Ouest-France / Bretagne / Quimper
Sauvetage en mer : la flottille 32 F monte la garde
samedi 04 juin 2011
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Les équipages de la flottille 32 F s'entraînent quotidiennement à l'hélitreuillage.
Sur la base de Lanvéoc, les hélicoptères EC 225 ont remplacé depuis un an les Super-Frelon. Une petite révolution.
L'adieu au Super-Frelon
Basée à Lanvéoc-Poulmic, la flottille 32F de la Marine nationale est chargée depuis 1970 des opérations de sauvetage en mer au large de la Bretagne. Le Super-Frelon a longtemps symbolisé ces missions. En début d'année dernière, cinq de ces hélicoptères dont la conception remonte aux années 1960 étaient toujours en service. Entre les périodes d'entretien et les pannes, un nombre tout juste suffisant pour tenir l'alerte. Et il fallait compter 25 à 30 heures de maintenance par heure de vol. Le 30 avril 2010, le Super-Frelon a définitivement tiré sa révérence, remplacé par des hélicoptères EC 225.
Des hélicoptères ultra-modernes
Le Super-Frelon vieillissant aurait dû être remplacé par les nouveaux hélicoptères militaires NH 90, aussi appelés Caïman. Leur livraison ayant pris du retard, la Marine nationale a acheté deux hélicoptères civils EC 225 Secmar (« sécurité maritime ») pour faire face à l'urgence. Le premier de ces appareils ultra-modernes est arrivé en avril 2010 à Lanvéoc, le second en juillet 2010. A la fin mai, ils ont déjà accumulé 1 000 heures de vol avec une disponibilité de 89 % par machine.
Des locaux tout neufs
A hélicoptère nouveau, locaux tout neufs. Depuis février dernier, les techniciens de la flottille 32F ont emménagé dans le Centre Atlantique de mise en oeuvre des hélicoptères de combat, actuellement en cours d'achèvement. Ils occupent le rez-de-chaussée du bâtiment parfaitement insonorisé. Le personnel navigant disposera de bureaux au premier étage. La flottille 32F partagera les lieux avec la flottille 34F de lutte anti-sous-marine, bientôt équipée d'hélicoptères Caïman. L'inauguration est prévue au mois de juillet.
Soixante-cinq personnes
Soixante-cinq personnes font partie de la flottille 32F. Soit un tiers de personnel navigant (pilotes, treuillistes, plongeurs) et deux tiers de personnel non navigant. L'effectif compte 63 marins et deux civils. 40 mécaniciens et électrotechniciens, dont 4 femmes, s'occupent de la maintenance. Avec le passage du Super-Frelon à l'EC 225, leur nombre a baissé de vingt personnes. Depuis juillet 2010, le capitaine de frégate Stanislas-Xavier Azzis commande cette unité de l'aéronautique navale.
Décollage à tout moment
A tout moment, un hélicoptère de la 32F se tient prêt à décoller sur la base de Lanvéoc. La nuit, une demi-douzaine de techniciens et pompiers dorment sur place pour assurer sa mise en oeuvre. L'équipage d'alerte doit pouvoir rallier la base en moins de quinze minutes. Le plein d'attente de 2,25 tonnes de kérosène peut être complété en fonction de la mission à accomplir.
Entraînement quotidien
Les missions de sauvetage en mer nécessitent un entraînement quotidien. Le treuillage sur un bateau de pêche de nuit par une mer démontée ne s'improvise pas. C'est pour cela que les équipages de la flottille 32F multiplient les entraînements de jour comme de nuit sur différents types de navires. Les hélicoptères EC 225 volent entre 4 et 6 heures par jour. Soit, en moyenne, une vingtaine d'heures par semaine.
Une devise en breton
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la flottille 32F ne possédait pas jusqu'à présent de devise. Cette lacune est comblée. Après une consultation et un vote de l'ensemble du personnel, il a été décidé d'adopter la devise en breton : « Evit ma vevo ar re all » (« Pour que les autres vivent »).
Texte : Olivier MÉLENNEC.Photos : David ADÉMAS
Ouest-France / Bretagne / Quimper
« Nous avons gagné à tous les niveaux »
samedi 04 juin 2011
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Entretien
Capitaine de frégate Stanislas-Xavier Azzis, commandant de la flottille 32F.
(le Brestois de l'année pour les lecteurs du journal Ouest-France)
Commandant, qu'apporte le nouvel hélicoptère EC 225 ?
La flottille 32F aligne deux hélicoptères EC 225 depuis un an. Par rapport au Super-Frelon, nous avons fait un bond de 40 ans. Nous avons gagné à tous les niveaux, sauf en dimension de soute. L'EC 225 dispose de 30 % de puissance en plus et consomme 30 % de carburant en moins. Son rayon d'action atteint 220 nautiques, soit près de 400 kilomètres. Les aides au pilotage nous offrent plus de précision et de fiabilité.
En quoi consistent ces aides au pilotage ?
Le pilote automatique numérique assure une tenue de vol stationnaire d'une grande précision. Le calculateur de navigation permet de programmer trois types de circuits de recherche de naufragés. Quand on passe au-dessus des personnes à secourir, il suffit d'appuyer sur un bouton pour que l'hélicoptère revienne se positionner au-dessus d'elles en vol stationnaire de manière entièrement automatique. De nuit comme de jour, il effectue cette manoeuvre en moins de quatre minutes.
Quel est l'intérêt de ces automatismes ?
Le gain immédiat, c'est que le pilote et le copilote peuvent se concentrer davantage sur la conduite de la mission. Cela fait deux paires d'yeux supplémentaires pour trouver les naufragés. La probabilité de détection est donc supérieure. La mission, qui consiste à sauver des personnes, a plus de chances de réussir. La difficulté du métier s'est déplacée. L'EC 225 est une machine plus saine mais plus complexe que le Super-Frelon. Il faut bien connaître le système pour en tirer parti.
Combien de temps faut-il pour déclencher une opération de sauvetage ?
Le critère le plus important pour sauver quelqu'un, c'est la réactivité. Le délai d'alerte officiel, que nous devons impérativement tenir, est d'une heure entre 8 h et 18 h, et de deux heures entre 18 h et 8 h. Mais nous nous sommes organisés pour faire plus que ce que l'on nous demande. Nous sommes aujourd'hui en mesure de faire décoller un hélicoptère en 20 minutes le jour et 45 minutes la nuit.
Deux hélicoptères seulement, est-ce suffisant pour remplir la mission ?
Un appareil est toujours disponible quand l'autre est en visite. La Marine ne baisse pas la garde. La flottille 32F conserve le même contrat opérationnel qu'auparavant. Outre le secours maritime, elle assure des missions de soutien au profit des sous-marins de la Force océanique stratégique et des commandos marine.