La Rance 1971. Le BSL est amarré à "Dindon"(Mururoa) face au blockhaus. Contrairement à l'usage qui fait aller en repos à PPT, je sollicite l'autorisation de me retirer sur un motu. J'explique au Cdt. en second les raisons de ce choix: Je souhaite avec mon voilier revenir dans ces eaux et un naufrage peut m'arriver comme à tant d'autres. Ces quelques jours peuvent m'apporter une exceptionnelle expérience de survie. J'obtiens l'accord du pacha.
Par prudence j'embarque dans le LCPS quantité de vivres délivrées par la cambuse, le président des OM m'approvisionne en "denrées fines..." j'y rajoute des bouteilles d'eau et de la bière, également un talkie-walkie. Cette radio sera branchée en permanence à la coupée, de mon côté, pour économiser la batterie, j'assurerai une vacation le matin et une le soir.
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Lentement le LCPS se faufile entre les couleurs chatoyantes et les poissons puis va s'échouer. Rapidement le matériel est débarqué puis rangé en haut de l'estran: cartons, couvertures, cordages s'amoncellent, ensuite l'embarcation s'éloigne.
Lors de "l'opération cocotier" (j'évoquerai cette expédition ultérieurement) j'avais remarqué une toile jaune d'un ballon déclassé, proche d'un faré délabré. Peut-être y trouverai-je des clous, du fil de fer , d'autres trésors? Je rassemble quelques cocos pour marquer mon débarquement et entreprends une marche. Hélas je ne retrouve pas la fosse du défunt cocotier, ni le sillage laissé dans le sable lors de son embarquement. Il est tard lorsqu' enfin je trouve le vieux faré. Je roule la grande et lourde toile et la remorque... Arrivé au camp de base, je suis éreinté et tends machinalement une main vers la caisse de bière. Non! Tu es un naufragé.
J'étarque un cordage entre deux cocotiers et place la toile-ballon dessus. Les côtés sont fixés à l'aide de blocs de corail mort, puis je range le matériel dessous. Il est tard, tout sera à revoir demain. Mon repas se limite à une noix de coco que j'ai bien du mal à ouvrir. Mon seul outil est mon couteau de bosco, un Opinel N°12.
La nuit tombe vite, tout est calme, mais pas pour longtemps! Les moustiques m'agressent tandis que les bernard-l'hermite attaquent par dizaines, par centaines. Ils entrent dans la tente, montent sur ma couverture, assaillent les caisses. Je passe une bien mauvaise nuit, perturbée également par la soif. Comme la toile est grande, je taille au couteau deux larges bandes que je réserve. Puis j'enterre les côtés et pratique de même pour les ouvertures avec les deux bandes: il me faut lever les jambes pour entrer mais je serai le seul à entrer...Concernant les moustiques je les éloigne en brûlant de la bourre de coco. La lente combustion dégage une fumée dense que j'oriente en fonction du vent.
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Cela va faire plus de 30 heures que je suis sur ce motu. Je ne souhaite pas poursuivre l'expérience en ne mangeant que des cocos, des bernard-l'hermite et du crabe de cocotier grillés. J'estime mon expérience positive et comprends l'importance de détenir toujours paré, une besace de secours, correctement équipée en matériel de survie. Je m'autorise un plantureux repas.
Moins d'une dizaine de jours après un hélico se pose, croyant l'appareil de la Rance j'y vais. Je découvre deux officiers dont le COMSITE. Peu après le LCPS de la Rance vient me récupérer: Il est interdit de séjourner seul sur un motu. Je suis déçu mais réalise que je viens de réaliser un séjour unique, quelque chose qui ne se réalisera plus... à moins d'un naufrage
Salut et Fraternité
Par prudence j'embarque dans le LCPS quantité de vivres délivrées par la cambuse, le président des OM m'approvisionne en "denrées fines..." j'y rajoute des bouteilles d'eau et de la bière, également un talkie-walkie. Cette radio sera branchée en permanence à la coupée, de mon côté, pour économiser la batterie, j'assurerai une vacation le matin et une le soir.
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Lentement le LCPS se faufile entre les couleurs chatoyantes et les poissons puis va s'échouer. Rapidement le matériel est débarqué puis rangé en haut de l'estran: cartons, couvertures, cordages s'amoncellent, ensuite l'embarcation s'éloigne.
Lors de "l'opération cocotier" (j'évoquerai cette expédition ultérieurement) j'avais remarqué une toile jaune d'un ballon déclassé, proche d'un faré délabré. Peut-être y trouverai-je des clous, du fil de fer , d'autres trésors? Je rassemble quelques cocos pour marquer mon débarquement et entreprends une marche. Hélas je ne retrouve pas la fosse du défunt cocotier, ni le sillage laissé dans le sable lors de son embarquement. Il est tard lorsqu' enfin je trouve le vieux faré. Je roule la grande et lourde toile et la remorque... Arrivé au camp de base, je suis éreinté et tends machinalement une main vers la caisse de bière. Non! Tu es un naufragé.
J'étarque un cordage entre deux cocotiers et place la toile-ballon dessus. Les côtés sont fixés à l'aide de blocs de corail mort, puis je range le matériel dessous. Il est tard, tout sera à revoir demain. Mon repas se limite à une noix de coco que j'ai bien du mal à ouvrir. Mon seul outil est mon couteau de bosco, un Opinel N°12.
La nuit tombe vite, tout est calme, mais pas pour longtemps! Les moustiques m'agressent tandis que les bernard-l'hermite attaquent par dizaines, par centaines. Ils entrent dans la tente, montent sur ma couverture, assaillent les caisses. Je passe une bien mauvaise nuit, perturbée également par la soif. Comme la toile est grande, je taille au couteau deux larges bandes que je réserve. Puis j'enterre les côtés et pratique de même pour les ouvertures avec les deux bandes: il me faut lever les jambes pour entrer mais je serai le seul à entrer...Concernant les moustiques je les éloigne en brûlant de la bourre de coco. La lente combustion dégage une fumée dense que j'oriente en fonction du vent.
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Cela va faire plus de 30 heures que je suis sur ce motu. Je ne souhaite pas poursuivre l'expérience en ne mangeant que des cocos, des bernard-l'hermite et du crabe de cocotier grillés. J'estime mon expérience positive et comprends l'importance de détenir toujours paré, une besace de secours, correctement équipée en matériel de survie. Je m'autorise un plantureux repas.
Moins d'une dizaine de jours après un hélico se pose, croyant l'appareil de la Rance j'y vais. Je découvre deux officiers dont le COMSITE. Peu après le LCPS de la Rance vient me récupérer: Il est interdit de séjourner seul sur un motu. Je suis déçu mais réalise que je viens de réaliser un séjour unique, quelque chose qui ne se réalisera plus... à moins d'un naufrage
Salut et Fraternité