Dans la vie d’un marin, si fort heureusement on trouve de bons moments, on peut aussi vivre des événements tragiques.
Peut être en avez vous vécu, un décès en mer est toujours pénible à vivre, j’ai été confronté plusieurs fois à ces situations, mais celle qui suit, avait été particulièrement difficile, suivie d'une immersion.
Le Licorne Océane était un pétrolier de 285000 tonnes.
Construit en Norvège, son propriétaire était Américain, affrété coque nue par la compagnie des Messageries Maritimes qui en avait la gestion, il était affrété par la compagnie pétrolière Antar, et naviguait sous pavillon du Libéria.
J’avais embarqué à Antifer, bateau tout neuf, puisque c’était son second voyage pour le Golfe Persique via le Cap.
Après un allègement du bateau, le reste de la cargaison avait été débarqué à Donges. avant de poursuivre le voyage.
A la hauteur du Golfe de Guinée, l’un des membres de l’équipage machine était décédé dans sa cabine pendant la nuit.
Un décès en mer est toujours un moment difficile à vivre.
Encore loin du Cap, s’est posé alors le problème de la conservation du corps.
Sur tous les bateaux on trouvait déjà à bord à cette époque un cercueil plombé réglementaire.
Construit en Norvège, le Licorne Océane n’en avait pas encore été doté.
L’intendant cuisinier proposa de débarrasser une chambre froide pour y mettre le corps.
Nous étions en mer et loin de tout, ce décès avait eu un effet psychologique sur les gens, le conserver à cet endroit n’était pas pour améliorer cet effet.
Au cours d’une réunion de tout l’équipage le commandant avança la possibilité d’une immersion du corps.
J’abrège un peu, nous étions au deuxième jour du décès, des contacts radio avaient été établis avec la compagnie, les autorités, et surtout avec l’épouse de notre camarade décédé.
Le débarquer en Afrique du sud était aller au devant de problèmes avec les règlements en vigueur dans ce pays, la quarantaine… et l’Océane mesurait 350 mètres de longueur pour plus de 50 de largeur…
Un vote pencha pour la conservation du corps à bord.
Le commandant fit une réunion des principaux du bord, réunion ou dans la marine marchande, le commandant peut écouter avis et suggestions de ses subordonnés avant de prendre une décision importante.
Au cours de cette réunion, j’ai proposé la confection d’un conteneur en tôle.
Des feuilles de tôle de 1 mètre sur deux faisait partie de la dotation du bord, ce travail pouvait être réalisé assez rapidement.
Comble d’ironie, notre camarade était mécanicien avec la spécialité de soudeur à bord.
Le travail avait commencé immédiatement après la réunion, tard dans la nuit, je terminais à peine les 9 mètres de soudure du conteneur, qu’un nouveau vote était décidé.
Suite à de nouveaux contacts radio, tous les arguments exposés par le commandant allaient dans le sens d’une immersion.
Certains membres de l’équipage ébranlés psychologiquement demandaient à débarquer au cap en cas de conservation du corps.
Le vote n’apporta pas de majorité pour la décision, et c’est la voie du commandant qui fut déterminante, le corps serait immergé le matin à l’aube.
Le conteneur percé de trous, doté d’un couvercle vissé, lesté, deviendrait le cercueil de notre camarade.
Le matin avant le lever du jour son corps y avait été déposé avec d’infinies précautions.
Le bateau avait été stoppé avant le lever du jour
Une courte prière dite par le second mécanicien, et notre camarade amené au niveau de la mer avec des bouts, avait disparu, le pétrolier reprenant immédiatement sa route
Je ne souhaite à personne de vivre un tel moment, c’était en 1975, ce souvenir ne disparaîtra jamais de ma mémoire.
Daniel
Peut être en avez vous vécu, un décès en mer est toujours pénible à vivre, j’ai été confronté plusieurs fois à ces situations, mais celle qui suit, avait été particulièrement difficile, suivie d'une immersion.
Le Licorne Océane était un pétrolier de 285000 tonnes.
Construit en Norvège, son propriétaire était Américain, affrété coque nue par la compagnie des Messageries Maritimes qui en avait la gestion, il était affrété par la compagnie pétrolière Antar, et naviguait sous pavillon du Libéria.
J’avais embarqué à Antifer, bateau tout neuf, puisque c’était son second voyage pour le Golfe Persique via le Cap.
Après un allègement du bateau, le reste de la cargaison avait été débarqué à Donges. avant de poursuivre le voyage.
A la hauteur du Golfe de Guinée, l’un des membres de l’équipage machine était décédé dans sa cabine pendant la nuit.
Un décès en mer est toujours un moment difficile à vivre.
Encore loin du Cap, s’est posé alors le problème de la conservation du corps.
Sur tous les bateaux on trouvait déjà à bord à cette époque un cercueil plombé réglementaire.
Construit en Norvège, le Licorne Océane n’en avait pas encore été doté.
L’intendant cuisinier proposa de débarrasser une chambre froide pour y mettre le corps.
Nous étions en mer et loin de tout, ce décès avait eu un effet psychologique sur les gens, le conserver à cet endroit n’était pas pour améliorer cet effet.
Au cours d’une réunion de tout l’équipage le commandant avança la possibilité d’une immersion du corps.
J’abrège un peu, nous étions au deuxième jour du décès, des contacts radio avaient été établis avec la compagnie, les autorités, et surtout avec l’épouse de notre camarade décédé.
Le débarquer en Afrique du sud était aller au devant de problèmes avec les règlements en vigueur dans ce pays, la quarantaine… et l’Océane mesurait 350 mètres de longueur pour plus de 50 de largeur…
Un vote pencha pour la conservation du corps à bord.
Le commandant fit une réunion des principaux du bord, réunion ou dans la marine marchande, le commandant peut écouter avis et suggestions de ses subordonnés avant de prendre une décision importante.
Au cours de cette réunion, j’ai proposé la confection d’un conteneur en tôle.
Des feuilles de tôle de 1 mètre sur deux faisait partie de la dotation du bord, ce travail pouvait être réalisé assez rapidement.
Comble d’ironie, notre camarade était mécanicien avec la spécialité de soudeur à bord.
Le travail avait commencé immédiatement après la réunion, tard dans la nuit, je terminais à peine les 9 mètres de soudure du conteneur, qu’un nouveau vote était décidé.
Suite à de nouveaux contacts radio, tous les arguments exposés par le commandant allaient dans le sens d’une immersion.
Certains membres de l’équipage ébranlés psychologiquement demandaient à débarquer au cap en cas de conservation du corps.
Le vote n’apporta pas de majorité pour la décision, et c’est la voie du commandant qui fut déterminante, le corps serait immergé le matin à l’aube.
Le conteneur percé de trous, doté d’un couvercle vissé, lesté, deviendrait le cercueil de notre camarade.
Le matin avant le lever du jour son corps y avait été déposé avec d’infinies précautions.
Le bateau avait été stoppé avant le lever du jour
Une courte prière dite par le second mécanicien, et notre camarade amené au niveau de la mer avec des bouts, avait disparu, le pétrolier reprenant immédiatement sa route
Je ne souhaite à personne de vivre un tel moment, c’était en 1975, ce souvenir ne disparaîtra jamais de ma mémoire.
Daniel
Dernière édition par Daniel GUIMOND le Mar 27 Mar 2012 - 8:28, édité 1 fois