Pour Guet:
-Ta formule serait très difficile à mettre en pratique.La question du bénévolat n'aurait pas posé de problème, mais de toute façon, je suis trop vieux et les récits authentiques de nos amis du forum sont tous intéressants. C'est de l'histoire et ils ne doivent pas avoir de complexe à ce sujet.
Ceci dit, passons à la suite.
Deuxième séjour. La dinassaut 6.
L'heure est arrivée. La grosse locomotive a vomi un sifflet de vapeur , et adieu!
- Spoiler:
- Séjour au dépôt, puis le train nous achemine vers Marseille. C'est un convoi militaire qui avance lentement sur des voies gardées. On craint des manifestations, voire des sabotages, de la part des communistes. Je suis dans un wagon avec des gars du commando François, je crois, dont beaucoup ne reviendront pas. Pour l'instant, ils se payent du bon temps. Une fille à marins charitable a réussi à monter dans le train. Entre Toulon et Marseille, enfermée dans les W.C., elle va recevoir un par un tous les gars du commando présents dans le wagon. Bel exemple de patriotisme! Un maître qui se trouve parmi nous fait tout de même une moue dubitative. il faut préciser que le voyage est très lent et comporte de nombreux arrêts.
A Marseille, sur les quais de la Joliette des filles à matelots sont venues de Toulon dire un dernier adieu à leur préféré. Certaines filles ont leur préféré pour lequel elles font ça au béguin. Quand vient le moment de larguer les amarres, quand le "Pasteur" déborde lentement du quai, elles agitent leur mouchoir, essuient quelques larmes. La bateau double le môle puis, machines en avant toute, met le cap sur Mer El Kébir. Nous sommes le 19 décembre 1950.
Mers El Kébir. Ici, on sent l'Afrique. Le petit air de décembre est vif mais le ciel bleu et les palmiers nous rappellent que nous avons changé de continent. Nous accostons le long de la grande jetée dans ce port qui a connu, voici dix ans, une des tragédies les plus atroces de la marine française, lorsque nos "alliés" anglais ont canonné nos bateaux sans défense, au mouillage, à bout portant. Nous embarquons à Kébir quelques centaines de Tabors marocains suivis des dames composant le b... du régiment. Ces dames les suivront partout, parfois au plus près des combats, tant le service qu'elles rendent est vital pour l'équilibre du guerrier marocain. Nous les retrouverons en opération dans le delta cochinchinois, la Plaine des Joncs, ou le delta du Fleuve Rouge.
Je suis parti de Marseille avec une grosse bronchite qui ne s'est pas améliorée malgré la chaleur de la Mer Rouge. Arrivés sous les tropiques, c'est une sinusite très douloureuse. Je passe l'escale de Singapour alité à l'infirmerie du bord.
A plus, les amis.