Pour répondre à ce qui est écrit ci-dessus à propos des Tahitiennes, je vous mets un petit extrait de mes mémoires.
Mon chouf était marié à une tahitienne.
"Un jour le couple nous proposent, à nous les mousses du bureau, de partir le week-end en pique-nique avec lui.
Nous laissons la voiture de location au bord de la route et remontons la berge de la Papenoo, une petite rivière aux eaux claires qui descend de la montagne. Dans l’un de ses méandres, nous découvrons un endroit à notre goût. Nous disposons notre pique-nique sur l’herbe tendre, sous les palmiers.
Des rochers, entre lesquels bouillonne l’eau, encombrent le lit peu profond du fleuve. Dans la courbe, une crique plus profonde, cristalline, s’est creusée. Nous y prenons un bain. L’eau est fraîche, et non pas froide, agréable, bienfaisante après la chaleur du trajet en voiture. Après le déjeuner, nous profitons de l’ombre des arbres pour nous offrir une petite sieste.
Des rires, en aval, attirent notre attention. Dans la rivière un groupe de Tahitiennes s’amuse. Les filles ôtent leur paréo, le tissu à fleurs qui leur sert de robe, et nues comme Eve, baignées de soleil, elles le lavent avec un gros savon dans le ruisseau.
Une fois la pièce de tissu rincée, elles l’étalent sur l'herbe de la rive pour la faire sécher.
Elles retournent ensuite dans l’eau, s’asseyent dans le courant et utilisent cette fois leur savon de Marseille pour s’enduire le corps. Elles procèdent à leur toilette. Je ne sais si Gauguin a assisté à ce genre de scène, mais cela mérite assurément un tableau. C’est beau, naturel. Assises dans l’eau ou sur les pierres, devisant avec des éclats de rire, elles font penser à des naïades.
Nous nous faisons discrets et ne manifestons pas notre présence. Le soleil tape fort. Les robes sont vite sèches. Les nymphes se rhabillent et redeviennent vahinés. Rompant définitivement le charme, des jeunes garçons, s’interpellant bruyamment, arrivent à leur tour pour se baigner. Les jeunes filles quittent les lieux. L’après-midi est d’ailleurs bien avancée, il est temps pour nous également de partir."
Par ailleurs, pour rester dans le sujet, plus tard, embarqué sur le Chéliff, je fais escale à Huahiné. Avec deux copains, je m'éloigne un peu du village, à pieds. Nous arrivons dans un tout petit hameau (je veux dire qu'il n'y a que quelques farés sur pilotis). Plusieurs jeunes femmes, le paréo noué sur les reins et la poitrine nue vaquent à leurs occupations. Elles nous ont aperçus mais nous ignorent. Retour au temps de Gauguin.
Comme quoi, il était encore possible d'avoir quelques visions du Paradis Terrestre.
Maintenant, loin de Tahiti, à Quimper, aux fêtes de Cornouailles, dans les années 70, un groupe de Tahitiennes a dansé les seins nus sur le podium, place de la Résistance. Une photo avait paru dans le journal (évidemment ça changeait des bigoudènes !). Une copine Tahitienne, mariée à un marin, à Brest, me disait, presque outrée : même chez nous, elle ne font pas ça !