par † sagnimorte albert Mer 26 Avr 2017, 07:53
Bonjour les amis,
J'ai peur d'agacer certains avec mon histoire triste et par trop personnelle ( extraite de mes "Mémoires") Tant pis, je continue.
LCI 101 (suite 8)
Donc, nous avons des idées de meurtre. Voila où nous en sommes arrivés.
Avec le recul, la folie de l'intention apparaît. Risquer le conseil de guerre et la prison (ou plus) pour meurtre paraît fou.Mais dans le contexte du moment, cela n'était pas si fou, car nous vivions une vie de fous. Il semblait que notre calvaire ne finirait jamais, que nous aurions ce salaud sur le dos toute notre vie, en tout cas que sa psychopathie aurait une incidence sur toute notre vie. En effet, pour moi, l'incidence a été un retard d'avancement de plus d'un an et la décision de quitter la marine au terme de mon engagement. L'avancement est très long dans notre arme. Le risque, après des années d'effort, de voir sa carrière brisée par la fantaisie d'un officier mal équilibré mais tout puissant , m'a décidé, malgré l'attachement que je portais à ce métier, à ne pas renouveler mon engagement.
Si mon avancement n'a été retardé que d'un an, c'est parce que, paradoxalement, après l'affaire de la "Glycine",ce ........... m'a proposé pour une deuxième citation . Je suppose que, s'il fallait la donner à quelqu'un au regard des services rendus pour son avancement , à lui, il ne pouvait pas faire autrement. Et puis, il y avait aussi deux enseignes , dont l'un était mon chef direct , qui ont peut-être dit leur mot, en dépit du fait qu'ils étaient complètement court-circuités par X... Nous ne le savions pas, mais notre calvaire n'était pas loin de toucher à sa fin, ce qui a sans doute évité le pire.
Cette nuit, nous naviguons sur le Mékong, moteurs en avant toute vers je ne sais quelle destination, je ne sais quelle opération urgente. Tous nos feux sont éteints, bien sûr. La lune est absente, Les timoniers sur la passerelle foncent dans le noir. Ils se repèrent vaguement par les taches sombres des chenaux autour des bancs de sable plus clairs. Nous n'avons jamais rencontré de bateaux civils sur le fleuve en pleine nuit. S'ils naviguent, les civils sont contraints, tout comme nous, de le faire sans feu. Un grand choc sur l'avant ébranle le bateau. Une gerbe d'étincelles monte dans la nuit. Un sifflet à vapeur retentit. Des cris percent la nuit noire. On ne peut distinguer d'où ils proviennent. On ne voit rien. du sifflet, des cris, des étincelles, on peut déduire que nous avons abordé une chaloupe à passagers, ces chaloupes qui chauffent au bois, avec deux ou trois ponts, qui les font ressembler aux antiques "steam boats" du Mississipi. Le sifflet lance toujours ses plaintes désespérées.. Nous avons à peine ralenti tant notre vitesse était élevée. Peu à peu, les cris se font plus rares, les étincelles ont disparu, le sifflet s'est tu. Le bateau a un énorme trou à l'étrave. Le temps de vérifier la cloison étanche, nous reprenons notre allure "en avant toute". La chaloupe est sur le fond, bon nombre de ses passagers noyés. Nous sommes en mission de guerre et X... n'est pas du genre à porter secours à des naufragés. Il faut dire à sa décharge que le fait d'allumer des projecteurs nous aurait immédiatement fait repérer et risquer un allumage.
A plus.
A suivre ... message n°592