La température pour un mois de mai est encore fraiche, mais il me vient des envies.
Des envies de sortir de cette longue période de fraicheur, des envies de plage.
Oh, pas n'importe laquelle, je sais bien que Cupabia m'attend là bas, dans une autre ile bien plus proche.
Mais j'ai une envie de pointe, de pointe Vénus.
Descendre l'ancienne côte, en sortant de la station à droite.
On sort, et très près de là, une vue plongeante sur la vallée de la Tuauru, puis des virages, encore des virages, une voie qui remonte vers supermahina, je la laisse, et poursuis mon chemin sous les frondaisons encore fraiches à cette heure matinale.
Pas de bruit, le silence.
Le Maramu est absent et les feuillages immobiles.
Quelle impression que de marcher, lentement, en prenant son temps dans cette forêt si calme.
A l'endroit ou la route passe un vallon, des framboisiers, de ces framboises qui ont si peu le gout des nôtres, un pied de piment, des lianes pendent aux arbres.
Je ne croiserais pas le GMC des permissionnaires, dorénavant, il passe par la nouvelle côte, celle qui est si abrupte et qui, une fois, s'est effondrée.
Sur la gauche de cette ancienne route un fossé entièrement bétonné, qui canalise ces eaux qui peuvent se montrer si furieuses pendant l'ondée tropicale.
Bientôt, le couvert s'éclaircit, j'arrive au bout de la descente, je vois les premiers farés qui surgissent au milieu de la végétation et, très vite, j'aboutis sur la route pas loin d'un chinois, vers la droite la station émission, puis direction Papenoo, à ma gauche la Tuauru, Vénustar et Faty, direction Papeete.
Mes pas me dirigent vers Vénustar, je passe le pont de la Tuauru, et arrivé au Vénustar, avec en face la banque Indosuez, je tourne à droite vers la Pointe.
Je passe devant la petite mairie de Mahina, puis de ligne droite en ligne droite j'arrive enfin.
En face de moi, une petite mise-à-l'eau, deux trois pirogues hors-d'eau, à gauche le phare, tout droit, tout blanc au milieu des Filaos et des cocotiers, quelques alamandas donnent une note de couleur accompagnés d'hibiscus rouge.
Je tourne sur ma gauche et j'arrive sur la plage.
Juste en face, un petit sec, l'eau est encore calme, la mer est plate.
Je tourne mon regard vers la droite et observe un moment la barrière qui protège la pointe.
Peu de monde ce matin, deux tahitiennes dégustent un pamplemousse et laissent partir à la dérive l'épaisse peau de ce qui est pour moi, le meilleur fruit du monde.
Elles sont assises dans l'eau, jusqu'à la taille.
Une toile de Gauguin.
En face le Taharaa, cette falaise promontoire, j'avance vers l'eau jusqu'à me mouiller les pieds et je tourne mon regard vers la montagne, je distingue la haut, notre petite station peu à peu cernée par des lotissements, puis, d'un coup d’œil circulaire j'embrasse la frange de cocotiers qui se penchent sur le sable depuis le Taharaa jusqu'à moi.
Qu'elle est belle la baie de Matavaï de bon matin.
J'étends mon paréo et m’assois sur la plage, les genoux remontés sous le menton en position de rêveur, les yeux sur le Pacifique.
J'attendrais d'avoir mon saoul d'images avant de me baigner, je me les repasserais en tête bien plus tard, lorsque j'aurais rejoint mon fénua.
Le sable noir n'est pas encore chaud, j'ai bien le temps aujourd'hui.
Il est des promenades dont on se souvient, et que si sur le moment on est assez attentif et conscient, on peut se repasser en fonction replay.
Il est aussi des endroits un peu particuliers qui vous inspirent le calme et la contemplation.
La pointe Vénus, de bon matin, cette fameuse côte où les seuls bruits peuvent être un chant de coq ou de merle des moluques, avant d'atteindre la rumeur de la route.
Cordialement TUR2