Pourquoi allez vous me demander parler de cette Frégate Météo ?

Réponse : tout simplement parce que mon papa "Joseph" il avait 32 ans, est décédé sur ce bâtiment au retour de mission météo dans la nuit du 15 au 16 septembre 50 en baie de la Fresnaye, laissant ma maman seule avec 3 enfants âgés de 3, 2, 1 an, moi ayant 2 ans, j'ai retrouvé beaucoup d'infos sur des sites, et réussi ainsi a "comprendre" ce qui s'est vraiment passé, nous n'en parlions pas beaucoup de cela à la maison... la pudeur ou peut être la tristesse permanente, difficile de savoir.
Il était partit pour cette mission à la demande d'un de ses collègue qui pour ses raisons lui a demandé de le remplacer, ce n’était pas son "tour" de partir mais quand le destin vous tient rien ne peut l’arrêter.

J'ai pour habitude de dire qu'il est mort 2 fois, car il était rescapé sur une vedette malgré une jambe cassée, donc le voila parmi les camarades à attendre un peu que d'autres aient le temps de venir les rejoindre, mais le sort c'est vraiment acharné cette nuit là, car lorsque le bateau mortellement touché par une mine a décompte a chaviré, il a emmené avec lui ces pauvres marins qui étaient "en sécurité" dans cette embarcation à attendre de rejoindre la côte, et tout fut terminé pour lui et beaucoup de ses camarades.

Mon papa était SM météo, au retour de mission il devait aller faire son BS... la mer en a décidé autrement en l'appelant à elle...

Merci d'avoir pris le temps de lire ce petit récit qui me tient à cœur depuis si longtemps.

Lorsque j'ai décidé de rentrer dans la marine, j'ai voulu être infirmier, surement pour "sauver" d'autres amis, et ainsi peut être participer à la résurrection de beaucoup de ces malheureux qui périrent en mer, puis je fus muté à Djibouti sur un dragueur de mines, La Dieppoise, je reverrais toute ma vie la tête de ma maman lorsque je lui ai dit cela !!! encore des mines et cette fois ci c’était pour SON fils, je l'ai rassure bien vite en lui expliquant que ce beau navire ne draguait plus rien depuis longtemps, mais les mots sont là et ne peuvent changer la mémoire.

Je mettrais des photos d'un tableau sur le Laplace que je possède dès que j'aurais fait le transfert sur l'ordi.
Mais peut être puis je déjà vous adresser vers 2 sites racontant les derniers instants de cette Frégate.
Sur le 1er site il y a une photo de la plaque avec les noms des disparus, mon papa est le 3ème sur la gauche dans la liste des membres de l'équipage.
http://archives.cotesdarmor.fr/asp/inventaire/saint-cast/Geoviewer/Data/HTML/IA22001030.html
http://www.grieme.org/laplace.html

Amitiés.
André

Je découvre cet évènement tragique !! je ne savais pas, c'est effectivement un bel hommage que tu rends là à ton papa.
Je connais cet endroit, ayant été en vacances en 91 à Saint Cast le Guildo.
Je n'ai plus souvenance avoir été voir le monument, mais je me souviens qu'on voyait cette bouée de la plage mais je ne savais pas ce qu'elle représentait !
Lorsqu'on lit l'histoire de ce qui s'est passé, on peut aisément dire que c'est pas de chance pour la plupart des malheureux qui y ont laissé leur vie.
Dans si peu de profondeur, pourquoi n'a t-il pas été renfloué ?

Nous avons déjà évoqué cette tragédie sur le forum, mais c'était l'année derniére je crois.
Nous devrions pouvoir les retrouver.
Ce terrible accident avait à l'époque ému le pays tout entier.

Cher Ami,
Je suis embarqué depuis peu et je "pioche" dans tous les sujets dans le Forum (quelle belle bibliothèque !).
Je suis personnellement ému par ton récit sur la frégate LAPLACE.

J'avais seulement 12 ans et j'habitais St Servan (St Malo aujourd'hui) près de la cale de la Tour Solidor.
Ce jour là je vais "m'amuser à pêcher" à la cale mais la tempête en cours allait me faire retourner à la maison.
C'est alors que des ambulances se dirigeaient vers la cale ; j'y suis donc allé moi aussi, poussé par ma curiosité enfantine.

Je ne savais pas ce qui s'était passé.
Il y avait à quai une vedette qui revenait avec des marins dcd et j'ai assisté à leur transfert dans les véhicules.
J'étais effaré.

Il y avait des canots partout qui revenaient du large et je me souviens particulièrement d'un immense marin (j'étais quand même petit) en cuissardes vertes, casquette à visière et jumelles pendant sur le thorax ; il revenait du large, en doris malgré la météo.
Il dégoulinait de partout et ses yeux pleuraient...
Il m'est apparu fatigué, crevé.

Aujourd'hui encore j'ai cette image en tête quand on parle de LAPLACE même si ce n'est pas du bateau.

Ma grand-mère a encore dû prier beaucoup ce jour là.
Ce fut mon premier grand contact avec le monde des Gens de Mer.
C'est peut-être aussi pourquoi je suis resté 18 ans à la SNSM...?
Et aussi que je suis devenu enseignant dans une école d'ambulanciers ?
Merci mon Ami.
Roger

Merci Roger de ta réponse, petit à petit je refait la tragédie de ce bâtiment, avec votre aide si précieuse, mon papa n'a pas été retrouvé dans les 1ers, il a fallut quelques jours avant de le retrouver avec accrocher à une de ses jambes un collègue, et en plus aucun des deux ne savait nager !!!
Merci Roger encore d'avoir répondu.
Amitiés.
André

Émouvante l'histoire de ton Papa André, merci de nous la faire partager avec tant de pudeur ; puissions nous, en la lisant, te décharger un peu du fardeau d'un douloureux souvenir...

Bonjour André,
Je m'apprêtais à mettre une photo du bâtiment hydrographique Laplace prise ce weekend et le hasard a fait que je suis tombé sur ton post.

J'ignorai comme beaucoup le sombre destin de la frégate du même nom et c'est avec beaucoup d'émotion et de respect que je dépose ici ces quelques images.

Spoiler:

Je ne connaissais pas la Triste et tragique fin de l'équipage de la Frégate Météorologique Laplace.
André, l'histoire de ton Papa est bouleversante, tu nous la fait partager avec une grande pudeur et délicatesse, combien ce poids a dû et doit encore être douloureux, en même temps c'est un bel hommage que tu rends à ton Papa ainsi qu'à ses compagnons.
Toutes mes Amitiés.
Charly

Merci les amis pour vos messages, il est vrai que je "porte" cela depuis ma plus tendre enfance, en parler n'a jamais été facile en famille, je n'osais peut être pas non plus par rapport à ma maman qui a souffert une grande partie de son existence, elle vie toujours, et a 84 ans, je ne sais même pas encore si je dois encore lui en parler ? je n'arrive pas a savoir si elle a envie d'entendre "mes histoires" et je ne voudrais pas encore réveiller des souffrances enfouies quelque part en elle.
Je vous remercie encore une fois du fond du cœur et surtout de votre grande amitiés.
André

Merci Gilbert pour cette info, le Laplace survit encore à travers ses fuites de gaz oil.

J'ai connu à bord du Colbert en 1965 un Mtre radio qui était rescapé du naufrage de la frégate Laplace devant Saint Malo en 1950. Il s'en était sorti en nageant jusqu'à la côte et avait été receuilli par des riverains. Je ne me souviens malheureusement pas de son nom mais son histoire m'avait beaucoup marqué.
En tapant "frégate Laplace" sur Google, on trouve un document très détaillé sur ce naufrage.

Noel, mon papa était SM Météo sur cette frégate et il n'a pas eu la chance de ton collègue, il est décédé le 16 septembre 1950 lors du naufrage de cette frégate.

Mer et marine vient de publier un article très intéressant sur le pompage des "restes" de gaz oil qui restaient encore à son bord, 9 m3 de pompés il y a de cela quelques jours.

Amitiés

Pour Hétet : Je viens de lire ton texte si émouvant. Les naufrages et autres événements de mer sont toujours là pour nous rappeler que notre métier comportait une part de risque et qu'il fallait toujours se souvenir de ceux qui ont laissé leur vie en mer.
sincères amitiés.

merci Noel de ce message sympathique.

la vie continue pour les vivants

Ouest France Lorient de ce jour.

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merci Fanch pour cet article.
je vois que la frégate Laplace a laissé de grandes cicatrices dans les cœurs de ces enfants que nous étions à cette époque.

encore merci Fanch d'alimenter ce sujet.

Ce jour la j'étais en convalescence à la maison dans l'Ain suite à ma blessure, le matin très tôt une camarade d'enfance est venue à la maison pour me dire qu'un bateau de guerre avait coulé par l'explosion d'une mine.
J'ai passé la journée à écouter la radio.
Je n'ai jamais oublié cet événement.

La frégate météo France 1 stationnée à La Rochelle est le navire amiral du musée maritime.

A son bord, on y trouve une plaque en hommage aux disparus de la frégate météo Laplace.

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Merci Bagadoo de nous communiquer cette info.
Merci également à l'association des anciens de la météo de garder à l'esprit la mémoire de ces hommes morts en service.

Qunad j'appris cette terrible nouvelle, je n'étais pas encore météo, et loin de moi de penser à cette spécialité-là; j'avais huit mois de marine et j'étais au Cap Brun au cous de BE timonier.
André Pilon

Au moment de la dramatique perte de la frégate météo "LAPLACE" je n'étais pas encore dans la Marine. Cette catastrophe, je m'en souviens, marqua les habitants de Riantec, Locmiquélic et Port-Louis, plusieurs victimes étant originaires de ces communes. Mes parents connaissaient le mâitre mécanicien SCOURZIC et le S/Mtre Chauffeur NAVEOS. La famille de ce dernier était du même village que ma grand'mère.

Plus tard, en 1952, embarqué sur l'A.E. "LA GRANDIERE", j'ai fait la connaissance du QM2 commis Elie LOZACHMEUR, l'un des rescapés du "LAPLACE". Il faisait partie des quelques marins qui réussirent à rejoindre la terre à la nage et ce, dans des conditions extrêmement difficiles. La côte n'était pas, ou peu, éclairée et l'orientation aléatoire dans une mer formée. Epuisés et grelottants ils ont pu convaincre un riverain apeuré de leur ouvrir sa porte en pleine nuit. Celui-ci a prévenu les autorités locales au matin.

Très choqués, ces rescapés ont été rapatriés à Brest. Entendus par la commission d'enquête, les intéressés ont subi un interrogatoire tendant à contrôler leurs assertions et à vérifier s'ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour déclencher les secours en temps et en heure. Blessés par cette suspicion, ils ne comprenaient pas que l'on ait pu douter de leur réelle volonté de porter assistance à leurs camarades.

J'ai retrouvé Elie LOZACHMEUR en 1968 à Papeete. Il était alors maître commis du TCD "ORAGE" (ou "OURAGAN" ?). C'était un gars bien.

Avec une pensée pour les victimes de ce drame ainsi que pour les familles.

Merci JLG pour ton témoignage, la faute n'appartient pas à une seule personne, mais a un ensemble de fait qui ont donnés ce qui est arrivé, certains survivants ont beaucoup souffert comme tu le dit des suites de tout cela.

Amitiés

André

Pour A Hetet, principalement.

Quelqu'un pourrait-il savoir, et donner, en plus de ton père, les noms des quatre autre personnels météos morts ou disparus dans la catastrophe, civils ou militaires ?
André Pilon

Pour Pilon

mon papa avait pour copain un dénommé "Podeur" je ne peux malheureusement pas te dire si il était météo ou pas ??

je vais essayer de regarder ce que je peux trouver.

André


apres verification,
QM1 mécanicien Podeur

le noms des victimes météo que j'ai trouvé :

BOULAIN Louis PM météo
COLCANAT Pierre ingénieur civil météo
HETET Joseph SM météo
NIVEL Louis Mte météo