"Le 6 dès le lever du jour , l'artillerie adverse entre en action aussi bien sur les arrières que sur la ligne de résistance. Les ponts , les gués , les carrefours , les positions de batterie , les dépôts , le P.C. sont soumis à des tirs violents et parfaitement ajustés.La contre-batterie et les "airs-strikes" ne peuvent ralentir cette avalanche de projectiles (15.000 coups sont tombés sur le Bataillon entre le 6.10.1952-6heures et le 7 même heure.)
A midi la seule 1ère Compagnie , a déja reçu plus de 1000 coups et le P.C. Bataillon : 124.
La 2ème et la 3ème compagnies ne sont pas épargnées.
La base elle-même , que certains n'osera plus appeler "arrière" , à 6 kms du front , reçoit des coups et creuse des trous entre les guitounes.
Il y a partout des morts et des blessés. Aucun doute n'est plus possible. Tous les renseignements , de l'arrière comme de l'avant font prévoir une attaque imminente et de grand style dont l'objectif visible est la rupture de la ligne principale de résistance alliée à la limite entre notre Division et la Division ROK à notre droite.
Cette limite , c'est le Bataillon qui a l'honneur d'en assurer la garde.
Pleinement conscient de sa tache , le Bataillon met tout en oeuvre pour y faire face.
Chacun est à son poste , depuis la base jusqu'aux pitons avancés des Pionniers qui ont la redoutable mission de couvrir notre plus dangereuse position "ARROW-HEAD" tenue par la 1ère Compagnie.et une partie de la C.A.
(Les éléments de la C.A. avaient pour chef le Lieutenant DECKER , mort au champ d'honneur dans la nuit du 6 au 7 octobre 1952.)
Dès le début de l'après-midi , les ligne téléphoniques sont coupées et les jeeps de liaison sont pourchassées sur les routes par les explosions.
(Extrait du journal du Bataillon , archives de mes Parents , article du Capitaine de BAZELAIRE)
"Toute la journée du 6 Octobre , nous avons subit le bombardement Chinois.
Nous nous étions mis à l'abri coté Compagnie vers 281 sur nos pitons "
(Stanislas SALISZ pionnier , camarade de mon frère)
"L'aube du 6 Octobre se lève enfin. Aussitôt , tous les yeux , toutes les jumelles se tournent vers le sommet duquel va bientôt débouler le rouleau compresseur ennemi. Mais aucune activité n'y est discernable; tout en bas , au pied de 281 les patrouilles de la nuit se sont évaporées. Un instant , l'espoir naît que les Chinois aient renoncé , mais pas un Français n'arrive à y croire réellement.
Sur les points d'appui , les travaux reprennent , sans grand enthousiasme. Aucun des volontaires ne quitte son arme . Ils creusent , courbés , regardant ailleurs. Ils se sont équipés en guerre et conservent le casque sur la tête.
Tous l'attendaient et pourtant , la première salve les fait sursauter . Elle passe en hurlant , au-dessus des avant-postes et va s'écraser , deux kilomètres au sud , sur les positions du Bataillon .
Quelques secondes s'écoulent et , brusquement , tout le secteur s'enflamme. En moins de cinq heures , "ARROW-HEAD" va recevoir 1000 obus . Tout le secteur tenu par les Français disparaît sous des torrents de flammes et de fumée. En vingt heures , il recevra 15.000 obus.
Les volontaires croyaient avoir connu l'enfer d'un bombardement . Ils s'aperçoivent qu'ils n'en avaient goûté que les prémices . Tout est visé , touché , sans une seule minute de répit. Les fortins , les boyaux , les barbelés , le sommet des collines comme le fond des thalwegs , les gués , les carrefours de piste , les antennes des tentes radio , les camions d'approvisionnement , les chars , les batteries de mortiers.
Cinq heures durant , l'orage qui s'abat est d'ne violence jamais encore atteinte. Les Chinois veulent niveler le terrain , détruire toute possibilité de résistance , anéantir les avant-postes , écraser les défenseurs dans leurs casemates. "
(Extrait du livre d'Erwan Bergot : Bataillon de Corée paru aux presses de la Cité)