REDRESSONS LE MARIN
( 1945 - 1990) Rétrospective et actualité F N F L.
Quand cessa le conflit, à bientôt cinquante ans,
Qui ne fut dérouté ? ...Qui ne fut hésitant ?...
Il nous fallut pourtant accepter l’évidence;
Le temps était venu d’abandonner la danse !
Ce n’était pas à nous, ayant tout fait pour ça,
De sembler contrarié, qu’enfin, elle cessât !
Être vivant déjà...( la baraka sans doute),
Alors que tant d’amis étaient tombés en route.
Ils pourraient, comme nous aux valeurs, attachés,
Être ce soir ici... et nous, là-bas, couchés...
Pourtant, sans transition, laisser risque et bataille
Pour un quotidien plat, noyé dans sa grisaille...
Quitter d’un coup danger, enthousiasme et ardeur,
Met en l’air la santé du meilleur baroudeur !
On ne bourlingue pas de Saint-Pierre * à l’Alsace
Et pendant tant d’années, sans chérir sa besace !
Le passé se levait et marchait devant nous,
Comme pour nous tenir encore à ses genoux !
Beaucoup, pour se soigner, ont rejoint la Marine.
Les plus malades ont pu, courir vers l’Indochine.
Se sachant concernés; déjà sur le tremplin...
Nos as en politique plongèrent à temps plein.
D’autres, c’est le chalut. Presque tous ont pris femme.
Même un s’est fait curé... quitte à sauver des âmes.
Ainsi pour nous la vie, reprenant son élan,
Vers toutes destinées coula bon an, mal an...
Et puis « passe le temps » et jeunesse appareille.
Vient la maturité... amenant sa bouteille.
Que tu es loin déjà, ô marin frais et beau,
Au front de qui la gloire avait posé son sceau.
Le ventre s’embrioche et la toison grisonne.
Et la belle épousée, hélas !... change en bobonne !
Aux dents perdues on gagne un sourire à créneaux.
Et bientôt se profile ou prothèse ou râteau.
Mais ça, ce n’était rien Quarante à cinquantaine...
Préparant gentiment des années plus certaines.
Les cheveux argentés cavalent vers le blanc.
Certains portent moumoute, en presque ressemblant !
Pourtant, le crâne à nu, si tant il se dénude,
Est souvent bien porté, dès qu’on prend l’habitude.
D’autres, ne craignant pas de s’avouer vaincus,
Montrent un si grand front, qu’il leur va jusqu’au ...
Sans oublier, bien sûr, tous les « durs de la feuille ».
Le coincé du sciatique, au fond de son fauteuil.
On ne s’attarde plus, tant on est maltraités,
Au miroir qui renvoie nos gueules retraitées !
Ce vieux qui nous regarde, afin qu’on réalise,
Que c’est bien sous les yeux, qu’on porte nos valises !
Et le coeur qui déconne... Et le foie à vau-l’eau.
Prostate, asthme, diabète... et voilà le tableau !
« Ce sako, direz-vous, s’il se croit agréable
De déballer tout ça, lorsque l’on est à table !
Si son but est vraiment de couper l’appétit ?
Il suffit des cachets dont on est tous nantis.
Mais ne m’en veuillez pas; je m’oblige à décrire.
À mieux énumérer, afin de mieux en rire...
Car ce n’est pas fini ! Et il n’est pas exclu,
Que plus avant irons; plus bancals et perclus...
Si nous n’y pouvons rien, tout au moins pas grand-chose,
Qu’au moins la dérision nous aide à voir en rose.
Lorsque nous évoquons, heureux, joyeux, riants,
Les barouds ou bordées dont on fut si friands,
Nous savons que jamais, je le dis sans ambages,
Nos congés ne seront, des clubs du troisième âge !
Le Marin F F L n’offre pas prise au temps.
Le coeur F N F L est toujours d’un battant.
Pourtant... mélancolique, si mes pas m’amènent,
À croiser le chemin d’un joli spécimen,
De celles qui, jadis, touchaient notre pompon...
Bien sage resterai... Opprobre au vieux crampon.
Et ainsi va la vie... droit vers l’ultime quille...
« Crois-tu, dis ma moitié, toujours toucher tes billes ? »
J’avoue que j’ai trouvé, ta pique mal venue...
Chère bobonne à moi... Mémère devenue...
Allons les gars, du cran ! Honorons la marine !
Et cambrons bien les reins. Et bombons la poitrine !
Que notre résistance, encore à ce combat,
Tienne prête l’ardeur, qui jamais ne tomba.
Prêts à boire un bon coup ! Prêts à prendre la mer !
Prêts, toujours, Pourquoi pas ?... à ... honorer Mémère ! ???...(*)
∑ Saint-Pierre et Miquelon : base navale F N F L
∑ Variante : à... sauter sur Mémère
( Cette allocution versifiée et humoristique dite en fin de banquet d’A C est valable pour toutes les armes. Il suffit d’y changer quelques appellations)
A . J . Ragot Paris 02 1984, remanié en 1990
( 1945 - 1990) Rétrospective et actualité F N F L.
Quand cessa le conflit, à bientôt cinquante ans,
Qui ne fut dérouté ? ...Qui ne fut hésitant ?...
Il nous fallut pourtant accepter l’évidence;
Le temps était venu d’abandonner la danse !
Ce n’était pas à nous, ayant tout fait pour ça,
De sembler contrarié, qu’enfin, elle cessât !
Être vivant déjà...( la baraka sans doute),
Alors que tant d’amis étaient tombés en route.
Ils pourraient, comme nous aux valeurs, attachés,
Être ce soir ici... et nous, là-bas, couchés...
Pourtant, sans transition, laisser risque et bataille
Pour un quotidien plat, noyé dans sa grisaille...
Quitter d’un coup danger, enthousiasme et ardeur,
Met en l’air la santé du meilleur baroudeur !
On ne bourlingue pas de Saint-Pierre * à l’Alsace
Et pendant tant d’années, sans chérir sa besace !
Le passé se levait et marchait devant nous,
Comme pour nous tenir encore à ses genoux !
Beaucoup, pour se soigner, ont rejoint la Marine.
Les plus malades ont pu, courir vers l’Indochine.
Se sachant concernés; déjà sur le tremplin...
Nos as en politique plongèrent à temps plein.
D’autres, c’est le chalut. Presque tous ont pris femme.
Même un s’est fait curé... quitte à sauver des âmes.
Ainsi pour nous la vie, reprenant son élan,
Vers toutes destinées coula bon an, mal an...
Et puis « passe le temps » et jeunesse appareille.
Vient la maturité... amenant sa bouteille.
Que tu es loin déjà, ô marin frais et beau,
Au front de qui la gloire avait posé son sceau.
Le ventre s’embrioche et la toison grisonne.
Et la belle épousée, hélas !... change en bobonne !
Aux dents perdues on gagne un sourire à créneaux.
Et bientôt se profile ou prothèse ou râteau.
Mais ça, ce n’était rien Quarante à cinquantaine...
Préparant gentiment des années plus certaines.
Les cheveux argentés cavalent vers le blanc.
Certains portent moumoute, en presque ressemblant !
Pourtant, le crâne à nu, si tant il se dénude,
Est souvent bien porté, dès qu’on prend l’habitude.
D’autres, ne craignant pas de s’avouer vaincus,
Montrent un si grand front, qu’il leur va jusqu’au ...
Sans oublier, bien sûr, tous les « durs de la feuille ».
Le coincé du sciatique, au fond de son fauteuil.
On ne s’attarde plus, tant on est maltraités,
Au miroir qui renvoie nos gueules retraitées !
Ce vieux qui nous regarde, afin qu’on réalise,
Que c’est bien sous les yeux, qu’on porte nos valises !
Et le coeur qui déconne... Et le foie à vau-l’eau.
Prostate, asthme, diabète... et voilà le tableau !
« Ce sako, direz-vous, s’il se croit agréable
De déballer tout ça, lorsque l’on est à table !
Si son but est vraiment de couper l’appétit ?
Il suffit des cachets dont on est tous nantis.
Mais ne m’en veuillez pas; je m’oblige à décrire.
À mieux énumérer, afin de mieux en rire...
Car ce n’est pas fini ! Et il n’est pas exclu,
Que plus avant irons; plus bancals et perclus...
Si nous n’y pouvons rien, tout au moins pas grand-chose,
Qu’au moins la dérision nous aide à voir en rose.
Lorsque nous évoquons, heureux, joyeux, riants,
Les barouds ou bordées dont on fut si friands,
Nous savons que jamais, je le dis sans ambages,
Nos congés ne seront, des clubs du troisième âge !
Le Marin F F L n’offre pas prise au temps.
Le coeur F N F L est toujours d’un battant.
Pourtant... mélancolique, si mes pas m’amènent,
À croiser le chemin d’un joli spécimen,
De celles qui, jadis, touchaient notre pompon...
Bien sage resterai... Opprobre au vieux crampon.
Et ainsi va la vie... droit vers l’ultime quille...
« Crois-tu, dis ma moitié, toujours toucher tes billes ? »
J’avoue que j’ai trouvé, ta pique mal venue...
Chère bobonne à moi... Mémère devenue...
Allons les gars, du cran ! Honorons la marine !
Et cambrons bien les reins. Et bombons la poitrine !
Que notre résistance, encore à ce combat,
Tienne prête l’ardeur, qui jamais ne tomba.
Prêts à boire un bon coup ! Prêts à prendre la mer !
Prêts, toujours, Pourquoi pas ?... à ... honorer Mémère ! ???...(*)
∑ Saint-Pierre et Miquelon : base navale F N F L
∑ Variante : à... sauter sur Mémère
( Cette allocution versifiée et humoristique dite en fin de banquet d’A C est valable pour toutes les armes. Il suffit d’y changer quelques appellations)
A . J . Ragot Paris 02 1984, remanié en 1990