Le message précédent m'a donné envie, à moi aussi, de relire ceux de
Cloclo...
... évidemment ils ont réveillés de vieux souvenirs.
mes. 10 : les incessantes alertes racket , les coupures de charge en catastrophe ! redisposer la cavalerie à chaque fois , relancer les GE !! recommencer encore et encore !!! de jour comme de nuit !!!!
L'exercice d'aujourd'hui consiste traverser une zone surveillée par l'aviation et d'en sortir avec un pourcentage de charge batterie imposé.
Ce n'est pas tout d'arriver sur un éventuel objectif encore faut-il avoir suffisamment d'énergie pour pouvoir évoluer.
Il va donc falloir passer en marche au schnorchel... et par beau temps, c'est pas dans la poche !
La dernière tentative de recharge des batteries s'est arrêtée au bout de 7 minutes sur alerte ARUR.
En temps normal on détecte les émissions radar des avions bien avant qu'ils puissent nous repérer.
Le niveau du racket augmente au fur et à mesure du rapprochement et permet au sous-marin de disparaître à temps.
Mais les aviateurs nous compliquent la tâche en pratiquant une veille radar intermittente.
Quand le radar se dévoile, le sous-marin peut être suffisamment près pour être immédiatement détectable.
Quand le premier racket est supérieur au niveau d'alerte, il faut donc rentrer les périscopes en catastrophe.
N'étant jamais certain de pas avoir été repéré , les instants qui suivent ce type d'alerte sont particulièrement pénibles car on s'attend à être pisté et attaqué.
Si rien ne se passe, on ne peut pas remonter de suite car si l'avion a un doute, il restera sur zone pour nous coincer...
... Une demie-heure s'est écoulée depuis la dernière alerte sans être inquiété... il faut remettre ça.
La situation surface est relativement claire, il n'y a qu'un seul cargo dans un environnement assez proche.
Le pacha est sur les dents mais il doit se décider : " 12 mètres ".
Un tour rapide au périscope d'attaque à peine à fleur d'eau... le cargo à 5000 mètres, c'est tout.
L'officier de quart est autorisé à hisser le périscope de veille pour débusquer une éventuelle menace aérienne.
Aussitôt hors de l'eau, un racket crépite à l'ARUD, probablement le radar du cargo.
... un temps pour s'assurer qu'il n'évolue pas.
Okay, c'est bon, on hisse l'ARUR. Confirmation : c'est bien le cargo.
Le commandant ordonne de hisser le tube d'air et de prendre la charge.
Peu de temps après les diesels sont lancés, roulent plein pot et les électriciens rendent compte que l'on charge à 2000 ampères.
Au périscope d'attaque le pacha respire un bon coup et marmonne : "bon, c'est parti. j'espère que cette fois ci on pourra charger un peu plus longtemps que tout à l'heu..."
"ALERTE ! 100 mètres " ... c'est l'officier de quart qui aboie en rentrant le périscope de veille...
... Et c'est ouverture du bal par l'orchestre de quart, les premières mesures jouées allegro.
- klaxon d'alerte, fermeture coupole.
- Affalage simultanée des mats : périscope attaque, ARUR, tube d'air.
Le patron diesel saute sur le cran de pétrole avant de mouliner les commandes de fermeture d'échappement au plafond et de faire crisser les rodoirs.
L'électricien de central bascule la ventilation en configuration plongée.
Le tout n'a duré que quelques secondes, les groupes électrogènes finissent de tourner par inertie.
L'officier de quart s'est précipité vers la table traçante en expliquant avoir vu un atlantic à moins de 3000 mètres défilant droite.
Le pacha : " Vous pensez qu'il nous a vu ? "
- " Je ne sais pas..., peut-être pas... il ne virait pas sur nous... en silence radar visiblement "
On n'a pas chargé plus de 3 minutes cette fois...
Le silence de cathédrale qui suit le vacarme de la marche au schnorchel se fait plus pesant encore en raison de la pointe et de l'attente d'une éventuelle manifestation de l'avion.
De voir ses bécanes ainsi malmenées et son graisseur se (re)brûler la couenne en se faufilant entre moteur et coque pour manipuler les robinets de décompression, le patron diesel craque...
" Putain, ils commencent à nous faire €hier ces cons de pingouins !"Du coup, l'atmosphère se détend, et même le pacha qui d'habitude n'apprécie guère ce genre de démonstration ne dit rien... probablement parce qu'il est d'accord sur le fond.
Ne vous trompez pas sur le sens de ce cri du coeur ; ce n'est pas une insulte mais un compliment particulièrement appuyé en direction de nos tourmenteurs et de leur compétence à nous créer ainsi la misère.