Bonsoir,
Avant de poursuivre le récit de mes débuts sur ce fier canot, je vous propose un saut dans le temps, en 2008.
C'est à cette même époque, fin mars, que nous nous préparions à partir pour 3 mois en Baltique.
De façon à appareiller dans les meilleures conditions, un jeudi matin, tous les OM étaient sur le ponton, en quinconce, les bras tendus, manches relevées : la corvée de boisson de départ en mission battait son plein, jusqu'au grain de sable qui allait enrayer ce rythme plein d'entrain.
Une célèbre chanson traditionnelle « Marine » peut se résumer en ces quelques mots : « Il n’y a pas d’eau sur le Bory ».
Au printemps 2008, au carré OM, on chantait « On ne manquera pas de vin sur la Loire »…
Avant de poursuivre le récit de mes débuts sur ce fier canot, je vous propose un saut dans le temps, en 2008.
C'est à cette même époque, fin mars, que nous nous préparions à partir pour 3 mois en Baltique.
De façon à appareiller dans les meilleures conditions, un jeudi matin, tous les OM étaient sur le ponton, en quinconce, les bras tendus, manches relevées : la corvée de boisson de départ en mission battait son plein, jusqu'au grain de sable qui allait enrayer ce rythme plein d'entrain.
Une célèbre chanson traditionnelle « Marine » peut se résumer en ces quelques mots : « Il n’y a pas d’eau sur le Bory ».
Au printemps 2008, au carré OM, on chantait « On ne manquera pas de vin sur la Loire »…
- Spoiler:
- Nous nous préparions à la traditionnelle mission Baltique bisannuelle, et dans le cadre des préparatifs, l’essentiel avait été prévu à savoir : une commande de boissons pour les prochains mois.
La livraison était convenue avec le SVR (ex-SAO) pour jeudi matin prochain.
Comme à l’accoutumée, les dispositions préparatoires du coqueron avaient été prises par Seb’, le chef de bar : tout était calculé, ça allait rentrer, peut-être au chausse-pied, mais toute la commande y trouverait sa place !
À cet instant, Dom’, le Près’ du Carré OM, supervisait les préparatifs.
Nous nous trouvions aire PAP, lorsque Dom’ nous dit, à Seb’ et à moi-même, car j’étais gérant de table (je comptais les sous et je payais les factures, alors que Seb comptait les packs de "vertes" et de "bleues", ce qui lui causait parfois bien du souci…) :
— Si on mettait vin sur table jeudi prochain !?
Ces mots prononcés, emportés par un léger courant d’air, car la porte étanche donnant sur la coursive au linoléum lustré et soigné était ouverte, les panneaux donnant accès à la cale mat’ s’ouvraient également dans un concert de cliquetis pour un mouvement de matériel par la grue ; ces belles paroles atteignent sans difficulté les oreilles des deux gradés experts en DRBN38 et DECCA 1226.
Tels deux inséparables, ils gardaient jalousement l'entrée de l’Atelonic et surveillaient de loin le vernis qui séchait sur la énième poutre-antenne de radar qu’ils venaient de remettre en état.
La Loire aurait pu rester en service encore dix ans, ne serait-ce que par la quantité de rechanges que nous possédions pour les radars (de la résistance de 100 kohms dessoudée sur une ancienne carte, à l’antenne complète).
Il s’agissait de Titi, dit « l’adjudant-chef », car il s’autorisait à garder les mains dans les poches depuis qu’il était passé Cipal, et God’, son adjoint, qui avait plus d’une compétence à son actif.
C’est donc en fin connaisseur et expert-conseiller en œnologie, que God s’approche de nous et se fend d’une intéressante recommandation :
— Je vous conseille un Saumur Champigny rouge, il accompagnera très bien le repas de midi.
Rien ne nous dit qu’il ait réellement consulté le menu, mais le sachant originaire de cette région viticole, nous lui faisons confiance.
Nous nous mettons d’accord sur la quantité à commander pour un repas, à savoir 18 bouteilles.
Le Jour J arrive.
Seb est aux commandes de la corvée de boissons des OM, et se rend directement voir le chauffeur du camion.
Les listes concordent, en conséquence les palettes sont déchargées et, sans attendre, la chaîne se forme pour démarrer la corvée.
Les packs de canettes embarqués, vient le tour du vin.
Au bout du quai, les collègues découpent le film plastique, et les premiers cartons passent de mains en mains.
Une file d’OMS s’est formée sur le passe tribord, le regard captivé par tant de délicieuses réjouissances, dont ils ne profiteront pas.
La frustration se lit sur leurs visages…
Les cartons de vin se suivent et j’ai l’impression qu’il y en a un nombre assez conséquent, je dis à Dom :
— On a commandé tant que ça de vin ? »
Dom me répond :
— Je trouve aussi que ça fait beaucoup !
Seb revient, on lui en parle et il nous confirme :
— Là, il y a un problème, je vais téléphoner, je suis sûr qu’ils nous ont fait le même coup que la dernière fois : ils ont dû mettre la commande des OMS sur notre compte.
Cette fois, je vais pas me faire avoir, je peux vous dire qu’ils vont m’entendre !
Confiant, nous mettons la corvée en pause, aidé de l'adjoint du Bosco, Juju qui, avec seulement 4 mots lancés à 120 décibels "TIENS BON LA CORVÉE !!!", déclenche l'arrêt soudain du transit des cartons.
Seb monte à bord leur envoyer un crochet du droit par réseau téléphonique interposé.
Notre chef de bar revient, le visage traversé par un rictus, probablement nerveux.
Tout en s’approchant, il nous lâche ces mots terribles :
— Le conditionnement à changé, ce vin ne se commande plus à la bouteille mais au carton de 12, je suis resté sur l’ancien catalogue…
Nous n’avons donc d’autre solution que d’embarquer les deux palettes de pinard.
Mais attention, il ne s’agit nullement de « Château La Touque » ou de bouteilles d’aveugle, mais du vin de précision, soumis aux quotas et qui nous sera facturé.
Nous voilà devant un défi : trouver de la place pour ce vin en plus de la commande de départ en mission, qui rentrait « juste » dans le coqueron.
Nous sommes donc partis en mission avec du vin un peu partout au carré, sous les moleskines, pas un espace de libre où il n’y avait pas une bouteille de « Champigny ».
La mission s’est toutefois bien déroulée…