par BONNERUE Daniel Ven 28 Avr 2006, 13:22
Je ne peux résister à l’envie de décrire des « initiatives » qu’il serait impensable de prendre maintenant.
Les remorqueurs de 700 Ch du modèle du « Platane » n’étaient pas équipés pour loger l’équipage.
Les gars couchaient dans la base, que ce soit à l’UMO ou à Mers-el-Kébir plus tard, avec toutes les contraintes de la discipline (branle-bas, appel, tenue réglementaire, etc.). L’équipement électrique d’origine était en 24 Volts continu, alimenté par des batteries rechargeables à partir d’une dynamo montée sur le moteur principal et d’une seconde entraînée par embrayage temporaire sur un moteur diésel auxiliaire ASTER, monocylindre de 11 Ch que nous démarrions à la manivelle.
Avec le « patron » du remorqueur, le S/M DP de 1ère classe NAVARRO, un fin manœuvrier , nous avions convenu d’équiper « notre bateau » pour que les appelés puissent vivre décemment à bord.
Avec l’aide des électriciens de la DCAN-Oran, j’avais fait installer à bord une ligne de 110 Volts continu que nous alimentions à partir du quai lorsque nous étions accosté à notre poste d’amarrage.
Ceci nous avait permis de monter un grand ventilateur au plafond.
Avec les bénéfices de la vente (non réglementaire) de bière et de soda que nous embarquions quasi-clandestinement lorsque nous étions amarrés aux quais civils, nous avions acheté un frigo d’occasion.
J’avais remplacé le moteur d’origine alimenté en courant alternatif par un moteur 110 V courant continu.
Toujours avec la complicité des ouvriers de l’arsenal, j’avais fait mettre en place (proprement) quatre bannettes repliables dans le poste avant et trois dans la cale arrière, toutes récupérées sur des bâtiments désarmés d’origine américaine.
Jusque là, le tout ne fonctionnait que lorsque nous étions à notre poste d’amarrage.
Je me suis donc lancé dans l’installation d’une grosse dynamo 110 V entraînée par le moteur auxiliaire, avec un superbe tableau électrique comprenant un voltmètre, un ampèremètre et, surtout, un commutateur-inverseur pour passer du courant de terre au courant de bord.
Il avait fallu également installer dans la passerelle un panneau lumineux rétro-éclairé en rouge pour éviter d’appareiller en oubliant de débrancher le courant de terre.
Par la suite j’ai récupéré des téléphones de manière à relier la passerelle à la machine et au poste avant.
Nous avions également transformé l’aération haute des WC en arrivée d’eau pour créer une douche (froide).
A partir de ce moment, les matelots ont pu vivre à bord dans des conditions qui leur accordaient une indépendance appréciable.
En ce qui me concerne, en dehors de la fonction d’officier mécanicien de service à la DP que j’exerçais un jour sur trois, je rentrais chez moi après une journée de boulot parfois agitée, au bord de la plage, où ma femme et par la suite mon petit garçon arrivé depuis (46 ans maintenant), m’attendaient.