samedi 17 février 2007, 10h22
Mme Royal donne la priorité à l'éducation, non à un 2e porte-avion
STRASBOURG (AFP) - La candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a réitéré vendredi à Strasbourg son renoncement à un 2e porte-avions au profit de l'éducation et la recherche, en dépit des critiques de la droite.
"Je veux relever la France en mettant l'argent public là où c'est nécessaire", a déclaré Mme Royal, interrogée par des journalistes sur les critiques de la ministre UMP de la Défense, Michèle Alliot-Marie, ayant qualifié ce choix d'"irresponsable et fallacieux".
Jeudi soir à Dunkerque, Mme Royal avait annoncé qu'elle n'engagerait pas "la construction d'un deuxième porte-avions" et précisé que cela devait être "un chantier européen".
"La politique, a-t-elle dit à Strasbourg, c'est de faire des choix et il y a des urgences. J'ai dit que si le 2e porte-avions devait être construit, il le serait avec une dimension européenne, donc avec des partenaires européens, ce qui permettrait de faire des économies et donc d'investir ces économies dans l'éducation, la recherche et l'innovation", a-t-elle ajouté.
"Mme Alliot Marie fait partie d'un gouvernement qui a laissé la recherche dans l'état de misère que l'on connaît aujourd'hui. Les jeunes chercheurs sont en train de fuir vers les Etats-Unis", a relevé Mme Royal. "Je veux que la France redevienne une grande nation, pour la recherche et pour son enseignement supérieur. Sinon, elle va continuer à s'enfoncer dans le déclin", a-t-elle poursuivi.
La candidate socialiste a détaillé vendredi à Strasbourg les mesures de son plan de mobilisation nationale pour la recherche et l'enseignement supérieur, dont une allocation d'autonomie pour étudiants et une revalorisation des crédits à la recherche. Ségolène Royal, qui a réitéré sa promesse d'augmenter les crédits à la recherche et à l'enseignement supérieur de 10% par an pendant cinq ans, a notamment annoncé la mise en place d'un "nouveau système de prêts" et d'une "allocation d'autonomie" pour les étudiants.
Cette allocation serait accordée "sous condition de ressources à tous les étudiants qui acceptent de participer au soutien scolaire des jeunes en difficulté", a souligné Mme Royal, devant quelque 200 jeunes chercheurs.
Mme Royal a également plaidé pour une "revalorisation des allocations de recherche", sans évoquer de chiffre, ainsi que pour une pleine reconnaissance du doctorat dans le monde du travail.
Estimant que les débouchés pour les chercheurs sont insuffisants dans le secteur public comme dans le secteur privé, Mme Royal a ainsi estimé que "le crédit impôt recherche (aux entreprises) pourrait être en partie conditionné à l'embauche de docteurs".
Au plan européen, Mme Royal a promis de "demander à l'Union européenne que les dépenses publiques de Recherche et Développement ne soient plus inclues dans les critères du pacte de stabilité", qui limite à 3% du PIB le déficit public autorisé des pays de la zone euro.
Réaffirmant le "principe d'accueillir tous les bacheliers qui souhaitent continuer leur formation dans un établissement d’enseignement supérieur", la candidate socialiste s'est prononcée pour que les étudiants de premier cycle bénéficient d'un "suivi et un encadrement plus fort, une aide personnalisée" durant les deux premières années d'enseignement supérieur.
Mme Royal était l'invitée de la Confédération des jeunes chercheurs (CJC).
Elle a auparavant rencontré des chercheurs de l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) de Strasbourg, un centre de renommée internationale qui emploie quelque 550 personnes. Les chercheurs lui ont exposé la nécessité de revaloriser leur statut en France, notamment pour enrayer la fuite des cerveaux aux Etats-Unis. "Notre recherche et l'enseignement supérieur sont paupérisés", a affirmé Mme Royal.
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de la Défense, qui soutient Ségolène Royal pour l'élection présidentielle, a estimé vendredi que la construction d'un deuxième porte-avions n'était "pas vraiment nécessaire".
"Le deuxième porte-avions, à mes yeux, est loin d'être la priorité en matière de défense", a affirmé M. Chevènement dans une déclaration à l'AFP.
Source: AFP