par Timonier Belladone Mar 18 Jan 2022 - 18:17
bon, je n'ai pas réveillé grand monde, semble-t-il !
Tant pis pour vous, je vais donc parler des vaguemestres. Il faut savoir, qu'en T.O.E. particulièrement, le vaguemestre est un personnage important. Je veux dire quand on rentre de patrouille par exemple, ou d'une quelconque opération.
A l'époque, les nouvelles ne s'échangeaient pas par téléphone. Le portable n'existait pas. L'utilisation du télégramme s'effectuait en général pour informer d'un décès, d'un côté ou de l'autre... Le courrier mettait entre 25 et 30 jours pour arriver en Indo, souvent par l'Athos II. C'est dire qu'après un retour de deux ou trois semaines d'opérations la plupart de l'équipage piaffait d'impatience. Le courrier, le courrier !
J'étais vaguemestre sur la Belladone jusqu'au moment où je suis passé Q/M1. A peine le "terminé pour la manoeuvre" je dégringolais de la passerelle pour aller me mettre en tenue et filer à la Poste Navale d'Haïphong. Premier à passer la coupée ! Avec les encouragements des copains "fais vite hein Tim!".
La PNH se trouvait à environ un bon kilomètre de notre appontement. Prendre la rue principale, passer devant le cimetière militaire sur la gauche (salut Sébastien, salut Chavret...) tourner deux fois à droite, on y était. Un petit bâtiment blanc, plein de sacs, de cartons, des grandes boîtes fixées au mur...
Ps le temps de discuter, j'étais aussi impatient que ceux qui m'attendaient à bord. Retour au pas de charge, j'étais accueilli comme le messie ! Premier servi le Pacha, pour le courrier officiel et son courrier à lui. Ensuite la distribe, avec les "gâtés" trois, quatre, six lettres, une douzaine ! Dame, il y avait les mariés, les fiancés, et un bon paquet de courrier des "marraines de guerre". J'en aurai à raconter là-dessus !
Et le Bar chez Mireille ? Tintin, le bar, à l'arrivée! Là où on pouvait traîner, et je ne m'en privais pas, c'est quand on repartait. Là il s'agissait du courrier "départ", celui qui partait vers les petites chéries. Et, une fois ma cargaison remise à la PNH, c'était la Larue (ou deux, ou trois) bien méritées chez Mireille. Soyons précis : Mireille en fait c'était une marseillaise, qui avait quelques heures de vol déjà, cornaquée par un Corse (quelquefois plusieurs) qui se tenaient au bout du bar et ne frayaient pas avec la piétaille, la troupe...
Mais il y avait la mignonne, la petite, qui se disait chinoise (ou thaï), jolie comme un coeur, toujours souriante, qui parvenait à nous tenir à distance - et elle avait du mérite - avec son essuie-mains et sa voix en chant d'oiseau d'où on ne comprenait rien ! J'espère qu'elle ne comprenait pas non plus ce qu'on lui disait, nous, ce qu'on avait envie de lui faire, ou refaire, mais ça la faisait rire ! Quand je pense que je ne sais même plus son nom. Quelle ingratitude !
Voilà pour une (petite partie) des souvenirs de vaguemestre. Et maintenant je n'ai plus qu'à attendre le savon de Charly qui va me trouver une fois de plus hors sujet !