La Charente - Mai 1980.
Je quitte le pétrolier avec déjà une certaine nostalgie, mais j'ai hâte de retrouver Toulon car les dernières nouvelles ne sont pas favorables : décès de mon père et tout dernièrement un appel tel. de St. Lys radio m'apprend que mon voilier a coulé dans le port de Hyères, (le second, CC Tardiveau fait intervenir le Cdo. Hubert, mais cela est une autre histoire...).
Nous sommes trois je crois à prendre l'avion ce même jour.
J'enregistre mes deux valises, une grande Delsey et une autre plus petite.
Un plus tard j'embarque dans l'avion d'Air France, l'appareil ne se forme pas à Colombo de sorte que la cabine est en partie occupée et c'est le cas pour ma place.
Je demande à une hôtesse de me trouver un autre siège...
Elle contrôle mon billet, me demande mon nom et me répond : allez jusqu'à la coupée on désire vous parler !
Là m'attend du personnel du Boeing, stewards et hôtesses.
S'y trouve également une sorte de militaire en uniforme kaki, sa tête est coiffée d'un turban.
Il porte un pistolet mitrailleur à la bretelle...
On m'invite à suivre le militaire qui du canon de son arme me fait comprendre de quitter l'avion.
Au pied de la coupée est stationné un véhicule du genre Jeep, sur le tarmac un autre militaire attend l'arme à la bretelle, un chauffeur est au volant.
On m'intime l'ordre d'embarquer et aussitôt le véhicule pousse toute sirène hurlante !
Assis sur la banquette arrière je suis serré par les deux policiers-militaires.
Je suis abasourdi, je ne comprend rien à ce qui m'arrive.
J'imagine dans un premier temps une émission locale du type caméra invisible, mais j'écarte tout de suite cette idée.
Elle ne peut pas se réaliser avec un étranger.
Je traverse des halls, des couloirs, toujours escorté par mes deux cicérones armés.
Je tente de me souvenir de mes derniers jours passés à Colombo, qu'ai-je pu faire de répréhensible ?
Comment répondre à un questionnaire, mon anglais est resté scolaire.
Nous entrons enfin dans une petite pièce.
Je remarque des hommes en uniformes enturbannés mais sans arme, également un civil au ventre en étrave de pétrolier.
Il me désigne alors dans un français très correct une table sur laquelle se trouve ma grande Delsey.
Mon nom figure dans le petit logement sous la poignée.
Alors j'ai le flash, c'est un contrôle de drogue.
A une vitesse extraordinaire je me passe un film d'épouvante : après son enregistrement mon bagage a été détourné, les complices d'un réseau ont posé de la drogue pour la passer sans risque : si elle ne passe pas la douane en France, tout me tombe sur le dos, ou bien elle passe et dans ce cas je me fais agresser pour récupérer la précieuse cargaison.
Des hommes sortent mes vêtement, ils sont étalés, tâtés, les livres ouverts, tout est contrôlé.
Mon cœur bat, je transpire, si de la drogue a été placée ma vie d'homme libre s'arrête ici...
La Delsey est vidée, retournée, sa fine coque ne recèle aucun subterfuge.
Je suis remercié et reconduit à bord.
J'éprouve un sentiment de légèreté, de félicité, de béatitude que je n'avais jamais connu avant et que je n'ai plus jamais ressenti.
J'ai retrouvé en France toutes mes affaires parfaitement pliées et rangées.
Si cela ne s'était pas aussi bien passé je serai encore en prison, nourri de riz et de poisson séché.
Salut et Fraternité
Je quitte le pétrolier avec déjà une certaine nostalgie, mais j'ai hâte de retrouver Toulon car les dernières nouvelles ne sont pas favorables : décès de mon père et tout dernièrement un appel tel. de St. Lys radio m'apprend que mon voilier a coulé dans le port de Hyères, (le second, CC Tardiveau fait intervenir le Cdo. Hubert, mais cela est une autre histoire...).
Nous sommes trois je crois à prendre l'avion ce même jour.
J'enregistre mes deux valises, une grande Delsey et une autre plus petite.
Un plus tard j'embarque dans l'avion d'Air France, l'appareil ne se forme pas à Colombo de sorte que la cabine est en partie occupée et c'est le cas pour ma place.
Je demande à une hôtesse de me trouver un autre siège...
Elle contrôle mon billet, me demande mon nom et me répond : allez jusqu'à la coupée on désire vous parler !
Là m'attend du personnel du Boeing, stewards et hôtesses.
S'y trouve également une sorte de militaire en uniforme kaki, sa tête est coiffée d'un turban.
Il porte un pistolet mitrailleur à la bretelle...
On m'invite à suivre le militaire qui du canon de son arme me fait comprendre de quitter l'avion.
Au pied de la coupée est stationné un véhicule du genre Jeep, sur le tarmac un autre militaire attend l'arme à la bretelle, un chauffeur est au volant.
On m'intime l'ordre d'embarquer et aussitôt le véhicule pousse toute sirène hurlante !
Assis sur la banquette arrière je suis serré par les deux policiers-militaires.
Je suis abasourdi, je ne comprend rien à ce qui m'arrive.
J'imagine dans un premier temps une émission locale du type caméra invisible, mais j'écarte tout de suite cette idée.
Elle ne peut pas se réaliser avec un étranger.
Je traverse des halls, des couloirs, toujours escorté par mes deux cicérones armés.
Je tente de me souvenir de mes derniers jours passés à Colombo, qu'ai-je pu faire de répréhensible ?
Comment répondre à un questionnaire, mon anglais est resté scolaire.
Nous entrons enfin dans une petite pièce.
Je remarque des hommes en uniformes enturbannés mais sans arme, également un civil au ventre en étrave de pétrolier.
Il me désigne alors dans un français très correct une table sur laquelle se trouve ma grande Delsey.
Mon nom figure dans le petit logement sous la poignée.
Alors j'ai le flash, c'est un contrôle de drogue.
A une vitesse extraordinaire je me passe un film d'épouvante : après son enregistrement mon bagage a été détourné, les complices d'un réseau ont posé de la drogue pour la passer sans risque : si elle ne passe pas la douane en France, tout me tombe sur le dos, ou bien elle passe et dans ce cas je me fais agresser pour récupérer la précieuse cargaison.
Des hommes sortent mes vêtement, ils sont étalés, tâtés, les livres ouverts, tout est contrôlé.
Mon cœur bat, je transpire, si de la drogue a été placée ma vie d'homme libre s'arrête ici...
La Delsey est vidée, retournée, sa fine coque ne recèle aucun subterfuge.
Je suis remercié et reconduit à bord.
J'éprouve un sentiment de légèreté, de félicité, de béatitude que je n'avais jamais connu avant et que je n'ai plus jamais ressenti.
J'ai retrouvé en France toutes mes affaires parfaitement pliées et rangées.
Si cela ne s'était pas aussi bien passé je serai encore en prison, nourri de riz et de poisson séché.
Salut et Fraternité