Je vous invite à lire la biographie d'un combattant de la France Libre, engagé en 1939 à l'âge de 18ans dans la marine, avec la spécialité de télémétriste, il termine la guerre au sein du commando KIEFFER, à l'issue d'un parcours hors du commun.
André NICOLOPOULOS 1939 - 1945
Matricule 713B39
Badge commando Kieffer n° 241
Brevet para n°3198 du 2 février 1944
André Nicolopoulos aime à citer l’académicien Edmond About :
"Nous sommes les héritiers de tous ceux qui sont morts, les associés de tous ceux qui vivent, la providence de tous ceux qui naîtront"
André NICOLOPOULOS 1939 - 1945
Matricule 713B39
Badge commando Kieffer n° 241
Brevet para n°3198 du 2 février 1944
André Nicolopoulos aime à citer l’académicien Edmond About :
"Nous sommes les héritiers de tous ceux qui sont morts, les associés de tous ceux qui vivent, la providence de tous ceux qui naîtront"
- Spoiler:
- Deuxième génération du feu, André Nicolopoulos participe à la Seconde Guerre mondiale du tout début des hostilités jusqu’à la reddition totale des troupes allemandes. Il fait preuve des plus belles qualités militaires au cours de nombreuses actions de combat. Particulièrement au sein du Special Detachment, ou mission Brandon, au cours des années 1942 et 1943 en Tunisie ; puis au n°4 Commando, sous les ordres du commandant Kieffer, au cours d’un raid de harcèlement opéré par la troop 5 dans l'île de Schouwen (Hollande), au mois de février 1945.
André est né à Paris d’un père grec et d’une mère bretonne. Adolescent, il demeure en Bretagne à Pontrieux, dans les Côtes du Nord. Il fait bon vivre dans cette petite cité de caractère, où sa mère est institutrice. Elle apprécie particulièrement le patrimoine historique du lieu, les maisons en pans de bois ou en pierres de taille dont une cinquantaine, bâties au bord de la rivière Le Trieux, ont un lavoir attenant. Sur le port, les goélettes appellent à larguer les amarres vers Bréhat, Jersey, Guernesey… Cette vie paisible aurait sûrement pu durer longtemps si l’histoire n’en avait décidé autrement. L'invasion de la Pologne par l'armée allemande conduit la Grande-Bretagne puis la France à déclarer la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939.
Le dimanche 25 septembre 1939, André fête ses 18 ans avec une seule idée, défendre sa patrie. Il s’engage ainsi dans la marine nationale à Brest. Son excellente acuité visuelle l’amène au cours de télémétriste à l’issue duquel, au mois d’octobre 1939, il obtient le brevet élémentaire de la spécialité.
Aviso-dragueur de mines "La Gazelle"
Sa première affectation est un aviso-dragueur colonial de la classe Chamois, "La Gazelle", commandé par le capitaine de vaisseau Lochése. Le bâtiment, mis en service le 20 octobre 1939 à Lorient, effectue ses premières missions de guerre dans l'Atlantique et la Méditerranée.
André est ainsi, si l’on peut dire, vite mis dans le bain ! A peine est-il embarqué sur "La Gazelle" qu’il participe à une mission de 170 jours en mer, en opération de guerre, dans une zone de navigation où se trouvent de très nombreux sous-marins ennemis. De fait, le 14 janvier 1940, l'aviso-dragueur détecte un sous-marin ennemi et l’attaque à la grenade.
CITATION :
Le 18 mai 1940, à Lorient, le vice-amiral préfet maritime de Lorient remet la croix de guerre à l'aviso "La Gazelle", à son commandant, le capitaine de vaisseau Lochése, aux officiers Lemoureux, Dodelier, Soubiac ; à onze officiers mariniers, aux quartiers-maîtres et matelots qui, dit la citation :
« Au cours de plus de cent jours d'opérations en mer dans une zone infestée de sous-marins ennemis, ont fait brillamment leur devoir, notamment le 14 janvier 1940, alors qu'étant en liaison avec un torpilleur, ils ont effectué avec décision une attaque de sous-marins à la grenade ».
Aviso-dragueur de mines "La Curieuse"
Le 11 juin 1940 André Nicolopoulos débarque de l'aviso-dragueur colonial "La Gazelle", pour embarquer sur un aviso dragueur de mines de la classe Élan, "La Curieuse", commandé par le capitaine de corvette Edmond Le Blanc. Ce bâtiment basé à Lorient vient de rejoindre le théâtre méditerranéen. Flambant neuf, il est utilisé pour protéger des convois de ravitaillement avec l'aviso-escorteur "Commandant Bory", commandé par le capitaine de corvette Robert Leblanc.
Le 16 juin 1940, six jours après la déclaration de guerre par l'Italie, les avisos, "La Curieuse" et "Commandant Bory" escortent le convoi numéro IR2F, parti d'Oran au petit jour à destination de Marseille et composé de cinq navires de commerce : Florida, Kita, Médie II, Djebel Aurès et Edea.
En fin d’après-midi "La Curieuse" se trouve à 83 milles dans le nord-nord-est d’Oran. Soudain, le veilleur sur la plage arrière annonce « alerte torpille tribord arrière ». Les manœuvres d’urgence permettent d’éviter deux torpilles. L'équipage est rappelé au poste de combat. Les grenadages successifs obligent le sous-marin à faire surface juste devant la proue de "La Curieuse" qui, filant 20 nœuds, l’éperonne et le coule. Le sous-marin italien détruit est "Andrea Provana" de la classe Marcello, commandé par le capitaine de corvette Ugo Botti. Cet évènement marque profondément André. Il n'y a aucun survivant parmi les 62 membres d'équipage composé en majorité de jeunes gens de son âge.
"La Curieuse", ayant l’étrave fortement endommagée et plusieurs compartiments envahis d'eau, rejoint sa base d’Oran en marche arrière, escortée par le "Commandant Bory". Le bâtiment a un peu perdu de sa classe, mais l’honneur est sauf ! L’aviso-dragueur de mines est placé en cale sèche pour réparation.
Le convoi, escorté par les torpilleurs de 1,500 t "Typhon" et "Boulonnais", poursuit sa route et arrive à bon port le 18 juin 1940 ; jour de l’appel du général de Gaulle à la résistance sur les ondes de la BBC.
Le 22 juin, l’armistice est signé entre le IIIème Reich et le Gouvernement de Vichy. A la lecture des conditions d'armistice, craignant que la flotte française en zone occupée passe rapidement sous le contrôle des allemands, Winston Churchill décide de l’opération "Catapult". C'est ainsi que, le 3 juillet après-midi, André Nicolopoulos assiste, impuissant, à l'attaque par la marine britannique de l’escadre française mouillée dans le port militaire de Mers el-Kébir, situé dans la baie d’Oran. Sur les 8000 présents, 1297 marins français, majoritairement bretons, sont tués par les Anglais. Triste coïncidence ! 977 meurent bloqués dans les cales du cuirassé "Bretagne".
CITATION :
L’aviso "La Curieuse" est citée à l’ordre de l’Armée de mer et décorée de la croix de guerre avec palme :
« Sous le commandement du capitaine de corvette Le Blanc, a, par une brillante manœuvre, détruit un sous-marin ennemi le 16 juin 1940. » F. Darlan, amiral de la flotte.
Alors que "La Curieuse" est de retour à Toulon au mois de février 1942, André Nicolopoulos est démobilisé. Mais bien loin de lui l’idée de rentrer chez lui en pays breton, à Pontrieux. Il décide de prendre le paquebot à vapeur "Gouverneur général Chanzy" pour se rendre en Tunisie où il arrive le 21 février 1942. A peine débarqué à Tunis, il trouve à s'embaucher comme secrétaire au "bureau liquidateur d'infanterie d'Afrique de Tunis" pendant quelques mois.
Special Detachment ou mission Brandon - F.N.F.L.
Le 8 novembre 1942, l’opération "Torch" est lancée par les Alliés. Sous le commandement du général Eisenhower, 107000 hommes de la Western Task Force venant des États-Unis, de la Center Task Force et de la Eastern Task parties d'Angleterre, débarquent en différents points d’Algérie et du Maroc dépendant de l'Empire français, sous l'autorité du Gouvernement de Vichy.
Le 10 novembre, l’amiral Darlan ordonne la suspension d’armes en Algérie et au Maroc .
Dès le 9 novembre, les forces de l’Axe renforcent les troupes germano-italiennes en Tunisie. Le but en est multiple : renforcer les défenses de Tunis et Bizerte ; conserver la maîtrise de cette partie du bassin méditerranéen et retarder toute attaque alliée vers l'Europe.
Du côté des Alliés, l’accomplissement de missions spéciales prévues par la Task Force "Torch" nécessite la création d’un groupe spécialisé dans des actions de guerre subversive. Des résistants français, des officiers anglais et du personnel de transmission forment la base de l’organisation connue sous le nom de Special Detachment (SD) ou mission Brandon. Créée avant l’opération "Torch", la mission Brandon est un réseau de renseignements britannique opérant en Afrique du nord, dirigé en Algérie par le colonel Helwel. Le Spécial Detachment est directement sous les ordres de la 1ère armée britannique, mais dépend de M.O. 1 S.P. (Military Opérations Number 1 – Spécial Plan).
Souhaitant ardemment poursuivre le combat, le 28 novembre, André Nicolopoulos s’engage au Special Detachment. Les missions fixées aux volontaires de Brandon sont à la fois multiples et spécialisées en fonction des objectifs à atteindre : infiltration, renseignement, sabotage, guérilla… Selon l’action menée, chaque membre agit seul ou au sein d’un groupe, soit en civil, soit vêtu à la manière arabe, soit sous l'uniforme britannique.
Le 5 décembre 1942, André fait partie du groupe commandos de 45 hommes qui débarquent et occupent le phare du Cap Serrat, près de Bizerte en Tunisie. Durant plus de trois mois, le groupe est coupé de sa base, le peu de ravitaillement en vivres arrive très irrégulièrement par la mer. Leur position est harcelée par l’aviation ennemie. Ils tiennent tout en exécutant de jour, comme de nuit, des patrouilles pouvant aller jusqu’à 40 kilomètres dans les lignes ennemies, vers Bizerte, menant des actions de renseignement et de sabotage.
Relevé au mois de mars 1943, par une unité de la R.A.F. (Royal Air Force), le détachement du Cap Serrat reçoit les félicitations du général commandant le 5ème corps d’armée britannique.
Les nombreuses actions de harcèlement et de guérilla opérées par la mission Brandon atteignent le plus souvent leurs objectifs. L’une d’elle s’effectue au mois d’avril 1943, sous la conduite de Robert Garrouel . André Nicolopoulos fait partie de ce groupe de cinq commandos qui s’enfonce d’une vingtaine de kilomètres, au nord de Béja, derrière les lignes tenues par l’Africakorps du maréchal Rommel. Leur mission est de couper tous les moyens de communication entre la mine du Djebel Tabouna et celle de Bazina. Les lignes téléphoniques coupées, plusieurs explosions sur la piste qu’ils venaient de miner confirment que l’opération est pleinement réussie. Avant de décrocher, ils attaquent la position allemande de Tabouna, tenue par 150 Allemands, semant la confusion chez l’adversaire. André, tireur au fusil mitrailleur Bren-gun, y contribue ardemment. La mission accomplie, les attaquants disparaissent dans les djebels. Le groupe parvient à rejoindre les lignes alliées pour y apprendre, qu’il était "porté disparu" !
D’autres opérations furent moins bien réussies, l’ennemi avait ses informateurs et la Mission Brandon paya son tribut à la guerre souterraine. Le 18 octobre 1942, Adolf Hitler avait émis le "décret commando" ordonnant que tous les commandos alliés rencontrés par les forces allemandes soient tués immédiatement et sans procès. Ceux de Brandon qui, arrêtés, échappent à cette exécution sont envoyés dans les camps de la mort.
La grande offensive finale des armées alliées en Tunisie conduit à la défaite des troupes germano-italiennes et à la capitulation des forces de l’axe en Afrique le 13 mai 1943.
Le Special Detachment dissout, André quitte l’unité le 28 juillet 1943. Il sert aussitôt dans l'armée américaine et bénéficie dans le cadre de ses missions d’un sauve-conduit, délivré le 20 août 1943 par l’A.F.H.Q. - Allied Force Headquarters (Etat-major des Forces alliées), indiquant : « Le porteur, M. André Nicolopoulos est attache a notre service. Avant de interroger, priere de telephoner Freedom 477 en demandant M. Clinton ».
3ème Régiment de Special Air Service (SAS)
André Nicolopoulos passe ensuite au 3ème régiment de Special Air Service S.A.S. (3ème R.C.P. français) sous le commandement du capitaine Château-Jobert alias Conan. A son baptême de l’air, peu de temps après le décollage, il entend l’ordre « Come on, take the door » . Il est breveté parachutiste le 2 février 1944 (brevet para n°3198). Avec le grade de sergent-chef, il est alors chef du 4ème stick au sein de cette unité spécialisée dans des opérations de type commando.
RBFM
André revient ensuite dans la marine avec le grade de second maître comme chef de char, un Tank Destroyer M10 de 28 t, du Régiment blindé de fusiliers-marin (RBFM). Seulement, il n’apprécie guère l’exiguïté de l’engin blindé et le risque d’être grenadé, surtout lors des passages en sous-bois. C’est ainsi que, préférant aller vers des actions de combat qu’il maîtrise mieux, il se porte volontaire pour rejoindre le 1er Bataillon de fusiliers marins commandos sous les ordres du commandant Kieffer.
1er BFM Commando
Ils sont une quarantaine à rejoindre le centre d’entrainement commando britannique de Wrexham, au nord du Pays de Galles, camp de base pour estimer les compétences de chacun et effectuer une sélection. L’instruction débute le 15 août 1944 (le même jour a lieu le débarquement en Provence). Il faut prendre le pli, les anglais appliquent une discipline très stricte. André se rappelle qu’on leur impose de se raser tous les matins, même pour les jeunes encore imberbes....
Reconnu apte, André rejoint le camp d'entraînement des commandos britanniques au château d’Achnacarry en Ecosse. Dès son arrivée, André est marqué par la présence de tombes de commandos disparus durant l’entrainement, situées de chaque côté de l’allée à l’entrée du camp .
Les hommes sont consignés jour et nuit. Tous les déplacements s’effectuent au sifflet, en courant. Le training est rude. Fréquemment, quelle que soit la météo, ils effectuent la réputée Speed March sur une distance de 7 miles (11 kms 265), en moins d’une heure, avec sac et arme. Des raids de 32 kilomètres en 5 heures sont également accomplis. L’équipement comporte le Toggle-Rope, corde de 5 feet (1,52m) muni d’une poignée en bois à une extrémité et se terminant par une boucle de l’autre côté. Toutes les forces spéciales britanniques sont dotées de cette corde d'assaut et d'escalade. Elle permet de franchir des obstacles en tyrolienne (comme des rivières) ou en formant des échelles ou des ponts de singe. L’ascension de parois rocheuses à la force des mains est rude pour André, ce n'est pas un "spider" comme certains de ces camarades.
L’instruction est complétée par des exercices de débarquement à partir de barges avec à leur bord 3 groupes de combat (environ 30 personnes). Ces manœuvres sont effectuées l'hiver en Ecosse sur le lac de Locness avec les aléas de l’accostage, plus ou moins loin du bord, et la nage en eau très froide.
L’entraînement se poursuit par des parcours de combat parsemés d’obstacles, avec tirs à balles traçantes et explosions réelles. La pratique du close-combat et l’apprentissage de l’art du camouflage en terrain découvert parachevant la formation. On habitue aussi les commandos à la restriction alimentaire : par exemple, on donne à chaque commando un steak cru et des patates crues qui leur servent de repas pendant l'exercice. Le problème de l'Ecosse, dit André, c'est qu'il fait mauvais temps 2 fois par an, c'est à dire 2 fois 6 mois. Il est impossible de faire un feu de bois, l’humidité est permanente. Les commandos mangent alors la viande crue et jette les pommes de terre.
Arrive le jour de l'exercice final. Lors de la grande évaluation, chaque groupe mené par son chef devant attaquer un point. L'avantage d'André ? c'est qu'il a acquis l'expérience de la guerre en Tunisie au sein du Special Detachment puis au S.A.S. sous le commandement du capitaine Château-Jobert alias Conan. Il organise son groupe à la perfection utilisant le sniper, les voltigeurs et le fusil mitrailleur, il fait appliquer la tactique dite en tiroir permettant la progression alternée des hommes sur le terrain.
Félicité par l'encadrement, on lui fait miroiter un grade d'officier. Pour André ce n’est pas une fin en soi. Il apprécie la reconnaissance et le respect des hommes qu'il mène au combat.
Le 18 septembre 1944, le badge commando n°241 est attribué au second maître André Nicolopoulos qui, le même jour, reçoit avec succès le brevet de chef de section. A la fin d'Achnacarry, les 4 groupes de combat, constitués sur volontariat, choisissent leur chef avant de rejoindre le sud de l’Angleterre où ils sont placés "en réserve". Ces commandos ne rejoindront le 1er B.F.M.C. (1er Bataillon de fusiliers marins commandos) qu’à la mi-novembre, après le débarquement et la prise de Flessingue (Hollande).
De fait, partis d’Angleterre les commandos du 1er B.F.M.C. sont, début octobre, dans le nord de la Belgique à proximité d'Ostende où ils ont été pris en charge et dirigés vers la petite station balnéaire de Le Coq (De Haan). Leur effectif d'une centaine d’hommes, sous le commandement du capitaine de corvette Kieffer, est divisé en deux troops commandés par les officiers Vourch et Lofi. Les commandos français sont incorporés à la 4ème Spécial service brigade sous le commandement de l’armée canadienne. La première mission, opération connue sous le nom de code de "Infatuate", sera de prendre le contrôle de l’estuaire de l'Escaut occidental menant au port d’Anvers.
C’est au n°4 Commando, toujours sous les ordres du Colonel Dawson, qu’il revient de porter les premiers coups à l'ennemi. La poursuite de l’opération "Infatuate 2" dépend totalement de leur réussite. Partant de la Belgique, le 4 Cdo débarque sur l’île de Walcheren à Flessingue le 1er novembre 1944. La ville est libérée en 24 heures. Dès Le 3 novembre, les commandos avancent sur Westkapelle situé à l’ouest de l’île. Les combats s’achèvent le 8 novembre par la reddition de la garnison allemande.
Le 17 novembre, le commando Kieffer reçoit l’ordre de faire route au nord-est de Walcheren et d’assurer la défense de l’île de Nord Beveland.
Le premier convoi de liberty-ships arrivera au port d’Anvers le 28 novembre. Cette ville deviendra ainsi une base logistique d’où partiront des opérations de ravitaillement, jouant un rôle primordial pour l’avancée des troupes alliées en Allemagne.
« Le général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées, considère cette opération comme une des plus audacieuses, périlleuses et des plus braves de cette guerre ».
Le 15 novembre 1944, la troop 7, commandée par le capitaine Patrick Willers, est envoyée en renfort au 1er B.F.M.C. Le transport entre le sud de l’Angleterre et la Belgique s’effectue à bord d’un landing craft tank . André se rappelle encore aujourd’hui du confort pour le moins rudimentaire, « à la guerre comme à la guerre », dit-il. Durant les quelques jours de traversée de la Manche, chacun dort où il peut. André trouve refuge dans un carré contenant des pommes de terre.
Le 23 novembre, la troop 7 débarque en Belgique à la petite station balnéaire de Le Coq (De Haan) où elle reste quelques jours. Enfin, le 4 décembre, elle rejoint 1er B.F.M.C., dont des anciens du débarquement de Normandie, sur l’île de Nord Beveland. Sur sa demande, André Nicolopoulos est affecté à la troop 5 (ancienne 8 du D-Day et de la bataille de Normandie) sous les ordres du capitaine Alexandre Lofi.
Sa position stratégique permet au commando Kieffer, fort de 210 volontaires, de mener des raids tout le long de la côte sud-est et sud-ouest de l’île de Schouwen encore occupée par les Allemands. Ainsi, sous le nom de code "intemperate", trois raids sont opérés du mois de janvier à la première quinzaine du mois de mars 1945.
Le premier raid s’effectue dans la nuit du 17 au 18 janvier par la troop 7, sous les ordres du capitaine Willers. Lors de cette opération, l’ennemi a cinq tués et blessés et huit prisonniers sont ramenés par les commandos.
Le deuxième s’opére dans la nuit du 14 au 15 février par la troop 5, sous les ordres du capitaine Alexandre Lofi, avec comme adjoint le premier maître Paul Chausse. C’est au cours de cette action, alors que la troop 5 est prise sous le feu de l’ennemi, que le second maître André Nicolopoulos se lance à l'assaut du point de résistance ennemi qu'il neutralise en tuant tous les occupants.
Un dernier raid s’accomplit la nuit du 11 au 12 mars par la troop 6 sous les ordres du capitaine Guy Vourc’h.
Le 8 mai 1945, les commandos effectuent une patrouille sur l’île de Schouwen. Au cours de cette mission, le matelot gabier Camille Allard (Badge: 256 Mle: 514 FN 43) est tué par l’explosion d’une mine. Sombre coïncidence ! le jour où l’Allemagne capitule, la mort frappe une ultime fois au sein du commando Kieffer.
Le 17 mai, André se souvient singulièrement de ce jour où le commando Kieffer quitte la Hollande pour rejoindre l’Allemagne occupé. L’unité arrive le 21 mai à Recklinghausende où elle participe à la garde du camp d’internement. Cette mission, de courte durée, se termine à la fin du mois de juin, les commandos rejoignent alors l’Angleterre pour y être démobilisés.
André quitte le 1er B.F.M. Commando, au cours du mois de juillet 1945, avec le grade de second maître de 2ème classe. Il poursuivra sa carrière militaire dans l’armée de terre avec la spécialité de télétypiste, puis dans l’armée de l’air en qualité de mécanicien jusqu’en 1965.
CITATION A TITRE INDIVIDUEL :
André Nicolopoulos est cité à l'ordre du corps d'armée, sur proposition du vice-amiral Lemmonier, chef d’état-major général de la Marine, avec attribution de la croix de guerre avec étoile de vermeil.
Ordre n° 154 EMGM.O.REC du 11 février 1946. : « Gradé qui a fait preuve au cours de la campagne des plus belles qualités militaires. En particulier, au cours d'un raid de harcèlement dans l'île de SCHOUWEN (Hollande), s'est lancé à l'assaut d'un point de résistance ennemi qu'il a neutralisé en tuant tous les occupants ».--ooOoo--
A son arrivée en Tunisie, au mois de février 1942, André s’était lié d’amitié avec des Corses qui l’avaient aidé en diverses démarches. Il leur avait alors promis qu’il prendrait sa retraite sur l’île. Une promesse qu’il honorera 23 ans plus tard. André, aujourd’hui nonagénaire, vit une retraite paisible sur l’île Kallisté, entouré de l’affection de son épouse, de ses enfants et petits-enfants.
« Je remercie particulièrement Jean-Pierre Helias et Gérard Manach pour leur appréciable contribution à la réalisation de cette biographie »
André Nicolopoulos a reçu les insignes de chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur le 8 mai 2016, durant la cérémonie de prise d’armes à Bastia pour le 71ème anniversaire de la victoire, en présence de : M. le Préfet de la Haute-Corse, M. le Député de la Haute-Corse, M. le Maire de Bastia, M. le Président du Conseil Exécutif de la Corse, M. le Président du Conseil Général de la Haute-Corse, M. le Délégué Militaire départemental, M. le directeur départemental de l’ONAC.
Les honneurs lui ont été rendus par un détachement du 2ème Régiment étranger de parachutistes stationné à Calvi.
DECORATIONS
Chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur (15 avril 2016)
Médaille militaire (30 juin 1962)
Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil (11 février 1946)
Croix du combattant volontaire 1939-1945
Croix du combattant volontaire de la Résistance (N° 501905)
Croix du combattant 39-45 (N° 35142)
Croix FFL (Forces Françaises Libres) (N° 16485)
Médaille Coloniale Tunisie 1942-43
Médaille commémorative 39-45 avec barrette « Afrique » - « Libération »
- « Atlantique » - « Méditerranée »
Médaille commémorative Afrique du Nord - Agrafes : Algérie - Maroc
Médaille de Reconnaissance de la Nation - Agrafe « Afrique du Nord »
The africa star with 1st army clasp
André NICOLOPOULOS 1939 - 1945
Biographie par Jean-Michel RIBÉ - Juin 2016 ©
Adresse électronique : plumordi@orange.fr
Sue votre moteur de recherche, tapez :
ecole nav traditions cdo (puis voir parcours d'officiers dans la Royale).
Dernière édition par Charly le Mar 12 Juil 2016 - 16:05, édité 4 fois (Raison : Message déplacé dans le bon sujet + rajout du spoiler + suppression du lien (mettre plutôt : sur votre moteur de rechercher, tapez etc...))