Des gendarmes volontaires pour la Corée , provenant de différentes légions , avaient rejoint , dès octobre 1950 , les soldats du Bataillon de Corée pour assumer une mission de prévôté. Affectés à l'état-major , la prévôté était composée d'un chef de détachement et de trois prévôts; leur séjour étant fixé à un an (comme les combattants du Bataillon) , ce sont ainsi douze gendarmes qui se succédèrent en Corée entre 1950 et 1953.

Les gendarmes évoluaient en tenue de combat identique à celle du personnel du Bataillon, ils portaient néanmoins un brassard distinctif qui indiquait leur qualité de prévôts. Lorsqu'ils effectuaient une mission judiciaire , ils portaient le képi. La mission de prévôté du détachement des gendarmes français affectés au Bataillon de Corée était classique et consistait à exercer la police judiciaire mais aussi à assurer la sécurité des armées en campagne. Au contact de la ligne de front et lors des combats , ils exposaient encore leur vie pour effectuer des missions particulières. Toutefois cette simple énumération ne rend qu'imparfaitement compte du travail quotidien des gendarmes. Les carnets de déclaration destinés à recueillir les allégations des témoins ou de prévenus ainsi que les contestations des enquêteurs sont significatifs de l'activité multiforme des prévôts . Ces derniers effectuaient des patrouilles à l'arrière de la ligne de front , ils appréhendaient ainsi des militaires qui avaient quitté leur unité sans autorisation , des déserteurs , des individus suspects.
Les gendarmes intervenaient sur les lieux des accidents de la route dont les militaires étaient victimes et pratiquaient l'audition des témoins.Une autre mission traditionnelle consistait à transférer les prisonniers. Les prévôts menaient encore des investigations concernant des combattants qui avaient un passé judiciaire en France , ils recueillaient ainsi les déclarations des militaires qui étaient par la suite transmises aux juges en métropole.

Plus généralement , les gendarmes intervenaient lorsqu'un problème particulier se présentait ; ils effectuaient par exemple des enquêtes lorsqu'un soldat s'était blessé ou blessait une autre personne, de manière à établir l'innocence ou la part de responsabilités des personnes concernées. Ils tentaient encore de dissocier , chez les militaires , les mutilations volontaires des blessures accidentelles.
Une part importante de leur temps était consacré aux enquêtes qu'ils diligentaient . Ils arrivaient ainsi à éclaircir les circonstances du vol d'une carabine à un volontaire. Ils parvenaient encore à arrêter des domestiques coréens qui avaient détournés des sommes importantes appartenant à des militaires français. Une enquête minutieuse et longue permettait aux gendarmes de démanteler un important trafic de devises , d'alcool et de cigarettes qui avait des ramifications jusqu'à Séoul , les prévôts dénonçaient d'ailleurs la corruption de la police de cette capitale qui avait favorisé ce commerce illégal.

Les gendarmes participèrent également aux combats et se portèrenbt volontaires pour accomplir des missions périlleuses : les citations obtenues par les prévôts prouvent qu'ils étaient également des combattants......

La mission des gendarmes prévotaux au sein du Bataillon français de l'ONU s'est déroulée dans le contexte d'une guerre particulièrement meurtrière ; ces douze gendarmes ont non seulement assuré leur responsabilité de prévôts mais ont également participés aux combats , attestant ainsi cette dualité si spécifique d'hommes de lois et d'hommes de guerre.

(Source historique de la défense , histoire de la gendarmerie)

l'OD

Sous la direction de l'Officier de Détails , sont groupés les services de la solde et de l'état civil; deux services d'une importance primordiale , notamment celui de la solde , qui intéresse au plus haut point tous les membres du Bataillon.
Cet ensemble groupé sous une tente bureau , est dirigé et assuré par un personnel d'élite spécialisé , qui ne ménage , ni son travail , ni les conseils éclairés , qu'il prodigue à toutes les occasions aux comptables des compagnies , ou à ceux qui , individuellement , viennent en demander.
Ces spécialistes d'élite sont : Le sergent-major SCHNEIDER (qui est en Corée depuis l'arrivée des tous premiers éléments du Bataillon ) , le sergent-major BELLIER SUTTER , dernier arrivé , le sergent-chef DOURLENS et le soldat de 2ème classe JALICOT ; ils travaillent souvent dans des conditions défavorables , le froid en hiver , malgré le chauffage , et en été , la chaleur , parfois étouffante , sous la tente


Secrétariat Colonel : S/Major QUENEHEN , C/C CALABUIG , C/C BESNARD[

"Mais le tour de la C.C.B. , n'est certes pas fini.
Suivez nous chez nos gars du Service Auto. En arrivant vous êtes surpris , par l'ordre qui règne dans le garage , véhicules rangés , petits box pour jeeps, mais ne nous laissons pas impressionner et ne restons pas sur le pas de la porte; pénétrons plus en avant , dans cette "ruche" , car dans le fond , nous pouvons comparer le Service Auto à une ruche , qui n'aurait pas de quartier d'hiver , c'est à dire pas de repos."Ben , alors au Service Auto , y'se mouche pas avec le coude". Bien sur , on ne prétend pas vous faire croire que jamais on ne se repose , on s'amuse même bien , et puis les gars sont braves selon l'expression....




Continuons notre visite , en allant dire "Bonjour" aux gars de l'échelon , ou si vous préférez à nos chauffeurs , garçons sympathiques entre tous , sympathiques non seulement à cause de leur gentillesse , mais aussi pour le travail , qui pour être obscur n'est pas sans gloire , car de jour comme de nuit , ils sont sur la route , qui n'est pas toujours agréable , quand montant des munitions en lignes , ils se voient encadrés par les projectiles de nos "Amis" d'en face, qui , comme vous le savez , surveillent les routes , tel le faucon sa proie. Vous allez répondre "Et en Ligne"!bien sûr , en ligne aussi , ce n'est pas drôle non plus , mais vous avez quand même l'impression d'être à l'abri dans votre "BUNKER" et eux n'ont pas la même impression. Et n'oublions pas les MP's qui eux aussi , sont une source de soucis permanents et , malgré tout ça , les gars de l'échelon ont quand même le sourire et le mot pour rire.
Des chauffeurs , nous allons si vous le permettez saluer nos mécanos. Nos mécanos au travail , couverts de reproches , mais qui fidèle à la devise du Service Auto "Bien faire et laisser braire" n'en accomplissent pas moins leur travail , au repos comme en ligne.
Les véhicules ont toujours le mauvais esprit de tomber en panne dans des coins ou il ne fait pas bon moisir , et alors il faut quand même dépanner , et vite , car la vie d'êtres humains dépend de la rapidité avec laquelle arrive le ravitaillement ou les munitions.
Vous avez certainement vu à l'action nos dépanneurs sous les ordres des Sergents LECHEVALLIER , FERRARD et on oubliait notre ami AUZANNEAU , (qui , quand il a un moment , prétend nous charmer avec son instrument , ce , qu'entre nous , il ferait mieux de ne pas faire) . Au milieu de ce groupe nous remarquons le vénérable C/C COTTE , à la barbe aussi fleurie que son language , et surtout le sympathique , l'unique le vrai "PAPA" , c'est à dire FOURICHON , le Chef , aussi bien mécano que bon camarade , estimé de tous , connu non seulement , par son ardeur au travail, mais aussi pour son allure et ses réponses extraordinaires , telles que "Te casse pas la T'te , Papa c'va gazer". Comment cela va t-il gazer , personne ne le sait , sauf lui; ce qui n'est déja pas si mal comme résultat.
Avez vous remarqué sa façon d'agiter ses mains , plus exactement ses doigts , dans tous les sens , ce qui provoque , chez tous les autres , un sourire caché et chez lui , quand on lui fait remarquer , une imitation de colère.
Allons maintenant dire "Bonjour" au personnage le plus important du Service Auto , ce personnage , c'est le pompiste en Chef , qui tentera vainement de vous expliquer que: ne recevant qu'un nombre donné de fûts de Gas-Oil , il ne peut en distribuer plus; "bien sûr , vont répondre les mauvaises langues , il en connait un grand rayon dans l'art de vous rabioter quelques litres de liquide..." d'accord , mais c'est pour le Service Auto , ça c'est sûr.Si on vous le rabiote ce n'est pas pour vous le rendre!....

De toute façon , vous avez constaté , au cours de notre visite que le Sevice Auto est une grande famille , unie dans le travail , comme dans la joie , et même les reproches qui ne font pas défaut.
Nous allons quitter la "ruche" , pardon le Service Auto et le laisser à son travail , et vous pouvez être sur qu'il restera fidèle à sa devise "Bien faire et laisser braire" et soyez même assuré qu'il préférerait vous laisser Br... plutôt que de mal faire "

Le 6 Octobre 1952 , c'est un déluge d'artillerie , de mortiers et d'orgues de staline qui s'abat sur ARROW-HEAD.
Terriblement efficace et meurtrier ce déluge atteindra même la base arrière du Bataillon pourtant situé à 6kms en arrière!
25000 obus chinois seront tirés sur le Bataillon Français sans compter les tirs des contre-batteries amis.
Dans l'angoisse les volontaires attendent l'assaut mené par deux régiments chinois.
Ces derniers après avoir ouvert les vannes du réservoir de la rivière Yokkok pour isoler le Bataillon Français , engagent leur offensive vers 18h30.

C'est la section pionniers qui se sacriefiera devant les troupes chinoises.
Quasiment anéantie , comptant 21 morts , 16 blessés dont 2 prisonniers sur les 48 hommes des quatre sections.
11 hommes seulement rentrèrent indemnes.


Depuis 1 an et demi , ne connaissant que mon Frère , j'ai entrepris des recherches pour mettre un visage sur leurs noms. J'ai retrouvé des photos de 25 d'entre eux , j'ai pris contact avec quatre et j'ai eut la grande joie d'en rencontrer deux que je rencontre maintenant régulièrement avec grand respect.
Je vais donc vous les présenter afin de leur rendre hommage.


Le chef des pionniers : Lieutenant François PERRON

Il à pris le commandement il y a quelques jours , succédant au Lieutenant Jean ROGER.


(Photo journal du Bataillon 1952 , provenant des archives de mes Parents)

Sur cette photo , à l'hôpital de Tokio , le Lieutenant François PERRON dans la chaise roulante

Il sera blessé 8 fois lors de l'attaque....
- coté droit par balle
- bras droit par balle
- coup sur la tête
- coup à la mâchoire
- cuisse gauche broyée par une grenade
- un bicep arraché par balle
- choc à la tête par volée de grenades...

"Le lieutenant Perron que l'on croyait perdu et qui rentra après un long calvaire "
(Lieutenant Jean ROGER)

Son Adjoint : SERGENT-CHEF Roland GAVRILOFF


(Photo journal du Bataillon , provenant des archives de mes Parents.)

Succomba avec ses hommes le 07.10.1952 , après s'être battu au couteau !
Type parfait du chef d'équipe parachutiste du génie d'assaut , pour reprendre l'expression même de l'une de ses sept citations .
Titulaire à titre posthume de la Légion d'honneur.
Titulaire à titre posthume de la Médaille militaire
Titulaire de la croix de guerre des T.O.E. avec palme
Médaille des Nations-Unies
Médaille commémorative de Corée

"En cette soirée du 10 octobre , la dernière station est accomplie. Qu'il était léger à nos épaules le corps de Gavriloff dans le parachute blanc qui lui servait de linceul, mais combien lourd notre coeur de toutes les amitié perdues !...."
(Lieutenant Jean ROGER)

BORIS GUERASSIMOFF

(Photo collection BEZAMAT)

Photo prise au camp de repos de Kapyong le 1er Mai 1952
(Envoi de JM-PELLETIER)
Au 1er rang de gauche à droite : Sergent BEZAMAT (pionnier) - Lieutenant LIRON (1ère Cie) - Sergent-chef ROSE ( ?)
Au second rang de gauche à droite : GUERASSIMOFF (Pionnier) - ? - Caporal DEVAUCOUX (?)
Originaire de Nice.
Sur la position des pionniers , tenait le rôle d'observateur . Il arriva à se replier et à rentrer indemne dans les lignes.
- "Force de la nature aux poings redoutables . Ceinture noire d'aïkido , il ne craint personne et surtout pas ces chinois minuscules qui grouillent comme des rats sur le glacis d'en face"
- "Les pionniers ne sont plus qu'une vingtaine d'isolés , combattant pour ne pas succomber , quelque fois à poings nus. La , GUERASSIMOFF est à son affaire. Il foudroie les adversaires d'atémis bien placés"
(Erwan BERGOT "Bataillon de Corée les volontaires")
- "GUERASSIMOFF dont les talents de judoka firent merveille cette nuit là"
(Lieutenant ROGER)

FRANCOIS MORANDELLI

(Extrait d'une photo envoyée par Stanislas SALISZ)

Blessé grièvement à la tête à ARROW-HEAD le 06.10.1952.
Il se trouvait à coté de LAMPERTI au moment de l'attaque .
En rampant , réussit à regagner les lignes le 7 au matin.
Il fut opéré sous tente dans un hopital de campagne , puis hospitalisé à Tokio , puis au Val de Grace à Paris.
Il fut réformé à Noël 1952.

Titulaire:

- de la Légion d'Honneur
- de la Médaille Militaire
- de la Croix de Guerre T.O.E.
- de la Médaille Coréenne 6/25
- de la Médaille des Nations-Unies
- de la Médaille Commémorative de Corée

Il fait partie des deux pionniers survivants que j'ai pu rencontrer jusqu'à présent.

Du 2ème groupe de pionniers , il me manque les photos de:

- GASNET blessé le 06.10.1952
- Caporal Chef Paul LAMPERTI mort au champ d'honneur le 06.10.1952
- HERAULT
- TRESSI blessé le 06.10.1952
- Caporal Roger MABILLAT blessé le 06.10.1952
- 1ère Classe Mohamed MENASRIA mort au champ d'honneur le 06.10.1952
- Henri RIBES blessé le 06.10.1952
- Caporal Chef FAUCHIES blessé le 06.10.1952


SERGENT Claude POUS



(Photo journal du Bataillon , provenant des archives de mes Parents)

Originaire de Paris.
Chef du 3ème groupe de pionniers.

"Sympathie rayonnante" (Lieutenant ROGER)

Porté disparu à Arrow-Head le 07.10.1952

Caporal-Chef CHENAL


(Photo collection BEZAMAT) Prise au T-BONE Août 1952
A gauche caporal-chef CHENAL , à droite Lieutenant RAHMANI (3ème Cie)
Le caporal-chef CHENAL se tient derrière sa mitrailleuse Browing M1919-A4

Le sergent BEZAMAT lui demanda de se replier . Il répondit : "Non sergent , on crève ensemble"....

Grièvement blessé à Arrow-Head (balle dans un poumon) réussira à rejoindre les lignes.