MON PASSAGE AU G..E.M SAINT MANDRIER. (du 15 mars 1969 au 29 juin 1969)
Il est bien évident qu’au sortir d’Hourtin, arriver dans une telle ville comme Toulon au petit matin du 15 mars 1969 était un choc !! D’abord la traversée de la ville, de la gare au quai Kronstatd aux environs de 06h00 du matin, puis l’attente avec les autres potes d’un bateau nommé « Mélusine » pour nous transférer vers la presqu’île de Saint Mandrier, et surtout, la vue au quai d’honneur de la préfecture, du « monstre » d’acier, j’ai nommé ici le « Jean Bart » avec ses accolytes : le « Montcalm » et « L’Océan » . Cela nous a tous fait comprendre que cette fois on était entré dans le vif du sujet : les bateaux, la mer, la navigation, bref la vie de marin !!!
Il faisait froid ce matin là, nous avons attendu la « Mélusine » jusqu’à 07h00 !! Interdiction bien sur d’aller prendre un café dans les troquets qui ouvraient sur le quai promenade, il a fallu patienter ainsi, jusqu’au premier vrai voyage sur la mer dans la darse, un peu agité par un petit mistral !! (Certains d’entre nous on commencé à faire voir leur inaptitude à une mer un peu houleuse !!)
L’arrivée se fit sur un appontement qui donnait accès à un vieux LCT désarmé qui servait de brise lame et que l’on devait traverser (par le hangar) pour arriver devant les ateliers « machines chaufferie » donnant sur la porte principale.
A cette heure là, l’école était au poste de lavage, petit déjeuner de l’équipage, donc peu de monde dans la grande cour sauf quelques « punis » qui balayaient cette dite cour !!
Des gradés nous accueillirent dirai-je, assez amicalement, nous invitèrent à pénétrer dans ce qui serait nos locaux de vie pendant 3 mois et demi. Nous y déposèrent nos sacs et valises puis on nous emmena prendre le petit déjeuner rapidement car l’appel pour les couleurs était prévu pour 08h00 !! C’est là qu’on a entendu les tout premiers « meuglements » ou « Beuglements », c’est selon !! venant d’autres jeunes matafs qui étaient attablés au fond du réfectoire !!?? « Meuh, Meuh, Meuh » qu’ils faisaient !! Nous avons appris à cet instant que nous étions des « Meuh, Meuh » et eux des arpètes, nos ennemis jurés et pourtant frères par la spé !!! On nous a de suite mis au courant que les règlements de compte se faisaient à la « Chapelle » sur la colline et qu’ils ne fallait pas se mélanger à ces gars là, que ce soit à l’école ou à terre et même si on trouvait un « bled ». (Et pourtant beaucoup d’entre nous on dérogé à cette interdiction !! Et il y en a eu des bagarres avec les autres réticents !!)
Bref, une mise au point rapide par les gradés et surtout par notre adjudant de compagnie, le Premier maître GRAS (y portait bien son nom celui là pour un bouchon gras !!!!!!!) qui pourtant était un ex-arpète !!!
Nous n’avions, ni la même formation technique, ni les mêmes horaires que ces gars là !! Sauf les « deuxièmes ou troisièmes années » qui avaient intégré la formation de mécanicien du service général machines et auxiliaires. Les autres, les minots de 14, 15 ans suivaient des cours de collège avec atelier, formation maritime et matelotage et avaient des permes comme les scolaires civils, ils bossaient d‘abord pour obtenir leur BEPC civil, pour ceux qui l’avait loupé.
Pour nous, on nous avaient prévenu, il n’y aurait aucune permission dans les familles avant la fin des cours !! Déjà qu’on nous avait « sucré » celle de la fin des classes, c’était pas du tout la joie !! Même pour Pâques, on nous avait « susurré » peut-être, si vous êtes méritants et que ce sera faisable au vu des besoins de service à cette époque de congés scolaires des arpètes !!! Mais vous pensez bien que tout était déjà réglé comme du papier à musique !! J’ai eu ma toute première permission au sortir du cours de mécano le 29 juin 1969, 5 mois après avoir intégrer la Marine Nationale !!
Le rythme de vie pris doucement son essor avec l’alternance des cours, du sport, de la formation maritime (alors qu’on avait fait que ça à Hourtin !!!) les habituelles conneries qu’on pouvait faire le soir dans nos locaux de vie aux détriments de quelques trublions ou autres gars dit « plus faibles » etc ….les « règlements de compte » avec les arpètes à la chapelle, sur la colline, et puis aussi le jour où, pour la première fois de notre vie et pour la plus grande majorité d’entre nous, nous vîmes la télévision en couleur (avril 1969) au foyer qui venait d’en acquérir une !! C’était un match de rugby, je n’oublierais jamais !!!!
Nous nous entraînions aussi, entre nos occupations officielles, pour le concours de baleinières à 16 rameurs plus un bareur. Notre adjudant de compagnie nous a dit qu’aucune compagnie de « Meuh, Meuh » n’avait remporté les joutes depuis 10 ou 12 ans (je ne me souviens plus exactement) et qu’il fallait relever ce défi. Et par un beau dimanche matin de mai 1969, nous avons battu à plate couture les arpètes !!! La fête fut grandiose, le Commandant de la base vint nous remettre le trophée en nous octroyant une sortie à terre le samedi et dimanche suivant !! Deux jours de suite !! Incroyable à cette époque………………….mais il fallait rentrer dans la nuit de samedi à dimanche entre minuit et 08h00 pour « pointer » au cas ou il y en a qui en aurait profiter pour se tirer chez eux !!! Quand aux arpètes, eux, ben ils furent punis et soumis aux pires corvées (Poulaines, souillarde etc…), cette compagnie fut longtemps la honte du groupe « apprentis ».
Inutile de vous dire que cette « perm’ » exceptionnelle à « Chicago » fut mémorable, le pire ce fut que le lundi on avait une visite médicale avec prise de sang !!! Le toubib à tellement gueulé après nous tous, car on avait tous fait une prise d’alcool plutôt que l’inverse, qu’il a été obligé de nous redonner un autre rencard médical huit jours plus tard !!
Puis arriva doucement la fin des cours, le classement final (j’ai personnellement terminé 46ème sur 120 élèves !!) et les affectations. Je voulais essentiellement partir dans le Pacifique, par n’importe quel moyen, mais bien sur, tout le monde voulait la « Jeanne » tant qu’il y avait de la place, car malgré la disponibilité, beaucoup ne voulait pas de ce bateau !! Quand j’ai vu que, arrivé au 44ème il avait encore une place, je me suis dit : « t’es bon !! » car le pote qui était devant moi (le 45ème) voulait le « Victor schœlcher », aviso escorteur accompagnant la « jeanne » à l’époque, et cet enc………(je vais rester poli !!) à pris la dernière place sur la « Jeanne » !!!! Ah j’étais mauvais et du coup par dépit je n’ai pas voulu de l’aviso et suis parti sur la « Dives » qui devait rallier Papeete de Cherbourg au début de l’automne 1969!!………45 jours de mer à 10 nœuds, de multiples escales et péripéties, mais ça c’est une autre histoire que pourrait vous raconter également notre ami Flappy qui était avec moi à bord de cette baille et qui est rentré du Pacifique avec moi également, sur la « Charente » au terme de notre campagne .
Et voici la compagnie victorieuse, 1ère Cie, 110ème section ! photo prise par moi même, mais je faisais partie de l'équipage vainqueur !!
NB : Le gars que je nomme par son pseudo Flappy c'est Patrick Royer inscrit sur anciens cols bleus !! Dernière édition par MARCOT le Lun 24 Mar 2008 - 17:29, édité 1 fois (Raison : transfert dans le bon sujet)