A mon arrivée, j’étais dessinateur à bord ; je ne sais pas si c’est lui, mais j’étais avec un «GARNIER» pour dessiner les plans de la «Loire» et en faire un petit livret de maintenance.
Nous avons participé au dessin du logo de la «Loire».
Ensuite, j’étais mécanicien-sécurité.
Mon chef était le sous-officier «Fournier», nous avions notre petit atelier à la queue du bateau, près des électriciens dont un avait Yves pour prénom. On s’entendait bien.
J’avais mes «entrées» à la cuisine, car un jour, après un couscous, le cuisinier (avec qui j’ai été libérable) m’appelle car l’évier était bouché.
Toute la graisse avait figé dans les canalisations et on a mis du temps pour tout déboucher.
Je m’occupais de l’eau douce (embarquement, bouilleurs), des groupes électrogènes avec les responsables et pompier-sécurité.
En mer, nous faisions le tour du bateau pour voir si tout le monde avait fermé ses hublots, et lorsque les hélicoptères appontaient, nous faisions l’homme-amiante (3 minutes pas plus dans la combinaison).
J’ai participé pendant l’été 1967 aux essais d’endurance qui nous ont fait voir Madère-Funchal et Dublin.
En janvier 1968, notre première mission était d’aller récupérer les cercueils de soldats d’Indochine à Hambourg, pour les ramener à Marseille.
J’étais à la grue pour charger les cercueils, ainsi que pour les décharger à Marseille.
Ma hantise était que le frein lâche, car par moments, il dérapait un peu. Heureusement que pour ces manœuvres tout s’est bien passé.
A Hambourg nous avions eu une permission le soir et nous sommes allés à plusieurs dans une grande brasserie fête de la bière.
De Hambourg à Marseille nous avons essuyé une bonne tempête et les vagues passaient par-dessus la passerelle.
Mécanicien-sécurité, je faisais des rondes pour voir si tout était en ordre dans les cales.
L’atmosphère était tendue lorsque les cercueils en plomb dans les caisses crissaient.
Nous avons fait un exercice en mars 68 en baie de Quiberon.
Nous avons essuyé une tempête de neige ; je ne savais pas qu’il pouvait neiger en mer.
Nous sortions à Port Navallo.
Comme pierr29 et mataf 17 je me rappelle que nous avions touché le Richelieu.
J’étais au «bouilleur» dans la salle des machines lorsque nous avons entendu un grand «boum» et fait un bond de quelques centimètres en hauteur.
Au retour, tout l'arsenal savait et on n’osait pas trop montrer notre béret "Loire".
En avril 68 nous partons en Mer du Nord, pour l’opération «New Broom», draguer les mines laissées lors la deuxième guerre mondiale.
Je me souviens de la panne de moteur et de l’escale à Cherbourg pour réparer.
Avec nous, plusieurs dragueurs de mines français, dont le Ouistreham, des dragueurs de la Marine anglaise, de la Marine Allemande et de la marine Belge ainsi que des Pays Bas.
Nous avons aussi pendant ces manœuvres fait escale à Den Helder.
Nous avions peu de permission mais nous avons eu un week-end et celui-ci nous l’avons passé sur l’île voisine de Terschelling ou nous avions loué des vélos et fait un peu de poney !
Je me souviens aussi que la «LOIRE» avait heurté le quai et avait une belle bosse au niveau du réfectoire.
Je me souviens aussi des séances de cinéma pour les marins des dragueurs ; ils venaient sur la LOIRE ; mais je ne me souviens pas d’Aldebert qui faisait le projectionniste.
Nous portions, avec un bosco, le courrier sur les dragueurs avec les embarcations que l’on appelait «les barcas».
Un jour, le fameux frein de la grue lâcha et le canot descendit un peu trop vite. Plus de peur que de mal.
Fin mai, nous sommes repartis pour Brest.
A notre arrivée nous apprenons que nous sommes consignés à bord.
Avec le cuisinier (je crois qu’il s’appelait LEBAS), nous étions libérable.
Il y a eu une dérogation et nous avons pu sortir en disant «allez-y, moi, j’en viens», mais pas pour longtemps car il n’y avait pas de train pour rentrer à Paris.
Que des cars et le trajet coûtait une fortune.
Mon compagnon libérable connaissait bien le bidel et une loi de Napoléon qui octroyait à chaque libérable un cheval et une botte de foin pour regagner son domicile.
Donc nous voici repartis sur la LOIRE voir le bidel.
Il a sursauté à l’annonce de notre demande «vous êtes fous, c’est pas possible !»
Une 1/2 heure plus tard, nous avions rendez-vous à la porte de l’arsenal pour prendre un car rempli de gradés, direction Lann-Bihoué et prendre un DC3 avec lequel nous avons atterris à Villacoublay.
Un car nous a conduit à la caserne de la Pépinière à St Lazare ou l’on nous a donné des laisser-passer pour prendre les camions de l’armée qui servaient de transports en communs.
Voilà pour la fin de mon service militaire.
Remerci aussi au Bosco X qui m’avait dessiné un bel Obélix sur mon sac
Si certains reconnaissent ces faits et anecdotes (mai 67 à juin 68), cela me ferait plaisir de les retrouver pour retracer ces moments auxquels j’y pense encore, tellement il y avait une bonne ambiance entre nous, engagés et non engagés.