L'
International Thermonuclear Experimental Reactor (ITER) est un projet de réacteur expérimental à fusion nucléaire (à ne pas confondre avec la fission nucléaire) basée sur la technologie du Tokamak. ITER s'inscrit dans la lignée d'engins de recherche fondamentale en Angleterre, aux États-Unis, en France et en Suisse, de plus en plus proches de l'objectif recherché.
L'objectif de ce type de réacteur est d'obtenir un moyen de production énergétique massive d'avenir, car l'aboutissement à un projet industriel permettrait d'exploiter une source d'énergie quasi inépuisable et peu polluante. Des controverses existent sur l'objectif lui-même et sur la capacité d'ITER à y contribuer.
La proposition soviétiqueC'est lors du Sommet de Genève, en novembre 1985 que Mikhaïl Gorbatchev a proposé de réaliser un programme international pour construire la prochaine génération de tokamak. L'Union soviétique travaillait depuis plusieurs années sur ce type de réacteur exploitant la fusion nucléaire, phénomène qui existe en permanence au sein des étoiles.
En octobre 1986, les États-Unis, l'Europe et le Japon acceptent de rejoindre l'Union soviétique au sein de ce projet. C'est ainsi qu'il a été décidé de créer ITER, qui fut placé sous l'autorité de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Initialement, seuls quatre membres participaient à ITER :
• les États-Unis ;
• l'Europe, en association avec le Canada ;
• le Japon ;
• l'Union soviétique.
Phase d'étude, de conception et de coordinationEn avril 1988, débuta la phase de conception (appelée Conceptuel design activities ou CDA). Cette phase avait pour but de faire la synthèse des résultats des différents programmes existants pour les intégrer à ITER. La CDA se termina en décembre 1990.
En juillet 1992, à Washington D.C. aux États-Unis, les quatre membres signèrent un accord qui lança la phase d'ingénierie (appelée Engineering design activity ou EDA) qui dura six ans. Cette phase se termina comme prévue fin 1998.
Les États-Unis quittèrent le projet à la fin de la phase EDA.
Suite au retrait des États-Unis, il est décidé que la deuxième phase de l'EDA serait lancée. Cette seconde phase avait pour but de revoir à la baisse les objectifs d'ITER, de manière à prendre en considération le manque de financement apporté par le retrait des États-Unis. Cette phase se termina en juillet 2001.
La phase de coordination (appelée Coordinated technical activities ou CTA) se termina fin 2002. Elle avait pour but de préparer la phase de conception. Elle souleva la question de l'emplacement du site de construction, mais également sur le financement et le cadre juridique d'ITER.
En janvier 2003, la Chine rejoignit ITER, suivie en février du retour des États-Unis et en juin de l'arrivée de la Corée du sud.
Choix du site de construction du prototypeInitialement, quatre sites de construction ont été proposés :
• Cadarache, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), en France ;
• Clarington, dans l'Ontario au Canada ;
• Rokkasho-Mura, au nord de l'île Honshu au Japon ;
• Vandellos, en Espagne.
Le choix du site était très important politiquement, mais surtout économiquement. L'investissement d'ITER est estimé à 10,3 milliards d'euros sur 30 ans. Une étude réalisée en France en 2002 prévoit qu'ITER créera 3 000 emplois indirects pendant les 10 ans de construction et 3 250 emplois indirects pendant les 20 ans d'exploitation (dont les 3/4 environ en région PACA). On comprend ainsi que l'implantation d'ITER puisse être considérée par certains comme une aubaine pour la région choisie.
Après une querelle franco-espagnole, l'Espagne a retiré sa proposition le 26 novembre 2003. Cadarache est ainsi resté le seul site soutenu par l'Union européenne. La proposition canadienne de Clarington a disparu d'elle-même, faute de véritable financement et de volonté politique des Canadiens, qui ont décidé de rejoindre l'UE. Le site de Cadarache a reçu également le soutien de la Chine et de la Russie tandis que le site de Rokkasho-Mura recevait celui des États-Unis et de la Corée du Sud.
En mai 2005, avant même que le choix du site n'ait été arrêté, le site de Cadarache semblait déjà avoir l'avantage, si bien que l'Union européenne avait décidé, quelle que soit la décision, de commencer les travaux à Cadarache. La déclaration discrète du Premier ministre japonais Jun'ichirõ Koizumi le 2 mai 2005 semblait déjà confirmer l'installation d'ITER en France. Celle-ci a proposé de doubler son financement pour la phase de construction, qui passerait à 914 millions d'euros. Le gouvernement français a également demandé aux collectivités locales d'augmenter leur financement, qui est actuellement de 447 millions d'euros.
Alors que le gouvernement japonais défendait toujours officiellement la candidature de son site, il laissait entendre à plusieurs reprises qu'il ne se battrait plus pour avoir 100 % du projet. Le 5 mai à Genève en Suisse, un accord technique a été signé entre le Japon et l'Union européenne, où il était stipulé que le pays hôte (aucun nom n'est alors cité) assumerait 40 % du prix de construction d'ITER, alors que le pays non hôte obtiendrait :
• 20% des contrats industriels pour la construction ;
• 20% des effectifs permanents d'ITER ;
• un programme complémentaire de recherche d'un montant de 700 millions d'euros financé à moitié par le pays hôte et non-hôte ;
• la construction d'un centre d'étude de matériaux pour la paroi d'ITER, baptisé International Fusion Materials Irradiation Facility (IFMIF) ;
• le soutien du pays hôte à sa candidature pour le poste de directeur général d'ITER.
Tous ces avantages seront obtenus sans que la contribution n'augmente par rapport aux autres membres non hôtes, qui est de 10% du coût de construction. Le Japon renonce alors implicitement à accueillir le réacteur, mais gagne sur de nombreux tableaux.
C'est finalement à Moscou, le 28 juin 2005, qu'a été signée la déclaration commune de tous les membres du programme ITER, désignant Cadarache comme le site de construction du réacteur.
Phase de construction et d'exploitationLa phase de construction est prévue pour commencer fin 2006 ou début 2007 et durer de 8 à 10 ans.
La phase d'exploitation devrait commencer en 2015 et durer au minimum 20 ans. Après cela, si la validation complète d'ITER est réalisée, la conception d'un autre réacteur expérimental de puissance équivalente à un réacteur industriel sera lancée, destinée à étudier la possibilité d'une exploitation commerciale à proprement parler, après quoi
les premiers réacteurs d'application pourront être fabriqués, sans doute pas avant 50 ans.
Organisation d'ITERLa gestion d'ITER est réalisée par un ensemble d'instances où se réunissent les différents membres.
La principale instance est le Conseil ITER, situé à Moscou en Russie. Il est composé de 8 membres :
• 2 européens,
• 2 russes,
• 2 japonais,
• 2 américains.
Le Conseil ITER est assisté par 2 comités :
• le comité technique (appelé le Technical advisory committee ou TAC) ;
• le comité de gestion (appelé le Management advisory committee ou MAC).
La conception d'ITER est réalisée à Naka, au Japon et à Garching, en Allemagne. Le nombre total de personnes présentes à Naka et à Garching est d'environ 150.
Membres du projetActuellement, les membres du projet sont :
• la Chine,
• la Corée du Sud,
• les États-Unis,
• le Japon,
• l'Union européenne,
• la Russie.
• l'Inde, à hauteur de 10 %
Le Brésil et la Suisse ont également déposé leur candidature pour rejoindre le projet. La Suisse propose de participer au projet à hauteur de 20 millions d'euros. Ces financements supplémentaires pourraient devenir essentiels en cas de dépassement (fréquent dans ces grands projets) du budget alloué initialement au projet.
(sources : WikipédiA, CEA, JET, ITER)
Projet du réacteur international ITER en 1993vue d'artiste du réacteur de fusion international ITER dans sa version définitivePrincipaux paramètres de Tore Supra, JET, ITER Grand rayon du plasma (m)
TORE SUPRA : 2.25
JET : 3
ITER : 6.21
Petit rayon du plasma (m)
TORE SUPRA : 0.7
JET : 1.25
ITER : 2.0
Volume du plasma (m³)
TORE SUPRA : 25
JET : 155
ITER : 837
Courant plasma (MA)
TORE SUPRA : 1.7
JET : 5-7
ITER : 15
Champ magnétique (T)
TORE SUPRA : 4.5
JET : 3.4
ITER : 5.3
Durée des impulsions (s)
TORE SUPRA : minute(s)
JET : 10
ITER : > 300 s
Type de Plasma
TORE SUPRA : D-D
JET : D-D / D-T
ITER : D-T
Puissance thermonucléaire (P récupérée)
TORE SUPRA : ~ kW
JET : 50kW/ 10MW
ITER : 500 MW
Q = P récupérée / P injectée
TORE SUPRA : ~ 0
JET : ~1
ITER : >10
Puissance neutronique au bord
TORE SUPRA : 20 W/m²
JET : 60 kW/m²
ITER : 0.57 MW/m²