par † Maxi Lun 15 Avr 2013 - 8:46
Salut, JPL !
Tu n'aurais pas oublié Balgkok, Saïgon et Sihanouk ville, dans tes escales ? En tout cas, je récupère des infos intéressantes, comme la date du passage de la ligne ou le fait que Le Béarnais ait été le premier ER à naviguer dans l'hémisphère sud.
Et voili, voiça l'histoire sur Kiki.
Escale à Sihanoukville, au Cambodge. Les Français sont en train d’y construire un port, mais à moment-là, le port se résume à quelques baraquements d’ouvriers, des paillotes-bistrots, un gros village et un quai, auquel Le Béarnais s’amarre.
Le soir, je descends à terre avec trois ou quatre potes et Kiki, le matelot (ou quartier-maître ?) maître d’hôtel du commandant ; un joyeux garçon, mais qui joue un peu les folles.
La soirée commence par un arrêt à la première station-bibine rencontrée. Chacun sait que la soif est la mort la plus redoutée du marin, et nous faisons tout notre possible pour y échapper. On enchaîne avec une soupe chinoise, et voilà que débarquent deux Français qui bossent pour l’entreprise de construction. On fait connaissance, on se paye mutuellement des pots, et les gars finissent par nous proposer d’aller chercher des filles dans un village voisin. On vote : unanimité moins une voix : Kiki ! Les deux gars ont un vieux camion couleur sable ; un pick-up anglais qui a dû faire Tobrouk. On embarque sur le plateau arrière et on met le cap sur le village en question, où nous arrivons en quelques minutes, et où nous sommes aussitôt entourés par une dizaine de jeunes femmes, qui babillent et papillonnent autour de nous en riant. A mon avis, elles se foutent gentiment de nous.
Les gars du chantier nous ont prévenus :
- Attention, les gars, c’est pas des putes. Juste des nanas qui font ce qui leur plait avec qui leur plait. Si elles vous trouvent sympas, elles couchent. Sinon, c’est tintin !
Il faut croire qu’on est tous sympas, car après une autre bière, on repart vers une plage, chacun ayant sa chacune. Sauf, devinez qui ? Kiki !
Arrivée à la plage vers 23 h. En une minute, tout le monde est à poil (pour ceux qui ne connaissent pas, ça veut dire tout nus), et on se jette à l’eau. Ma con gaï est gentille et mignonne comme un cœur, mais elle ne parle ni français ni anglais. Tant pis ! Premières caresses dans l’eau et premiers baisers. Et là, un des plus beaux souvenirs de ma vie. C’est comme dans un film hollywoodien à l’eau de rose : la lune brille, on y voit presque comme en plein jour, et nous barbotons sans doute au milieu d’un banc de plancton, car chaque fois que nous faisons des éclaboussures, elles se transforment en une pluie d’étincelles. C’est féérique.
Bon, c’est beau, mais la nature a ses exigences. Je finis par sortir de l’eau avec ma nouvelle copine, et on va s’allonger sur le sable, au pied d’une sorte de filao. On attaque les hors-d’œuvre, et on vient de passer au plat de résistance, quand tout à coup, un éclair jaillit de nulle part et nous aveugle. C’est ce rigolo de Kiki qui, n’ayant rien de mieux à faire, photographie au flash chaque couple en action. Je le traite de tous les noms et il s’en va photographier ailleurs.
Une heure plus tard, on reprend le camion pour aller dans un coin où, paraît-il, ça rigole. Mais je suis vanné et je demande aux gars du pick-up de me déposer à la coupée du Béarnais. Je quitte donc le groupe et abandonne mon amour d’un soir.
Quand je franchis la coupée et que le camion repart, je l’entends crier plusieurs fois mon nom : « Max, Max ! ». Sur le coup, je n’y attache pas d’importance, mais je comprendrai plus tard qu’elle appelait au secours, parce qu’un gars avait jeté son dévolu sur elle et qu’elle n’en voulait pas. Aujourd’hui encore, je me reproche de l’avoir laissée seule ce soir-là.
Mais la chute de l’histoire se situe quelques jours plus tard à Port-Louis, capitale de l’île Maurice.