Les coques en stock de la Marine
A Brest, la Marine a 57 vieilles coques en attente de démolition. Elle réfute tout risque pour l'environnement, comme au cimetière marin de Landévennec (lire aussi page 6).
Un récent reportage de France 3 Iroise, dans lequel l'association de défense de l'environnement marin Mor Glaz dénonçait la pollution des vieux navires de guerre dans l'anse de Landévennec, a « agacé » l'institution. D'où l'invitation à la presse de monter à bord du Colbert, l'un des cinq gros navires ancrés là.
Longtemps, le croiseur désarmé fut un musée flottant à Bordeaux. La ville s'en est débarrassée. Et Brest en a hérité. Le croiseur est flanqué de deux escorteurs, le Duperré et la Galissonnière. Sur les flancs des navires, la peinture grise s'en va par larges plaques. « Il est certain que la Marine ne va pas investir dans l'entretien de navires promis à la démolition », commente le capitaine de vaisseau Philippe Guégan, commandant de la base navale.
Bientôt la Jeanne d'Arc
Le commandant assure : « Vis-à-vis de l'environnement, on n'a pas d'inquiétude à avoir. Nous faisons des analyses régulières, comme nous l'oblige le contrat de baie. »
Quant à la partie immergée, elle ne rejeterait plus de TBT (le principe actif antibiotique des peintures antifooling interdites désormais). Philippe Guégan en veut pour preuve « le voile biologique » formé sur les coques, colonisée par les algues, les huîtres et autres crépidules.
Deux fois par semaine, les six marins commandés par le lieutenant de vaisseau Yves Rivollant se rendent à Landévennec. Leur mission : inspecter les navires pour s'assurer qu'il n'y a aucune fuite. « Quand un navire est désarmé, on obture les passages de coque, on dégaze, on inerte les cuves, on enlève tout ce qui peut fuir », commente le commandant.
Sept nouveaux bateaux vont être désarmés cette année. En 2010, ce sera le tour de la Jeanne d'Arc.
La seconde étape est l'obtention d'un passeport vert. « Une entreprise extérieure vient identifier toutes les matières présentant un danger, comme l'amiante. Elle dresse un état des lieux. » Onze navires devraient recevoir ce passeport en 2009. La troisième étape, après appel d'offres : la démolition.
Une tradition
La Marine stocke ses vieilles coques à Landévennec, dans la rade-abri près de l'ancienne base sous-marine et au fond de la Penfeld. Quelques-unes servent de brise-lames devant l'École navale, à Lanvéoc, et d'autres attendent à Lorient.
S'il est une personne qui ne se plaint pas des vieux navires, c'est bien Roger Lars, le maire de Landévennec. « Il y a toujours eu une tradition des vieux navires, explique l'élu. Il faut voir le monde que cela attire. »
Est-il inquiet ? « Non ! Ma meilleure garantie, c'est quand je pêche des palourdes. Et elles sont bonnes ! »
Yannick GUÉRIN.
Ouest-France