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Matelot et QUIQUEMELLE aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Mais pour l'instant, cap sur Cronstadt.
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, alain EGUERRE, PAUGAM herve, CPM73, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
QUIQUEMELLE- MATELOT
- Age : 68
Dernière édition par QUIQUEMELLE le Mar 14 Nov - 22:12, édité 1 fois (Raison : Orthographe)
Matelot, alain EGUERRE et Roger Tanguy aiment ce message
PAUGAM herve- QM 1
- Age : 81
Pas de question à poser , on suit l'évolution avec grand intérêt
Matelot, alain EGUERRE, Roger Tanguy, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Le 22 juin, les escadres rangées sur trois colonnes prennent la direction de Cronstadt. En tête, le Lightning effectuent les sondages nécessaires pour éviter les écueils. Les feux sur la côte ont été éteints, les tours, les amers, abattus, les balises déplacées, aussi la progression se fait-elle avec précaution.
Les voiliers sont remorqués par les vapeurs. Ainsi du côté français, l'Inflexible est remorqué par le Darien, l'Hercule par le Phlégéton, le Tage par le Souffleur, le Duguesclin par le steamer anglais Bulldog, le Trident par le Lucifer. L'Austerlitz, qui est un bateau mixte, ferme la marche.
L’amiral Corry, avec neuf vaisseaux surveille la forteresse de Sveaborg, devant Helsinki. Il y a là quelques navires russes enfermés dans ce port. Il ne faudrait pas qu’ils surgissent dans le dos de l’escadre.
Le 24 juin, l’escadre mouille devant l’île de Seskär à moins de 40 miles de Cronstadt. La population s’enfuit sur des bateaux surchargés. Quelques caboteurs imprudents viennent se jeter dans la gueule du loup. Ils sont capturés. On poursuit la route.
Le 26 juin, à dix heures du matin, les vigies signalent une trentaine de bâtiments russes droit devant. Branlebas de combat. Mais on se rend vite compte que tous les vaisseaux russes sont à l'intérieur du port, à l'abri des batteries des forts. Le désormais indispensable Lightning, une fois de plus, se distingue en venant sonder à portée de canon des forteresses.
Cronstadt est une île forteresse particulièrement bien défendue, au point que les Russes la considèrent comme imprenable. On y compte pas moins de 3.000 soldats et 10.000 matelots mais sa plus grande défense consiste dans le fait qu'il y a très peu d'eau à cet endroit. Les navires marchands qui vont de là jusqu'à Saint-Petersbourg ont besoin d'être allégés. Cela se fait au moyen de galiotes de 20 à 30 tonneaux. Les vaisseaux de ligne construits à St-Petersbourg sur les bords de la Néva, trouvent assez d’eau dans l'enceinte de la ville. Mais plus bas, il faut les soulever, ce qui se fait en y attachant des bâtiments plats construits en demi-lune, qu'on remplit d'eau qu'on vide ensuite pour les faire remonter et soulever ainsi le vaisseau de ligne. Pour se rendre à Saint-Pétersbourg, deux passages, l'un au nord, et l'autre au sud de l'île, apparaissent aux navigateurs. Celui du sud est le seul praticable mais il est étroit et ne permet le passage que d'un seul navire à la fois. Il est défendu par une série de forts. Leurs feux se croisent. Au total, avec les canons de la flotte, Cronstadt peut opposer plus de 3000 pièces à un assaillant.
Parseval approche à portée des forts qui font feu à plusieurs reprises. Partout, il constate que la hauteur d'eau va en diminuant et qu'il n'y a pas assez d'eau pour permettre le passage. Il se rend au phare de Tolboukin, abandonné par les Russes. Du haut des 35 mètres du phare, il peut contempler les défenses de l'île et apercevoir, à la longue-vue, les campements d'un corps d'armée considérable.
Les relevés de Sulivan confirment ce que l'on sait déjà, il n'y a pas assez de fonds pour une attaque par la mer avec de gros navires. Les amiraux décident de rester en vue de la forteresse et de la bloquer, sans la bombarder faute de mortiers et de navires spécialisés, d'autant qu'ils ont peur que les approvisionnements d’artillerie ne soient déjà pas suffisants.
Tout l’été, qui cette année-là était merveilleux, les flottes restent devant Cronstadt et bientôt habituent tellement les Russes à leur présence qu’à Saint Petersbourg on considère que la meilleure promenade à faire était de se rendre à Oranieubaum ou plus à l’ouest, le long de la côte, pour admirer le merveilleux aspect que représente cette flotte puissante. Le sentiment de sécurité des Russes est telle que même le tsar Nicolas 1er vient à Pershoff pour s’y reposer.
les escadres anglaise et française devant l'île forteresse de Cronstad. Les navires au centre sont russes. Ils barrent le passage à l'abri des canons des forteresses. Sur l'horizon on aperçoit les toits de St Petersbourg
(cliche musée de la marine - collection RT)
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, Jean-Marie BONOMELLI, alain EGUERRE, PAUGAM herve, VENDEEN69, Noël Gauquelin, HèmBé43 et aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
La température est lourde et l'air chargé d'humidité au fond du golfe. Le choléra sévit sur Cronstadt. A la fin du mois de juin des cas de choléra sont signalés à bord. Malgré les ordres les hommes d'équipage, rationnés en eau, boivent l'eau saumâtre en provenance de la côte. En juillet le mal continue de se répandre. Il est décidé de quitter ces parages malsains. La flotte revient à sa base de Barösound. Il est probable que c'est à cette occasion qu'on été inhumés les victimes du choléra sur l’île de Mäkiluoto où l’on peut voir encore aujourd’hui une grande sépulture commune où marins français et anglais ont été ensevelis ensembles. (photo message n° 2 )
Malgré toutes les précautions prises pour entrer dans la baie de Barö Sound, le Duguesclin s'échoue. Les canots et chaloupes des autres navires sont envoyés lui porter assistance. Pour l'alléger, tout ce qui peut être déplacé est débarqué dans les canots. Il faut seize heures de travail avant que le Duguesclin ne flotte à nouveau. Il est pris en remorque par le Phlégéton jusqu'à Barösund. Cette fois, il s'en sort. Il n'aura pas cette chance quelques années plus tard. En effet, lors de ses premiers essais avec une machine à vapeur, le 14 décembre 1859, il s'échoue en rade de Brest. Le temps est mauvais, il neige même, la marée descend. Avant que la marée montante le remette à flot, il aura subi tant de dommages qu'il sera considéré comme perdu.
Rassemblement dans les iles Aland
Le 18 juillet la flotte alliée lève l'ancre en direction de l’archipel de Aland et précisément de la baie de Ledsun, choisie comme base pour la flotte en attendant l’arrivée du corps expéditionnaire qui, d’après les renseignements obtenus, avait quitté la France. Sur les îles voisines on rassemble le matériel nécessaire pour mener une attaque à partir de la terre. Le Lightning et l'Alban, les deux bateaux hydrographes, ainsi que le Driver et le Basilisk balisent le passage vers Ledsund.
L'amiral Chads reçoit l'ordre de faire route sur Bomarsund avec l'Edinburgh, le Hogue, le Blenheim, l'Ajax, l'Amphion et les deux navires hydrographes Lightning et Alban pour investir la rade.
les vaisseaux sous le commandement du contre-amiral Chads chenalent en route pour Bomarsund. Le petit vapeur, le Lightning du captain Sulivan ouvre la marche
(cliché musée de la marine - collection perso)
Dans le même temps, l'amiral Plumridge doit se positionner dans le nord-ouest de Bomarsund pour intercepter tout secours à la forteresse pouvant arriver de cette direction. En se rendant à son poste le Leopard s'échoue. Il va rester neuf heures dans cette fâcheuse posture. L'Hecla et l'Odin pendant ce temps le protègent de toute attaque éventuelle venant du fort. Le captain Buckle qui vient porter assistance à l'amiral Plumridge, met son Valorous sur les rochers. Il réussit en s'en sortir au bout de deux heures. Peu de temps auparavant, il s'était déjà échoué près de Degerby, où il n'avait pu être sorti de ce mauvais pas qu'après quatre jours d'efforts. Les Français ne sont pas épargnés. Dans la soirée le Duperré, lui aussi, se met au sec. Les navires français et anglais envoient leurs chaloupes avec des ancres et des câbles. Le vaisseau est rapidement remis à flot. Le lendemain, 23, c'est le Zephyr qui s'échoue. Il faudra huit heures pour retrouver sa liberté de manœuvre.
Malgré les mises en garde de Sulivan, trois chaloupes, une nuit de pleine lune, s'approchent de Bomarsund pour sonder et faire des relevés. Elles se font tirer dessus et doivent battre en retraite rapidement. Le captain Sulivan fait peindre ses chaloupes en bleu clair et habille ses hommes de la même couleur pour, deux nuits plus tard, alors que la lune est cachée par les nuages, se faufiler jusqu'au pied de la forteresse. Il débarque même sur l'île et fait des relevés pour le prochain débarquement.
Alerté sur l’imminence de l’attaque, le tsar ordonne de prendre un certain nombre de canonnières et de bateaux à Helsinki et à Turku et de les conduire rapidement à Bomarsund afin de barrer le passage des îles et empêcher la flotte ennemie de pénétrer dans la baie de Lumpar. L'amiral Chads est à son poste, surveillant la route de Turku. Impuissants, les Russes doivent rebrousser chemin.
On n'attend plus que l'arrivée du corps expéditionnaire et de l'artillerie de siège pour passer à l'action.
Dernière édition par Roger Tanguy le Mer 15 Nov - 18:26, édité 1 fois (Raison : rajout d'une illustration)
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, Jean-Marie BONOMELLI, alain EGUERRE, TUR2, PAUGAM herve, HèmBé43, CPM73 et aiment ce message
PAUGAM herve- QM 1
- Age : 81
Matelot et QUIQUEMELLE aiment ce message
alain EGUERRE- MAÎTRE
- Age : 74
Visiblement la navigation est difficile avec ces hauts fonds, le travail des navires hydrographes
était primordiale, bravo à eux et surtout à Sulivan
Si j'ai bien compris, les gros navires devaient être allégés et soulevés pour aller jusqu'à Saint Pétersbourg !
Ils font comment les popov de nos jours
Matelot, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
La navigation en bordure des côtes, des îles, n'est effectivement pas sans risque. Le coin est mal pavé. J'en sais quelque chose. Je possédais un canot automobile, moteur hors bord. Chaque été, malgré ma vigilance, j'y laissais une hélice.
Cet îlot désert est situé devant une île touristique très fréquentée. La communauté française appelait ce caillou l'île des Tanguy. C'est vrai que nous y étions souvent pour nous dorer la pilule, pas pressés de rentrer après une partie de pêche. Un jour de beau soleil, nous nous mettons dans le plus simple des appareils pour en profiter. Nous avons dû nous assoupir. Un moment je suis réveillé par un "cloc-cloc" régulier. Je me dresse sur mon séant. Non loin de nous deux kayaks sont tirés sur les rochers plats. Une extrémité est dans l'eau et est un peu remuée par le clapot. Mon "domaine" ne fait que quelques mètres de long, j'aperçois donc tout de suite les navigateurs, ou plus exactement deux navigatrices. Elles aussi se sont mises à l'aise sans façon. Hello, tu veux faire un tour en kayak, me propose l'une. Ouais. Tu restes bien en vue, tu ne vas pas te cacher derrière les roseaux, sont les dernières consignes de ma femme.
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Matelot, alain EGUERRE, PAUGAM herve, CPM73, KLETKE, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
alain EGUERRE- MAÎTRE
- Age : 74
Matelot, PAUGAM herve, Christian Suné et QUIQUEMELLE aiment ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Pour l’opération décidée contre Bomarsund, un corps expéditionnaire d’une dizaine de milliers d'hommes (auxquels il convient d'ajouter quelques cantinières en jupes et pantalons rouges) est constitué à Boulogne sous le commandement en chef du général Baraguey d’Hilliers, un ancien des campagnes napoléoniennes, blessé d'un coup de sabre sur la tête à Culm, en Prusse et qui, en 1813, a perdu la main gauche, emportée par un boulet à la bataille de Leipzig. Un de ses contemporains dit de lui : "allure, geste, ton et parole, tout est brusque en lui; général imposant, haute stature, magnifique au feu, les sacrifices d'hommes n'arrêtent pas Baraguey". Le camp de Boulogne, ou plutôt les camps établis sur les bords de la Manche, de part et d'autre de la ville, occupent un espace de cinq lieues de longueur. Ils forment quatre divisions distinctes Enguichée, Honvault, Wimereux et Ambleteuse. établies sur une ligne parallèle à la mer, à 200 mètres en arrière de la crête des falaises, et qui s'étend d'Ambleteuse à Honvault.
- Spoiler:
- Les côtes de la Manche, désertes jusque là, voient affluer des milliers d'hommes. Elles sont d'abord couvertes de longues suites de tentes, puis de baraquements. Les soldats élèvent des murs d'argile et de bois, les couvrent de chaume, tracent des rues. Cela prend l'allure de petites villes.
L'abbé d'Equihen, village à l'extrémité sud-ouest de la commune d'Outreau, est inquiet pour la moralité de ses paroissiens, car selon lui, le voisinage d'un camp militaire ce n'est jamais, très bon.
Dans la nuit du 3 au 4 mars 1855, une brusque tempête jette à la côte, entre Le Portel et Equihen, 6 navires de commerces. Les troupes des camps s'emploient au sauvetage des équipages et des marchandises.
Le choléra sévit à Equihen mais aussi dans les autres paroisses de la région. Les médecins du camp prennent en charge les militaires malades mais aussi les villageois. L'abbé loue leur dévouement et manifeste sa reconnaissance envers le personnel du camp.
Les troupes sont passées en revue par l’empereur Napoléon III le 12 juillet, au camp de Wimereux.
Le soir même la division expéditionnaire se met en marche pour Calais. L'Empereur s'y rend également. On le voit au bivouac du 12ème bataillon de chasseurs à pied. Toutes les dispositions sont prises pour l'embarquement des troupes et leurs matériels. La rade de Calais est en effervescence. On peut y voir des vaisseaux à hélice, des vapeurs à aubes mais aussi des vaisseaux de ligne, des bâtiments à voiles, des chalands. Même le yacht impérial, à aubes, la Reine Hortense est de la partie.
Le 15 et les jours suivants, les troupes, 9552 hommes et 118 chevaux, prennent place sur les navires britanniques – ce qui un peu moins de quarante ans après Waterloo constitue un évènement.départ, de Calais, du corps expéditionnaire à bord des navires anglaisLe corps de débarquement se compose d’une brigade commandée par le général Gressi (composée du 48ème et 51ème de Ligne) et d’une autre brigade commandée par le général Hugues (12 bataillons d’infanterie légère – dont le 2ème Léger). A ce corps expéditionnaire français étaient jointes une batterie et une compagnie de génie, les Royal Engineers, sous le commandement du général anglais Harry Jones, qui venait de se distinguer en Crimée, fraîchement promu à ce grade pour assurer la fonction d'officier de liaison avec l'armée française.
(cliché musée de la marine - collection RT)
L'empereur, embarqué sur le yacht la Reine Hortense visite l'escadre anglaise. Puis le yacht, avec le général Baraguey d'Hilliers et tout son état-major à bord fait route vers le nord.L'empereur Napoléon III visite l'escadre anglaise mouillée en rade de Calais. 14 juillet 1854A Stockholm, le général Baraguey d’Hilliers, ancien ambassadeur de France à Constantinople, se rend auprès des autorités suédoises afin d’essayer encore une fois d’attirer la Suède dans le camp des alliés, en leur promettant les îles Ẵland. Cela, espère-t-on, conduira le roi de Suède à fournir les canonnières qui font tant défaut aux alliés. Mais le roi ne voulut point se mettre mal avec les Russes et les canonnières restèrent là où elles étaient.
(cliché musée de la marine - collection RT)
Napier a reçu des instructions pour envoyer deux navires pilotes au-devant des vaisseaux français transportant les troupes pour les guider dans le passage des Belts.
Quelques jours plus tard, les renforts arrivent en Baltique. Dans cette opération, nous avions déjà deux commandants-en-chef, chaque escadre ayant le sien, voilà qu'en arrive un troisième, le général Baraguay d'Hilliers, commandant en chef des troupes terrestres, qui, semble-t-il, n'a aucun lien de subordination avec les amiraux.
Le lieutenant de vaisseau Louvel, correspondant du journal L’Illustration, rapporte l’arrivée du corps expéditionnaire en ces termes : "le corps expéditionnaire embarqué sur les bâtiments anglais vient de mouiller au milieu de nous le 30 juillet. Les équipages des vaisseaux alliés répandus dans les vergues ont reçu ces nouveaux frères d’armes par de chaleureuses acclamations. Au haut des mâts flottent les pavillons unis de la France et de l’Angleterre, et dans les cœurs règne une profonde émotion causée par les hourras dont chaque vaisseau anglais salue nos braves soldats".
Dernière édition par Roger Tanguy le Jeu 16 Nov - 12:53, édité 1 fois (Raison : une p'tite faute)
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HèmBé43- MATELOT
- Age : 81
C'est pas qu'elle n'avait pas confiance... mais prudente tout de même.Ouais. Tu restes bien en vue, tu ne vas pas te cacher derrière les roseaux, sont les dernières consignes de ma femme.
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
La forteresse de Bomarsund, décrite dans les rapports des alliés comme "gigantesque" est en fait une très belle construction, mais pas si énorme et surtout inachevée (les travaux ne pouvant voir lieu que l'été ils n’avaient pas progressé vite). Les murs sont en briques, le revêtement extérieur est constitué de gros blocs de granit rose de forme octogonale, l’encadrement des ouvertures est en granit blanc. La façade, côté mer, est de forme semi-elliptique. Sur l’arrière, côté terre, une forme en U est reliée au reste de l’ouvrage par deux ailes. Le bâtiment, qui comprend deux étages de batteries casematées, est élégant et d’une grande beauté. Nulle autre forteresse conçue dans ce style n’est connue. Bomarsund est sans doute la dernière place forte au monde à avoir été construite en brique. Avant même la fin des travaux, elle était déjà totalement dépassée.
Bomarsunds Fästning. Förstörd av engelsk-franska flottan 1854.
Englantilais-ranskalaisen laivaston vuonna 1854 tuhoama Bomarsundin linnoitu
(forteresse de Bomarsund détruite par la flotte anglo-française en 1854)
J'avais acheté cette carte sur le site de Bomarsund. Elle est de l'auteur suédois Sverré Scott
La forteresse devait être armée par 5 000 hommes et 500 canons. Lors du siège, la garnison compte moins de 2 500 hommes, ne dispose que de 112 canons dont 46 répartis entre les trois tours, et 66 pour la forteresse. Les autres gisent sans affût dans la cour. En comparaison, le Duke of Wellington aligne 131 canons, un équipage de plus de 2000 hommes.
La forteresse est placée sous le commandement du colonel d'artillerie Bodisco que le tsar vient de nommer général après que la forteresse ait repoussé l’attaque du captain Hall. Il est assisté par le lieutenant-colonel Furuhjelm, du bataillon de fusiliers Finlandais qui avait été détaché de Turku lorsque la menace d'une attaque s'était précisée. Ce dernier a également été fait colonel après l’attaque.
Cette forteresse n’était pas totalement inconnue des Français. En effet, deux ans auparavant, Monsieur Leauzon-Leduc, un "émissaire spécial" de Napoléon III qui parcourait l’Europe l’avait visitée. De passage à Stockholm, il avait fait la connaissance du général Bodisco, frère du colonel Bodisco, (connu des Russes sous le nom de Bodski) commandant de Bomarsund. Monsieur Leauzon-Leduc se rendant à Saint Petersbourg par la route postale qui traversait les îles Åland, le général avait invité l’agent de l’empereur à aller saluer son frère et l’avait prévenu de sa visite. Monsieur Leauzon-Leduc avait répondu volontiers à l’invitation et n’avait pas manqué de faire un rapport détaillé à l’empereur de ce qu’il avait observé.
Dans le voisinage de la forteresse une nouvelle communauté commença à se développer. On y construisit des logements pour les officiers, des habitations pour les civils employés au fort, puis une école, une poste, une pharmacie même… Un village était né, le premier des îles Åland. On l’appela Skarpans. Avant l’attaque, le commandant de la forteresse fit évacuer le village et ordonna de l’incendier. Ainsi fut fait. De Skarpans aujourd’hui il ne reste rien
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alain EGUERRE- MAÎTRE
- Age : 74
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Le chenal qui mène à la forteresse est protégé par les batteries des Russes. Mais le captain Sulivan se dépense sans compter pour trouver un autre chenal suffisamment profond pour permettre le passage des plus gros navires de la flotte. Lorsqu'il pense avoir trouvé un qui convienne, il propose à l'amiral Napier de le laisser y faire passer les vaisseaux de ligne. Mais il se heurte au scepticisme du commandant en chef. Le lendemain l'amiral Parseval lui demande de prendre un de ses vaisseaux avec les commandants de plusieurs autres navires français à bord pour leur montrer le chenal. L'amiral français est sans doute plus sensible que son homologue anglais aux travaux hydrographiques, ayant lui-même assisté l'ingénieur hydrographe Beautemps-Baupré dans la reconnaissance hydrographique des côtes de Bretagne. Ce fut un agréable voyage, raconte Sulivan, j'avais démontré la sûreté du chenal en y faisant faire l'aller et retour au vapeur à hélice français en moins de deux heures. Sulivan organise également, à bord de son Lightning, de telles expéditions pour les masters of the fleet des bâtiments anglais. Les journaux anglais en rendent compte, écrivant que tous les pilotes de la flotte des navires avaient pris place à bord du Lightning, avaient fait un excellent travail de relèvement. Ils avaient découvert des chenaux permettant d'accéder à Bomarsund. Jamais le nom de Sulivan n'est mentionné. Sulivan est très amer et le fait savoir dans sa correspondance à l'amiral Beaufort. Par contre il dit le plus grand bien des officiers français qui viennent à son bord, ou à qui il rend visite sur leur bâtiment, des gens intelligents qui écoutent, prennent des notes, font des dessins de ce qu'ils voient. D'ailleurs, les Français demandent que fera-t-on de cet homme qui n'arrête jamais quand il rentrera en Angleterre, à quelle dignité sera-t-il élevé, quelle récompense lui décernera-t-on ? Si l'amiral Napier ne semble pas mesurer à sa juste mesure le dévouement et la qualité de son hydrographe, l'amiral Parseval, lui, le tient en la plus haute estime et l'assure qu'il fera demander pour lui la Légion d'Honneur.
Le nom, à cette époque (amiral) de Sulivan est suivi de KCB ce qui signifie Knigh Commander of the Bath, distinction dans l'ordre du Bain. Quelqu'un semble avoir fini par reconnaitre ses mérites. Le nom de l'ordre rappelle que, au moyen-âge, la cérémonie d'adoubement du chevalier comportait un bain rituel et symbolique. Il fallait être membre du Commonwealth pour entrer dans cet ordre, jusqu'à récemment où la reine Elisabeth a décerné des titres de grand croix honoraire à des personnalités étrangères et notamment à un certain Nicolas Sarközy en 2008
Un chenal a donc été balisé, par les soins du captain Sulivan, avec des bouées de chaque côté, jusqu’à 600 mètres du fort. Sous la conduite du Lightning, la flotte emprunte les petits chenaux entre les îles et se positionne dans la baie de Lumpar, face à la forteresse de Bomarsund.
25 navires ont pris position dans la baie. Les pilotes locaux avaient assuré que la profondeur de la baie de Lumpar ne dépassait pas 22 pieds. Elle était tellement bondée de roches qu'une frégate ne pourrait venir à portée de fusil de la forteresse. Dans l'entrée de la passe, au mieux, seul un petit vapeur pourrait passer. Or, comme l'écrira plus tard le capitaine Chatelain (Russe malgré son nom), commandant l'une des tours de Bomarsund (nous reparlerons de lui), nous avions devant les yeux, non pas une frégate, mais toute une escadre.
Dernière édition par Roger Tanguy le Ven 17 Nov - 17:05, édité 1 fois
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lefrancois- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 77
Vu la longueur des frites, pas de beefsteak ce midi !
Un Fourrier (anonyme), auteur du bilan comptable.
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Le mardi 1er août, les amiraux Napier et Parseval, le général Baraguey-d’Hilliers (les trois "commandants-en-chef"), quatre généraux français, le général anglais Jones et tout leurs états-majors, embarquent sur la Reine Hortense, le yacht impérial pour reconnaître les défenses de Bomarsund.
le général Baraguey d’Hilliers, accompagnés des amiraux, reconnaît la position de Bomarsund à bord du yacht impérial Reine Hortense. On aperçoit les tours, en arrière plan sur les collines. (cliché musée de la marine - collection RT)
Le Lightning, comme à l'habitude, montre le chemin. Lorsque l'on atteint Bomarsund, le captain Sulivan monte à bord du yacht, ainsi que l'amiral Chads. On s’aperçoit rapidement que le tirant d'eau de la Reine Hortense ne lui permet pas de s'approcher de la côte. Toutes les autorités passent à bord du Lightning. Avec les colonels, commandants et autres capitaines qui avaient déjà pris passage à bord, le pont du petit vapeur est noir de monde du grand mât à la barre. Sulivan qui a fréquenté les lieux de jour comme de nuit est le meilleur des guides possibles et offre à ses invités une visite détaillée de Bomarsund. Alors que le captain Sulivan est en grande conversation avec le général en chef, près du grand mât, où se trouvent également six généraux, trois amiraux et quelques colonels, d'un petit fortin, part un coup de canon. Le projectile touche l'eau, fait une quinzaine de ricochets et termine sa course à 150 mètres du bateau. Le général demande à Sulivan quel est le fort le plus proche du bateau. Ce dernier répond qu'il s'agit de la tour qui est sur la colline. Il n'a pas fini sa phrase qu'un éclair suivi d'une énorme déflagration indique qu'un canon du petit fort en question vient de tirer. Sulivan suit le boulet des yeux pour voir de combien sera trop courte sa course. A sa grande surprise, le boulet passe très près au-dessus de leur tête, sous le grand mât, et tombe à une cinquantaine de mètres plus loin. Les russes avaient certainement utilisé un canon d'un calibre inhabituel vu le bruit qu'il avait fait. Jamais, depuis que les alliés sont là, un canon n'avait tiré si loin. Sulivan n'attend pas une seconde de plus pour s'éloigner de quelques centaines de mètres, hors de portée du canon. C'est absolument miraculeux, dit-il, que le boulet soit passé au-dessus de nous. S'il avait été un peu plus bas, il serait tombé au milieu de tous ces Grands Hommes, faisant des dégâts effroyables parmi eux, et tout cela aurait été entièrement de ma faute pour m'être approché si près sans la moindre nécessité. Sur le chemin du retour l'amiral vient vers lui et lui demande s'il ne peut pas passer un peu plus loin. Sulivan lui montre les rochers tout à côté, et répond qu'il est préférable de risquer de se faire tirer dessus plutôt que d'avoir la certitude de s'échouer là. D'ailleurs, rajoute-il, les boulets ne nous atteindront pas. Lorsque le navire passe devant le fortin, celui-ci lui tire dessus, mais, effectivement les boulets s'écrasent dans l'eau, n'approchant pas à moins de 100 mètres du bateau.
A suivre : le débarquement des troupes françaises.
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Le 5 août les derniers navires arrivent avec l'artillerie de siège, le matériel, les chevaux. Le 8 août, au lever du jour, le Duperré et l'Edinburgh bombardent les rives boisées bordant la plage de débarquement pour y débusquer les ennemis éventuels. Dès que le feu cesse, les troupes sont conduites à terre. Il n’y a pas d’appontement, pas suffisamment de fond pour que les navires s’approchent plus. Marsouins et bigors s’entassent dans les chaloupes. Il avait été convenu que la France fournirait un corps expéditionnaire de 6.000 hommes, ils sont en réalité près de 10.000. On se rappelle qu’un îlien qui avait travaillé dans le fort avait dit à Sulivan que la garnison russe était forte seulement d’environ 2200 hommes. En réalité, on verra qu’elle est même moins importante que ça. Les soldats sont débarqués à la pointe de Tranvik avec 50 chevaux pour aider à traîner les canons et mortiers. Dans le même temps, débarquent à Hülta, dans le nord de Bomarsund, 700 marins et troupes de marine anglais, 70 sapeurs anglais et 2000 autres soldats des troupes de marine français. Un autre groupe est débarqué à l'est, près du village de Högbolstad.
Toutes les troupes sont mises à terre "sans qu’un seul homme se soit mouillé les pieds". Les soldats de la garnison russe, nettement inférieurs en nombre, n’ont pas de réels moyens de s’opposer au débarquement.
Après le débarquement, toutes les troupes convergent vers Finby où est installé le Quartier Général.
L'Amphion détruit une petite batterie de six canons à l'extérieur de fort. Les Russes doivent se replier dans la forteresse. L'amiral Napier hisse sa marque sur le Bulldog et vient au devant de Bomarsund. Il teste la portée de ses canons sur une tour. Ce faisant, il s'échoue. L'Amphion et le Vulture viennent lui porter assistance. Il leur faut quatre heures pour lui redonner sa liberté de manœuvre.
Karl Bomansson, archiviste en chef des archives nationales finlandaises et historien a l'opportunité de visiter le camp français. Il décrit le camp à ses collègues de l'université d'Helsinki avec des propos très enthousiastes.
Il a aussi l'occasion de rencontrer l'amiral Napier qu'il présente comme "un vieil homme à l'allure plaisante, au caractère agréable. Son visage est épais et même rond comme la pleine lune. Pour le reste il est de taille moyenne, bien bâti, avec des épaules larges. Il se déplace avec une démarche particulièrement chaloupée peu ordinaire même chez un marin. Ses lèvres sont animées d'un mouvement permanent comme s'il se parlait à lui-même. Il ne pouvait pas marcher beaucoup car il avait le souffle court. Dès qu'on le voit, on se dit que cet homme est un excentrique ".
Il est curieux de voir que toutes sortes de personnages qui, non seulement gravitent autour des membres de l'expédition, mais se mêlent aux combattants : cet archiviste finlandais, mais aussi les propriétaires de yachts privés tels le Pet du révérend Hughes, de Cambridge, le Foam de lord Dufferin, le Vesta de lord Newborough, le Gondola de lord Lichfield, l'Esmeralda, le schooner de Mr. Campbell qui ont, de surcroît, obtenu la "bénédiction" du tsar pour leur croisière en Baltique, sous réserve qu'ils ne se livrent pas à l'espionnage au profit de la flotte anglaise. On y rencontre aussi, plus normalement, des journalistes, ou des artistes peintres renommés tels le français Morel-Patio ou l'anglais Brierley, ou d'autres moins connus, mais aussi, plus étonnamment, des touristes venus en paquebots de Suède !
Le révérend Robert Hughes, dans son journal de bord, relate ainsi son arrivée aux îles Aland : "le Pet arrive à l'entrée du chenal. Une fière frégate française monte la garde. Nous hissons nos couleurs pour la saluer. La frégate, à son tour hisse son pavillon pour répondre à notre salut. C'est un grand honneur pour le petit Pet. Seul bémol, Ned, notre matelot, à moitié endormi, a hissé notre pavillon à l'envers. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons au milieu de la flotte. Au point de vue peinture et astiquage, les Français, je dois le confesser, l'emportent en tout sur nous. Les hommes mettent un coup à bichonner, laver, astiquer. Les gréements grouillent de matelots qui, comme des singes en folie grimpent et descendent à toute vitesse, certains, les pieds en l'air se livrent à des cabrioles et autres bouffonneries".
La rade de Bomarsund. Les navires bombardent la forteresse. Au premier plan, le Pet, le yacht privé du révérend Robert Hugues. (dessin de Morel-Patio)
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PAUGAM herve- QM 1
- Age : 81
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
Mais revenons aux opérations.
Dans l’après-midi la jonction est faite entre troupes débarquées au sud et au nord. La forteresse est encerclée.
La journée du 9 est employée aux reconnaissances rapprochées, sous le feu de l’ennemi. Un débarcadère, plus proche de la forteresse, est aménagée. C’est plus pratique pour la mise à terre du matériel de siège.
Le grand fort principal comprend deux étages de batteries casematées, présentant 72 embrasures de canon. Trois fortes tours détachées, comportant également deux étages casematés armés de canons, couvrent une distance de 800 ou 900 mètres. Deux d’entre elles sont sur l’île principale, sises sur le roc, dans un terrain granitique très tourmenté aux sommets dénudés. La première est plantée sur la colline de Notvik, la seconde sur celle de Bränklint. La troisième se trouve sur l’île de Prästö, à l’extrémité d’un éperon rocheux, en vis à vis de celle de Notvik.
Après avoir incendié le village et les habitations isolées, les Russes se sont délibérément retranchés derrière leurs remparts.
Les travaux d’approche sont amorcés selon les procédés de l’époque. L’artillerie et le Génie disposent de 95000 sacs de terre. Sous la direction du général Niel (aide de camp de l’empereur), commandant le Génie, et du lieutenant-colonel d’artillerie de Rochebouët qui ont reconnu les points sur lesquels les batteries devaient être installées, l’aménagement d’une première batterie est entrepris par les Français face à la tour de Branklint qui apparaît comme la clé du dispositif. Cette tour prise, il sera plus facile d'approcher l'arrière du fort principal, bien moins défendu.
Les Anglais prennent pour objectif la tour de Notvik. Ne disposant pas d'artillerie de campagne, ils débarquent des canons de marine de leurs bâtiments. 150 hommes, pieds nus pour la plupart (les bottes étant en rupture de stock) les tirent sur des traîneaux construits à bord à cet effet, et les hissent sur la colline. Ils sont encouragés, au départ, par la musique du bord.
Le roc ne permettant pas de creuser des tranchées, des cheminements et épaulements ont dû être réalisés en gabions (sortes de paniers sans fond qui, remplis de terre ou de branchages, servent à couvrir les sapeurs et à former des parapets), fascines (fagots de menus branchages qui servent à combler les fossés) et sacs de terre, au prix d’efforts harassant (les sacs de terre devaient être remplis à distance puis transportés en traversant un terrain arrosé par la mitraille). La tour couvre les assaillants de son feu et les opérations d’approche sont si délicates qu’elles se solderont par 12 blessés ou tués. Les tirailleurs français, derrière chaque arbre, chaque roche, répondent avec tant de précision que les hommes sortis de la place sont bientôt obligés d’y chercher refuge.
L’assaut
Le 10 août au matin, le Bulldog, sur lequel l'amiral Napier a hissé sa flamme, tire un coup de canon, donnant le signal de l'ouverture du feu pour les pièces d'artillerie.
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KLETKE- QM 2
- Age : 68
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Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
La Penelope s'échoue
La frégate à aubes britannique Penelope est commandée par le captain Caffin. Le matin du 10 août, elle traverse la baie de Lumparn, pilotée par sir Biddlecombe, le master of fleet du navire amiral. Selon Napier, elle devait passer entre les îles de Prestö et Toftö pour surveiller le passage. Caffin, lui, prétend qu'il avait pour ordre de venir mouiller face à la 11ème embrasure du fort principal. Quoi qu'il en soit, la Penelope s'approche du fort sans que celui-ci ne réagisse. Elle vient de plus en plus près. Soudain le fort tire un boulet qui s'écrase dans l'eau. Le tir est trop court. Un autre suit, toujours trop court. La portée du canon ne semble pas suffisante. Enhardie, la frégate poursuit son chemin, à petite vitesse, s'approchant encore plus. Un troisième boulet siffle entre les mâts. Le captain Caffin ordonne de changer la direction du navire. Trop tard, 11 heures 30, la Penelope s'échoue sur une roche. Les Russes se réjouissent de leur ruse. Ils ont là, maintenant une cible de choix. Le tir suivant traverse les deux caissons des roues à aubes. La forteresse tire à boulets rouges. Les boulets rouges sont les ancêtres des bombes incendiaires. Les boulets en fonte sont rougis au feu avant d'être enfournés dans la gueule du canon et tirés très vite. En plus de leur effet de destruction classique, de par leur séjour dans la fournaise, ces boulets ont une capacité incendiaire à une époque où les bateaux sont en bois. Les forts en bord de mer étaient équipés de fours pour chauffer au rouge les projectiles. Cette méthode, dévastatrice pour l'assailli, était aussi très dangereuse pour celui qui effectuait la manœuvre. Les boulets, dans un premier temps, tombent autour de la Penelope, sans grand effet. Pour s'alléger, elle jette d'abord par-dessus bord ses boulets et obus, puis ses canons, 240 brasses de chaîne. Sans succès. Les canons de la forteresse tonnent. 21 coups atteignent leur but. Plusieurs brèches sont faites dans sa coque. La colère gronde à bord. Qu'attend l'amiral pour ordonner à un gros navire de bombarder le fort ? Le Gladiator et le Pigmy, qui se trouvaient à l'autre bout du chenal, viennent lui porter assistance. Le Duperré et le Trident envoient leurs baleinières. Le captain Sulivan et son collègue hydrographe Evans, qui se trouvaient à proximité, dans un canot, viennent le long du bord et, avec un aviron, et un plomb de sonde, mesurent les fonds autour du navire échoué. Sulivan indique la route au Gladiator et à l'Hecla qui viennent se mettre à couple de la Penelope. L'Hecla est touché à son tour et des éclats de bois sont projetés en l'air. Le marquis de Dufferin se trouve à bord de la Penelope. On peut se demander ce que fait là ce civil. Il raconte ce qui se passe autour de lui et décrit notamment avec complaisance, et détails crus, le "spectacle" des marins tués par les boulets. L'accident le plus surprenant, dit-il, est celui qui est arrivé à un malheureux officier français venu apporter un message, et qui était debout dans une chaloupe le long de la Penelope. Un boulet de canon est arrivé tout droit au ras du pont inférieur et a emporté sa tête (ce pourrait être un homme du Dupérré). Notre lord, toutefois, ne s'intéresse pas qu'aux morts. Ce qui m'a le plus plu dans cette affaire, rajoute-il, est la conduite courageuse d'un petit midshipman, quasiment encore un enfant, âgé peut-être de treize ou quatorze ans. Au bout d'un instant, au plus fort du feu, je me suis porté vers lui, et comme il ne semblait pas plus occupé que moi, je porte mon doigt à ma casquette et prends la liberté de lui dire que c'était une belle journée. Ce à quoi, il me répond poliment, qu'effectivement ça l'est. Enhardi par sa courtoisie, je m'aventure à lui demander depuis combien de temps il est dans la marine. "Cela fait six semaines que j'ai quitté ma mère, mais je ne vais pas aller pleurer derrière le gaillard arrière". C'est une parole que l'on aurait pu trouver dans la bouche d'un illustre héros. Peu après, néanmoins, un homme est tué juste à côté de lui. Le pauvre garçon s'évanouit et est porté un peu plus loin. Enfin, le Bulldog et le Valorous bombardent les canons du fort. 15 heures 15, la Penelope flotte, elle est prise en remorque par l'Hecla. Elle est sortie de son mauvais pas. Sans l'intervention des autres navires, elle aurait été détruite. Elle compte deux marins tués et trois blessés tandis que l'Hécla a trois blessés.
La frégate anglaise Penelope échouée. Touchée par les canons du fort elle est obligée de bénéficier de l’assistance d’autres navires pour rester à flot. (cliché musée de la marine - collection RT)
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- Age : 76
Une protection de 5 000 sacs de terre a été installée autour de la tour à l’abri de laquelle les Français ont installé leurs batteries. Cette tour, dite tour C, est défendue par 3 officiers et 140 hommes sous le commandement du capitaine Tesch. La tour est sur deux étages et comprend 16 casemates. Elle dispose d’une dizaine de canons. Certaines casemates de l’étage inférieur ne possèdent pas de canon. Leurs embrasures sont murées à la hâte, une petite ouverture étant maintenue pour l’usage des carabines et armes de poing. La tour est encerclée par un dense cordon de fusiliers. Une première batterie de 4 pièces de 16 et de 4 mortiers entre en action à 3 heures du matin .
L’assaut se fait dans un violent échange de coups de feu. Les Français utilisent le redoutable fusil Minié, conçu peu de temps auparavant (1849) par le capitaine Minié de l'armée française. Ce fusil à canon rayé a une très bonne précision jusqu'à 550 m mais la balle, rayée elle aussi, peut encore à 1 km, traverser un soldat et son sac à dos, selon les utilisateurs, et tuer celui qui se trouve derrière. Les balles, de gros calibre, provoquent des blessures effroyables. Les tireurs d'élites du régiment de fusiliers finlandais sont rapidement délogés des lucarnes dans le toit où ils sont postés.
Une très sérieuse faute de construction apparaît aux défenseurs : une ventilation extrêmement déficiente. La tour est tellement envahie par la fumée de poudre de canon que la garnison est aux bords de l’asphyxie. Certaines casemates doivent être évacuées.
Côté français la cadence des mortiers ne faiblit pas. La casemate contenant la poudre à canon est sérieusement menacée. Le capitaine Tesch décide de hisser le drapeau blanc et demande deux heures de trêve. Le général Niel lui accorde une heure qu’il met à profit pour se rendre personnellement au fort prendre des instructions auprès du général Bodisco. Ce dernier lui ordonne de continuer le combat. Les officiers français, croyant que la tour se rendait, viennent au pied de la fortification discuter avec les assiégés. Au retour, du capitaine Tesch, les conversations continuent. Le capitaine se voit obligé de demander "à ces gentlemen d’avoir l’amabilité de se retirer, le combat allant reprendre immédiatement ".
La précision des tirs des chasseurs de Vincennes, qui visent les canonniers dans les casemates, causent des ravages. La cadence de tir et la précision, de ces armes va faire l’objet d'une grande curiosité par la suite. Le bruit devient infernal. A l’aube du 14 août, la tour ne répond pas aux tirs des Français. Quelques hommes déterminés y pénètrent. Les Russes ont profité de la nuit pour s’échapper. Pourtant, il y a là encore 32 soldats russes et leur capitaine. Il se rendent. Alors qu’un chasseur s’avance, le capitaine Tesch, d'un geste de son épée le menace. Le chasseur le blesse à coup de baïonnette. Au moment où le soldat va vider son arme sur lui, le capitaine lui tend son épée. L'un des officiers français intervient pour recevoir l'épée. Après trois jours de combat, la tour capitule. Le capitaine Tesch est conduit à bord du navire-hôpital Belleisle pour recevoir des soins. Son épouse est transportée auprès de lui. Chevaleresques nos soldats. Des obus ont éclaté à l'intérieur de la tour. Il y a au moins 15 tués. Une odeur putride flotte dans la tour.
Les Français montent à l'assaut de la tour. On aperçoit, en arrière plan, les deux autres tours. Les artilleurs sont protégés par les gabions, longs "paniers" cylindriques verticaux remplis de terre. (cliché musée de la marine - collection RT)
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alain EGUERRE- MAÎTRE
- Age : 74
Comme en ce moment en Pal..tineRoger a écrit:Au retour, du capitaine Tesch, les conversations continuent. Le capitaine se voit obligé de demander "à ces gentlemen d’avoir l’amabilité de se retirer, le combat allant reprendre immédiatement ".
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