Après être partis le 3 Mars 1952 du camp d'Auvours dans la Sarthe (près du Mans) les hommes du détachement vont se retrouver face à leurs destins...
Certains seront malheureusement tués , d'autres grièvement bléssés , prisonniers ou disparus , d'autres plus chanceux , repartiront dans le civil ou en Indochine , puis en Algérie.
C'est la dure loi de toutes les guerres....Notre affectation avait fait l'objet d'une étude de l'état major du bataillon en fonction des attentes pour chaque compagnie et des spécialités et formations de chacun.
(R.Breuil DR8) Mon frère Philippe Collemant se retrouva affecté en base arrière , dans la région de Kumhwa .
En effet , à cette époque , le bataillon tenait position dans le triangle de fer ( Kumhwa - Chorwon - Pyonggang) depuis le début janvier 1952 .
C'était une guerre de positions .
De chaque coté , les adversaires étaient solidement enterrés et équipés.
Vue l'altitude de ce secteur , il y faisait très froid.(Photo envoyée par Philippe Collemant à ses Parents avec écrit derrière
Ceci est l'insigne de mon régiment. )C'est l'insigne du 23ème régiment d'infanterie Américaine auquel le bataillon Français de l'O.N.U. (1017 hommes) était rattaché.
La devise SECOND TO NONE signifie A NUL AUTRE PAREILJe laisse mon frère vous expliquer son arrivée.
Volontaire Collemant Philippe
FAPO 5200 C/O BCMC
SP 54673
TOE
14 avril 1952
Mon cher Papa , Ma chère Maman
Me voici arrivé à destination en Corée et je trouve déja la lettre du 1er avril .
Cela à été un bien grand plaisir.
Je suis ....(Je n'ai pas le droit de le dire!) mais quand même à 10 kms des premières lignes , affecté ! moi ! en base arrière en attendant le prochain départ de ma division pour le grand repos qui devra durer deux mois , donc , ne pas vous inquiéter , pour moi aucun danger ne me menace.
Je ne sais si vous pouvez imaginer ma déception de me voir à l'arrière , alors que d'autres , des camarades vont monter en lignes demain.
Déception quand même un peu atténuée par la joie de savoir que cela vous tranquilisera de me savoir en repos.
De l'endroit ou je vous écrit j'aperçois les lignes Chinoises.
J'entends l'artillerie , les coups de feu et l'aviation qui ne cesse de tourner.
Je suis en hautes montagnes, 14 à 1500m et l'air est assez froid.
Aujourd'hui , l'armée Française nous a supprimé la moitié de notre magnifique paquetage malgré les hurlements unanimes du renfort. Rien à y comprendre , mais c'est bien le dernier de mes soucis.
Il me reste quand même de quoi ne pas avoir froid.
Nous couchons sous des tentes individuelles et avec des sacs de couchage très épais . Je suis au quart de poil.
En ce moment le temps se couvre , c'est la saison des pluies et il va sans doute reflotter à pleins seaux.
Sur cette petite lettre , je termine en vous embrassant bien fort.
Philippe
A SUIVRE....
Bill