La Journée du 24/9/1940
À 5 h, le sous-marin Bévéziers sort de son bassin et appareille afin de prendre position à 10 milles dans le sud de Gorée. Un quart d'heure plus tard, le contre-torpilleur Fantasque, qui était indisponible depuis le 21 suite à une avarie, ainsi que le torpilleur Hardi sortent du port et rallient l'escadre de l'amiral Lacroix. Le sous-marin Ajax, qui était en mer depuis la veille, plonge à 5 h 40.
- Spoiler:
Un peu avant 6 h, afin d'avoir des informations sur les forces britanniques deux avions Loire 130 partent surveiller la côte. L'un des deux est pris en chasse par un swordfish qui le crible de balles. Les deux avions parviennent tout de même à regagner Dakar.
Vers 7 h, 3 à 4 monoplans de type SKUA tentent d'attaquer le Richelieu. La DCA des navires réussit à les repousser. Une bombe tombe malgré tout à faible distance entre le Richelieu et le croiseur Georges Leygues.
À 8 h, le sous-marin Ajax aperçoit au périscope 3 torpilleurs à 800 mètres et les 2 cuirassés Barham et Résolution. En essayant d'attaquer les cuirassés, celui-ci est repéré. Les cuirassés se dérobent et il est pris en chasse par les torpilleurs. Alors qu'il atteint 25 mètres de profondeur, 3 grenades du Fortune provoquent de graves avaries qui précipitent l'Ajax sur le fond. Le sous-marin n'a plus aucun moyen de combattre ni de se mouvoir. En effet, la moitié de ses accumulateurs sont détruits. Après ce constat, le commandant donne l'ordre de remonter. N'ayant pas réussi à lancer ses diesels, l'ordre d'évacuation est donné. L'équipage est récupéré par le Fortune. L'Ajax est coulé à 10 h 15.
L'aviation britannique ne renonce pas et vers 9 h 10 une vague de six swordfishs tente à nouveau d'attaquer le Richelieu avec des bombes de 250 livres. Les Britanniques se scindent en deux groupes, le premier continue son attaque malgré un intense barrage de DCA. Leurs bombes tombent à moins de vingt mètres et détruisent des canalisations à mazout. Le second groupe de swordfish largue ses bombes au moment où il est rejoint par des chasseurs français. Durant cette attaque 4 des 6 swordfishs sont abattus. 5 aviateurs britanniques sont capturés.
En ce début de matinée, la batterie côtière du cap Manuel est également visée par les bombardements, mais malgré son toit en toile, elle ne subit que très peu de dégâts.
évolutions des navires
À 9 h 30, les cuirassés Barham et Resolution ouvrent le feu aux 380 mm sur le Richelieu et le cap Manuel à 14000 mètres.
Au même moment, le torpilleur Hardi et les contres torpilleurs reçoivent l'ordre de tendre un rideau de fumée pour dissimuler les croiseurs qui évoluent en zigzag à 25 noeuds.
À 9 h 40 l'ordre d'ouvrir le feu est donné par l'amiral. La tourelle II de 380 mm du Richelieu tire sur le Barham et tombe en avarie juste après. Mais heureusement pour le cuirassé français, les batteries côtières et les croiseurs prennent pour cible les deux cuirassés britanniques.
À 10 h, la tourelle de 152 mm du richelieu tombe également en avarie. Tous les canons du navire sont muets. Un quart d'heure plus tard, le torpilleur Hardi est mis sous les ordres du commandant Marzin par l'amiral Lacroix afin qu'il protège le Richelieu par des émissions de fumée en cas de nouvelle attaque des cuirassés britanniques.
Vers 10 h 50, les deux navires anglais prennent, maintenant pour cible les croiseurs et les contres torpilleurs qui évoluent a l'intérieur du filet par torpille. La puissance des moteurs ainsi que la manoeuvrabilité des navires français rend difficile le réglage des tirs britanniques qui malgré tout les encadrent plusieurs fois. Mais le combat est quelque peu inégal, puisque les croiseurs et les contres torpilleurs français ne peuvent répliquer qu'avec respectivement du 152 mm et du 138mm aux coups de 380 mm.
À bord du Richelieu, les spécialistes d'artillerie navale travaillent sur les pièces de gros et moyen calibre. À midi les tourelles de 380 et 152 mm sont à nouveau prêtes à faire feu.
C'est à ce moment que le Richelieu aperçoit un point noir sur l'eau à tribord arrière dans la direction où la D.C.A. du cuirassé a abattu un avion en matinée. C'est une petite embarcation en caoutchouc. Le commandant Marzin donne l'ordre au Hardi d'aller récupérer les rescapés.
Vers 12 h 30, le Hardi est encadré par des gerbes de 203 alors qu'il hisse à son bord un aviateur anglais blessé. Il met cap, à toute vitesse, sur l'entrée du port en tirant de toutes ses pièces. Il signale aux navires en rade qu'il est poursuivi par 2 cuirassés et 2 torpilleurs. Le Richelieu ouvre le feu avec une tourelle de 380, le Montcalm et le Georges Leygues avec leurs 152. Les croiseurs et les contres-torpilleurs reprennent leur évolution en zigzag.
L'inquiétude de la veille laisse place à l'enthousiasme . En effet, ce ballet incessant de croiseurs et de contre torpilleurs, sans aucun abordage ni dommage causés par les Britanniques, regonfle le moral des marins. C'est ainsi, qu'à chaque croisement des bâtiments les équipages se saluent bruyamment par des hourras.
À 13 h, l'ordre est donné par l'amiral de faire de la fumée afin de masquer les navires en rade. Les Britanniques tirent en aveugle et n'atteignent aucun de leur objectif. Par contre, le port est touché ainsi que le Portos et le cargo suédois Tacoma chargé de fûts d'huile d'arachide qui prennent feu immédiatement.
Enfin vers 13 h 30 les navires anglais disparaissent derrière la pointe de Dakar et le feu cesse.
Les navires reprennent leur poste d'attente, et les hommes qui ne sont pas de quart vont sommeiller à l'ombre des superstructures.
À 15 h 30, le malin donne l'alerte. 8 swordfish de l'Ark Royal, qui volaient haut, ont piqué moteurs réduits. Ils sont accueillis par la D.C.A des croiseurs Montcalm et Georges Leygues. Le Fantasque, le Malin, le Hardi, l'Air France IV, la Gazelle ainsi que le Commandant Riviére ouvrent également le feu. Ce mur de D.C.A gène fortement les avions anglais, ce qui désorganise leur attaque. Deux d'entre eux sont abattus, quatre se débarrassent rapidement de leurs torpilles. Par contre, les deux derniers sont en palier au ras de l'eau et lancent leurs torpilles sur le Montcalm et le Georges Leygues. Cette attaque a complètement surpris le Georges Leygues, le croiseur est stoppé. Le commandant ordonne "37 noeuds à gauche toute". Cette manoeuvre, qui demande quelques heures, est exécutée en un temps record. Le croiseur réussi inextrémiste à éviter les torpilles. Le Montcalm en fait de même.
Pour les Anglais cette fin de journée n'est pas concluante. Aucun de leur tir n'a atteint son objectif. Par contre, le pont du Résolution a été plusieurs fois balayé par des éclats d'obus et le Barham a été atteint quatre fois sans que les dégâts ne soient importants. Du côté Français, on a à déplorer la perte de l'Ajax et le Malin a été confronté à une fuite de vapeur, d'une de ses chaudières, dû à des chocs causés par des bombardements proches. Tout a été remis en ordre dans l'après-midi. Quant au cuirassé Richelieu, le commandant Marzin décide d'armer la tourelle I de 380 en plus de la tourelle II qui a 3 des 4 canons inutilisables. En effet, le cuirassé a quitté Brest en Juin 1940 sans avoir la totalité de son artillerie de terminée. Seule la tourelle II de 380 et 2 tourelles de 152 sont prêtes à combattre. Dans la nuit, grâce au travail des canonniers, des armuriers et des ouvriers, la tourelle I est mise au point.
En soirée les navires prennent leurs postes de mouillage pour la nuit. Ci ce n'est le Hardi qui s'escrime à couler le Tacoma. En effet, ce cargo chargé d'huile a pris feu après avoir été atteint par un obus anglais. Dans l'après-midi le remorqueur Buffle réussit à le sortir du port, mais l'aussière casse et le cargo commence à dériver. Ses futs surchauffés explosent dans le ciel et il est impossible de le reprendre en remorque. En dérivant, le Tacoma menace d'aborder d'autres cargos qui se trouvent au mouillage. En début de soirée l'ordre est donné au Hardi de le couler. Après quelques coups de canon, Le Tacoma s'enfonce un peu, mais refuse de couler. Le courant arrange les choses puisque le cargo s'échoue au nord de l'île de Gorée par petits fonds. La nuit va être éclairée par deux épaves, celle du Tacoma et celle de l'Audacieux qui continuent de brûler depuis le 23.
Redoutant une attaque par vedettes, les avisos patrouillent le long des filets. De plus, la Gazelle et la Surprise reçoivent l'ordre de faire une passe avec leurs dragues à la recherche de mines magnétiques du côté de Gorée. Mais, on ne trouve que des torpilles n'ayant pas explosé.
Toujours dans la soirée, le Général de Gaulle se rend sur le Barham. Il convient avec l'amiral Cunningham et le général Irwin d'arrêter le bombardement de Dakar au vu de la surprenante résistance des troupes fidèles au maréchal Pétain. Mais dans la nuit Churchill envoie un message à la flotte anglaise leur ordonnant de poursuivre le combat.à suivre le 25...