Détachement à N'Djamena, du 15/05/1979 au 19/06/1979, Atlantic n°13,équipage V.I., chef de
bord, le L.V.Rinaudo.
C'était mon second détachement à N'Djamena, au début nous étions logés en ville, à l'ex
ambassade d'Allemagne nous a-t-on dit, et au milieu du séjour, déménagement pour l'hôtel
"La Tchadienne", plus proche de l'aéroport, pour raisons de sécurité. Tous les détachements
autres avaient été hébergés sur la base, et il n'y avait plus de place. Effectivement, 1 ou 2
jours plus tard, ça s'est mis à tirer dans tous les coins, en commençant par le nord de la ville. D'après ce qu'on nous a dit, c'était l'armée"régulière" qui voulait exterminer une armée de "renégats", sans commandement réel, sans uniforme vraiment défini, composée d'une ou de quelques centaines d'individus, dont des enfants...et qui étaient plus des pillards qu'autre chose.
Notre avion, qui faisait de la piste(mise à jour du TPA, atterrissage décollage...)a interrompu sa séance. En rentrant à"la Tchadienne", de nuit, avec la 404 "à plateau" , au détour d'un virage, deux factions opposées se tirent dessus, de part et d'autre de la route. Arrêt en catastrophe, on coupe tout, on se met à plat ventre dans la voiture et on attend des moments plus calmes... Fin des tirs, plus de traçantes en vue... On repart timidement, sans lumière, ça passe.Arrivée à l'hôtel, 4 à 4 les escaliers pour regagner nos chambres. On récupère au passage un journaliste canadien, mort de trouille... Toute la nuit, de nos fenêtres, on assiste
à un spectacle hallucinant: l'hôtel est très proche du "Chari",qui sépare le Tchad du Cameroun,
et les "fuyards", qui tentaient de traverser, se faisaient "dégommer" par des mitrailleuses en batterie au coin de l'hôtel.Et nous, avec nos boules de pétanque, on aurait eu bonne mine si, au lieu d'aller vers la rivière, ils avaient décider d'investir l'hôteL...
Le lendemain matin, toujours de nos fenêtres(courageux mais pas téméraires), nous avons vu
arriver un "commando" de tchadiens en tenue léopard, qui récupéraient les corps sur "la plage"
et les balançaient dans le Chari. En aval de la rivière, on nous a dit qu'il y avait des abattoirs et
que le quartier hébergeait volontiers des crocodiles...
Une page du séjour est tournée, et le plus étrange , c'est qu'on a réalisé seulement que ce qu'on n'avait pas assisté à un reportage mais que tout était bien réel... Avec du recul, ça fait froid dans le dos...Je me mets à la place de ceux qui, au cours de conflits dans lesquels ils étaient physiquement engagés, ont su tenir leur place et je leur tire mon chapeau, moi qui
n'était pas si rassuré que ça, à l'abri derrière mes carreaux.
Je vous joins "5 photos en 2", l'équipage et la technique au pied de l'avion, et un "patchwork"
avec jeune hippopotame sur le Chari, une vue de la 404 et d'un singe(moi) qui fait le singe avec les vrais.
J'ai quelques noms en tête sur la 1ère photo,si vous le désirez.
par 
