Pour répondre à ta question je n'ai pour ma part pas connu les marins de Mr "Nest-ce-pas" (Le Président Bourguiba, ainsi surnommé car dans tous ses discours il répétait souvent "n'est-ce-pas).
Je suis arrivé à Karouba au début d'Avril 58 et vu la situation tendue ils avaient dû regagner leur cantonnements.
Pour ce qui concerne l'ambiance, celà pour moi a été assez folklo, celà à commencé sur le tarmak de Bône en Algérie, nous étions 2 infirmiers à destination de Karouba, voyage promenade Marseille-Alger par paquebot de croisiére (cabine spéciale en fond de cale) puis escale de 2 jours à Alger dans une caserne ou l'on trouvait de tout...marins, biffins, aviateurs...en attente d'une occasion pour gagner nos affectations.
Voyage touristique Alger-Bône en convoi de camions, puis embarquement pour mon baptême de l'air sur un SO Bretagne (peut être le même dont il a été question plus haut...) appel sur le tarmak avec un trois galon qui s'exclame " Encore 2 infirmiers pour Karouba? Il en est déjà passé 2 il y a 15 jours...ma parole ils doivent se faire tuer au fur et mesure qu'ils arrivent..." le copain et moi on a commencé a se regarder avec un drôle d'air et un soupcon d'inquiétude...En fait il n'y avait qu'un changement important dans l'équipe médicale de Karouba plusieurs infirmiers ayant fini leur 3 ans de présence...mais ça on ne l'a su qu'en arrivant en Tunisie.
Vol sans histoire jusqu'à Bizerte, sauf qu'à l'arrivée à Karouba l'avion à fait un tour autour de la base et que la premiére chose que j'ai remarqué par le hublot c'est qu'il y avait pleins d'avions en morceau au dessous des ailes...impressionnant...j'ai appris par la suite qu'en fait c'était le parc à ferraille qu'on avait survolé...
A la descente de l'avion un taxi nous attendait, une 2CV pilotée par un 5 galons panaché...le médecin chef en personne qui était venu nous chercher.
Bonne réception par le patron infirmier, présentation des collégues puis question "Ou vais-je vous loger?"
La situation était la suivante:
1- Ceux qui devaient rejoindre la métropoloe n'étaient pas encore partis.
2- Ceux qui avaient leur famille à Bizerte ou a la Pêcherie ne pouvaient pas sortir, tout le monde était consigné.
d'ou le problème ou allions nous coucher?
En désespoir de cause le Patron nous à logés dans la grande salle des malades qui avait été vidée de ses occupants habituels car vu l'état de tension "on s'attendait à avoir des blessés". Dure journée pour les deux bleus qui arrivaient...plongés dans le bain sans voir la température de l'eau.
Je me rappelle aussi une question des copains "T'as emmené tes fringues civiles? Non? Alors si la consigne est levée tu pourras pas sortir..." En effet Mr "N'est-ce-pas" avait décidé qu'il ne voulait plus voir un uniforme français dans les rues de Bizerte et de Sidi Abdallah.
Cependant les véhicules militaires circulaient et nous avions un trafic quasi-journalier avec l'hopital maritime à Ferryville.
Arrets multiples sur la route autour du lac, barrages et contrôles papiers et contenu du véhicule (j'ai compté une fois 8 arrets entre Karouba et l'Hopital)
Sur la base elle même la pression montait chez ceux qui avaient leur famille en ville, une majorité d'officiers mariniers et de QM1, une premiére mesure avait été prise d'autoriser les familles à venir voir leurs époux et papas le dimanche sur la base.
Malgré celà un Dimanche soir eu lieu une manifestation de protestation demandant que la consigne fût levée, défilé autour de la place centrale autour du mat de pavillon, ça gueulait sec...! C'est avec beaucoup de mal que l'état major a réussi à ramener le calme...Quelques jours plus tard l'amiral Ponchardier était sur la base et tenait un discour:
Trés rapidement la consigne fût levée et nous pûmes, en tenue civile, visiter Bizerte, ses plages et tout et tout.On a également changé de Commandant...Ce que je trouvais pour ma part trés étrange c'était de passer l'inspection des permissionnaires en tenue "bourgeoise", car malgré la tenue il fallait tout de même avoir une coupe de tifs "correcte"....
Que dire d'autre, à si, il y a eu pendant un long moment ce que nous avions appelé "le trafic de l'"Omo", les lessives tunisiennes qui circulaient sur le marché avaient une forte tendance à décaper de façon intensive ce qui avait pour conséquence de décolorer jusqu'à l'extrême le linge au grand désespoir des méres de famille.Sur la base on disposait de lessives courantes en france, aussi les époux en amenaient chez eux pour la lessive familliale, ce qui n'était pas du gout des autorités douaniéres tunisiennes qui arrétaient les cars des permissionnaires, fouillaient et saisissaient cette contrebande....S'en suivi toutes sortes de combine pour camouffler la précieuse denrée en particulier confection par les épouses de sacs planqués dans les jambes de pantalons...
Au moment de Noêl c'était les huitres...par l'intermédiaire de la 5S lors d'occases aériennes sur Cuers car pas d'huitres en Tunisie, du moins à l'époque.
Si d'autres annecdotes me viennent à l'esprit je publierais a nouveau.
Amitiés marine.