Un de mes passe-temps préféré était la pêche.
Un jour, je chargeai mon matériel dans ma voiture, un lancer mi-lourd et ma boite à malices, cuillères, bouchons, hameçons, plombs bref, l'attirail habituel.
En guise d’appâts, un petit sac en plastique rempli de Heinas.
Les Heinas sont des alevins, d'à vrai dire je ne sais quel poisson, on l'appelle poutine à Nice, bichique à la Réunion, ces alevins sont parfois considérés comme du caviar et sont consommés souvent en beignets.
En tout cas, un appât bien pratique.
- Spoiler:
- Je me dirige vers un petit promontoire situé à la limite de Mahina et de Papenoo.
Un peu plus loin la plage très prisée de jeunes surfeurs Tahitiens et, entre le promontoire et cette plage, un espace avec quelques petits îlots sur lesquels se sont courbés et tentent de survivre de rares arbres.
Ceux qui ont fait le tour de l’ile connaissent.
Je sors de ma R5, saisi mon matériel et descend vers les rochers.
Je m'installe sur une pierre plate et m'installe.
Je me demande comment je vais pêcher, cuillère, bouchon, palangrote ?
J'opte dans un premier temps pour le bouchon avec un bas de ligne d'un mètre cinquante, bien plombé, le bouchon supportera allègrement un lest de 15 grammes.
Les plombs à un mètre et un hameçon de huit bardé d'un Heina qui semblera nager.
Je lance ma ligne à une quinzaine de mètres du bord et laisse faire.
A ce moment, arrive derrière moi, un Tahitien, bien mieux armé que moi au niveau matériel.
Un lancer plus lourd que le mien, un moulinet dernier cri, autre chose que mon vieux Mitchell.
Il s'installe, lui, pêchera à la cuillère, j'ai vu une cuillère de 80 gramme, avec un hameçon triple.
Mon Tahitien est juste à coté et en contre-haut de ma position.
Dans un beau geste, il fait son premier lancer.
Je vois retomber sa cuillère assez loin.
Il ramène d'un rythme régulier, rompu, semble-t-il à cet exercice.
Soudain, une touche, violente.
Mon voisin, semble forcer, il s'arqueboute, je regarde vers la mer et vois le dos d'un poisson de plus d'un mètre.
Le poisson, suffisamment contrarié en a assez.
D'un violent mouvement, il tend la ligne, la canne se courbe... et rompt.
Le fil casse, fin de la passe.
L'homme jette sa canne et se rue vers sa voiture, il y prend une deuxième canne, monte rapidement une nouvelle cuillère, et à nouveau fait un superbe lancer.
A ce deuxième lancer, aussitôt répond une deuxième attaque tout aussi sauvage que la première, la lutte est âpre mais le résultat ne tarde guère.
Cette fois ci ni rupture, ni casse, c'est le moulinet, qui, littéralement explose !
La Carangue a gagné sa lutte.
Deux cannes à zéro.
Le Tahitien écœuré et sans doute à bout de matériel, s’assoit.
Il me regarde, et soudain, éclate de rire.
Communicatif, je m'esclaffe aussitôt.
Je remontais à ma voiture et prenais deux Hinanos dans ma glacière, je lui en tends une et nous trinquons.
Que dire ?
J'ai laissé tombé le bouchon, suis passé à la palangrotte, et miraculeusement ai pêché deux petite langoustes suicidaires.
Pêcher des langoustes à la ligne, un non-sens.
Bref, j'ai toujours mon vieux Mitchell, et je suis vraiment un peu léger pour ces grosses carangues.
Et, un bon souvenir entre deux pêcheurs, quelque part entre Mahina et Papenoo.
Cordialement.
TUR2