Le confort ?
Bof !
On est bien chez soi.
Je doute qu'un engagé du XXI° siècle tolère les conditions spartiates dont nous nous satisfaisions avec délice.
Ce n'est que bien plus tard que j'ai découvert que 3 des côtiers, dont le Fougueux, étaient construits encore plus stricts et difficiles.
Je me suis rendu à Amsterdam pour voir cette relique.
Deux heures à le chercher, car, hormis un peintre en navire, redonnant une nouvelle vie à une coque bien fatiguée, personne se savait quoi que ce soit sur ce navire.
Donc, ce brave batave m'a indiqué l'emplacement du Foko, comme il est prononcé ici.
Juste au moment où j'arrivais dans le no man's land cahoteux et embourbé au bout du quai abandonné le plus délabré de tous les Pays Bas, un 4X4 se garait tout près et un grand dégingandé s'y rendait.
Il était un des deux propriétaires de ce qui fut un fier vaisseau.
Son partenaire dans la vie et lui ont racheté aux Scouts marins hollandais ce qui était destiné à a ferraille.
Qu'ils en soient remerciés.
Il est regrettable qu'ils aient, sans raison évidente, démoli pour rebâtir n'importe quoi.
Vendu par la royale, le navire était désarmé et deux moteurs étaient démontés.
Deux tourelles de 40 Bofors furent rajoutés par les derniers proprios, montées, mais posées "n'importe comment".
La cuisine, près des hélices, est devenue l'atelier mécanique où un tour et un wc sont installés.
La cuisine, elle, se trouve maintenant à l'emplacement de ce qui fut l'office des offs.
La cabine des lieutenants est dénudée et un amas de chiffons, matelas, couches et fatras sert de paillasse pour y dormir.
Les ailerons, ne comportant plus rien, sont rehaussés, car chacun mesurant plus de 180, le vent gênait.
Qu'importe si un passager de taille plus réduite doit se mettre sur la pointe des pieds pour deviner l'horizon... ou le pont.
Tout est commencé, rien n'est fini.
Une collection (?) d'émetteurs récepteurs radio attend, on ne sait quoi, sur des bannettes du poste 1, mais il n'y en a plus dans le pc trans.
De l'aveu même de mon interlocuteur, le Fougueux, pourra naviguer de nouveau dans 10/15 ans et je suis invité pour ce voyage inaugural.
J'ai alors expliqué qu'il me sera difficile de faire monter à bord mon fauteuil roulant.
Le mieux est l'ennemi du bien.
Trop de tâches diverses ont été entamées, aucune n'est terminée.
En revanche, on garde, en relique, une bouteille de Perrier, planquée sous un réseau de câbles électriques, laissée là, volontairement ou non, par un ouvrier des Chantiers.
Quoique quelqu'un m'ait fait remarquer qu'un quart de rouge aurait été plus logique.
Je voulais voir et caresser le Fougueux.
Je m'en réjouissais.
J'ai piétiné le Fogo, évitant le trou de deux mètres au carré dans le poste 1, enjambant les amas de machins innommables et non indispensables à bord, me demandant ce que deviendra le coffre-fort, situé dans la cabine du commandant, porte béante, alors qu'ils ne disposent pas de la combinaison pour le fermer et qui, pour être démonté, demande découpage au chalumeau d'une, voire plusieurs cloisons ou plancher.
Je ne reviendrai jamais à bord.
Mais, dans les trois dernières années, je me suis rendu à bord d'un ancien soume anglais, à Portsmouth, du Redoutable à Cherbourg, du Maillé Brézé, à Nantes, d'un liberty ship et d'un soume US vétéran de la seconde guerre mondiale, à San Francisco, du Missouri, à Pearl Harbour, et, dernièrement d'un croiseur, destroyer et soume à Buffalo.
Alors, je m'en remettrais.
par 
(fallait oser).
