Désigné pour le Golo, je débarque du LSIL 9033 le 9 mars 1953, je passe trois jours á la compagnie des passagers de la F.A.I.S. (Flottille amphibie Indochine Sud). Le 12 au soir nous partons pour Saigon vers l'U.M.S. (Unité marine Saigon), ou je reste encore pour deux jours. Le 15 au matin, nous sommes plusieurs á prendre la direction du terrain d'aviation (Tan Son Nhut) et, á huit heures, l'avion décolle pour Haiphong qui fut en vue après quatre heures de vol ; á midi nous touchons sol.
Sur le terrain nous attendons deux heures, il n'y a personne pour nous récupèrer, enfin á deux heures dix, un 4x4 de la marine arrive ; manque de chance le Golo est parti, apprend-on ; donc il fallut attendre trois jours á la B.N.H.(Base Navale Haiphong. Enfin le 19 au soir embarquement sur le LST 9008 ; le Golo.
Entre le 20 mars et la fin du mois nous avons fait un voyage pour Saigon en transportant du vieux matériel et une compagnie de Légion. Le 2 avril nous sommes parés pour le retour á Haiphong avec du matériel neuf. Arrivée le 6 á Haiphong. Dans la nuit du 6 au 7 avril, nous voici en route pour Tourane afin d'y prendre des prisonniers Viet-Minh et les conduire á Haiphong. Le 10, embarquement d'hommes, d'armes, de munitions et de matériel : Crabes et L.V.T Alligators de la Légion.
Il y a 800 hommes á bord. Le 13 au matin, appareillage pour Tourane. A l'arrivée á Tourane, débarquement des crabes, des L.V.T et d'un peu des troupes. Restent á bord, des parachutistes Vietnamiens et Français ainsi que quelques Légionnaires. Le 16 dans la journée, rembarquement de ce que nous avons débarqué, et le 17 au matin en route pour l'opération Rif
Début de l'opération Rif.
Le 18 avril, le Golo reste au repos dans la baie de Cu Lao Ré. Pendant deux jours, la mer étant mauvaise, l'opération est suspendue. Le 20, départ pour la baie de Ben Coy et débarquement de deux sections montées, d'une compagnie de la légion et tous les parachutistes. Ici donc, nous aurons encore deux jours de repos. Le 22 avril embarquement de la légion et des crabes, et en route pour Nha Thang ou nous faisons les vivres les 22 et 23.
Le 23 au soir on prend la mer pour l'opération Rif á Phan Thiet. Le 24 á cinq heures trente : débarquement. Il y a lá quatre L.S.T, deux tenders avec les commandos marine, quatre P.C. L'aviso Savorgnan de Brazza, quatre escorteurs, la Charente avec 1500 hommes de troupes, un gros remorqueur, au total dix-sept bateaux.
Le débarquement fut très rapide ; l'opération est difficile, gros mouvement de troupes. L'artillerie entre en action, dont celle des LST Orne et Golo. Le 24, toute la journée et pendant la nuit, les 88 firent du bruit ainsi que les canons du Brazza. Les 25, 26, 27 et 28 avril, poursuite de l'opération sous une chaleur torride. Le 29 en voit la fin et pour nous, c'est l'appareillage pour Nha-Trang afin d'y prendre un bataillon de tirailleurs Algériens pour le transporter á Saigon.
Arrivée á Saigon le 4 mai. De cette date au 2 juin, réparations et passage au bassin durant trois jours. Sortie du bassin le 2 juin. Il nous faut une journée afin d'embarquer du matériel neuf pour Haiphong. Le 4 appareillage pour le (Tonkin ?) ou nous arrivons le 8. Débarquement du matériel et aussitot embarquement des nationalistes Chinois : hommes, femmes, enfants, bébés, etc... Et le 9, en route pour Cam-Pha afin d'embarquer le restant des Chinois.
Le 11 juin au matin départ pour Phu-Quoc, ile dans le golfe du Siam ou nous déposerons ces Chinois qui sont gardés á bord par vingt-cinq grands sénégalais. Le 15 au matin, nous embarquons au Cap Saint-Jacques deux cents Chinois qui arrivaient de Saigon par le LCI Hopital Médecin capitaine Le Gall. Le 16 au soir, nous mouillons dans la baie de l'ile (quelle �le ?) pour y passer la nuit. Le 17 juin au matin, nous appareillons pour Phu-Quoc ou nous devons débarquer les Chinois, mais le temps étant trop mauvais pour les LCVP, nous devons appareiller pour la baie ou nous passons la matinée.
A treize heures trente, le temps plus calme, nous sommes de nouveau á la plage, ou cette fois-ci le débarquement fut fait et très rapidement. Le soir, par sécurité, nous retournons á l'abri pour la nuit et la matinée du 18. Dans l'après-midi, nous appareillons pour Duong-Dong ou nous devons charger plusieurs cargos de nationalistes chinois. Mais une tempête arrive de nouveau et nous force á retourner á l'abri ou nous restons au calme jusqu'á l'après-midi du 19 ou cette fois ci, ce sont les Chinois qui viennent á pied á la baie, pour finir.
Dès treize heures, l'embarquement des chinois nationalistes commence et se termine á vingt-et-une heures. Le 20, appareillage pour Duong-Dong pour continuer cet embarquement et le soir en route pour Saigon. En passant nous stoppons á Poulo-Condor pour y prendre des déportés politique vietnamiens ; leur embarquement fini, départ de suite ; il est vingt heures trente. Arrivée á Saigon le 23 á midi.
Du 24 juin au 7 juillet, nous travaillons pour l'inspection qui aura lieu le mardi 7. Dans la journée du 7 nous allons au beaching pour embarquement de troupes et matériel. Le 8 á onze heures trente, appareillage pour Tourane avec arrêt au Cap saint-Jacques pour récupèrer les commandos marine. Le 9, nous appareillons á quatorze heures et nous arrivons á Tourane le 11 á quatorze heures.
Le séjour á Tourane dura 3 jours, après nous être échoué sur un banc de sable. Nous restames douze heures inactifs ; enfin le 13, direction de suite au beaching pour embarquement de matériel et de retour en rade á 15 heures. Le 14 juillet, appareillage pour Cu Lao Ré afin d'y embarquer le commando Prévaust et faire un exercice de débarquement. Le 15 juillet appareillage á vingt-deux heures trente pour débarquement á zéro heure trente sur la cote d'Annam. A trois heures, débarquement de cinq commandos sur la plage de Ton Song . Dès les premiers éléments á terre un feu nourri vietminh éclate et la riposte arrive vite avec l'appui de l'artillerie du Tender et de l'aviation.
A quatre heures un combat sanglant se déroule, nos troupes faisant face á deux bataillons Viets (3000 hommes dit-on)...á huit heures, neuf morts de notre coté ; á neuf heures quinze : deux autres, et á neuf quarante-cinq encore un autre et lá nous devons reculer ne pouvant pas traverser le fleuve ou étaient embusqués des quantités de fusils-mitrailleurs Viets.
A onze heures, rembarquement de trois commandos pour les débarquer quelque cent mètres plus loin ; le temps de dégager les morts du commando Jaubert et á quatorze heures, rembarquement de toute la troupe. Les LCVP du Golo embarquent six morts et blessés ainsi que des prisonniers, plus une petite fille viet de l'age de six mois environ, blessée d'une balle á la cuisse et d'un éclat á la jambe. A quinze heures, appareillage et une fois au large, transbordement des morts sur un PC qui se rendra á Tourane ; ensuite, nous rentrons é Cu Lao Ré.
Opération Mazagan
Le 18 juillet au soir, appareillage pour une nouvelle opération. Le débarquement a lieu á trois heures trente. Il est rapidement fait et presque aussitot des coups de feu sont échangés. Mais de suite nos troupes sont en position. Toujours quelques coups et nos troupes avancent jusqu'á un village ou bientot des rebelles sont prisonniers.
A neuf heures le 19, tout est pris et l'aviation termine son mitraillage. A onze heures, le feu est mis au village, l'aviation bombarde et le rembarquement se fait laissant sur le terrain de nombreux Viets tués. Les prisonniers sont ramenés á bord. De notre coté : six blessés légers et á quinze heures trente, nous sommes de retour á Cu Lao Ré. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, appareillage pour Tourane, ou nous débarquons des commandos et des parachutistes.
L'opération Ifrane
Nous montons á Haiphong dans la nuit du 22 juillet pour prendre un bataillon et aussitot nous revenons á Tourane : du 25 au 1ER aout nous sommes dans opération Camargue qui dure six jours. Elle fut dure. Il y eu deux grands parachutages, un le matin á dix heures et l'autre le soir á quinze heures trente. Les raids de l'aviation furent nombreux et plusieurs bombardements par les B26 eurent lieu.
Dans la journée du 1er nous rembarquons deux bataillons, un de Sénégalais et un de la Légion, et en route pour Tourane ou nous restons une journée. Le trois nous partons á Nha-Trang pour débarquer la Légion. Nous y restons dix-huit heures et dans la nuit du 5 au 6 aout, de nouveau en route pour Tourane. Nous y arrivons dans la nuit du 6 á deux heures trente.
Au matin nous allons au beaching prendre des blindés et aussitot le chargement terminé en route vers Nha Trang pour les débarquer, Nous y sommes le 8, nous y restons quatre heures et direction de nouveau vers Tourane ou nous arrivons dans l'après midi du 10 aout.
Du 10 aout au 12 octobre : navette entre Saigon - Tourane - Nha Trang et Haiphong pour matériels et transport de troupe. Le 14 octobre, é Haiphong, embarquement de troupe d'artillerie et de 120 tonnes de munitions pour la grande offensive d'octobre : Le 15 débarquement Pélican : rien á signaler, le 16, Cormoran, faux débarquement pour tromper l'ennemi avec tir des canons de la marine sur les cotes.
Le 17 et 18 Pingouin encore faux débarquement, mais cette fois-ci, tous les LCVP et LCM vont á la plage en faisant un feu de barrage sur les petits villages, mais auparavant les tirs de la marine mettaient le feu en divers endroit : ainsi que sur les sampans qui étaient sur la plage. La 2ème vague d'engins fut pris sous le feu de quelques tireurs isolés Viets, mais sans perte.
Au milieu des terres nos deux groupes de blindés et l'artillerie avancent avec une grande rapidité, les Viets se repliant sur leurs lignes fortifiées. L'aéronavale de l'Arromanches bombarde, mitraille sans arrêt les convois, ainsi que l'aviation qui bombarde des centres Viets, des dépots. Les commandos marine font sauter les ponts, gares et dépots qui se trouvent sur le chemin de retraite des Viets.
Opérations
1er Rif : 24 Avril 1953
2ème Mazagan 14 Juillet 1953
3ème Ifrane 18 Juillet 1953
4ème Camargue 26 Juillet 1953
5ème Offensive Générale 13 Octobre 1953
1er Pélican 15 Octobre 1953
2�me Cormoran 16 Octobre 1953
3ème Pingouin 17,18 Octobre 1953
Quartier-maitre de 2ème Classe mécanicien Bernard Gouhier