par Ancien Boum Mer 11 Avr 2007 - 5:33
Une petite anecdote qui démontre la taille et complexité du BDL Jean Bart.
La compagnie d’artillerie était aussi la compagnie de pompiers de bord. Nous avions donc tous les plans du navire a notre disposition - un petit détail que personne a bord ne semblait avoir pris en compte, y compris l’état major.
Nous avions appris d’un matelot boum débarqué depuis, qu’il y avait deux puissants périscopes dans le blockhaus de combat de l’Amiral situé dans la tour avant du Jean Bart, a l’étage au dessous de la chambre de barre.
Le batiment faisant face a la terre, l’un des notres nous fit remarquer qu’a l’aide de ces périscopes nous devrions pouvoir observer les balcons des blocs d’appartements en face de nous, et sur lesquelles des filles prenaient des bains de soleil. Nous savions que les télémètristes faisait déja ça avec leurs instruments mais n’invitaient personne.
Cependant, il y avait un problème: le blockhaus était vérouillé. Seul le bidel en avait la clé et nous doutions qu’il soit disposé a nous la confier.
Une consultation intensive des plans nous fit découvrir que le blockhaus de l’Amiral était doté d’un puit d’évasion en cas d’abordage.
Plans en main, nous nous mimes a la recherche du panneau d’accès au puit d’évasion, qui selon les plans était situé dans l’un des compartiments de soute les plus profonds du batiment.
Les marges du panneau étaient astucieusement dissimulées par de nombreuses séries de cables électriques et de tuyeaux qui courraient en long et en travers du plafond, comme dans tous les autres compartiments dailleurs, et il nous fallut plusieurs jours pour le dénicher. L’ouverture du panneau révèla un puit vertical d’une dizaine d’étages de hauteur et pourvu d’une échelle.
Durant nos subséquentes et fréquentes visites au blockhaus par relai d’une demi-douzaine de canonniers a la fois nous nous sommes par la suite rincé les yeux sur des beautés, dont certaines étaient munies de gros et magnifiques ...euh …poumons.
Catastrophe faillit bien s’ensuivre, lorsqu’un jour un gradé a la coupée remarqua les périscopes en train de manoeuvrer. Il pris une heure aux autorités du bord pour établir qui possèdait la clé du blockhaus, et pour le bidel de trouver cette clé et de grimper avec ses associés dans la tour ( ils n’ont meme pas pris l’ascenseur, car il y en avait un ) et dévérouiller la porte externe du blockhaus.
Nous, a l’interieur, ne savions rien de tout cela jusqu’a ce que la porte commenca a s’ouvrir. Je dis “commenca”, car la porte blindée de 30 cm d’épaisseur pivotait sur ses gonds a l’aide d’ une simple manivelle et prit plus de dix minutes a s’ouvrir suffisament pour permettre le passage d’un homme.
Lorsque le bidel est finalement entré, il trouva le blockhaus inoccupé et navait aucune idée de comment quelqu’un aurait pu en sortir. L’accès au panneau du puit d’évasion était situé sous les toles du plancher du blockhaus et était aussi bien dissimulé que le panneau d’accès au bas du puit.
Ils ont cru d’abord que le gradé qui avait signalé notre présence la haut s’était trompé. Mais grace au témoignage de mégots de cigarettes et de bouteilles de bière vides, ils durent se rendre a l’évidence qu’éffectivement quelqu’un visitait ce lieu régulièrement.
Ils ont, parait’il, cherché ce qu’ils croyaient être une porte secrète dans les parois du blockhaus et, bien sur, n’en ont pas trouvé. Le bidel ni personne d’autre n’a jamais découvert le puit, et aucune de nos équipes s’est faite surprendre.
J’en profite pour saluer tous ceux encore en vie qui ont “fait le quart” aux periscopes du blockhaus du Jean Bart.