Cette photo et celles qui suivent proviennent pour la plupart soit des archives personnelles de mon beau-frère, très branché sur l'Histoire commune de nos deux pays, soit des archives municipales de Saint-Nazaire.
Ironie de l'Histoire : pendant la période 1940-1945, c'est à ce même endroit, à Montoir dans la banlieue de Saint-Nazaire, que sera implanté le QG de la Flak (DCA allemande) du secteur Saint-Nazaire Nord. Les douze marins allemands qui squattaient dans "notre" école (où nous habitions) appartenaient à cette unité.
Le major Roynon Chomeley-Jones a séjourné quinze mois à Saint-Nazaire. Dès 1923, il imagine rendre la pareille aux Français qui offrirent en 1886 la Statue de la Liberté au peuple américain pour leur lutte d'indépendance. L'idée séduit les New-Yorkais jusqu'aux illustres membres du comité d'honneur de l'association The Saint-Nazaire memorial fund dont le vice-président Dawes et le prix Nobel de la Paix, Elihu Root.
Source : Ouest-FranceDocument américain de 1925 concernant le monument américain de Saint-Nazaire.
La décision est prise et c'est Gertrude Vanderbilt Whitney, déjà célèbre pour avoir réalisé l'Arche de la Victoire à New-York, qui est choisie pour réaliser le monument américain de Saint-Nazaire.
Gertrude Vanderbilt Whitney
Pour info et sans aucun rapport avec Saint-Nazaire ou la sculpture :
pendant la première guerre mondiale, Gertrude Whitney crée l' Hôpital américain de Paris, à Neuilly-sur-Seine.
Source : wikikiQuel rapport entre Saint-Nazaire et Buffalo Bill ?
C'est également Gertrude Vanderbilt Whitney qui a réalisé la monumentale statue équestre de Buffalo Bill dans le Wyoming. Pour l'inauguration du monument en 1924, elle est évidemment l'invitée d'honneur. Elle y renonce pour rejoindre Saint-Nazaire à bord du paquebot Majestic. Son but : trouver l'emplacement de son œuvre.
Comme Alain, elle tombe sous le charme du boulevard de l'Océan, bordé de belles demeures bourgeoises face à l'océan et juste à l'entrée du port de Saint-Nazaire.
En accord avec le maire Vincent Lacour, elle décide que c'est là et nulle part ailleurs que sera érigé le monument américain.
Le 26 juin 1926, grande fête franco-américaine à Saint-Nazaire pour l'inauguration du monument américain.
Devant une garde d'honneur de la Marine française qui présente les armes, Gertrude Vanderbilt Whitney est décorée de la Légion d'honneur par le ministre de la Marine.
Parmi les personnalités présentes à Saint-Nazaire ce jour-là, le général Pershing, chef des troupes US en France durant la première guerre mondiale, et le major Roynon Chonley-Jones.
Pas de précision sur la date mais il s'agit très probablement du jour de l'inauguration.
Au large, un croiseur ou cuirassé.
Autre photo d'époque du monument américain.
Regardez bien la hauteur du socle et les dimensions de l'aigle et du soldat :
le monument original était plus haut et plus grand que le monument actuel.
1940-1941 : tant que les Etats-Unis restent un pays neutre, les Allemands ne touchent pas au monument. Après Pearl Harbor, les Etats-Unis déclarent la guerre au Japon et à l'Allemagne. A Saint-Nazaire, en guise de réponse, les Allemands dynamitent le monument américain.
En 1987, une souscription internationale est lancée pour reconstruire le monument.
La petite-fille de Gertrude Vanderbilt Whitney se rend à Saint-Nazaire pour offrir à la municipalité une réplique en bronze du monument.
Pierre Fouesnant sera le sculpteur et Fernand Joly le fondeur.
Le nouveau monument est inauguré le 24 juin 1989 en présence de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, et du général Pershing, petit-fils de John J. Pershing.
Pour l'anecdote :
cette importante présence militaire américaine à Saint-Nazaire entre 1917 et 1919 a entrainé de nombreux mariages entre jeunes Nazairiennes et militaires US.
Aux Etats-Unis, ma sœur et mon beau-frère ont fait des recherches et ont retrouvé des descendants de ces couples mixtes franco-américains.
En résumé : visitez Saint-Nazaire et sa région ! (La Baule, la Grande Brière, les marais salants, etc.).
Ville peu connue sur le plan touristique ... mais qui mériterait de l'être davantage.
Le tourisme industriel, ce n'est pas inintéressant non plus.
Comme cela a été rappelé par Michel :
constructions navales + constructions aéronautiques + constructions automobiles (les véhicules militaires ACMAT).
Pas mal pour une ville aussi peu médiatisée sur le plan touristique.
J'allais oublier : l' Espadon !!! (Jean-Marie).