Les élèves radios volants formés dans la R.A.F. suivaient le cursus suivant :
• Initial training wing:Il s'agissait d'un centre de formation militaire chargé uniquement des cours au sol.
Il était situé, pour les marins et les aviateurs français dans la base R.A.F. de Stormy Down. Glamorganshire (Wales).
Les matières enseignées étaient le morse, l'armement, la reconnaissance des avions, les mathématiques, les lois et l'administration (King's regulations), et l'hygiène, y compris le sport !
A la fin du stage de trois mois, des tests permettaient de vérifier l'acquis des connaissances.
Pour être admis au cours suivant, il fallait avoir obtenu une note minimum de 60% aux tests, et être reconnu apte aux visites médicales.
• Wireless operator :La formation en vol était effectuée sur la base R.A.F. de Madley-Hereford (Shropshire). Plusieurs milliers d'élèves de toutes nationalités passèrent par cette école de 1941 à 1946, soit environ 2800 radios au sol et 1200 radios volants.
L'instruction est presque exclusivement technique.
Des cours et exercices au sol préparaient aux exercices en vol.
La durée du stage était de six mois avant l'affectation en unité.
La formation au sol portait sur la reconnaissance des avions (Recognition), l'armement (mitrailleuse et pistolet lance-fusée), l'étude des postes radio utilisés, l'étude de l'organisation des communications aériennes, les procédures de radiotélégraphie, les manipulations des appareils (pour atteindre les minima requis en vitesse d'utilisation), et l'emploi du radiogoniomètre.
Les vols étaient consacrés à l'utilisation des équipements et des appareils radio, y compris les changements de fréquences, l'emploi de la radiogoniométrie, la tenue d'un livre de bord. Ces exercices nécessitaient environ dix heures de vol sur bi moteur De Havilland Dominie et environ cinq heures sur Percival Proctor IV.
Les matériels utilisés étaient ceux en service dans la R.A.F ou la Fleet Air Arm à partir de 1941, à savoir : les ensembles E/R Marconi TR 1154 et 1155 (ce dernier permettant les relevés goniométriques), le poste VHF TR 1143, et les mitrailleuses Browning de calibre 303.
Là encore, il était nécessaire d'obtenir une note minimum de 60% aux tests au sol et en vol pour recevoir le brevet.
En morse, il fallait transmettre et recevoir dix-huit mots à la minute, et, avec la lampe Aldis, (Scott) huit mots à la minute.
Soixante Proctor IV et dix-huit Dominie étaient stationnés sur la base de Madley pour l'entraînement des radios-volants.
Les marins français reçus étaient alors titulaires du brevet de radio Wireless Operator. L'Aéronautique navale ayant demandé à la R.A.F. que ses radios-volants soient également des mitrailleurs qualifiés, les marins, munis du brevet de "Wireless operator" ralliaient ensuite une école de mitrailleurs.
• Air gunnery school (école des mitrailleurs) :Cette école était située dans la base R.A.F. de Barrow-on-Furness.
Pendant deux mois, les élèves volaient environ seize heures sur Wellington et pratiquaient des tirs réels sur cibles et des tirs sur avions simulés par caméras.
Les vols d'entraînement alternaient avec des cours et des exercices au sol.
Les sujets traités étaient la reconnaissance des avions amis et ennemis, l'étude des armes utilisées, y compris le démontage et le remontage avec les yeux bandés, la pyrotechnie et les munitions, les tourelles et les mitrailleuses Browning, le repérage.
La note minimum de 60% était toujours exigée pour les tests au sol ou en vol.
A l'issue de ce cours, les radios volants de l'Aéronautique navale étaient promus quartiers-maîtres et ceux de l'armée de l'Air promus sergents d'office.
Cette inégalité créa un problème psychologique que le capitaine de frégate Durand Couppel de Saint-Front, commandant l'Aéronautique navale en Grande-Bretagne, mit en lumière dans une note du 21 septembre 1944 adressée au contre-amiral, commandant les Forces navales en Grande-Bretagne.
Ce problème fut réglé par la promotion au grade de SM2 six mois après l'arrivée en formation (Escadrille ou flottille).
Lorsque fin février 1946 l'entraînement des volants cessa dans la RAF, ce fut à tous les stades et dans toutes les écoles, quel que soit l'état d'avancement où en étaient les élèves.
Les mécaniciens et les mitrailleurs furent immédiatement dirigés sur l’École du Personnel volant de Lartigue-Tafaraoui.
Mais pour les radios, l'EMG de la Marine décida de les ramener tous à la case départ via l'Ecole TER.
Avec discernement toutefois, ceux qui étaient à quelques semaines de l'obtention du brevet de W.A.G ? ne passèrent qu'une semaine à Porquerolles, juste le temps d'un contrôle pour la forme.
Ils en savaient autant et sinon davantage que leurs instructeurs sur leur spécialité de volants...
Les autres qui étaient encore en stage à Madley firent un cours accéléré d'un mois, et pour ceux qui comme moi étaient prêts à gagner Madley, un cours accéléré de deux mois et demi fut organisé avec la présence de deux instructeurs, un de la Marine et l'autre de l'Aéronautique navale.
Après avoir obtenu le Brevet de radio du SG à Porquerolles, nous avons rallié l'EPV Lartigue et dès l'obtention du certificat de volant promus QM 1... avec promesse de passer SM2 six mois après.
Ceux qui n’ont pas quitté la Marine au terme de leur premier engagement, seront présents en Indochine et en Afrique du Nord ou de l’Ouest, et partout ou la Marine les enverra, on peut en citer plusieurs parmi ces derniers : Max Bayol, J-C Laffrat, Jean Hossine et René Lelionnais.
Toutefois parmi ceux qui étaient en stage en vol à la RAF Madley, deux sortent du lot, Max Bayol et René Gorse.
Max Bayol a tout juste 17 ans en août 1944.
Il campe dans une propriété de l’Oise normande avec son jeune frère et un camarade, lorsque les troupes américaines traversent la Seine.
Les trois garçons se dirigent vers l’ouest, au son du canon, passent au travers des troupes allemandes en retraite, rejoignent la deuxième division blindée américaine et se mettent à sa disposition (première expérience militaire peu orthodoxe).
Revenu à Paris, Max et son camarade s’engagent dans l’Aéronautique navale comme élèves radios volants.
Max gagne l'Angleterre par voie maritime à partir d’Alger sur le paquebot Britannique
Georgic de retour des Indes.
Après un passage au Camp de Bir-Hakeim, il est dirigé sur l’ITW de la RAF Stormy Down, qu’il quitte une fois son stage terminé, pour son stage en vol à la RAF Madley.
Mais la fin de la guerre interrompt sa formation en vol.
Il sera breveté à l’École du personnel volant de la BAN Lartigue en novembre 1946, et se portera volontaire pour l'Indochine, il sera l'un des premiers à convoyer les Sea-Otter de la 8S de la HMS Bambara (Ceylan) vers la BAN de Cat Lai.
Il fera les derniers vols de l'hydravion japonais Aichi 'Jake".
Il fera carrière dans l’Aéronautique navale puis en tant que civil au sein de la Société Dassault et au CNES.
René Gorse s’engage le 09 janvier 1945 comme élève radio volant.
Il n’arrivera pourtant à la RAF Station Madley que le 02 janvier 1946 après avoir suivi le cours ITW de Stormy Down à partir du 23 juin 1945.
Son cours de radio en vol, interrompu en mars 1946, sera repris à Porquerolles puis à l’EPV de Lartigue.
Breveté tardivement le 05 janvier 1947, il sera affecté à la Section Reception Convoyage (SRC) de Toussus le Noble.
Il fera ensuite carrière à la Société Thomson C.S.F.