par † Maxi Dim 12 Mai 2013 - 8:51
Tijuana
Une dernière anecdote avant de quitter la Californie. San Diego est tout à côté de la frontière mexicaine. Un jour, avec deux copains, nous décidons d’aller y faire un tour. On prend le bus, on passe la frontière et on débarque à Tijuana. A l’époque, ce n’était pas encore la grande ville d'aujourd’hui, mais c’était déjà un endroit de perdition, avec dix fois plus de bars, de bordels et de tripots que d’églises (et pourtant, les Mexicains sont très pratiquants). On traîne un peu dans les rues et on boit un ou deux coups, car il fait une chaleur à crever. Un de mes copains s’achète une caméra 8 mm. Et puis, je ne sais plus pourquoi, je me retrouve tout seul. Peut-être que les autres ont succombé aux charmes de beautés locales ?
Abandonné à moi-même, je me balade en plein cagnard et finis par atterrir dans un faubourg de la ville : rues de terre battue, bordées sur deux côtés par des débits de boissons aux façades en planches, avec portes de saloons et trottoirs également en planches. La poussière, omniprésente, saupoudre de gris et d’ocre mon bleu de drap. J’ai l’impression d’être dans un décor de Western. Je commence à m’inquiéter : l’heure tourne, je ne sais plus où est la station de bus, je n’ai pratiquement plus un sou sur moi et je ne parle pas un mot d’espagnol.
Finalement, je me résigne à demander à des passants où se trouve la station de bus. Ils me font comprendre que c’est « par là ». Et une demi-heure plus tard, je suis au milieu de nulle part, au bord d’une piste, à hauteur des dernières maisons de Tijuana. Au-delà, c’est le désert. Cette fois, je ne suis pas loin de céder à la panique. Mais mon ange gardien veille car presque tout de suite une grosse américaine, montée par quatre Mexicains basanés passe par là. Pour éviter tout malentendu, je précise que la grosse américaine est une voiture et non une femme. Sympas, les Mexicains s’arrêtent, comprennent que je suis paumé et me font monter avec eux. Heureusement, ils ont oublié leurs sombreros et j’arrive à me caser à côté d’un moustachu à la mine…, pas tibulaire, mais presque (comme disait le regretté Coluche). Moins d’une heure plus tard, ils me déposent sain et sauf au poste frontière, où j’investis mes derniers dollars dans un billet retour et peux enfin rejoindre ma base.
Mais quelle aventure, mes enfants !