L'article et la photo, au cas ou il serait supprimer ou archiver du site de ladepeche avec le temps.
http://apercu.petitlien.fr/5qr4 Joël Collado sur son petit nuage.
De Manon Haussy - Publié le 10/07/2009.
A 60 ans, Monsieur Météo nourrit toujours autant de passion pour la prévision et le journalisme.
Joël Collado, dans son petit T2 de Météo France à Toulouse.
Photo DDM, Michel Labonne DDM« Ici c'est mon petit T2. »
Son studio surplombe la salle des prévisions, le cœur névralgique de Météo France.
C'est là, dans ce 20 m2 à la moquette orange, que Joël Collado prépare et balance ses flashs sur les ondes, dès 5 heures du matin.
Devant lui, quatre écrans brassent les images satellite, les données des radars, les courbes des températures et le sens des vents.
D'un clic, il voit ce qui se passe sur la planète entière.
Toutes les demi-heures, en direct, il prend l'antenne, en apparence au pied levé.
Car ses bulletins, fruits d'un travail collectif, ne s'improvisent pas.
Même s'ils sont compressés à une poignée de secondes.
En quinze ans de contrat avec France Info et France Inter, les auditeurs ont pris l'habitude d'associer les nouvelles du ciel à son timbre grave et légèrement nasillard.
« La majorité des gens attendent la météo.
Mais pour beaucoup de journalistes, ce n'est pas digne du métier.
Eux traitent du passé, alors que nous, nous parlons du futur.
Cela demande une maîtrise totale du sujet. »
Cheveux blancs, yeux bleus et plaisanterie facile, Joël Collado a peut-être la voix d'une star, mais il a su rester étanche aux flatteries et à l'aura dont on le nimberait aisément.
« Quand je vois Evelyne Dheliat, pour qui c'est difficile à gérer, je suis content de rester derrière mon micro », assure-t-il.
A Radio France, ils sont « 2,25 » prévisionnistes.
Lui assure les jours ouvrables, Jacques Kessler s'y colle les week-ends et jours fériés depuis Marseille, et Jean-Michel Golysnki les relaye tous deux pendant leurs congés.
Ses passions, ce sont la nature et la science.
La campagne qu'il côtoie durant sa jeunesse, au milieu des volcans d'Auvergne ; la forme des nuages, changeante, qu'il se plaît à observer ; et celle de la mer, lorsqu'il décide, à 16 ans, de s'engager dans la Marine.
« Je voulais voir du pays, respirer ».
Les horizons se succèdent : Atlantique, Méditerranée et mer du Nord en tant que mousse.
Puis il se forme à l'école de météo de Saint-Cyr, en région parisienne, et repart à l'aventure.
Pacifique, Afrique… il fait le tour du monde, et pointe des cartes à l'ancienne à bord de porte-avions.
« J'avais besoin de découvrir un maximum de phénomènes naturels.
J'étais dans mon élément, mais le mal de mer ne m'a jamais quitté !
Je faisais avec… »
Il remet les pieds sur terre à l'école du personnel volant de Nîmes, où il enseigne aux pilotes et navigateurs, puis est muté à Saint-Cyr pour y former les marins.
LE DECLIC A SUD RADIO
En 1982, lors de la décentralisation de Météo France, le voilà débarqué avec ses crayons de couleur à Toulouse, restée depuis son port d'attache.
Quatre ans plus tard, il emmène ses élèves météorologistes à Sud Radio, pour les entraîner à des ateliers de prévision.
« L'un d'eux a eu la trouille, j'ai dû prendre sa place.
Et il fallait que j'assure, devant eux !
De l'autre côté de la vitre, le gars m'a dit ''Toi, t'as une voix à faire de la radio.''
Ça a été le déclic. »
En septembre 1987, il entre à Sud Radio.
Suées, mains moites, il se confronte quotidiennement à la difficulté de tout synthétiser en une minute.
« Cela modifie la notion du temps.
Après, ce n'est pas si dur que ça. »
En 1994, Radio France lui propose le poste de Monsieur Météo.
« On ne peut pas rêver mieux.
C'est presque une récompense. »
La carte de France s'élargit, les bulletins se spécialisent.
Le ton est plus professionnel, et le grand bond de l'informatique modifie la donne.
De cette amélioration continue, Collado retient qu'on lui demande de moins en moins pourquoi il se trompe.
« Nous avons fait des progrès immenses, et il en reste autant à faire.
Il y a 20 ans, on faisait des prévisions à un jour, aujourd'hui on est presque à J+10.
L'anticipation et la vérification le lendemain, c'est le pied.
Plus on avance, plus on voit loin. »
Ligne de vie : Naissance 1er juin 1949 à Clermont-Ferrand d'un père employé chez Michelin et d'une mère sans profession.
1987. Débuts à l'antenne, avec des flashs météo chez Sud Radio
1994. II signe son contrat avec France Info et France Inter
Son CD favori : Les chansons de Jacques Brel, notamment celles qui parlent du ciel.
Celui qui flamboie, pour que le rouge et le noir s'épousent ; celui, si gris, qu'il faut lui pardonner, ou celui dans lequel les marins d'Amsterdam plantent leur nez, puis se mouchent dans les étoiles.
Son film préféré : Récemment, j'ai adoré « Gran Torino ».
J'ai ressenti beaucoup d'émotion à voir ce vieil homme.
Je ne peux pas m'empêcher de me projeter, j'arriverai bientôt à cet âge-là.
Sa passion : La nature, au sens large.
La météo, bien sûr, mais aussi le bricolage, le jardinage, la campagne.
Sa région : Toulouse, parce qu'on s'y sent bien.
Ou alors la côte océane, plus sauvage que la méditerranéenne, plus iodée.