bailly bout de bois , je suis d'accord à l'origine c'était Calais - Nous avions fait une cérémonie au cap Gris Nez - c'est à cette endroit que le CDT Ducuing s'était sacrifié.
Gabriel Ducuing naît à Paris le 25 décembre 1885..... Le 24 (1940) au matin, il est pratiquement encerclé et toutes ses liaisons téléphoniques sont coupées. A 11h30 un peloton de side-cars ennemi débouche à faible allure. Un matelot, qui se trouve seul à la mitrailleuse de 13,2, le laisse approcher à moins de 200 mètres et le fauche en entier à bout portant.
Le canon de 37 fait subir le même sort à une première automitrailleuse. Un char léger et une seconde automitrailleuse , arrivant à 12h30, sont bloqués et incendiés, à 200 mètres, par le canon de 25.
Profitant de l'accalmie qui suit, le commandant Ducuing fait chercher par ses hommes la première automitrailleuse qu'il place au place au milieu du carrefour avec deux fusils-mitrailleurs. Mais se sentant incapable de résister dans ce poste avancé du moulin à une attaque de chars qu'il juge imminente et n'ayant plus que trente cartouches par homme et cent cinquante coups de 25, il décide de concentrer la défense sur le poste de Gris-Nez.
Au même moment, on lui signale l'arrivée à la plage de 22 rescapés du Chacal dont dix blessés. Dans la soirée, un officier allemand se présente et lui demande de se rendre. Le commandant Ducuing lui répond que, chargé de défendre Gris-Nez, il exécutera les ordres reçus. L'officier l'informe que, dans ce cas, les Allemands attaqueront dans la nuit où au lever du jour. Mais les deux premiers chars ayant été repoussés vers 22 heures, la nuit reste calme.
A partir de 4 heures du matin, le commandant Ducuing assure l'évacuation par un groupe de dragueurs des rescapés blessés du Chacal.
En même temps, des mines antichars sont disposées tout autour du poste.
A 6h30, le sémaphore signale qu'une dizaine de tanks, rassemblés au carrefour du moulin, se mettent en marche vers le poste avec 150 hommes groupés par 15 autour des chars.
Le commandant Ducuing les laissent approcher et ouvre le feu avec les pièces de 37. Les Allemands ripostent avec des obus fusants.
A 9 heures l'ennemi n'étant plus qu'à 200 mètres et les défenseurs de Gris-Nez n'ayant plus de munitions, le commandant Ducuing fait détruire mitrailleuses et canons et donne à tout le personnel l'ordre de se replier vers la falaise ouest.
Refusant de se laisser entraîner par son maître d'hôtel, il prend en main une mitrailleuse et demande un pavillon au maître canonnier auquel il dit adieu en lui ordonnant de rejoindre les autres.
Le maître fait semblant d'obéir et, s'étant caché, voit le commandant Ducuing se diriger vers le mât de pavillon, poser son arme, se découvrir, hisser les couleurs, puis reprendre la mitrailleuse.
A ce moment, une rafale allemande oblige l'officier marinier à se coucher. Quand il se relève, il voit le commandant étendu à terre, immobile.
C'est fini! Le capitaine de corvette Ducuing, ce grand rassembleur d'hommes est mort seul! Pour lui rendre hommage la Marine, faisant exception à la règle interdisant les promotions à titre posthume, le nomme capitaine de frégate à compter du 24 mai.
Extrait de : Des noms sur la mer (Edition ACORAM 15, rue Laborde 75008 Paris)