par CIPAL 83 Mar 22 Jan 2008 - 22:40
Fin 1956, le Bois Belleau finit son grand carénage, nous procédions à ses essais sur la base de vitesse entre la rade d’Hyères et le Lavandou.
A l’époque outre les veilleurs postés à la passerelle il y en avait au quatre coins du pont d’envol.
J’étais de quart à la passerelle tout l’état major était là, le loch affichait 34 nœuds, les quatre moteurs à PMP, cela faisait une belle gerbe d’écume derrière.
Arrivée en rade d'Hyères nous faisons notre retournement.
A ce moment une gabare nous demande de dégager car elle est en exercice avec l’Andromède.
Réponse du bord « C’est à vous de dégager. »
Soudain le veilleur tribord avant annonce « périscope droit devant » stupeur à la passerelle, l’officier de quart reste tétanisé, personne ne réagi, sauf le commandant, CV Traub, qui très sur de lui ordonne « la barre 25 à gauche, ensuite la barre à droite toute ».
Tout le monde se précipite sur l’aileron tribord, là j’aperçois le périscope qui longe la coque, ça donne froid dans le dos.
Juste le temps d’avoir une pensée pour les gars qui sont dessous.
Et puis dans le sillage on voit le kiosque qui roule bord sur bord dans le remous des hélices, on attend le choc, heureusement il n’y en eut pas.
Message du Cdt au Cdt de la gabare « J’espère que vous avez eut aussi peur que moi. »
Nous n’avons jamais entendu parler des suites de cet incident.
Quinze ans plus tard, j’aidais un copain menuisier à faire des travaux.
Un jour il m’envoie finir un chantier chez un client qui habitait dans les hauts de Toulon.
Dans son entrée il y avait plein de tapes de bouche, notamment une de l’Andromède portant la date 19561957.
Devinant un ancien marin je lui demande s’il avait été sur ce bateau à cette date, il me répondit :
- Oui, j’en étais le commandant, vous êtes un ancien sous marinier ?
- Non, mais j’étais timonier sur le Bois Belleau à cette époque.
- Oh, bon sang, je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie, j’ai vu ma dernière heure venue, j’ai cru qu’un train nous passait sur la tête et je ne pouvais pas faire une plongée rapide, il n’y avait pas assez d’eau dessous.
Nous, nous sommes installés devant une bière et nous avons papoté.
Il m’a expliqué que la faute incombait à l’officier OPS du BB, il s’était trompé de jour en reportant le casex, et que ça s’était terminé par de nombreux jours d’arrêt.
Moi je lui dit que des années après j’avais vu dans un hebdomadaire national la photo de l’officier de quart, il était capitaine de vaisseau et on venait de lui confier le commandement de notre dernier PA.
(Ils n’ont pas peur au ministère).
Ensuite je me suis dépêché de finir mon travail, car le lendemain je devais embarqué sur le La Bourdannais pour une période de vingt jours, c’est alors que M Pierri, (car c’était lui) me proposa d’annuler ma période pour en faire une à la BSM.
Il avait besoin d’un menuisier pour faire des travaux à la base et passer quelques jours sur un sous marins.
J’ai refusé et je ne l’ai pas regretté, car ce fut la plus belle et la plus instructives de toutes celles que j’ai faites.
Je ne l’ai jamais contacté pour en effectuer une à la BSM car entre nous je suis un peu claustrophobe et également un peu peureux.
J'ai encore quelques anecdotes sur le Bois Belleau.
A+ Guy