Cinquante ans dans la marine royale britannique par l’amiral Sir Percy Scott, Baronnet.
Chapitre VHMS SCYLLA et canonnageLe 28 mai 1896, j’ai été nommé commandant du HMS Scylla, un croiseur de 3400 tonnes, armé de deux canons de 6 pouces et de six canons de 4,7 pouces, puis nous avons quitté l’Angleterre pour rejoindre l’escadre de l’amiral Sir Michael Culme Seymour, le commandant en chef de la flotte de la Méditerranée.
Depuis que j’avais quitté la Méditerranée, six ans auparavant, je m’attendais à trouver de grandes améliorations dans les procédures concernant le canonnage et la signalisation. A ma grande surprise, tout était comme je l’avais laissé ; aucune avancée n’avait été réalisée en aucune façon, sauf dans l’entretien des navires. L’état de la peinture était la seule idée fixe. Avoir le navire le plus propre de la Flotte était toujours l’objectif de chacun ; rien n’était plus important que ça (
Je laisse à chacun le soin d’apprécier cette remarque…).
A la fin de ma première année de commandement, l’amiral Sir John O. Hopkins a été nommé commandant de la Flotte, et j’ai trouvé qu’il avait des idées pour la manœuvre des navires en formation, le canonnage et la signalisation bien plus avancées que tout autre amiral sous lequel j’avais servi.
La signalisation de nuit avait été très peu améliorée depuis mon passage sur le HMS Edimbourg (
1886), et bien qu’une lampe en tête de mât ait été mise en service dans la marine, son utilisation était trop lente pour être utile. J’ai trouvé que tous les signalmen à bord du HMS Scylla, sauf un, le matelot G.H. Glover, étaient assez peu fiables dans la réception des signaux de nuit ; et en octobre j’ai mis tous les signalman à l’instruction. Le jour ils s’exerçaient avec un obturateur constitué d’un petit store vénitien qui fait les points et les traits du code Morse et la nuit avec le feu clignotant de tête de mât. L’idée du store vénitien était nouvelle aussi l’Amirauté l’a rejetée. Pendant la guerre, vingt-six ans plus tard, en 1917, il a été ressuscité et trouvé très utile ; il a également été utilisé horizontalement pour communiquer avec des avions.
La lecture de 90 groupes de cinq lettres chacun (
cela ne vous rappelle rien ?), soit un total de 450 lettres était un exercice plutôt difficile. Dans un premier temps nous avions un rendement très lent et même là, il y avait un pourcentage élevé d’erreurs. Mais après deux mois d’instruction, les hommes étaient parfaits.
Ils pouvaient lire les 450 lettres à une vitesse presque télégraphique, et leur supériorité sur les autres navires de la flotte a été si remarquée que le commandant en chef m’en a demandé un rapport :
1. Quelles sont les dispositions que j’avais prises pour l’instruction des signalmen du HMS Scylla dans la signalisation de nuit.
2. Lui faire des suggestions en ce qui concerne l’amélioration de l’instruction des signalmen de l’escadre.
3. Quel appareil j’avais utilisé pour obtenir des résultats aussi prodigieux.
J’ai rédigé un rapport complet sur ces points et le commandant en chef a ordonné que le système d’enseignement soit adopté par l’escadre de la Méditerranée. L’énergique aide de camp de l’amiral, (maintenant le Captain H.G. Sandiman) fît s’exercer la Flotte toutes les nuits ; une compétition fût instaurée et des prix furent attribués pour motiver l’efficacité des hommes. Dans un temps très court la signalisation de nuit de l’escadre a été complètement révolutionnée ; elle a été remarquée comme plus rapide et plus fiable que la signalisation de jour.
Le 17 septembre 1898, l’aide de camp a envoyé le rapport suivant :
HMS Ramilies, Malte, le 17 septembre 1898.
« Sir,
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que les actuels appareils fournis par la marine de sa majesté pour la signalisation de nuit sont inadéquats et laissent à désirer.
I. Le feu de tête de mât.
Le Captain Percy Scott a inventé une lanterne de tête de mât clignotante qui répond à toutes les exigences. La lanterne se compose d’un feu entourée par une série de lattes comme dans un store vénitien ; lorsque l’opérateur appuie sur une touche ces lattes tournent radialement à la lumière et donc la laisse apparaître ; lorsqu’il la relâche la lumière est obscurcie.
Ces feux ont subi un essai très rigoureux de dix-huit mois à deux ans, ils se sont révélés fiables, ont été utilisés pour les signaux de travail et tous les exercices de signaux de nuit ; j’attribue le haut degré de précision des signaux de nuit auquel l’escadre est arrivée au fait qu’il a été possible d’entraîner les signalmen avec une lampe qui fait le morse à n’importe quelle vitesse.
II. La lampe clignotante de Colomb.
Cette lampe est rarement utilisée sous sa forme actuelle, en raison des défauts suivants.
1. l’obscurcissement est incomplet.
2. Le temps d’obscuration et trop long.
3. La poignée est mal placée et après un temps d’utilisation devient trop chaude pour être manipulée.
Le Captain Scott a inventé un obturateur pour surmonter ces défauts ; il est manipulé par un levier du côté adéquat, peut être facilement monté sur les lanternes existantes et répond à toutes les exigences.
III. Dispositifs clignotants pour projecteur de recherche.
Le disque d’obscurcissement fourni par le service est le plus malhabile et le moins fiable des dispositifs. Le disque lui-même ne laisse passer que peu de lumière. Il est souvent hors service en raison de la chaleur excessive ; son emploi est ennuyeux. Le levier étant trop haut, du mauvais côté du projecteur, se déplaçant dans une mauvaise direction, et son débattement trop long.
En fait, toutes les erreurs qui pouvaient être commises, ont été commises.
Le Captain Scott a inventé un obturateur qui est placé devant l’objectif, il est manipulé par une poignée sur la droite, avec un débattement court dans une direction appropriée. C’est un plaisir de faire du morse avec ce dispositif. Trois ont été essayés. En conclusion, je voudrai soumettre ce qui suit, qui a été minutieusement essayé, pour être adopté dans la marine de sa majesté :
i. la lampe cylindrique du Capitain Scott pour une utilisation en tête de mât et de chaque côté de la passerelle.
ii. l’obturateur du Captain Scott pour les lanternes en service, avec une installation soit à huile, soit électrique.
iii. un dispositif pour projecteur sur le même principe que l’obturateur du Captain Scott.
En vue de quoi, de ce que je considère être satisfaisant pour la signalisation de l’escadre, je soumets que le régime d’instruction et les instruments qui ont y été apportés pourraient être généralisés au sein de la Flotte.
Le projet vous a été soumis par le Captain Scott en 1897 et a été utilisé depuis.
H.G. Sandiman
Aide de camp.