La question se posait : serait-il le premier à arborer son macaron dans cette noble arme.
Ayant eu vent d’une situation similaire déjà un peu ancienne nous avons effectué une recherche et nous avons découvert un précédent.
Oui un gendarme qui arborait en service son macaron (supérieur) de sous-marinier.
Il s’agissait d’un adjudant. Après quelques réticences nous avons obtenu qu’il nous raconte un peu son parcours.
- « Rien de bien sensationnel. Je suis entré aux Arpets, puis après le BE ayant l’âge requis je me suis porté volontaire pour les sous-marins.
C’est là que j’ai appris mon métier. J’ai suivi les cours de l’ENSM, obtenu mon certificat supérieur.
A l’issue du cours de Q/M il n’y avait pas d’affectation aux sous-marins.
Je suis donc parti en surface pour 6 mois seulement car j’ai été rappelé pour embarquer sur un sous-marin en carénage.
Promu second maître, j’ai été désigné pour un escorteur rapide en qualité de maître chargé.
Encore une fois les sous-marins me lâchaient alors qu’il y en avait beaucoup en construction.
J’ai été plus que surpris car il y avait à bord du matériel dont j‘ignorais l’existence.
Cela s’est passé merveilleusement bien.
C’était un bon bateau avec un bon équipage, de bons officiers et je ne faisais pas de quart.
Mais la situation de ma famille ; car j’étais marié et avais deux enfants ; n’était pas bonne. J’avais beaucoup de mal à trouver un logement.
La cause : mes deux enfants.
Je décidais donc de quitter la Marine et me présentais au concours de la gendarmerie.
Mon père et mon frère y étaient déjà et le logement était fourni.
Lors de l’établissement de mon dossier à bord on ne voulait pas le faire pensant que j’opterais pour la gendarmerie maritime ou mobile et le dossier fait, la direction de la gendarmerie voulait me faire choisir la gendarmerie maritime.
Non c’est bien gendarme départemental que je suis sorti de l’école.
J’ai eu quelque difficulté à m’adapter à l’état d’esprit de cette arme où le chef a toujours raison.
Mon caractère de marin ne s’accordait pas toujours bien.
J’ai été un peu surpris de voir des généraux proches de l’âge de la retraite arborer leur macaron de parachutiste. Il était certain qu’il y avait belle lurette qu’ils ne sautaient plus.
Je me suis dit pourquoi ne porterais-je pas le mien. Les textes en vigueur en gendarmerie disaient que seuls les brevets pouvaient être portés.
Mais comme il n’était pas facile de faire la différence entre le certificat et le brevet, je tentais le coup et le réussis.
Les chefs ne trouvaient pas le texte pour me le faire enlever. J’ai bien souvent dû expliquer ce qu’était cet insigne :
- un brevet supérieur de sous-marinier disais- je !
Toujours dans un esprit de provocation (lorsque je n’étais pas satisfait des raisonnements tenus en certaines circonstances) je décidais de ne pas me raser au retour des vacances.
Surprise à la prise du boulot et recherche immédiate des textes.
Nous en avons trouvé un ; gendarme secrétaire et moi ; en un endroit où peu de gens certainement avait regardé.
Il s’agissait du règlement intérieur de la gendarmerie qui datait de 1930 je crois, que l’on pensait abroger mais qui ne l’était pas encore.
Il servait encore pour les motifs de punitions.
Au chapitre : Propreté corporelle, que personne ne lisait ne se sentant pas concerné, l’article 81 disait ceci : « Le gendarme partant en service doit être fraîchement rasé s’il ne porte la barbe. ».
La cause était entendue ; je garderai la barbe. Il n’y eut aucune remarque.
Un jour le Général commandant la région de Gendarmerie, en visite dans mon unité déclara : « Ah voilà mon premier gendarme barbu ».
Je devais être ,à coup sur, le premier à porter la barbe sans avoir eu besoin d’une autorisation quelconque.
La nouvelle a fait une traînée de poudre et je donnais bien volontiers la référence du règlement intérieur.
J’étais barbu et je portais le macaron de sous-marinier. J’étais heureux et je le suis toujours. »
Source : José Vasseur
Les sous-mariniers de Flandres-Artois.
Dernière édition par le Sam 8 Juil 2006 - 9:36, édité 1 fois