux portaient sur une épaule un petit lézard.
A la cantine et pendant les repas, ils racontaient leur vie au camp avec beaucoup de détails ainsi que leurs travaux dans le désert environnant et sur les entraînements très durs qu'ils suivaient quotidiennement.
Tard dans la nuit, Fanch et ses copains s'endormirent, la tête pleine d'histoires de Légionnaires.
Le lendemain matin, après le réveil au clairon et le casse-croûte, ils assistèrent, très impressionnés, au départ d'une compagnie en uniforme kaki avec képi à coiffe blanche garni à l'arrière d'une étoffe blanche couvrant la nuque pour la protéger du soleil.
Au son du clairon et sur l'air mythique de leur chant "Tiens, tiens, voilà du boudin ", les hommes s'éloignaient vers le désert au rythme de leur pas lent et cadencé.
Durant cette escale, ce fut aussi le passage obligé, pour un marin, dans le quartier, fief des prostituées où Fanch suivit quelques copains pour s'amuser, sans risques, car avant de franchir la coupée pour la sortie, l'adjoint à l'officier de quart remettait à chacun une capote et un comprimé destiné à éviter les maladies vénériennes, très présentes en Afrique.
Puis ce fut un nouvel appareillage pour Dakar ... / ...
Fanch, le jeune matelot mécano de la vieille Jeanne, a terminé sa carrière comme ICETA, ingénieur en chef des études et techniques d'armement).