Bonjour les amis de la Grande Ile,Pour ceux qui, comme Gérard et le valeureux équipage ...
... du LCT 9061, ont mouillé dans la Baie de Russes à Nosy-Be, si ma mémoire est bonne, voici un peu d'histoire, grâce à l'Association Ambre d'Antsiranana, qu'elle en soit ici remerciée. On remarquera d'ailleurs qu'à l'époque aussi les soirées étaient déjà très animées et les retours à bord parfois périlleux ...
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Histoire de Madagascar : L'épopée des Russes à Nosy Be
Mais que faisaient les Russes à Nosy Be?
En 1905, la Russie et le Japon se faisaient la guerre. Dans ce contexte, la flotte russe de la Baltique tenta de rejoindre le Japon par le sud en faisant escale à Nosy Be. Les marins russes y passèrent deux mois et demi de fête arrosés au...cognac. Avant d’être battus par le Japon.
Les touristes à qui l’on vante les charmes de la « Baie des Russes », entre Nosy-Be et Nosy Iranja, se demandent souvent ce que les Russes ont bien pu venir faire à Nosy-Be. Pour retrouver les origines de cette toponymie il faut remonter à …1905 !
L’amiral Rodjestvenski,
commandant de la flotte russe
Un peu d’histoireAu début du siècle, le Japon, inquiet des visées des Russes sur la Mandchourie et la Corée, décide d’attaquer – sans déclaration de guerre – la base navale-clé des Russes en Mandchourie : Port-Arthur. Après une succession de batailles sanglantes, la flotte russe de la Baltique sous le commandement de l’Amiral Rojdestvenski, appareilla pour se joindre à la guerre : une partie passa par le canal de Suez, l’autre contourna le Cap de Bonne-Espérance. Le regroupement se fit … à Nosy-Be.
Mouillage à Nosy-beEn fait le point de jonction devait être Diégo-Suarez mais la France étant officiellement neutre dans le conflit russo-japonais, elle ne pouvait accueillir l’escadre russe dans « le point d’appui » de la flotte française. L’escadre fut donc dirigée vers la baie d’Ampasindava … du moins d’après les déclarations officielles. En fait les bateaux étaient bien dans le port de Nosy-be, c’est à dire dans les eaux territoriales ! D’ailleurs, les Japonais ne furent pas dupes et adressèrent des protestations au gouvernement français.
Le premier navire mouilla à Nosy-Be le 24 décembre 1904. Il fut bientôt rejoint par les autres navires – une trentaine - anciens et peu opérationnels pour la plupart, dont le fameux croiseur Aurore dont partirait, en 1917, le premier coup de canon de la Révolution d’Octobre en Russie.
L’odyssée de l’Anadyr 2 bateaux russes seulement avaient fait escale à Diégo : le Kouban et l’Anadyr. Ce dernier connut une aventure fantastique. Pendant la bataille de Tsoushima, dans la nuit, ayant échappé par miracle aux contre-torpilleurs japonais, l’Anadyr se trouva isolé et profita de l’obscurité pour quitter le champ de bataille. Faisant route vers le sud, il eut la chance de ne croiser aucun vaisseau ennemi et, 45 jours après la bataille, il vint mouiller à Diégo-Suarez. D’après le récit de Mortages, ce dernier, étant monté à bord, il fut accueilli par une question du commandant qui le stupéfia : «Connaissez-vous le résultat final de la bataille de Tsoushima ? » D’ailleurs, Madagascar et l’Anadyr ont plusieurs histoires communes puisqu’un autre cargo des Messageries Maritimes, appelé également l’Anadyr fut affecté à la ligne de Madagascar, rebaptisé « Malagasy », et s’échoua le 12 mars 1965 à Fort-Dauphin.
La vie quotidienne des marins russes à Nosy-Be
Le premier problème qui se posa fut celui du ravitaillement. En charbon, notamment. D’après Alphonse Mortages : "Dans le courant des mois d’octobre et novembre 1904, arrivèrent à Diégo-Suarez une douzaine de gros cargos allemands … tous chargés de charbon.
Tous ces navires étaient destinés à ravitailler la flotte russe en charbon". Il fallut aussi nourrir les équipages : plusieurs milliers d’hommes. La viande fut fournie essentiellement par M. Locamus, qui avait construit la conserverie d ’Antongombato à Diégo.
Mais pour le reste … Toujours selon Mortages : « 48 heures après l’arrivée de la flotte russe à Nosy-Be, on manquait de tout, sauf de viande de boeuf ». En fait pour le ravitaillement, la flotte vécut surtout sur ses propres stocks. Cependant, des commerçants affluèrent de toutes parts, pourvus de marchandises diverses mais surtout de cognac … faute de vodka !
Les relations avec la populationD’après les témoins, le sens du contact variait selon les interlocuteurs. Locamus fut scandalisé par la corruption qui affectait le haut commandement : « Un des matelots de l’escadre, ayant été surpris au moment où il volait une paire de souliers fut … sévèrement condamné. Or, au moment où on l’a surpris en flagrant délit, son officier empochait plusieurs milliers de francs provenant de la majoration de ses factures ». Mortages, lui, trouvait certains officiers, qui refusaient de lui serrer la main « très hautains et pleins de morgue ». Beaucoup de marins confiaient déjà leur espoir d’une révolution …
Mais dans l’ensemble, d’excellentes relations se nouèrent avec la population. En fait, ce furent, pour les marins russes, deux mois et demi de fêtes : « Tous ces petits groupes jetaient à pleines mains les livres sterling sur les tables … tout en continuant à vider les bouteilles de cognac … Les matelots et sous-officiers s’en allaient chercher fortune dans le quartier indigène et le matin un certain nombre étaient ramenés sur les quais dans des charrettes, en piteux état. »
Le départ Il fut annoncé le 14 mars 1905. Pendant 2 jours, sans illusions sur ce qui les attendait, compte-tenu de l’état de la flotte et des carences du commandement, les marins se pressèrent à la poste pour expédier à leur famille, en Russie, souvenirs et objets personnels. Le 16 mars, dans l’après-midi, l’escadre leva l’ancre. Certains parlent d’un bateau, le Vlötny, qui aurait été oublié … ou bien dont l’équipage se serait mutiné … et dont les marins auraient donné son nom ... à la Baie des Russes.
La bataille de TsoushimaAprès s’être arrêtée en Indochine, la flotte russe partit pour Vladivostok. Dans le détroit de Tsoushima, entre la Corée et le Japon, elle se heurta à la flotte japonaise : moins nombreuse mais plus moderne, bien entraînée, la flotte japonaise détruisit presque entièrement l’escadre russe. Seuls 2 croiseurs (dont l’Aurore) et 2 destroyers russes réussirent à atteindre Vladivostok. Environ 10.000 marins russes furent tués ou blessés alors que les pertes japonaises s’élevaient à moins de 1000
Source : La Tribune de Diégo - Bimensuel d'informations et d'annonces à Diégo-Suarez - Antsiranana - samedi 17 juillet 2010.
Article de Mme Suzanne Reutt - Association Ambre
L’association Ambre a été créée en 2001. Elle a pour objectif la préservation, l’entretien et la promotion du patrimoine historique et culturel de la ville et de la région. Elle est à l’origine de la réhabilitation de nombreux lieux historiques et places de Diego Suarez. Elle travaille en partenariat avec d’autres établissements, telle l’Alliance Française ou le Conseil général du Finistère.