Bonsoir à tous,
Je viens de lire tous vos messages sur les commémorations du Jour J (D Day pour les Anglos Americains) et les approuve sans restrictions.
Je ne sais si sur le forum, un autre du même âge que moi se souvient de ce jour tant attendu. Javais eu 18 ans en avril, et le 6 juin 1944, c'était un mardi comme les autres .... et comme d'habitude j'avais pris le chemin du boulot, quittant sur mon vélo le quartier Convention-Vaugirard pour gagner l'usine de la Courneuve, dans le Nord de Paris, la Société Babcock où j'étais apprenti dessinateur ; là où l'ami Christian Suné m' a emmené récemment.
Le 6 juin 1944, dès l'arrivée au bureau à 08h00 , les plus anciens que moi parlaient déjà du Débarquement, car l'un d' eux qui faisait partie d'un réseau, avait dans la soirée du 5 juin, capté la BBC et entendu les habituels Messages personnels d'
ICI Londres Les Français parlent aux FrançaisDont le fameux ;
" Les sanglots longs des violons de l’automne... Je répète... Les sanglots longs des violons de l’automne " qui pour la première fois étaient suivis du
" Blessent mon coeur d’une langueur monotone... Je répète... Blessent mon coeur d’une langueur monotone" Ce dernier pied des vers de Verlaine était le signal, il signifiait que de l'autre côté de la Manche l'Armada se préparait à quitter l'Angleterre....et ces messages étaient destinées aux réseaux de résistance d'avoir a faire le boulot prévu.
A l'usine nous n'avons presque pas travaillé de la journée, nous ne parlions que de cet événement au Bureau d'Etudes ... Chefs y compris..
Il a fallu attendre le soir pour savoir , encore une fois par un autre message personnel, qu'une tête de pont avait été établie. Car Radio Paris contrôlé par les Allemands n'en parlait pas, ou à peine vaguement, minimisant l’événement. Nous n'avions aucune idée des pertes effroyables subies par tous ces hommes qui par vagues successives débarquaient de leurs chalands pour conquérir et neutraliser les premières casemates d'où les Allemands les fauchaient au canon et a la mitrailleuse lourde ...afin d'ouvrir la voie à ceux qui suivaient. Et en fin de journée ils y parvinrent .... et certains blockhaus furent détruits à la grenade.
Hier à Portsmouth et aujourd’hui sur les côtes de la Manche pendant les interviews enregistrés, qui alternaient avec les cérémonies, j'ai entendu certains vétérans survivants, Anglais, Canadiens, Américains, ou Français du commando Kieffert, raconter que ceux de la deuxième vague sautaient des barges dans l'eau rougie du sang de leurs camarades fauchés avant eux dès l'abaissement du panneau avant et la plupart déjà morts ...ils avaient 20 ans
Toutes ces évocations et cérémonies de la journée m'ont beaucoup ému... Surtout de voir des vétérans de mon âge ou presque, les uns, debout fiers et droits, les autres soutenus par des camarades moins fatigués, les autres dans des chaises roulantes ... Tous très dignes avec leurs décos pendantes et fiers d'être présents, au prix de grandes difficultés pour les plus handicapés.
La remise de la LH aux vétérans Américains a été un grand moment, ainsi que l'hommage rendu "enfin" au Valeureux Commando Kieffer, avec la remise du Béret vert à cinq jeunes qui venaient de terminer leur stages avec succès , dont le premier parrainé par le survivant qui se tenait assis sur sa chaise aidé du Président ....
Depuis plusieurs années je me rendais (de plus en plus difficilement) mais par fidélité, sur ces plages, celles d'Omaha Beach, au cimetière de Colleville, à Courseulles pour les Canadiens et à Ouistreham au Mémorial du Commando Kieffert ... La dernière fois c'était au début 2018 à Courseulles, il est probable que je n'y retournerai plus, vu les pb de motricité qui deviennent à présent difficiles à surmonter.
J'ai gardé des photos ... je ferai avec ...et regarderai encore à chaque fois la TV ... combien seront encore présents l'an prochain ?
A la fin du mois de juillet 1944, devant la percée des alliés et leur progression vers l'est , mon usine mit tout le monde en vacances forcées. J'ai ainsi pu assister à la Libération de Paris à la fin août 1944 .
Deux mois après je m'engageais pour cinq ans dans l’Aéronavale comme candidat radio volant.... le reste de ma carrière vous la connaissez, racontée en long et en large sur le forum depuis presque 10 ans, puisque j'ai adhéré à ACBPR en juillet 2009.
Si quelqu'un d'autre de mon âge a vécu ce 6 juin 1944 et peut donner d'autres détails de mémoire je lui passe la plume.
Je vous salue les amis
JC
Les photos qui suivent ont été prises à Ouistreham en 2013, et la dernière prise à Courseulles en 2018 devant le monument canadien des Winnipeg Rifles
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